Introduction à la méthodologie TREE

La méthodologie TREE (sigle anglais pour Training for Rural Economic Empowerment ou formation pour le renforcement de l’autonomie économique des populations rurales) aide à concevoir et mettre en oeuvre des programmes de formation visant à améliorer les moyens de subsistance des personnes pauvres pour leur donner une plus grande maîtrise sur leurs conditions de vie.

Training: (Formation): renforcer les compétences et les connaissances des femmes et des hommes;

Rural: spécifiquement conçu pour les personnes vivant dans des contextes fragiles et vulnérables moins développés, où l’accès aux services, à la formation et à des débouchés économiques est réduit;

Economic (économique): porte sur les débouchés économiques et les emplois;

Empowerment (Autonomisation): redonner des moyens d’action aux collectivités et aux individus.

TREE utilise une approche communautaire du développement des compétences. Cette approche permet de relier les opportunités d'emploi et de génération de revenus à la formation nécessaire et au soutien post-formation, tout en engageant des partenaires institutionnels locaux et nationaux.

L’objectif à court terme des programmes développés à l’aide de TREE est d’améliorer les sources de revenus des participants par l’emploi salarié ou un travail à son compte, individuellement ou dans le cadre d’un groupe ou d’une coopérative. L’objectif à long terme est d’améliorer durablement la qualité de vie et l’autonomie de l’ensemble de la communauté.

Le point fort de TREE réside dans sa démarche globale et collective tout au long de l’élaboration et de la réalisation des programmes de formation. Un projet TREE va :
  • Identifier les débouchés locaux réalistes qui vont permettre d’en dégager un revenu, les compétences qui font défaut et les autres obstacles avant de développer une formation
  • Veiller à faire participer la communauté locale et les partenaires sociaux à l’identification des débouchés, des obstacles et des moyens de les surmonter
  • Proposer (ou aider à trouver) des moyens d’aider après la formation, notamment l’accès aux technologies, aux services financiers, l’aide à la création de groupes, d’associations et de coopératives, et plus encore
  • Établir des relations et des passerelles qui permettent de s’atteler aux difficultés posées par le travail informel et d’agir pour arriver à l’emploi formel
  • Laisser des effets pérennes sous forme de compétences locales permettant de cerner les débouchés économiques, d’expérience en création de services axés sur la communauté parmi les prestataires de formation et les services aux entreprises, et d’organisations et coopératives économiques locales autonomes.
Un projet TREE fonctionne à trois niveaux : micro, méso et macro. Si le niveau micro a un effet immédiat et bénéfique sur les personnes directement concernées, ce sera par l’implication des systèmes chargés de la formation formelle et du développement des entreprises (niveau méso) et par le contexte gouvernemental et économique dans son ensemble (niveau macro) que l’impact sera durable et que l’on pourra en reproduire les effets.
  • Au niveau micro, les actions de formation et mesures d’assistance postérieures à la formation élaborées et dispensées dans le cadre de l’approche TREE seront adaptées aux débouchés économiques locaux et tiendront compte des besoins des personnes formées et du contexte dans lequel elles mènent leur recherche d’activité économique ou d’emploi. Les difficultés auxquels sont confrontés les différents participants (femmes, personnes handicapées, membres de groupes défavorisés, etc.) doivent être comprises et prises en compte dans le contenu de la formation et sa réalisation.
  • Au niveau méso, l’approche TREE fera intervenir des prestataires en formation et développement commercial dans la conception et la mise en œuvre du programme. Le système de formation recouvre les centres de formation formelle et non formelle, les dispositifs d’obtention de qualifications et la validation des acquis, tandis que les services d’aide au développement commercial s’intéressent aux services financiers, dont le microcrédit, à l’assistance technique et aux études de marché. Un programme de formation TREE peut s’appuyer sur les établissements et les formateurs du système formel, mener à des qualifications agréées nationales et rapprocher les personnes formées de l’assistance postérieure à la formation telle qu’elle existe ou spécialement adaptée.
  • Au niveau macro, les pouvoirs publics et les sociétés civiles, dont les organisations de patrons et de travailleurs, peuvent favoriser ou obstruer les effets positifs potentiels de la méthode TREE en matière de développement de la communauté. Il est important de la leur faire connaître dans le cadre du développement du projet et, dans la mesure du possible, d’obtenir leur concours.
La conception et l’exécution d’un programme TREE nécessitent de bien comprendre plusieurs questions fondamentales.
  • Les questions relatives au genre, au rôle des hommes et des femmes et les attentes sociétales ont un impact majeur sur l’activité économique des femmes et des hommes et sur leur capacité à acquérir et améliorer la maîtrise de leurs conditions de vie et de leurs sources de revenus. Les programmes doivent être élaborés avec la participation tant des femmes que des hommes, et dans l’optique d’en faire bénéficier les deux.
  • Le changement climatique et autres risques environnementaux ont un impact disproportionné sur les personnes pauvres et celles qui dépendent étroitement des écosystèmes. Pour que les programmes soient efficaces, il est essentiel de renforcer la résilience et la capacité à surmonter les difficultés de ces personnes.
  • Les personnes en situation de handicap, notamment dans les milieux pauvres ou ruraux, sont confrontées à de multiples obstacles supplémentaires qui les empêchent de prendre en main leur propre vie et d’améliorer leurs conditions économiques.
  • Parmi les situations exceptionnellement fragiles, on compte les personnes déplacées à l’intérieur du pays ou à l’étranger et les migrants, les États en situation de conflit actif ou après un conflit, les catastrophes naturelles et les pandémies. Ces facteurs font naître et aggravent les difficultés que rencontrent les femmes et hommes pauvres.
  • L’approche de TREE est ancrée dans un contexte rural caractérisé par des populations en nombre et/ou densité faibles, qui ont peu d’accès aux services, aux infrastructures ou à des débouchés économiques nombreux, et qui dépendent fortement des métiers et industries du secteur primaire. TREE peut également trouver son application lorsque ces caractéristiques sont présentes en totalité ou en partie.
La méthodologie TREE a été développée sur plus de 20 ans d’expérience dans de nombreux pays du monde. Elle englobe l’expérience de l’OIT acquise en élaborant et en réalisant des actions de formation destinées à répondre aux besoins des femmes et des hommes dans les circonstances les plus difficiles : lorsqu’il n’y a pas de possibilité évidente d’emplois ou de sources de revenus, lorsque les compétences de base font défaut et lorsqu’il existe des contraintes sociales, économiques ou culturelles importantes qui entravent le potentiel des individus et des groupes. S’appuyant sur les leçons ainsi apprises, la méthodologie TREE définit 5 processus clés pour aider au développement et à la réalisation de formations efficaces :

1. Lancement d’un programme TREE

  • Évaluation générale de l’environnement
  • Identifier les acteurs et les partenaires
  • Renforcer les capacités des organisations partenaires
  • Mise en place de la structure de gestion et de gouvernance de TREE

2. Évaluation des débouchés économiques et des besoins en formation

  • Faire participer les communautés locales et les bénéficiaires au processus d’évaluation
  • Recueil et analyse de données sur l’économie locale et les marchés du travail
  • Recherche participative de débouchés économiques et des besoins en formation
  • Réalisation d’études de faisabilité, de propositions de formation et de plans d’action postérieure à la formation

3. Conception, organisation et dispensation de la formation

  • Concevoir et préparer la formation, sélectionner et former les formateurs
  • Sélection des bénéficiaires
  • Réalisation inclusive de formations
  • Surveillance relative à la participation des personnes formées et leurs progrès

4. Assistance postérieure à la formation pour les micro-entreprises et les emplois salariés

  • Organiser la mise à disposition d’assistance postérieure à la formation
  • Accès à l’emploi salarié
  • Développement des microentreprises
  • Passerelles permettant de sortir de l’emploi informel

5. Surveillance, évaluation et documentation

  • Mesure des performances
  • Sortie du programme et effets pérennes