Combattre le travail forcé

Questions et réponses sur le programme Work in freedom

Un programme conjoint DFID/OIT a pour ambition d’éviter à plus de 100 000 femmes et jeunes filles d’Asie du Sud d’être victimes du trafic d’enfants et de main-d’œuvre au cours des cinq prochaines années.

Analyse | 15 juillet 2013

1. Qu’est-ce que le programme Work in freedom (Travailler en liberté)?


Ce programme novateur est une initiative conjointe du ministère du Développement international du Royaume-Uni (DFID), de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de l’Ecole d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (LSHTM).

Il a pour but de prévenir la traite des femmes et des filles originaires d’Asie du Sud (Inde, Népal et Bangladesh) vers des pays prisés par les migrants (Inde, EAU, Jordanie et Liban). Le programme met l’accent sur les secteurs du travail domestique et du textile – les domaines de prédilection de la traite.

Le programme va collaborer avec les gouvernements, les organisations d’employeurs et de travailleurs, des organisations de la société civile et des agences internationales pour assurer le recrutement éthique des femmes immigrées et pour éliminer les formes de travail inacceptables.

En tant que principales bénéficiaires, les femmes auront leur mot à dire sur les activités du programme, sur sa mise en œuvre, et seront primordiales pour en tirer les leçons et peser sur les recommandations politiques.

2. Quels sont les objectifs que le programme espère atteindre?


Le programme vise à éviter que 100 000 filles et femmes dans l’ensemble de l’Asie du Sud ne soient victimes du trafic d’enfants et de main-d’œuvre. Ses principaux objectifs sont:
  • Une migration sûre et réussie des travailleuses, grâce à une protection juridique contre les dommages et la coercition et grâce à la réduction des risques de traite avant que la migration ait lieu.
  • L’adoption et le respect de normes éthiques de recrutement et de pratiques d’emploi équitables par les sociétés et les employeurs du secteur privé. Cela suppose qu’une centaine d’agences au moins adhèrent à un label de pratiques équitables – exigeant que ce soient les employeurs plutôt que les travailleurs qui paient les frais de recrutement. Cela sera bénéfique pour des milliers de femmes immigrées.
  • L’autonomisation économique d’environ 30 000 travailleuses immigrées en provenance d’Asie du Sud leur permettant d’avoir le contrôle de leurs revenus et de leurs conditions de travail et d’envoyer régulièrement de l’argent chez elles pour leurs familles et pour épargner leurs revenus.
  • Des compétences, une formation pré-départ et d’autres services sont fournis à environ 50 000 travailleuses migrantes pour les aider à obtenir un contrat juridique et un salaire décent.
  • La prévention du travail des enfants et de la migration des filles de moins de 16 ans pour veiller à ce qu’elles aillent à l’école, acquièrent des compétences et aient une chance d’obtenir un emploi décent.
  • La création d’une base de données bien documentée sur ce qui fonctionne pour lutter contre la traite.

3. Quelle est la différence entre travail forcé et traite d’êtres humains?


Les définitions du trafic d’êtres humains et du travail forcé coïncident en grande partie. Toutes deux incluent l’esclavage et les pratiques assimilables à l’esclavage, la servitude pour dette et le servage. Le travail forcé recourt aux menaces et à la coercition, tandis que la définition internationale de la traite inclut une gamme plus large d’indicateurs dont les abus et l’exploitation.

L’essentiel du travail forcé relève de la définition du trafic d’êtres humains selon le protocole de l’ONU qui se traduit par du travail forcé ou de l’exploitation sexuelle.

4. Pourquoi mettre l’accent sur le travail forcé dans les secteurs du travail domestique et de la confection?


L’OIT estime que 90 pour cent du travail forcé concernent aujourd’hui «l’économie privée».

Le travail domestique et le secteur textile sont deux secteurs qui emploient une forte proportion de femmes et de filles d’Asie du Sud. Dans toutes les régions du monde, les travailleurs domestiques sont exposés à un risque accru de trafic en raison de la nature non protégée de leur travail. Les victimes sont souvent abusées physiquement, psychologiquement et sexuellement par les employeurs et les agents de recrutement. Elles ont tendance à dépendre de leurs employeurs, à travailler de longues heures et logent souvent dans des résidences isolées. Les ménages de particuliers échappent généralement aux réglementations du marché du travail et aux inspections du travail.

L’industrie textile a fait l’objet d’allégations de graves formes d’abus, y compris des heures supplémentaires imposées et de faibles salaires. Dans les économies émergentes où la main-d’œuvre bon marché est vitale pour assurer la compétitivité des entreprises, les employeurs peuvent subir une pression pour contenir les salaires et les conditions de travail des employés.

Ce programme est consacré aux pires formes d’abus commis à l’égard des travailleurs immigrés, par la menace et la coercition, comme la confiscation des salaires, la restriction de la liberté de mouvement et d’association, les abus physiques et sexuels.

5. Comment allez-vous mesurer l’impact du programme?


Ce programme a été soigneusement conçu pour établir une solide base de référence afin d’enregistrer et de revoir des résultats spécifiques et mesurables tout au long de ses cinq années de durée. Les progrès seront revus à mi-parcours du programme qui sera éventuellement adapté pour s’assurer qu’il atteigne les résultats et les effets escomptés.

Les résultats et les interventions à mesurer par l’Ecole d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (LSHTM) comprennent:
  • Le degré de satisfaction des travailleuses qui sont actuellement immigrées, ou qui l’ont été, quant à leurs termes et conditions de travail.
  • Le nombre de travailleuses migrantes qui bénéficient d’informations, de formation et de soutien avant de partir, ainsi que dans leur pays de destination.
  • Les bienfaits de la formation professionnelle en matière de contrats, de salaires et de protection des travailleurs migrants.
  • Le nombre de filles qui restent scolarisées à plein temps plutôt que de s’expatrier.
  • Les attitudes et les comportements des employeurs –s’ils changent du fait du programme et comment le cas échéant.
  • Une hausse du nombre d’agences de recrutement qui signent et mettent en œuvre des codes de conduite basés sur les normes de la CIETT, y compris la politique de gratuité des frais.
  • Une meilleure sensibilisation des fonctionnaires chargés de la main-d’œuvre et de la mise en vigueur de la loi qui leur permet de mieux répondre aux cas de trafic de main-d’œuvre.

6. Que peuvent faire les citoyens/consommateurs britanniques pour mettre fin à la traite et au travail forcé?

  • Participer à des campagnes visant à obtenir de meilleures normes et leur respect par les entreprises pour garantir que les travailleurs où qu’ils soient sont protégés des formes inacceptables de travail et peuvent choisir leur emploi dans des conditions de liberté et de dignité.
  • Être des consommateurs exigeants en soutenant les entreprises qui s’engagent à recruter de manière éthique et à respecter les normes internationales du travail. Les consommateurs peuvent exiger que leurs produits préférés soient exempts de travail forcé et de traite.
  • Savoir comment identifier les cas de travail forcé et de traite et alerter la police s’ils sont en présence d’un cas suspect.
  • Soutenir la campagne End Slavery Now! campaign (En finir avec l’esclavage maintenant!)