104e Conférence internationale du Travail

Guy Ryder: Anticiper l’Avenir du travail est indispensable pour que la justice sociale progresse

La 104e Conférence internationale du Travail s’achève sur un consensus pour lancer une Initiative majeure sur l’avenir du monde du travail.

Actualité | 13 juin 2015
GENÈVE (OIT Info) – Une enquête de grande envergure sur l’impact des transformations du monde du travail a été lancée par l’OIT, après le soutien tripartite massif recueilli par l’Initiative sur l’avenir du travail à la 104e Conférence internationale du Travail (CIT).

L’Initiative portera sur quatre domaines majeurs – travail et société, emplois décents, organisation du travail et de la production, et gouvernance du travail.

Après une phase de recherches et de débats intensifs, une commission de haut niveau sur l’avenir du travail va préparer un rapport pour la Conférence du centenaire de l’OIT en 2019. Cet exercice devrait permettre de définir comment l’OIT remplira son mandat sur la justice sociale à l’aube d’un nouveau centenaire.

Le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, a déclaré que cet exercice s’effectuerait en lien avec d’importants processus internationaux en cours – notamment le Programme de développement pour l’après 2015 et le suivi de la Conférence de Paris sur le changement climatique.


Près de 4500 délégués venus de 169 Etats Membres de l’OIT ont participé à la 104e CIT, dont 160 ministres. La Conférence était présidée par Madame Ieva Jaunzeme, secrétaire d’Etat au ministère des Affaires sociales de Lettonie.

Pendant cette Conférence de deux semaines, les Îles Cook ont été admises en tant que 186e Etat Membre de l’OIT et le Niger est devenu le premier pays à ratifier le Protocole de 2014 à la convention (n° 29) sur le travail forcé , 1930. De nombreux délégués ont évoqué le sort des travailleurs dans les territoires arabes occupés, où le chômage parmi les Palestiniens a augmenté de plus de 25 pour cent.

Le Président de la République française, François Hollande, le Président du Panama, Juan Carlos Varela et Kailash Satyarthi, colauréat 2014 du Prix Nobel de la paix et Président de la Marche mondiale contre le travail de enfants se sont adressés à la Conférence lors du Sommet sur le changement climatique et le monde du travail.

La 104e Conférence internationale du Travail a adopté à l’unanimité un programme et un budget de 797 millions de dollars pour la période biennale 2016-17.

Questions liées au travail

En termes de questions liées au travail, quatre thèmes ont fait l’objet de discussions cette année:

Transition vers l’économie formelle

Franchissant une étape majeure, le 12 juin, l’Organisation internationale du Travail a massivement adopté une nouvelle norme du travail de portée historique. La recommandation fixe un cadre international qui devrait aider des centaines de millions de travailleurs et d’unités économiques à sortir de l’informalité pour entrer dans l’économie formelle.

Application des normes: 24 cas individuels et les travailleurs ruraux

La Commission de l’application des normes de la Conférence internationale du Travail a adopté des conclusions sur 24 cas individuels liés à des problèmes d’application des droits au travail. La discussion s’appuyait sur le rapport annuel de la Commission d’experts sur l’application des conventions et recommandations qui est un organe indépendant, composé de juristes et chargé d’examiner l’application en droit et en pratique des conventions et des recommandations de l’OIT par les Etats Membres de l’OIT.

La Commission a également discuté de l’Etude d’ensemble sur les instruments relatifs au droit d’association et aux organisations de travailleurs ruraux, y compris la convention (n° 11) sur le droit d’association (agriculture), 1921, la convention (n° 141) et la recommandation (n° 149) sur les organisations de travailleurs ruraux, 1975. La Commission a réaffirmé son engagement à faire appliquer, en droit et en pratique, la liberté syndicale pour tous les travailleurs et employeurs de l’économie rurale.

Les PME sont cruciales pour une croissance économique durable et le travail décent pour tous

La discussion sur «Les petites et moyennes entreprises (PME) et la création d’emplois décents et productifs» a abouti à un large accord sur la place vitale des PME pour parvenir au plein emploi productif. Elle a conclu que les PME représentaient les deux tiers de tous les emplois et créaient la majorité des nouveaux postes de travail. Des politiques bien conçues de soutien aux PME contribuent à créer plus d’emplois de meilleure qualité et à forger une croissance économique durable. Vu l’hétérogénéité des PME, les interventions doivent prendre en compte les caractéristiques des entreprises telles que la taille, le secteur, la croissance et l’âge.

A l’avenir, l’OIT devrait conserver son actuel portefeuille d’interventions centrées sur: le développement de l’entreprenariat, y compris l’accès au financement; un environnement favorable aux entreprises; l’amélioration de la productivité et des conditions de travail; le développement de la chaîne de valeur; et la promotion des entreprises coopératives.

L’OIT devrait aussi se consacrer davantage à la formalisation des PME informelles. Les actions de l’OIT doivent être stratégiques et mesurables et il faut veiller à produire une analyse rigoureuse de l’impact des interventions pour orienter les gouvernements et les partenaires sociaux entre ce qui marche et ce qui ne marche pas dans le domaine des politiques de soutien aux PME.

La protection sociale (protection des travailleurs)

La Commission pour la discussion récurrente sur la protection sociale (protection des travailleurs) a reconnu que des progrès avaient été accomplis en matière de protection sociale parmi les Etats Membres de l’OIT. Néanmoins, de trop nombreux travailleurs ne bénéficient toujours pas de ces avancées, parce qu’ils sont exclus du champ d’application de la loi, que la loi n’est pas appliquée en pratique, ou que le niveau de protection n’est pas adéquat.

La Commission a insisté sur la nécessité pour les lois, réglementations et institutions qui régissent la protection des travailleurs d’évoluer au rythme des transformations en cours dans le monde du travail. La réglementation des conditions de travail dans les domaines des salaires, de la durée du travail, de la sécurité et la santé au travail, et de la protection de la maternité est indispensable à une protection des travailleurs efficace et inclusive.

La Commission a rappelé combien il était important de renforcer la dimension de genre et d’étendre la protection des travailleurs à tous les travailleurs. Elle a aussi mis l’accent sur la contribution qu’apportent des systèmes efficaces de dialogue social et de négociation collective pour parvenir à cette protection.

Elle a identifié les priorités d’action suivantes: horaires de travail et équilibre entre vie professionnelle et vie familiale et privée; extension de la protection des travailleurs dans les PME; protection effective des travailleurs ayant un emploi atypique; risques psychosociaux et violence au travail, stress lié au travail et problèmes de santé mentale qui peuvent survenir après des modifications dans l’organisation du travail; et promotion de la protection des travailleurs par des pratiques responsables en matière de marchés publics.