Le Groupe mondial sur la migration publie un nouvel ouvrage sur la migration et les jeunes

La migration et les jeunes: défis et opportunités offre un aperçu sans précédent de la façon dont la migration affectent les jeunes et propose un programme pour remporter une triple victoire.

Communiqué de presse | 17 décembre 2014
GENEVE/NEW YORK/PARIS (OIT Info) – Le Groupe mondial sur la migration (GMM)* a publié – à l’occasion de la Journée internationale des migrants – son nouveau rapport, La migration et les jeunes: défis et opportunités (Migration and Youth: Challenges and Opportunities).

En préparation depuis deux ans, l’ouvrage présente les dernières connaissances, les leçons tirées de l’expérience, les bonnes pratiques et les stratégies innovantes de diverses institutions des Nations unies, d’autres organisations internationales, d’universitaires, de la société civile et de jeunes dirigeants.

Le principal message novateur de la publication est que, avec la mise en place de bonnes politiques, la migration des jeunes peut devenir une opportunité et faire un scénario « gagnant-gagnant » pour les trois composantes : les jeunes migrants, les pays d’origine et les pays de destination.

Pour la toute première fois, le rapport du GMM donne un aperçu général des nombreuses facettes de la migration des jeunes. Il explore les situations de marginalisation rurale et de dégradation de l’environnement que quittent beaucoup de jeunes migrants et analyse les défis qu’ils doivent relever pour exercer leurs droits, accéder au travail décent et à la protection sociale dans les pays d’accueil. S’intéressant aux droits de l’homme, à l’emploi, à l’égalité hommes-femmes, la santé, l’éducation et la participation des jeunes, le rapport apporte une contribution orientée vers l’action au débat politique mondial sur la migration et au programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015.

L’analyse du livre est à la fois cruciale et opportune puisque les changements démographiques et structurels aboutissent au vieillissement des la population et à la diminution de la main-d’œuvre dans de nombreux pays. Il propose un riche programme de réponses politiques et pratiques sur toute une série de questions qui concernent les gouvernements et les sociétés.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a loué le rapport du GMM pour «son approche pratique visant à transformer la migration des jeunes en opportunité» et a ajouté: «Ensemble, nous pouvons donner aux jeunes d’aujourd’hui – les étudiants, les travailleurs, les entrepreneurs, les parents et les dirigeants de demain – la possibilité de réaliser pleinement leur potentiel dans un monde plus pacifique, équitable, inclusif et durable».

Résultat prometteur de la collaboration internationale sur les migrations, l’ouvrage est produit par le Groupe mondial sur la migration (GMM)*, un groupe inter-institutions constitué de 17 agences des Nations Unies et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui s’efforcent d’adopter des approches plus cohérentes, globales et coordonnées des migrations internationales.


Notes sur le rapport du GMM: La migration et les jeunes: défis et opportunités


Pourquoi les adolescents et les jeunes?
Le rapport est consacré aux adolescents et aux jeunes migrants parce qu’ils représentent une catégorie spécifique de migrants dont les besoins, les droits et les problèmes uniques ne sont pas pris en considération dans les politiques migratoires d’aujourd’hui. Les jeunes de 15 à 24 ans représentent plus de 12 pour cent des 232 millions de migrants internationaux (personnes vivant dans un pays différent de leur pays de naissance) et une bonne partie des flux migratoires actuels.

Des opportunités pour les adolescents et les jeunes migrants
Le rapport confirme que les adolescents et les jeunes migrants sont pleins de ressources, résistants, s’adaptent facilement à un nouvel environnement et beaucoup d’entre eux ont les compétences et les qualifications requises pour travailler avec les nouvelles technologies. Pour ces jeunes, la migration représente une étape importante vers la réalisation d’une existence viable, pour eux et leur famille. Dans les communautés d’accueil, l’égalité des chances et de traitement permet aux migrants de contribuer de manière productive à la communauté, en tant que travailleurs, étudiants, entrepreneurs, artistes et consommateurs. Pour les jeunes femmes, la migration peut aussi être une expérience émancipatrice sur le plan social.

Besoins et risques spécifiques des adolescents et des jeunes migrants
Les jeunes migrants, qui sont plus vulnérables compte tenu de leur âge et de leur inexpérience de la vie, connaissent l’isolement, l’exclusion, la discrimination et l’insécurité. Ils perdent souvent leurs réseaux sociaux et n’ont plus leurs parents pour les conseiller et prendre soin d’eux. Les jeunes sont davantage victimes de xénophobie et de discrimination. Ceux qui sont en situation irrégulière sont particulièrement exposés à l’exploitation, au trafic, à l’exclusion, la détention et l’expulsion. Les filles immigrées sont vulnérables à de graves violations des droits de l’homme comme le mariage précoce, l’exploitation sexuelle, la violence et le travail non rémunéré.

Les jeunes, la migration et le programme de développement

Les institutions membres du GMM reconnaissent que la migration n’est pas une panacée au développement et que sa promotion ne peut se substituer aux politiques publiques appropriées en matière de développement ou de gouvernance des migrations. Les membres du GMM s’accordent sur l’idée que la migration peut être bénéfique pour les adolescents et les jeunes si – et seulement si – les politiques migratoires sont ancrées dans un système qui protège les droits fondamentaux et les droits au travail des jeunes migrants.

Faits, chiffres et tendances

Le chapitre 1, Migration des jeunes: Faits & chiffres, rédigé par le Département des Affaires économiques et sociales (DAES) de l’ONU, fournit la compilation la plus importante à ce jour de faits et de chiffres sur la migration des jeunes. Il recommande d’élargir la base de données étayant les politiques en investissant dans la collecte, la diffusion et l’analyse des données ventilées par âge et par sexe, de renforcer la capacité des gouvernements et de mener des recherches qualitatives et quantitatives.

Respecter les droits fondamentaux, la protection sociale et l’égalité des sexes

Le chapitre 2, Droits de l’homme des adolescents et des jeunes dans le contexte de la migration, préparé sous les auspices du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCNUDH), montre qu’en dépit du cadre juridique international destiné à promouvoir et protéger les droits de tous les individus – et notamment la convention sur les droits de l’enfant – les adolescents et les jeunes migrants subissent de nombreuses violations de leurs droits fondamentaux. Il analyse les effets délétères de la détention liée à l’immigration et de l’accès restreint à l’éducation sur les droits, au bien-être, et au développement des adolescents et des jeunes migrants.

Le chapitre 3, Rôle et pertinence de la protection sociale, rédigé par Patrick Taran de Global migration policy Associates (GMPA) avec Sheila Murthy et Natalia Winder de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance), met en évidence les besoins de protection sociale et les droits des adolescents et des jeunes migrants, en identifiant les mesures qui pourraient être proposées dans les pays d’origine, ainsi que dans les pays de destination, pour assurer leur accès aux services essentiels, aux soins de santé et à un niveau de vie minimal. Le chapitre recommande d’intégrer les jeunes migrants dans les systèmes nationaux de sécurité sociale.

Le chapitre 4, Adolescentes et jeunes femmes migrantes, écrit par le Pr Susan Martin de l’Université de Georgetown en consultation avec l’ONU–Femmes, décrit les causes et les formes de migration des adolescentes et des jeunes femmes, les lacunes de la législation et de la politique et rappelle l’importance de comprendre l’impact de la migration sur les rôles masculins et féminins et sur les jeunes femmes dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi. Il propose des mesures, des lois et des pratiques sensibles au genre afin de les protéger.

La composante réfugiée

Le chapitre 5, La composante réfugiée: le droit pour les adolescents et les jeunes de chercher et de trouver asile et protection, rédigé par Noëmi Fivat, Monika Sandvik-Nylund, Grith Norgaard et Sumbul Rizvi du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés), décrit les risques auxquels sont exposés les adolescents et les jeunes – y compris les enfants séparés et les mineurs non accompagnés – en quête d’une protection de réfugié dans un contexte qui allie mobilité accrue et intensification des contrôles sur les mouvements de population. Le chapitre énumère cinq réponses clés: des systèmes d’accès tenant compte des besoins de protection, des systèmes de protection des enfants, des alternatives à la détention des enfants et des adolescents, la recherche et la réunification des familles pour les enfants séparés et les mineurs non accompagnés, et la régularisation de leur statut.

Emploi, éducation et santé

Le chapitre 6, Travail, emploi et jeunes: Questions brûlantes de gouvernance, de développement et de cohésion sociale à l’échelle mondiale, rédigé par Patrick Taran de GMPA en collaboration avec l’Organisation internationale du Travail (OIT), constate que les tendances démographiques et celles relatives au marché du travail alimentent une demande beaucoup plus forte, dans de nombreux pays, de compétences et de main-d’œuvre immigrées. Si l’emploi et le travail décent sont les grands enjeux de la migration, de nombreux adolescents et jeunes migrants sont confrontés à des travaux précaires, à l’exploitation et à des conditions de travail inacceptables. Il conclut que la garantie d’un travail décent contribue à la réalisation conjointe des bienfaits économiques et sociaux de la migration, ainsi qu’à la protection sociale des jeunes.

Travail, emploi et jeunes

Le chapitre 7, Perspectives de l’Afrique de l’Ouest, préparé par Eleni Bizas et Jérôme Elie de l’Institut des Hautes études internationales et du Développement de Genève, rappelle que la mobilité régionale est très fréquente chez les jeunes dans le cadre des communautés économiques régionales d’Afrique Il recense les besoins dans six principaux domaines d’intervention: éducation, travail décent, sécurité de déplacement, investissement à haute intensité de main-d’œuvre, services de santé, et protection des droits, pour permettre aux jeunes de rester chez eux, pour rendre la migration plus sure pour ceux qui se déplacent et pour maximiser leur potentiel quand ils sont à la recherche d’un emploi.

Le chapitre 8, Main-d’œuvre, jeunes ruraux et migration, préparé par le Fonds international de développement agricole (FIDA), examine la situation dans les régions rurales dont sont originaires de nombreux migrants. Son message est que le travail décent, la croissance économique et le développement durable accroissent les perspectives et la mobilité sociale des jeunes, appelant à prendre des mesures pour fournir des emplois, des crédits et des débouchés comme alternatives à la migration pour les jeunes et pour les encourager à rentrer au pays pour que les talents et les capitaux restent dans les régions d’origine.

Le chapitre 9, Envois de fonds, développement et jeunes, s’appuie sur des contributions de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et de l’Université du Sussex; il constate que les fonds envoyés par les migrants aux membres de leur famille sont un important facteur de réduction de la pauvreté et jouent un rôle grandissant dans l’économie de nombreux pays. Le chapitre met en avant la nécessité de prendre des mesures pour faciliter les envois de fonds et réduire leur coût pour les jeunes migrants, et d’améliorer l’accès de ces derniers aux services financiers.

Le chapitre 10, Les enfants d’immigrés dans les systèmes éducatifs et sur les marchés du travail de l’OCDE, rédigé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) établit que les enfants d’immigrés, qu’ils soient nés dans le pays de destination, qu’ils aient émigré avec ou après leurs parents, représentent une proportion forte et croissante des jeunes dans de nombreux pays de l’OCDE, mais leur réussite scolaire et leur accès à l’emploi accusent un retard sur leurs pairs. Il recommande des approches ciblées pour étendre l’accès à l’enseignement préscolaire, pour accroître leurs possibilités de formation et d’apprentissage, et des mesures supplémentaires afin d’intégrer leurs parents aux marchés du travail.

Le chapitre 11, Migration et enseignement supérieur, préparé par l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), souligne que le nombre de jeunes qui étudient à l’étranger augmente rapidement, d’où la nécessité de mettre en place une coopération internationale et des accords réglementaires pour superviser le contrôle de qualité de l’enseignement supérieur et les cadres d’accréditation. Il souligne l’utilité du dialogue et de la coopération entre pays pour reconnaître les diplômes obtenus à l’étranger, en améliorant la qualité et en harmonisant les normes de l’enseignement supérieur et professionnel au plan international, en particulier par la mise en place de cadres régionaux d’accréditation, de qualification et d’assurance qualité.

Le chapitre 12, Santé, migration des jeunes et développement, rédigé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), montre que l’absence de protection et de promotion des droits, couplée à des politiques restrictives en matière d’immigration et d’emploi et à des attitudes anti-immigrés omniprésentes, entraine une inégalité d’accès aux services et aux soins de santé, ce qui accroît les risques sanitaires pour les jeunes migrants. Etant donné que certains risques sont plus élevés pour les jeunes et renforcés par des risques liés à la migration, la principale recommandation est de veiller à ce que des services de santé appropriés soient disponibles et accessibles aux adolescents et aux jeunes migrants.

Intégrer la migration

Le chapitre 13, Intégration de la migration des jeunes dans les stratégies nationales de développement, rédigé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), constate que la plupart des pays ont échoué à incorporer la migration des jeunes dans les politiques de planification du développement, bien qu’elle soit essentielle pour mettre en œuvre une pratique efficace en matière de développement.

Le chapitre 14, Autorités locales, migration et jeunes, rédigé par l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), souligne le rôle crucial que jouent les collectivités locales pour gérer les conséquences des migrations et l’impact des migrants – les jeunes en particulier – sur les économies locales, l’emploi, les services et la vie de la communauté.

Le chapitre 15, Renforcer la participation des jeunes migrants, préparé par Patrick Taran de GMPA et Alison Raphael, consultante pour l’UNICEF, détermine la participation des jeunes migrants à la vie des communautés où ils vivent et au processus de décision relatif aux politiques qui les affectent; il préconise la participation des jeunes migrants aux organisations de la société civile, aux syndicats, aux groupes communautaires, et surtout aux organisations de jeunes migrants.

Changements environnementaux et migration

Le chapitre 16, Jeunes, changements environnementaux et migration, rédigé par l’OIM et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et le chapitre 17, Changements climatiques, migrations internationales et jeunes, rédigé par le Professeur Susan Martin de l’Université de Georgetown, constatent que les changements qui affectent l’environnement ont une influence directe et indirecte sur la propension à émigrer; que ces changements et les déplacements qui en résultent vont s’amplifier dans les années à venir et auront un impact spécifique sur les jeunes, mais que les lois, les politiques et les mécanismes institutionnels en vigueur ne permettent pas de faire face à ce défi mondial.

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Pour demander une interview des auteurs du rapport, veuillez contacter le Département de la communication et de l’information publique de l’OIT: newsroom@ilo.org ou + 4122/799-7912.

* Le groupe mondial sur la migration (GMM) est un groupe inter-institutions qui vise à promouvoir l’application la plus large des normes et instruments internationaux et régionaux relatifs à la migration, et encourager l’adoption d’approches plus cohérentes, globales et mieux coordonnées de la question des migrations internationales. Le GMM se préoccupe en particulier d’améliorer l’efficacité globale de ses membres et d’autres parties prenantes pour exploiter les opportunités et relever les défis que présentent les migrations internationales. L’OIT assume actuellement la présidence du GMM. http://www.globalmigrationgroup.org/