Programme phare sur la protection sociale

Étendre la protection sociale aux 4 milliards de personnes exclues

Un appel à l’action signé par les dirigeants de deux agences des Nations Unies définit les mesures d’urgence que doivent prendre les pays pour étendre la sécurité sociale et les prestations d’assistance sociale à plus de 4 milliards de personnes actuellement privées de protection.

Communiqué de presse | 25 octobre 2018
GENÈVE – Le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Guy Ryder, et la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, ont appelé les leaders mondiaux à renforcer les programmes de sécurité sociale et d’assistance sociale partout dans le monde, affirmant qu’ils sont indispensables pour atteindre les objectifs du programme mondial de développement des Nations Unies.

Les programmes de protection sociale doivent se préparer à couvrir 4 milliards de personnes supplémentaires d’ici à 2030, quand s’achèvera le programme des Nations Unies.

L’appel à l’action lancé mercredi enjoint aux pays de mobiliser des fonds publics pour la protection sociale et de les gérer de façon responsable, et de promouvoir le dialogue en redoublant d’efforts pour élargir l’étendue et la portée des retraites publiques et de la couverture des soins de santé, des allocations de chômage et de maternité, des allocations familiales et d’autres programmes.

S’exprimant à Genève devant un public varié de plus d’une centaine de hauts fonctionnaires, représentants d’entreprise, syndicalistes et autres, Guy Ryder a déclaré qu’il faudrait mobiliser les acteurs de toute la société pour combler les lacunes actuelles. «Combler les écarts en matière de protection sociale est au cœur de l’engagement de l’OIT en faveur de la justice sociale», a-t-il déclaré. «Et je sais que vous êtes tous réunis ici aujourd’hui parce que vous – et les institutions que vous représentez – êtes aussi appelés à agir.» L’OIT estime que seulement 45 pour cent de la population mondiale ont accès à la protection sociale.

Combler les écarts en matière de protection sociale est au cœur de l’engagement de l’OIT en faveur de la justice sociale.»

Guy Ryder, Directeur général de l’OIT
M. Ryder était accompagné de Mme Bachelet qui a rappelé que ces programmes étaient indispensables, pour garantir les droits de l’homme ainsi que les effets durables des efforts de développement. «Nous commençons à accepter le fait qu’il n’existe pas de raccourcis vers le développement durable et que le bien-être ne peut être obtenu qu’en investissant dans les individus, sans exception», a-t-elle affirmé. «Investir dans l’être humain, ce n’est pas seulement ce qu’il convient de faire, c’est aussi un choix judicieux.»

L’OIT, dont les conventions internationales du travail fixent des normes minimales et autres directives pour la couverture de protection sociale, est le fer de lance de l’extension des prestations grâce à son programme phare depuis 2016 (Building Social Protection Floors for All). L’OIT est aussi l’institution spécialisée des Nations Unies chargée de suivre les progrès accomplis dans la réalisation de l’Objectif de développement durable (ODD) 1.3 des Nations Unies sur l’extension de la protection sociale, avec son Rapport mondial sur la protection sociale et sa base de données.

La Directrice générale adjointe de l’OIT pour les politiques, Deborah Greenfield, a mentionné la réussite du programme qui a permis d’offrir de nouvelles prestations ou de meilleures prestations à plus de 12 millions de personnes dans des pays comme le Cambodge, le Cameroun, l’Indonésie, le Mozambique et la Zambie. Elle a aussi évoqué l’approche du programme qui est axée à la fois sur l’assurance sociale, pour laquelle travailleurs et employeurs versent des cotisations, et l’assistance sociale, financée par les budgets des Etats.

«Autrement dit, il ne s’agit pas de programmes pilotes ayant une date d’expiration. Ce ne sont pas des prestations financées par des donateurs qui vont disparaître à la fin du projet», a précisé Mme Greenfield. «Ce sont des programmes nationaux, financés à l’échelle nationale, gérés par des institutions publiques renforcées, et qui ont pu voir le jour grâce au soutien collectif de beaucoup de celles et ceux qui sont présents dans cette pièce».

La réunion organisée cette semaine visait à faciliter le dialogue entre les différents acteurs du «Partenariat multipartite pour l’ODD 1.3» sur la protection sociale. Ce partenariat rassemble les partisans du programme phare de l’OIT, dont de nombreuses entreprises qui constituent le «Réseau mondial d’entreprises pour les socles de protection sociale». Le programme bénéficie aussi du soutien de divers syndicats nationaux et internationaux par l’intermédiaire de leur réseau «Protection sociale, liberté et justice pour les travailleurs».

Les membres du réseau d’entreprises se sont réunis mardi pour étudier comment le monde des entreprises pouvait contribuer au Programme des Nations Unies et soutenir la protection sociale grâce à leurs politiques de ressources humaines et de responsabilité sociale des entreprises. Parallèlement, les syndicats ont également discuté de stratégies permettant de défendre une protection sociale adaptée et durable dans leurs pays, ainsi que d’obtenir un financement international pour le développement afin de soutenir les systèmes de protection sociale à l’échelle mondiale.

Le Programme phare mondial de l’OIT sur la mise en place des socles de protection sociale pour tous réunit des partenaires publics et privés, y compris des fondations, des entreprises et le public au sens large, pour soutenir les gouvernements, les travailleurs et les employeurs dans la conception et la mise en place de systèmes de protection sociale adaptés et durables à l’échelle mondiale.