3. Croissance économique riche en emplois

Développement durable

Travail décent

Economie Social Environnement Emploi Protection Droits Dialogue
Cibles ODD pertinentes
1.b, 8.3, 8.5, 8.6, 8.8, 8.b
Résultats stratégiques pertinents
1, 10

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La croissance économique à elle seule ne peut pas se traduire en une hausse du nombre et de la qualité des emplois, en particulier pour les populations pauvres et vulnérables et celles risquant d’être laissées pour compte. La croissance économique est une condition préalable à l’accroissement de l’emploi productif; elle est le résultat combiné des hausses de l’emploi et de la productivité du travail. En conséquence, le taux de croissance économique fixe le plafond absolu en dessous duquel la croissance de l’emploi et la croissance de la productivité du travail peuvent évoluer. Néanmoins, les caractéristiques ou la nature de la croissancesont également importantes. Les incidences de la croissance économique sur la création d’emplois productifs dépendent non seulement du taux de croissance, mais aussi de l’efficacité avec laquelle la croissance se traduit en emplois productifs. Or, ces derniers sont subordonnés à une série de facteurs, tels que la composition sectorielle de la croissance et l’intensité en capital/travail de la croissance au sein de chaque secteur. Il est généralement nécessaire d’accroître à la fois le nombre d’emplois et la productivité, ainsi que les revenus issus de l’emploi. Un examen du développement économique sous l’angle de l’emploi pourrait donc évaluer dans quelle mesure la croissance économique a répondu au besoin d’accroissement du nombre d’emplois et de hausse de la productivité/des revenus. Afin de livrer des observations intéressantes, une telle évaluation doit être ventilée par secteur économique. Il est d’une importance capitale pour la durabilité du développement économique à moyen et long terme d’évaluer dans quelle mesure la croissance économique est associée à une transformation productive et stimulée par cette dernière (19).

Les indicateurs mesurant la capacité d’une économie à générer suffisamment de possibilités d’emploi pour sa population peuvent livrer des réflexions intéressantes sur la performance générale du développement économique. Ces indicateurs comprennent les taux de chômage, les rapports emploi/population, les taux de participation à la main-d'œuvre, et l’intensité en emplois de la croissance ou l’élasticité de l’emploi par rapport à la production – ce dernier indicateur mesure quelle proportion de la croissance de l’emploi est associée à un point de pourcentage de croissance économique. La régression de l’intensité en emplois de la croissance est un sujet de préoccupation politique. Intégrer explicitement l’emploi et le travail décent dans les politiques de croissance économique et de réduction de la pauvreté aide à maximiser les avantages pour les populations et à garantir que la croissance est à la fois durable et inclusive.

La situation des «travailleurs pauvres» doit faire l’objet d’une attention particulière, spécialement dans les pays où l’économie formelle est de petite taille, et où de nombreuses femmes et de nombreux hommes travaillent – souvent dur et longtemps – mais ne sont pas en mesure de gagner suffisamment pour faire sortir leur famille de la pauvreté. Lorsque l’on combine le travail rémunéré et non rémunéré, les femmes travaillent plus longtemps que les hommes et ce manque de temps influe sur leur capacité à accéder au travail décent (8).

Au cours des quinze dernières années, le BIT, le PNUD, l’OCDE, l’UN-DESA, la Banque mondiale et d’autres acteurs ont accompli un travail d’analyse considérable sur le lien entre croissance, emploi et pauvreté [voir par exemple : (20)]. Le Rapport sur le développement dans le monde 2013, de la Banque mondiale intitulé «Emplois», a mis en évidence le pouvoir de transformation de l’emploi en termes de hausse des niveaux de vie, de la cohésion sociale et de la productivité (21). Le rapport sur le développement humain 2015, du PNUD, publié sous le titre « Repenser le travail pour le développement humain », cherchait à établir une connexion entre le travail (au sens large) et le développement humain (22). Une conférence conjointe BIT-FMI, organisée en 2010 à Oslo, s’est penchée sur la relation existant entre la croissance, l’emploi et la cohésion sociale. Le lien entre croissance, emploi et pauvreté a également été au centre des débats du Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique, qui s’est tenu à Ouagadougou en septembre 2004. organisée en 2010 à Oslo, s’est penchée sur la relation existant entre la croissance, l’emploi et la cohésion sociale. Le lien entre croissance, emploi et pauvreté a également été au centre des débats du Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique, qui s’est tenu à Ouagadougou en septembre 2004. La déclarationadoptée à cette occasion par les chefs d’Etat africains place « la création d’emplois au centre des objectifs de nos politiques économiques et sociales aux niveaux national, régional, continental en vue de la réduction durable de la pauvreté et de l’amélioration des conditions de vies de nos populations » (23).

Pour atteindre l’objectif de transformer la croissance en emploisl’OIT préconise et promeut des cadres politiques et des partenariats mondiaux visant à générer davantage de possibilités d’emplois de qualité. Au niveau des pays, l’objectif est d’aider les mandants de l’OIT à élaborer, mettre en œuvre et superviser des programmes et politiques coordonnés et adaptés à chaque contexte, qui favorisent la création d’emplois de qualité par des stratégies de diversification économique et d’investissement, de développement des compétences pour les besoins actuels et futurs sur les marchés du travail, ainsi que par une activation du marché du travail et une intermédiation qui intègrent les groupes les plus vulnérables. Ceci comprend notamment des politiques et des programmes facilitant la transition vers l’économie formelle ainsi que la création de possibilités d’emploi et de revenu dans l’économie rurale (voir chapitre séparé).

Relation ATD-ODD

La formulation de l’ODD 8: « Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous » admet que la croissance économique sera inclusive seulement si elle crée des emplois et du travail décent. En raison des liens forts unissant la croissance, l’emploi et la réduction de la pauvreté, les activités à l‘appui de l’ODD 8 concourront également à la réalisation des ODD 1 (pauvreté) et 10 (égalité). Les cibles associées à l’ODD 8 couvrent un large éventail d’aspects liés à l’Agenda du travail décent, tels que la productivité (8.2), l’entrepreneuriat (8.3), les emplois verts (8.4), la création d’emplois (8.5), l’emploi des jeunes (8.6), le travail des enfants et le travail forcé (8.7), la santé et la sécurité au travail (8.8), le développement économique local (8.9) et l’accès à la finance (8.10). La cible 8.b appelle à la mise en œuvre du Pacte mondial pour l’emploi de l’OIT (2009) dont l’objectif fondamental est d’offrir une base d’élaboration de politiques convenue à l’échelle internationale et conçue pour réduire le décalage temporel entre la reprise économique et une reprise effectivement assortie de débouchés d’emploi décent.

Dans la perspective du travail décent, la thématique d’une croissance économique riche en emplois est, bien entendu, surtout associée au pilier emploi de l’Agenda du travail décent, mais en raison de la nature intégrée de cet agenda, l’OIT prendra en considération les trois autres piliers s’agissant de plaider en faveur d’une plus forte intensité d’emploi dans la croissance économique.

Eléments transversaux pour l’élaboration des politiques

De nombreux instruments de l’OIT se réfèrent, d’une manière ou d’une autre, à des questions relatives à l’emploi. Les conventions suivantes jouent un rôle central pour la thématique d’une croissance économique riche en emplois : la convention (nº 122) sur la politique de l’emploi,1964(considérée comme un instrument prioritaire de l’OIT et ratifiée par 111 Etats membres), ainsi que la recommandation sur la politique de l’emploi (R.122) (qui la complète), la convention (n° 168) sur la promotion de l'emploi et la protection contre le chômage, 1988, la recommandation sur la promotion de l'emploi et la protection contre le chômage (R.176) qui la complète, et la recommandation (R.169) concernant la politique de l'emploi (dispositions complémentaires), 1984. L’application des normes fait partie intégrante des programmes de promotion de l’emploi de l’OIT.

La promotion de l’emploi et le lien entre croissance et emploi sont particulièrement intéressants pour les gouvernements et les partenaires sociaux, et sont, par conséquent, un sujet de dialogue social dans toutes les nations, en particulier dans les situations de crise économique ou de récession.

La stratégie pour la politique de l’emploi de l’OIT comprend une approche sensible à l’égalité entre hommes et femmes, et notamment des recherches menées dans le cadre de l’initiative sur les femmes au travailde l’OIT et un renforcement des capacités sur l’égalité entre les sexes et la non-discrimination.

Le changement climatique et la tendance à une économie plus verte peuvent présenter à la fois des opportunités et des risques pour la création d’emplois car ils modifieront la composition sectorielle des économies nationales. Afin d’assurer une transition juste et équitable, ces changements doivent être appréhendés par des politiques macroéconomiques en faveur de l’emploi, ainsi que par des investissements en infrastructures aux niveaux sectoriel, industriel et commercial, et par des stratégies environnementales générant des emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité tout en encourageant la transformation structurelle et le développement de l’entreprise.

Partenariats

L’OIT se mobilise au niveau mondial en faveur de la cohérence dans les systèmes de promotion d’une croissance macroéconomique riche en emplois et intensifie son soutien à la croissance des emplois et à l’amélioration de leur qualité, notamment au travers de son rôle de chef de file au sein de l’initiative mondiale pour l’emploi décent des jeunes menée à l’échelle de l’ensemble du système des Nations Unies. Cette mobilisation mondiale s’étend également aux pays du G20 et du groupe BRICS20, et favorise la coopération Sud-Sud sur la politique de l’emploi. Les partenariats et la coopération avec le système des Nations unies, les institutions financières internationales, les commissions économiques régionales, les banques de développement et les communautés économiques sous-régionales vont s’étendre afin d’atteindre les objectifs et cibles du Programme 2030 liés à l’emploi. Au niveau national, la stratégie nécessitera la participation, entre autres, des Ministères de l’économie, des finances, de la production et de l’industrie, ainsi qu’une étroite collaboration avec les équipes de pays des Nations Unies.

Capacités de l’OIT

Les travaux de l’OIT sur l’intensification des emplois dans la croissance économique sont réalisés par le Département des politiques de l’emploi du Bureau, qui est chargé d’élaborer des politiques intégrées pour l’emploi, le développement et les compétences qui maximisent l’impact sur l’emploi de la croissance économique, de l’investissement et du développement. Le département est divisé en trois branches: Le Service du développement et des investissements (DEVINVEST), le Service des politiques de l’emploi et du marché du travail (EMPLAB), et le Service des compétences et de l’employabilité (SKILLS). DEVINVEST coordonne les travaux de l’OIT sur les interventions en cas de crise et dans les Etats fragiles, qui comprennent le programme phare de l’Organisation « Des emplois au service de la paix et de la résilience ». La recommandation la plus récente de l’OIT adoptée en 2007, qui modifie et remplace la R.71 de 1944, porte un titre similaire : Recommandation (n° 205) sur l’emploi et le travail décent pour la paix et la résilience, 2017.

De nombreux autres départements et services du BIT contribuent à une croissance économique riche en emplois: en premier lieu bien sûr, le Département des entreprises, mais aussi des services travaillant sur les économies rurales et informelles, sur la migration et sur des activités sectorielles, ainsi que le Département de la recherche.

Ressources

Le Département des politiques de l’emploi possède son propre centre de documentation. Il est possible d’y accéder ici. Ce centre comprend plusieurs bases de données sur
  • l’emploi des jeunes
  • les indicateurs du marché du travail
  • les technologies à forte intensité de main-d'œuvre.
D’autres ressources peuvent être consultées par le biais de la page de documentation du BIT sur la promotion de l’emploi.

19. OIT. Diagnostic par pays en matière de travail décent – Orientations techniques pour rédiger le rapport de diagnostic. Genève : BIT, 2015.

8. OIT. Les femmes au travail, tendances. Genève : BIT, 2016.

20. Osmani, S.R.. Exploring the Employment Nexus: Topics in Employment and Poverty. New York & Genève, 2006. PNUD et BIT, 2002.

21. Banque Mondiale. Rapport sur le développement dans le monde: Emplois. Washington : Banque mondiale. 2013.

22. PNUD. Rapport sur le développement humain 2015: Le travail au service du développement humain. New York : PNUD, 2015.

23. Union africaine. Déclaration sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique. Addis Abeba : Union africaine, 2004.

20 - Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.