Chapitre 6: Mesures d’application du salaire minimum

Brésil: l’effet «d’exemple» du salaire minimum

Souza et Baltar ont publié en 1979 un article où ils soutenaient qu’au Brésil, le salaire minimum a eu un effet «d’exemple» (Efeito-Farol), dépassant largement la portée naturelle de cette politique. Pour les tenants de cette thèse, le salaire minimum a servi de guide pour la fixation du salaire minimum des travailleurs des petites entreprises ‒ qui font rarement l’objet d’inspections ‒ ainsi que ceux de l’économie informelle. Certains travailleurs indépendants l’ont même utilisé pour établir le prix de leurs produits ou services.

De nombreux auteurs ont commenté cette étude et mené des évaluations empiriques fondées sur ce concept. Ainsi, Neri et al. (2001) ont estimé le pourcentage de travailleurs rémunérés exactement au salaire minimum en septembre 1996, en rapportant leur durée de travail à une semaine de 40 heures. Ce faisant, ils souhaitaient évaluer la pertinence du salaire minimum dans l'économie formelle (publique et privée), informelle, ainsi que pour les travailleurs indépendants, en distinguant entre les travailleurs de l’économie formelle, titulaires d’une carte d'identité («con carteira») et les travailleurs de l’économie informelle, sans carte d'identité («carteira sem»).

Ils ont constaté que, même si 27 pour cent des travailleurs de l’économie informelle ‒ pourcentage élevé ‒ ne percevaient pas le salaire minimum, 14 pour cent d’entre eux touchaient exactement cette rémunération, ce qui démontre la pertinence de cet instrument dans ce segment du marché du travail. Toutefois, la corrélation est moins nette en ce qui concerne les travailleurs indépendants.

P. R. Souza et P. E. Baltar: «Salario Mínimo e taxa de Salarios no Brasil, in Pesquisa e Planejamento Econômico», 1979, Vol. 9, n° 3, pp. 629-60.
M. Neri, G. Gonzaga et J.M. Camargo: «Salario Mínimo, Efeito-Farol e Pobreza», 2001, Revista de Economía Política 21 (2): 78-90.