Protection sociale

Plus de la moitié des travailleurs latino-américains ne sont pas couverts par la sécurité sociale selon l’OIT

Un nouveau rapport met en évidence les risques pour l’avenir du travail et la protection sociale dans la région.

Communiqué de presse | 27 juillet 2018
© Timothy Neesam
MEXICO (OIT Infos) – Plus de la moitié des travailleurs latino-américains ne sont pas couverts par un système de sécurité sociale contributif qui les protège des risques liés à la maladie, au chômage et à la vieillesse, selon un nouveau rapport de l’OIT. Le rapport appelle à prendre des mesures énergiques pour combler les déficits actuels et à venir en matière de couverture de sécurité sociale.

L’édition thématique du Panorama du travail: présent et avenir de la protection sociale en Amérique latine et dans les Caraïbes de l’OIT montre que les systèmes existant dans la région abordent un tournant, avec la nécessité d’accroître le nombre de personnes couvertes, le niveau des prestations et la capacité à garantir la pérennité de ces systèmes.

«Nous parlons d’environ 145 millions de travailleurs qui ne cotisent pas dans une région où la population est vieillissante, ce qui pourrait affecter leur avenir et celui de leur famille», a déclaré le Directeur régional de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes, José Manuel Salazar-Xirinachs, qui présentait le rapport à Mexico. «Ces dernières années, il y a eu des progrès indéniables mais il reste encore des lacunes importantes à combler d’urgence dans la couverture.»

L’analyse de l’OIT porte sur une série de prestations, allant des pensions de retraite à l’assurance chômage, de la couverture santé aux transferts financiers qui garantissent un revenu aux familles avec enfants, qu’il s’agisse d’une couverture financée par des cotisations ou non.

La protection sociale est une composante essentielle du développement économique et social, indispensable pour lutter contre la pauvreté et les inégalités.»

José Manuel Salazar-Xirinachs, Directeur régional de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes
Selon le rapport, la couverture des régimes de retraite contributifs basés sur les antécédents d’emploi a augmenté, passant de 36,6 à 44,6 pour cent entre 2005 et 2015. Si cela peut être perçu comme une évolution positive, les chiffres révèlent aussi que 55 pour cent de la population active n’ont jamais cotisé.

Le rapport révèle aussi de fortes différentes en matière de couverture contributive* selon les secteurs et les régions. La couverture bénéficie principalement aux employés du secteur public (jusqu’à 80 pour cent) et aux salariés du secteur privé (62,5 pour cent), tandis que seuls 15 pour cent des travailleurs indépendants et 26,6 pour cent des travailleurs domestiques sont couverts.

La couverture est aussi nettement plus élevée dans la région du Cône sud (y compris le Brésil), où elle atteint 58,6 pour cent, contre 31,4 pour cent dans les pays andins et 31,2 pour cent en Amérique centrale et au Mexique. Dans seulement six des 16 pays constituant l’échantillon, plus de 50 pour cent des employés sont couverts par un système contributif de protection sociale.

M. Salazar a rappelé que «la protection sociale était une composante essentielle du développement économique et social, indispensable pour lutter contre la pauvreté et les inégalités». Pour faire face aux incertitudes liées à l’avenir du travail, il a appelé à prendre des mesures d’urgence «pour réduire les lacunes dans la région».

«Les données nous rappellent que nous vivons dans une région avec un fort niveau d’informalité, ce qui a un impact direct sur la participation aux systèmes traditionnels de protection sociale parce que la plupart de ces travailleurs ne cotisent pas. Près de la moitié des employés d’Amérique latine et des Caraïbes travaillent dans le secteur informel», a précisé M. Salazar.

Le rapport affirme que la couverture contributive des femmes a progressé davantage que celle des hommes au cours de la période 2005-2015. Au niveau régional, le taux pour les femmes atteint 45,3 pour cent tandis qu’il n’est que de 44,2 pour cent pour les hommes.

Le rapport souligne aussi que «l’Amérique latine, étant une région d’inégalités exacerbées, transfère les énormes disparités de ses marchés du travail vers la sécurité sociale». Il conclut en proposant dix points pour orienter le débat et l’action des gouvernements et des acteurs sociaux en vue de réformer les systèmes de protection sociale dans la région.

* En raison des informations disponibles et pour des raisons de comparabilité, les données de couverture présentées ici font référence aux seules cotisations de retraite.