Protection sociale

Selon un rapport de l’OIT, plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès aux soins de santé et ne bénéficie d’aucune protection sociale

Des progrès considérables ont été accomplis en matière de développement des systèmes nationaux de sécurité sociale: c’est ce qu’indique un nouveau rapport de l’OIT, qui révèle également des lacunes qu’il convient de combler sans attendre.

Communiqué de presse | 11 mars 2019
© Prashanth NS
GENÈVE (OIT Infos) – Plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès aux soins de santé essentiels, et seuls 29 pour cent bénéficient d’une couverture complète de sécurité sociale: tel est le constat dressé par un nouveau rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) portant sur la mise en œuvre de la protection sociale dans plus de 100 pays.

A l’échelle mondiale, seules 68 pour cent des personnes ayant l’âge de la retraite perçoivent une pension, sous une forme ou une autre, et ce chiffre tombe à tout juste 20 pour cent dans bon nombre de pays à faible revenu. Moins de 60 pour cent des pays déclarent disposer de régimes ou offrir des prestations garantissant une sécurité de revenu pour les enfants.

Ces chiffres figurent dans l’étude d’ensemble 2019 publiée par la Commission d’experts de l’OIT pour l’application des conventions et recommandations (CEACR). L’étude (publiée sous le titre Protection sociale universelle pour la dignité humaine, la justice sociale et le développement durable) s’intéresse principalement à la recommandation (n° 202) sur les socles de protection sociale, 2012, de l’OIT qui préconise une sécurité élémentaire de revenu et des garanties de soins de santé essentiels, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. Elle vise aussi à encourager la mise en place au plus vite de niveaux de protection plus élevés pour le plus grand nombre de personnes possible.

«La protection sociale s’avère positive pour les sociétés et les économies. Ce droit humain est clairement plébiscité par des pays, des employeurs et des travailleurs du monde entier», explique Emmanuelle St-Pierre Guilbault, juriste au Département des normes internationales du travail de l’OIT. «Il s’agit d’un élément incontournable pour lutter contre l’aggravation des inégalités profondes que nous constatons aujourd’hui et pour favoriser la stabilité.»

La protection sociale s’avère positive pour les sociétés et les économies. L’OIT est prête à aider les pays à surmonter tous les obstacles qu’il reste à franchir pour atteindre une protection sociale suffisante pour tous."

Emmanuelle St-Pierre Guilbault, juriste au Département des normes internationales du travail de l’OIT
«L’OIT est prête à aider les pays à surmonter tous les obstacles, en particulier le problème majeur du financement, qu’il reste à franchir pour atteindre une protection sociale suffisante pour tous», ajoute-t-elle.

L’étude établit que si, dans bon nombre de pays à revenu élevé ou intermédiaire, la couverture de santé universelle a pu être mise en place, dans de nombreux autres pays, la population n’a accès qu’à certains éléments des soins de santé.

Les principaux déficits en matière d’accès aux soins de santé essentiels sont liés à l’insuffisance des ressources allouées à la protection de la santé, à la pénurie de personnel et aux taux élevés de dépenses à la charge des patients. Cela entraîne un risque accru d’appauvrissement et de difficultés financières, qui frappent toutes les régions du monde.

Le rapport signale qu’il convient de déployer davantage d’efforts pour mettre en place une couverture de santé universelle, tant en droit que dans la pratique, notamment en réaffectant les budgets et en augmentant le nombre de travailleurs de la santé.

D’importantes lacunes subsistent aussi en ce qui concerne la mise en place d’une sécurité élémentaire de revenu. Le rapport recommande aux pays d’énoncer des objectifs clairs, en fixant des délais précis, en vue d’étendre la protection sociale adéquate à tous et couvrir ainsi les besoins élémentaires. Ces politiques devraient être définies dans le cadre d’un dialogue inclusif et productif avec les organisations d’employeurs et de travailleurs, ainsi qu’avec d’autres parties prenantes.

La couverture sociale universelle est également essentielle pour réaliser les Objectifs de développement durable, en particulier les cibles concernant l’élimination de la pauvreté; la réduction des inégalités; la santé et le bien-être; le travail décent et la croissance économique; la paix, la justice et des institutions efficaces.

La protection sociale devrait en principe être inscrite à l’ordre du jour de la Conférence internationale du Travail en 2020.

Les études d’ensemble sont publiées chaque année par la CEACR, l’organe de contrôle ayant pour mission d’examiner l’application des normes internationales du travail dans les Etats Membres de l’OIT. Chaque édition met l’accent sur un thème choisi par le Conseil d’administration de l’OIT et étudie de manière approfondie la législation et la pratique nationales des Etats Membres relatives à ce thème.

L’étude d’ensemble 2019 se fonde sur les réponses reçues de 114 gouvernements et sur les observations formulées par les organisations d’employeurs et de travailleurs. Les participants à l’étude ont répondu à 46 questions concernant la mise en œuvre de la recommandation n° 202, la première norme internationale relative à la protection sociale à avoir été adoptée au 21e siècle. Les réponses à l’étude d’ensemble 2019 ont été analysées, les bonnes pratiques et les obstacles identifiés, et des orientations proposées pour encourager une meilleure application de la recommandation.

La CEACR a également publié son rapport annuel , ainsi qu’une édition mise à jour des Règles du jeu , qui donne une brève introduction aux normes internationales du travail destinée aux non-spécialistes et montre l’importance de la fonction normative de l’OIT dans le contexte actuel de la mondialisation.