« 100 Ans – 100 Vies » | MALAWI – “J’ai appris que rien n’est impossible”

Un programme innovant de l’OIT est venu en aide à Ivy Njati et à d’autres femmes vulnérables au VIH en Afrique australe afin qu’elles puissent créer leur entreprise.

Feature | Malawi | 15 August 2019
LILONGWE – Quand elle évoque sa vie avant le lancement de son commerce, Ivy Njati choisit soigneusement ses mots: « C’était difficile de gagner de l’argent, je n’avais rien à faire et comme j’avais besoin d’argent, j’ai dû faire toutes sortes de choses peu recommandables. Vous pouvez imaginer lesquelles.»

Avant de rejoindre l’association de jeunesse « Tung arts » à Mzuzu en 2012, Ivy, 24 ans, était comme beaucoup d’autres jeunes filles célibataires de la troisième ville du Malawi : au chômage, sans véritable perspective de travail intéressant et se battant pour trouver de quoi survivre. Son rêve d’ouvrir sa propre boutique se perdait dans le tumulte quotidien de la vie urbaine.

Son style de vie la rendait particulièrement vulnérable à une contamination par le VIH. Sans beaucoup d’autres solutions, elle a dû se résoudre, comme des dizaines de milliers de femmes à travers l’Afrique australe, à se prostituer pour gagner un peu plus d’argent, s’exposant à un risque élevé de VIH et autres infections sexuellement transmissibles.

Une nouvelle approche

C’est pour venir en aide à Ivy et à d’autres femmes comme elle que l’OIT a mis en place un projet sensibilisation aux risques liés au VIH et au sida appelé CEEP.

Toutefois, contrairement à la pratique dans des programmes similaires, ce projet a pour but d’utiliser également l’autonomie économique pour améliorer la qualité de vie des personnes et, dans le même temps, renforcer leurs capacités à prévenir la transmission du VIH, à accéder aux services de santé ou à faire face à l’infection VIH présente.

Quand il a été lancé en Afrique du Sud, au Zimbabwe, en Tanzanie, en Zambie, au Mozambique et au Malawi, le programme CEEP fut d’abord consacré aux personnes vivant et travaillant dans les corridors de transport. Les statistiques montrent les défis à surmonter pour les populations de ces six pays, en particulier les femmes qui sont particulièrement vulnérables.
Atteindre les populations

En 2012, le programme CEEP a été étendu aux populations voisines des corridors de transport, surtout en vue de couvrir les femmes et les filles vulnérables.

Dans le cadre de comités nationaux constitués de travailleurs, d’employeurs et de représentants du ministère du travail, le programme a commencé à sélectionner des groupes de femmes de manière à aider les populations. En commençant par la formation à la sensibilisation au VIH et en utilisant les outils de l’OIT « Gérez mieux votre entreprise » et le module de formation plus ciblé « Get Ahead – Aller de l’avant pour les femmes dans l’entreprise », les individus et les groupes ont commencé à utiliser cette formation pour améliorer leur statut économique et leur bien-être physique.

Accéder au crédit

A Mzuzu, Ivy Njati a pu ouvrir une petite boutique de vêtements. Elle a maintenant pour ambition de s’étendre : « Mes vêtements sont pour tout le monde. Je me les procure en Tanzanie actuellement mais je prévois de m’approvisionner davantage dans le Sud du Malawi, une fois que j’aurai reçu de grosses commandes.»
Un des éléments clés du programme, c’est qu’il insiste pour que les femmes qui ont besoin d’aide financière pour lancer leur entreprise reçoivent des prêts, d’environ 8 000 dollars généralement, au sein du groupe.

En effet, pour Ivy Njati, il était important de rembourser sa dette : « Ce commerce est le mien, à 100 pour cent !», se réjouit-t-elle.

Cependant, tous les dividendes du programme ne sont pas d’ordre financier.

« J’ai appris que rien n’est impossible », ajoute Ivy. « Je suis si heureuse et si fière. »

 

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