Sécurité et santé au travail

Bangladesh: En finir avec les étincelles pour renforcer la sécurité des usines

Les défauts électriques sont la cause principale d’incendie dans l’industrie textile au Bangladesh. L’OIT, avec le soutien du ministère du Travail des Etats-Unis, a contribué à renforcer les capacités des inspecteurs incendie pour détecter les risques électriques.

Actualité | 6 février 2017
DHAKA (OIT Infos) – Shahjadi Sultana est l’une de rares inspectrices incendie du Bangladesh.

Suite à sa promotion au poste d’inspectrice d’entrepôt en 2015, Shahjadi Sultana a vérifié la sécurité incendie de quelque 500 établissements à travers le Bangladesh. Cependant, depuis qu’elle a participé à une formation spécialisée en sécurité électrique fin 2016, elle est capable d’évaluer tous les systèmes électriques importants d’un œil plus critique quand elle mène ses inspections.

Organisée par le projet «Améliorer la sécurité incendie et la sécurité générale des bâtiments au Bangladesh» de l’Organisation internationale du Travail (OIT), financée par le ministère américain du Travail, la formation a permis aux participants d’enrichir leur connaissance des considérations électrotechniques qui s’appliquent à la sécurité.  Les besoins de formation sont évidents. Selon les chiffres du DIFE, le service incendie et la défense civile du Bangladesh, environ 75 pour cent des incendies survenant dans l’industrie textile sont provoqués par des défauts électriques.

Pour Shahjadi, mieux connaître les questions de sécurité électrique marque une nouvelle étape dans son évolution en tant qu’inspectrice. Après avoir rejoint le service incendie en 1992 comme opératrice téléphonique – à une époque où les femmes n’étaient pas autorisées à travailler sur le terrain – l’inspectrice a progressivement gravi tous les échelons. Shahjadi est l’une des cinq femmes employées dans les opérations du service incendie et les cellules d’inspection. Elle travaille sur le terrain depuis près de 14 ans – quatre ans comme sous-officier et dix autres années comme officier à la caserne à Kalurghat, près de Chittagong – où elle a dû se rendre sur de nombreux incendies, en grande partie provoqués par des courts-circuits électriques.  Elle en sait dorénavant beaucoup plus sur les moyens de réduire le danger des incendies causés par des défauts électriques.

Shahjadi Sultana lors d'une visite d'usine
En tout, 315 inspecteurs incendie, ainsi que des représentants de l’inspection du travail et des organisations professionnelles, ont pris part aux sessions de formation pendant trois jours. Ces sessions ont contribué à les sensibiliser aux dangers potentiels liés à la sécurité électrique, à améliorer leur compréhension de la conception des systèmes d’alarme et de détection incendie, ainsi qu’à leur donner des notions sur les schémas électriques. Le travail en classe a été complété par des visites sur le terrain pour aider les stagiaires à mettre en pratique leurs nouvelles compétences dans un environnement industriel.

Ce nouveau savoir a été utilisé à bon escient. «Dans certaines usines, les postes incendie sont situés dans les étages alors qu’ils devraient être au rez-de-chaussée. A plusieurs reprises, j’ai aussi constaté que la mise à la terre n’était pas bonne et j’ai immédiatement attiré l’attention de l’encadrement sur ce problème», explique Shahjadi.

Elle ajoute que la liste des points de contrôle à vérifier pendant les inspections n’entrait pas beaucoup dans le détail s’agissant des problèmes électriques parce que le personnel du service incendie n’avait pas les compétences ni les connaissances pour rechercher certains éléments.

Rendre les inspections plus rigoureuses

«Suite à la formation sur la sécurité électrique, de nouveaux points seront ajoutés à la liste de contrôle afin de rendre les inspections plus rigoureuses», dit-elle. L’importance de la formation est soulignée par le brigadier général Ali Ahmed Khan, Directeur général du service incendie et de la défense civile du Bangladesh. «Les courts-circuits électriques sont l’une des principales causes des incendies dans le secteur textile. Grâce à cette formation, le service incendie sera mieux outillé pour réduire ce risque et garantir le respect des normes et codes nationaux concernant la sécurité des bâtiments et des travailleurs, non seulement dans les usines textile mais dans l’ensemble des industries.»

Financé par le ministère du Travail des Etats-Unis, le projet Améliorer la sécurité incendie et la sécurité générale des bâtiments au Bangladesh a pour but de renforcer la sécurité incendie et l’intégrité des structures dans le secteur du prêt-à-porter. Travaillant en étroite collaboration avec les acteurs nationaux et en coordination avec les partenaires internationaux concernés, le projet de l’OIT devrait favoriser l’application de la législation et des règles concernant la sécurité incendie et celle des bâtiments – conformément aux normes internationales du travail et aux bonnes pratiques en matière de sécurité incendie et des bâtiments.

Ce projet au Bangladesh fait partie des efforts mis en place par le Service de l’administration du travail, de l’inspection du travail et de la sécurité et santé au travail de l’OIT pour construire une culture globale de la prévention sur le lieu de travail.