« 100 Ans – 100 Vies » | ZIMBABWE - “Une femme est capable de faire tout ce que je fais”

Un projet de l’OIT sur l’égalité hommes-femmes au Zimbabwe a permis aux chefs traditionnels de comprendre les avantages qu’il y a à associer les femmes aux activités économiques et sociales.

Reportage | Zimbabwe | 31 juillet 2019
HARARE – Les chefs traditionnels jouent un rôle important au sein des populations rurales du Zimbabwe. Outre leurs fonctions coutumières, ils sont habilités à allouer les terres, à régler les différends et à veiller à ce que les règles et valeurs culturelles, héritées de leurs ancêtres, soient préservées.

Compte tenu de leur influence, des sessions de formation ont été organisées spécialement à leur intention, dans le cadre d’un projet de l’OIT sur l’égalité entre hommes et femmes.

Or le problème est que la plupart des chefs traditionnels du Zimbabwe ont une vision de la société qui repose sur la domination masculine.

Selon Mme Hopolang Phororo, du bureau de l’OIT au Zimbabwe, « tout changement de comportement à l’égard des femmes exige d’associer les hommes à nos programmes pour l’égalité entre hommes et femmes ».

Des opinions bien ancrées

Madamombe, leader traditionnel, est le chef du village de Ward 1, situé dans le district de Murewa, à environ 75 kilomètres de Harare, la capitale du pays. Selon lui, les femmes de la région ont toujours été traitées à un niveau inférieur à celui des hommes, auxquels elles se doivent d’être soumises.

Dans le même ordre d’idée, Madamombe a toujours pensé que, quoi qu’il dise, les femmes doivent obéir sans poser de questions et qu’elles n’ont même pas le droit de prendre part aux discussions.

Cependant, les choses ont commencé à changer lorsqu’il a participé aux sessions de formation organisées par l’OIT dans le cadre du Programme conjoint des Nations Unies pour l’égalité entre hommes et femmes .

Cette formation portait sur l’estime de soi, le renforcement de la confiance et l’exercice de l’autorité; les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire; la création d’entreprise; l’égalité entre hommes et femmes; les droits des femmes; les conditions de travail des femmes; la santé sexuelle et reproductive, y compris le mariage des enfants; la violence sexiste et la violence domestique ainsi que les questions liées au VIH et au sida.

Bien que le projet vise plus généralement à favoriser l’autonomisation économique des femmes, il a fallu, dans un premier temps, organiser des formations sur le changement de comportement à l’égard des rôles respectifs des hommes et des femmes.

Evolution des mentalités

Au début, Madamombe a eu du mal à accepter l’idée même de prendre part à la formation. Sa première réaction a été de dire que c’était une perte de temps et d’argent, fermement convaincu qu’il était que les femmes ne sont pas capables d’exercer quelque activité économique que ce soit.

« J’ai trouvé la formation très difficile au début car j’avais l’impression qu’on cherchait à me rabaisser au niveau des femmes », se souvient-il.

Toutefois, à mesure que la formation avançait, il s’est rendu compte que l’objectif visé était complètement différent.

« J’ai commencé à me rendre compte que le but de la formation était de m’aider à comprendre qu’une femme est capable de faire tout ce que je fais. »

Dans le district de Murewa, Madamombe a même constaté une réduction du nombre d’actes de violence perpétrés contre des femmes, conséquence à la fois de la formation et du fait que les femmes génèrent désormais des revenus tirés de projets de culture de potagers.

Associer les femmes au processus de décision

« C’est peut-être au sein de ma propre famille que les plus grands changements ont eu lieu », affirme Madamombe.

«En tant que responsable chargé de prendre des décisions pour ma communauté et d’arbitrer des différends, je demande désormais l’avis de ma femme, dont je tiens dûment compte avant de prendre une décision », ajoute-t-il.

Madamombe est devenu un « exemple de comportement masculin » dans sa communauté, en tant que défenseur de la cause des femmes auprès des autres chefs traditionnels et des populations locales. Il a même introduit un système de quotas au sein des comités qu’il préside : désormais, les femmes représentent 50 pour cent des membres, ce qui permet de prendre des décisions tenant compte des besoins aussi bien des femmes que des hommes.

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