Améliorer la capacité des pays insulaires du Pacifique Sud à affronter les répercussions migratoires du changement climatique

S’appuyant sur sa mission pour renforcer la capacité des mandants à protéger les travailleurs migrants et à améliorer la gestion des migrations, l’OIT, en partenariat avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et le PNUD, travaille sur un projet qui vise à développer l’aptitude des Etats insulaires du Pacifique à gérer les effets du changement climatique sur la migration, par l’intermédiaire de mécanismes et de cadres politiques d’émigration bien gérés, fondés sur les droits et sur des recherches détaillées et des connaissances renforcées.

Le changement climatique a eu, et continuera d’avoir, de profondes répercussions sur les populations vivant dans la région Pacifique. Avec l’élévation du niveau de la mer, l’acidification des océans, les tempêtes tropicales et les cyclones ont gagné en intensité et les lentilles d’eau douce sont affectées par l’intrusion d’eau salée; les personnes dont les maisons ou les moyens de subsistance ont été considérablement affectés voire détruits peuvent être contraintes de déménager ou choisir de migrer volontairement en quête de meilleures conditions de vie. Malgré la perspective de cette évolution spectaculaire des migrations dans le Pacifique, les cadres politiques et réglementaires en matière de migration sont insuffisants – les données sur les migrations manquent de disponibilité, d’exactitude, de couverture et de précision, les politiques migratoires nationales sont rares, tout comme la planification nationale sur la manière de gérer les futurs effets du changement climatique sur les migrations.

En veillant à ce que la migration soit planifiée et bien gérée, les gouvernements des îles du Pacifique vont pouvoir prendre des précautions afin de minimiser les risques, notamment les effets d’une «fuite des cerveaux», les déplacements internes vers les bidonvilles urbains (qui sont souvent des zones vulnérables sur le plan environnemental), les conflits portant sur les droits fonciers et d’autres risques. Cela permettra aussi de stabiliser les moyens de subsistance et d’augmenter le volume des envois de fonds. Dès lors, il devient impératif de s’appuyer sur une meilleure base de connaissances pour élaborer des stratégies holistiques et coordonnées au niveau national et régional: elles définiront un cadre pour gérer la hausse des migrations, en améliorant la participation des pays du Pacifique à des schémas de mobilité régionale et bilatérale des travailleurs.

Pays participants

Le projet s’est fixé des objectifs au niveau régional comme national. En ce qui concerne les pays ciblés, le projet s’adresse aux pays les plus vulnérables face au changement climatique – Kiribati, Tuvalu et Nauru – et leur vient en aide pour élaborer des outils et renforcer les capacités qui leur permettront de mieux anticiper et gérer les problèmes posés par le changement climatique et son impact sur les flux migratoires.
Enfin, les activités entreprises dans le cadre de ce projet s’articuleront avec d’autres programmes d’adaptation et d’atténuation du changement climatique afin d’offrir aux habitants des régions vulnérables aux effets du changement climatique la possibilité de rester (grâce à une meilleure résistance aux impacts du changement climatique) ou de leur offrir une solution viable pour émigrer, s’ils le souhaitent.

Objectifs

Le projet poursuit trois objectifs interdépendants:
  • Objectif 1: Construire une base de données sur les flux migratoires, les politiques et les pratiques dans la région, et les effets prévus du changement climatique sur les migrations, y compris la migration économique;
  • Objectif 2: Renforcer les capacités nationales à gérer les impacts du changement climatique sur les migrations dans les Etats insulaires du Pacifique les plus vulnérables aux effets du changement climatique;
  • Objectif 3: Améliorer le partage de connaissances et la coopération au niveau régional sur la question des migrations induites par le changement climatique et celle de la migration économique.
Les activités du projet vont commencer par la constitution d’une base d’information sur les répercussions du changement climatique sur les migrations dans la région Pacifique, sur les politiques et les pratiques actuelles en matière de migration, et une évaluation de la capacité du cadre qui régit actuellement les migrations à faire face aux changements actuels et futurs en matière de climat dans chacun des pays ciblés.

Reconnaissant que les Kiribati, Tuvalu et Nauru sont les pays de la région les plus vulnérables aux effets du changement climatique, et vu les ressources et les capacités institutionnelles limitées dont ils disposent, le projet consacrera se activités de renforcement des capacités à ces trois pays, mobilisant l’expertise de la CESAP, du PNUD et de l’OIT, ainsi que l’expertise régionale.

Ces activités de renforcement des connaissances et la mise en œuvre des politiques aux Kiribati, à Tuvalu et Nauru, ne permettront pas seulement de forger une meilleure compréhension des migrations induites par le changement climatique dans les Etats insulaires du Pacifique, mais elles contribueront aussi à lancer une discussion régionale sur le thème des migrations liées au changement climatique parmi les responsables politiques, les chercheurs, les travailleurs migrants, les employeurs et les autres acteurs concernés par le biais des communautés de pratique et d’une plateforme numérique de partage d’informations.

L’action de l’OIT

L’OIT va jouer un rôle essentiel dans le projet en apportant son expertise technique pour renforcer la connaissance des cadres réglementaires sur les migrations, pour résoudre les problèmes de capacités des pays concernés à élaborer des statistiques et des politiques sur les migrations de main-d’œuvre, et pour faciliter le développement de mécanismes bilatéraux et multilatéraux relatifs à la mobilité des travailleurs, fondés sur les droits.

L’intérêt accru pour la mobilité régionale des travailleurs, en particulier à la lumière des répercussions que le changement climatique aura sur les migrations internationales, devrait stimuler et promouvoir les dispositifs naissants de mobilité tels que le dispositif relatif au mouvement temporaire des personnes de l’Accord commercial entre les Etats insulaires du Pacifique (PICTA) et les négociations sur la mobilité professionnelle du Groupe mélanésien Fer de lance.

Pour toute information complémentaire, veuillez contacter:

Mme Sophia Kagan
Administratrice technique chargée de la migration économique
Bureau de l’OIT pour les pays insulaires du Pacifique
Suva, Fidji
Courriel: kagan@ilo.org