Nouveau rapport

Un rapport de l’OIT se penche sur le marché du travail jordanien

Le rapport couvre trois catégories de personnes: Jordaniens, travailleurs migrants et réfugiés syriens. Il dévoile des solutions pour concilier des objectifs politiques potentiellement contradictoires sur le marché du travail en Jordanie.

Communiqué de presse | 20 juin 2017
AMMAN, Jordanie (OIT Infos) – L’OIT a publié un rapport approfondi à Amman la semaine dernière qui expose de possibles solutions aux problèmes variés et complexes auxquels sont confrontées trois catégories de personnes en concurrence sur un marché du travail en tension: les Jordaniens, les migrants et les réfugiés syriens.

Le rapport, intitulé A Challenging Market Becomes More Challenging: Jordanian Workers, Migrant Workers and Refugees in the Jordanian Labour Market (Un marché concurrentiel où la concurrence s’amplifie encore: travailleurs jordaniens, travailleur migrants et réfugiés sur le marché du travail jordanien), s’articule autour de trois objectifs stratégiques: la relance de l’emploi parmi les citoyens jordaniens, la garantie de conditions de travail décentes pour tous, y compris les travailleurs immigrés, et l’incorporation des réfugiés syriens dans la population active.

L’étude a constaté que les Jordaniens étaient prêts à travailler dans n’importe quel secteur pourvu que les conditions de travail y soient décentes. Cependant, elle a aussi constaté que les travailleurs migrants et les réfugiés syriens travaillaient souvent dans des conditions très dures – avec notamment le paiement tardif des salaires, la non-rémunération des heures supplémentaires et de longues heures de travail –, raison pour laquelle les Jordaniens ont du mal à être compétitifs. Il y a lieu de compléter la réglementation visant à limiter l’entrée des migrants dans certains secteurs et professions et de prendre une initiative globale destinée à améliorer les conditions de travail pour rendre ces emplois plus attractifs pour les Jordaniens et les autres travailleurs.


«Selon les chiffres, les trois catégories de travailleurs ont de profondes répercussions les unes sur les autres», a expliqué Hans van Glind, Spécialiste principal des migrations pour les Etats arabes de l’OIT. «Ce rapport a pour ambition de traiter plusieurs grands problèmes que connaît le marché du travail de ce pays, ainsi que d’apporter une réflexion pour les autres pays confrontés à une problématique de flux migratoires mixtes sur leurs marchés du travail respectifs.»

On estime qu’environ 1,4 million de Jordaniens travaillent actuellement dans le pays et que 210 000 autres sont sans emploi. Bien qu’aucun chiffre précis ne soit disponible, des estimations récentes laissent entendre qu’il y aurait autant de travailleurs non jordaniens que de Jordaniens. Même s’ils ne représentent qu’un cinquième du nombre total des travailleurs non jordaniens, la présence des Syriens crée de nouveaux défis ainsi que de nouvelles opportunités.

Le rapport, qui examine les secteurs de l’agriculture, de la construction, du travail domestique, de l’industrie manufacturière et du tourisme, fait des recommandations concrètes dans quatre grands domaines: assurer un ensemble de conditions de travail transparentes et harmonisées pour tous les emplois; élaborer des programmes destinés à augmenter l’emploi pour les Jordaniens; modifier les politiques régissant l’immigration et les permis de travail; et poursuivre les politiques traitant de la situation spécifique des réfugiés indépendamment de travailleurs migrants – ainsi que des recommandations adaptées aux divers secteurs.

«Le rapport contient d’importantes constatations et recommandations pour les acteurs politiques en cette période critique et devrait devenir une source de référence pour les années à venir», a déclaré Pascal Raees, Conseiller régional pour les migrations et le développement au Moyen-Orient à la Direction suisse de développement et de coopération (DDC) qui a financé la recherche.

Les conclusions et les recommandations du rapport s’appuient sur des données primaires détaillées recueillies auprès de 1 000 personnes, y compris des employeurs, des Jordaniens et des non-Jordaniens.