Améliorer l’accès au dépistage du VIH et à la protection sociale pour les travailleurs de l’économie informelle au Kenya

La prévalence du VIH au Kenya est de 5,9%. La tranche d’âge 15-49 ans présente le nombre d’infections le plus élevé. La prévalence chez les femmes (6,5%) est supérieure que chez les hommes (4,7%). Une personne séropositive sur 5 se trouve être une jeune femme (15-24 ans).

Actualité | 19 juillet 2017
La moitié des personnes qui vivent avec le VIH ne connaissent pas leur statut.

Au Kenya, l’économie informelle représente 83% des travailleurs. Ces derniers sont rarement couverts par les programmes de protection sociale. Le Fond National de Sécurité Sociale (NSSF), ainsi que le Fond National d’Assurance Hospitalière (NHIF) couvrent plus de 3 millions de travailleurs, mais 90% proviennent du secteur formel.

Le Bureau International du Travail (BIT) contribue à la prévention du VIH, du sida, ainsi qu’à la protection sociale au Kenya, à travers l’Equipe Conjointe des Nations Unies sur le VIH et le sida et le Plan Cadre des Nations Unies pour l’Aide au Développement (PNUAD).

Avec l’initiative de soutien et de dépistage volontaire pour les travailleurs (VCT@WORK Initiative), le BIT a développé au Kenya un programme novateur pour améliorer l’accès au dépistage du VIH auprès des travailleurs du secteur informel ; et pour faciliter l’accès aux programmes nationaux de protection sociale.

La modèle d’actuation inclue surtout les camionneurs, les petits commerçants/artisans, ainsi que d’autres travailleurs de l’économie informelle, telles que les jeunes femmes travaillant dans les salons de coiffure ou salons de beauté. Ces groupes trouvent difficile de se rendre dans un centre de dépistage du VIH ainsi que de rejoindre les bureaux du NHIF et du NSSF pour accéder aux programmes de protection sociale. Ceci est dû au manque d’information, et au fait que les visites aux services peuvent entrainer une perte de salaire journalier pour eux. Des partenariats entre les acteurs du monde du travail et le NHIF, ainsi que le NSSF ont été établis. L’adhésion des travailleurs au NHIF est faite durant les dépistages du VIH et les sessions de sensibilisation.

Principales caractéristiques de la stratégie

Afin d’atteindre les camionneurs au Kenya, le BIT s’est associé au centre national des syndicats Central Organization of Trade Unions in Kenya (COTU-K), Kenya Long Distance Truck Drivers', Allied Workers' Union/Highway Community Health Resource Centre et au programme de prévention Swedish Workplace HIV/AIDS Programme. Ces partenariats fournissent un dépistage volontaire du VIH et un service de soutien tout au long de l’axe de transport de Mombasa à Busia. Les zones à risques où se trouvent les travailleurs du sexe ont été identifiées. Des tests de dépistage du VIH et un service de soutien sont proposés sur place.

Pour les travailleurs dans les salons de coiffure, ainsi que dans les salons de beauté, le BIT s’est associé aux syndicats Kenya Union of Hair and Beauty Salon Workers, une filiale du COTU-K, et à la fondation AIDS Healthcare Foundation. Les syndicats responsables ont été formés sur la gestion des programmes de VIH sur le lieu de travail. Des tests de santé et de dépistage du VIH, ainsi que des services de soutien sont proposés sur le lieu de travail, tout comme la sensibilisation aux avantages de s’inscrire au NHIF. Le syndicat mobilise aussi les travailleurs à devenir membres de la Coopérative d’Epargne et de Crédit, en les encourageant à épargner une partie de leur revenu.

La Fédération des Employeurs du Kenya, à travers son programme CHEP (Clustered HIV Enterprise Programmes) à Mombasa, Uasin Gishu et Laikipa Counties, parvient à rejoindre les entreprises membres pour mettre en œuvre la riposte au VIH sur le lieu de travail et dans la communauté. Les initiatives VCT@WORK sont organisées afin de cibler les travailleurs de l’économie informelle du secteur de Jua Kali (petits commerçants et artisans), en intégrant une composante de protection sociale. Des fonctionnaires du NHIF et du NSSF des régions spécifiques sont invités à sensibiliser les travailleurs à l’importance de s’inscrire aux programmes. Les travailleurs sont conseillés et aidés afin qu’ils s’inscrivent au NHIF sur place.

Résultats

Entre juillet 2013 et décembre 2016:
- Plus de 74’000 travailleurs (30’200 femmes et 44’000 hommes), la majorité se trouvant dans le secteur informel, ont fait le dépistage du VIH. Plus de 1’000 personnes diagnostiquées séropositives ont eu accès au traitement antirétroviral et à la protection sociale.
- Plus de 8’000 femmes et 10’500 hommes, travailleurs de l’économie informelle, ont été inscrits au NHIF. Et plus de 5’100 femmes et 6’000 hommes ont également été inscrits au NSSF, grâce à des événements de dépistage du VIH.
- Presque 500 travailleurs, travaillant dans des salons de coiffure ou des salons de beauté, sont devenus membres de la Coopérative d’Epargne et de Crédit.

Enseignements tirés

L’intégration du VIH, des services de santé et de protection sociale aident à réduire la stigmatisation, ainsi que la discrimination.

Les projets de dépistages du VIH et de protection sociale, fournis sur place aux travailleurs du secteur informel, valorisent les services liés au VIH ainsi qu’à l’adhésion aux programmes de protection sociale.

Les syndicats ont un rôle important à jouer dans la réduction de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH. Ils ont également un rôle à jouer en ce qui concerne l’amélioration du dépistage du VIH, du traitement et du soutien, que ce soit sur le lieu de travail - formel ou informel.

La protection sociale offre une sécurité des revenus pour les travailleurs qui vivent avec le VIH, ainsi que pour ceux issus de l’économie informelle et leurs permet d’accéder aux services de prévention et traitement du VIH.

L'implication des dirigeants syndicaux, des cadres dirigeants des associations d’employeurs, et de l’économie informelle, tout comme des administrations locales est essentiel pour atteindre efficacement les travailleurs de l’économie informelle.

La sensibilisation est la clé. Les travailleurs du secteur informel ne sont généralement pas conscients des avantages que proposent les programmes de protection sociale, ni de la marche à suivre pour s’y inscrire. De même qu’ils ne sont pas au courant des avantages de dépister le VIH en temps opportun. L’éducation peut jouer un rôle déterminant dans la promotion de l’utilisation des services.

Etapes suivantes

S’appuyant sur une expérience positive et un partenariat solide, le BIT est en train de développer l’initiative VCT@WORK dans d’autres comtés à haut et moyen risque.

Dans le cadre de la composante PNUAD sur la protection sociale, le BIT intensifie l’intégration du VIH et la protection sociale dans plus de comtés, ciblant aussi bien les travailleurs de l’économie formelle que ceux de l’économie informelle.