Chaînes globales de valeur et audit social

La mondialisation ne se réduit pas à une extension de la sphère des échanges commerciaux à l’échelle de la planète; elle prend aussi la forme d’une internationalisation de la production et de la division du travail. Ainsi, les travailleurs des pays du Sud fabriquent désormais une grande part des produits vendus par des firmes occidentales à des consommateurs occidentaux. Cette configuration des «global commodity chains» (Gereffi, 1999) ou «global value chains» (Bair, 2010; Palpacuer et Balas, 2010; Gereffi, 2014) pose à nouveaux frais la question qui fut au cœur de la reconnaissance de la relation salariale à ses débuts: celle de l’asymétrie entre les travailleurs et les détenteurs du capital, et de la responsabilité subséquente de ceux-ci envers ceux-là. C’est dans ce contexte que se sont développés, au cours des dernières décennies, deux mouvements étroitement reliés: d’une part, l’essor d’un militantisme anti-sweatshop (le terme «sweatshop» étant utilisé pour évoquer des lieux de production ne respectant pas les droits fondamentaux des travailleurs); d’autre part, le déploiement de politiques dites «de RSE» (renvoyant à la thématique d’une Responsabilité sociale des entreprises) dans les entreprises, notamment multinationales.