« 100 Ans – 100 Vies » | RWANDA - “Le projet a contribué aux politiques nationales visant à réduire la pauvreté et créer des emplois”

Un programme mis en œuvre par l’OIT a permis au gouvernement et aux partenaires sociaux de s’assurer que la croissance économique aille bien de pair avec les créations d’emplois.

Feature | Rwanda | 02 September 2019
KIGALI - La grande majorité des travailleurs rwandais vivent grâce à l’économie informelle. Cela signifie que malgré de longues heures de travail dans des conditions difficiles, ils ne gagnent pas assez pour se sortir de la pauvreté, eux et leurs familles. Les jeunes et les femmes sont particulièrement impactés par la « pauvreté au travail ».

Le problème est renforcé par le fait que la plupart des jeunes qui entre sur le marché du travail ne trouve pas d’emploi soit tout simplement parce que ces postes n’existent pas ou parce qu’ils ne disposent pas des compétences recherchées par les employeurs potentiels.

Pendant de nombreuses années, la stratégie de développement du Rwanda a été fondée sur la croissance économique en supposant qu’emploi et économie allaient de pair. Ces dix dernières années, si l’économie rwandaise a connu un développement plus rapide que celles de la plupart des pays africains, cette croissance n’a pas été accompagnée par un nombre suffisant de créations d’emplois.

Afin de corriger cette situation, le gouvernement rwandais et les agences de l’ONU présentes dans le pays ont mis en place un programme des Nations-Unies visant à promouvoir l’emploi des jeunes et des femmes. Il inclut plusieurs agences onusiennes sous la houlette de l’OIT ainsi que les autorités gouvernementales et les organisations de la société civile.

Ce programme conjoint a procédé à une analyse de la stratégie de développement du pays. Il a notamment identifié un problème important, en l’occurrence un décalage entre le nombre d’emplois requis par rapport au nombre d’emplois créés par l’économie.

L’objectif était donc de mettre en œuvre un changement structurel permettant d’augmenter le nombre annuel d’emplois créés de 104 000 à 200 000, sans compter les emplois agricoles.

« La stratégie du projet a consisté à chercher à fournir au gouvernement et aux autres partenaires essentiels les compétences en matière de politiques appropriées ainsi que les outils leur permettant de revoir et de coordonner l’application de la politique nationale visant à réduire la pauvreté et à créer des emplois. Elle avait aussi pour but d’aider les jeunes à acquérir des compétences recherchées par des employeurs potentiels ou de les pousser à créer leurs propres entreprises », explique Jude Muzale, coordinateur national du projet.

Une perception nouvelle

Le programme a eu un impact significatif sur la perception des questions liées à l’emploi. Ainsi, l’emploi n’est plus considéré désormais comme découlant automatiquement de la croissance économique. Au contraire, des efforts délibérés sont maintenant mis en œuvre à travers des plans nationaux pour convertir la croissance économique en emplois plus nombreux et de meilleure qualité.

Ces résultats ont été obtenus suite à des séminaires de haut niveau, des études montrant l’importance de l’emploi ainsi que des analyses des politiques macroéconomiques, des formations centrées sur l’emploi et le développement d’outils pour faire de l’emploi une priorité dans les politiques et les budgets au niveau national.

Les interventions portant sur l’entreprise et l’entreprenariat ont reposé essentiellement sur le programme de formation GERME de l’OIT, appliqué en partenariat avec le Fonds de développement des affaires (BDF), un établissement public créé pour consolider les services de l’Etat déjà en place pour faciliter le développement des petites et moyennes entreprises.

Par ailleurs, tous les fonctionnaires du Fonds dans les différentes régions sont devenus formateurs qualifiés après avoir été formés eux-mêmes par l’OIT. L’organisation a aussi mis en place des ateliers avec plusieurs ONG et d’autres organismes pour soutenir les interventions visant à assurer des moyens de subsistance. Elle a aussi accordé les droits nécessaires permettant d’imprimer ses documents de formation. Ainsi, plus de 12 000 personnes ont été formées sur une période de trois ans.

72 pour cent environ de ces bénéficiaires ont reçu le soutien du BDF pour accéder à un financement direct ou indirect, et 45 pour cent de l’ensemble des bénéficiaires ont commencé ou ont développé leur entreprise grâce au soutien du BDF et de l’OIT.

Au cœur de la stratégie de développement

Ces réalisations ont conduit le gouvernement à intégrer les buts et les objectifs fixés en matière d’emploi au sein même du programme « Rwanda Vision 2050 » ainsi que dans la stratégie quinquennale de développement.

Ce programme national pour l’emploi assigne désormais des objectifs en matière d’emploi aux différents ministères et agences du gouvernement et les engage à développer des plans et des contrats de rendement auxquels des budgets sont attachés. Ils sont suivis par une évaluation.

« La politique du pays en matière d’emploi a été révisée en 2017 pour intégrer ces nouvelles priorités et ces nouvelles pratiques. La coordination des interventions en matière de politique de l’emploi a été considérablement renforcée grâce au programme conjoint », conclut M. Muzale.
 

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