Emploi des jeunes

Dans les pays en développement, des millions de jeunes sont privés de travail décent en raison de leur niveau d’études insuffisant

Une étude de l’OIT montre que le manque d’éducation post-secondaire dans les économies à revenu faible ou intermédiaire enferme la majorité des jeunes hommes et femmes dans l’emploi vulnérable et informel.

Actualité | 15 décembre 2014
GENEVE (OIT Info) – Les jeunes qui ont fait des études supérieures dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ont beaucoup plus de chances de trouver un emploi décent que ceux qui n’ont qu’une instruction primaire ou secondaire, indique une nouvelle étude l’OIT Is education the solution to decent work for youth in developing economies?.

S’appuyant sur les résultats des Enquêtes sur la transition de l’école vers la vie active menées dans 28 pays du monde en 2012 et 2013, l’étude met en évidence que l’enseignement supérieur constitue une «garantie relativement fiable» pour obtenir un emploi formel.

En moyenne, huit jeunes sur dix (83 pour cent) ayant un niveau d’études post-secondaire occupaient un emploi non vulnérable dans les 27 pays à revenu intermédiaire examinés, toutes tranches confondues . La «garantie» est légèrement moins efficace dans les pays à faible revenu, même si 75 pour cent des jeunes diplômés de l’université réussissent encore à trouver un emploi rémunéré.

Finir ses études secondaires n’est pas un gage de réussite sur le marché du travail pour les jeunes des pays à faible revenu. Seuls quatre jeunes diplômés du secondaire sur dix occupent des emplois non vulnérables, contre sept sur dix dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Plus inquiétant encore, le fait que dans les pays à faible revenu examinés pour l’étude, un jeune sur quatre n’a aucune instruction du tout. Dans certains pays, la proportion de jeunes non éduqués représente jusqu’à la moitié de cette catégorie de la population.

«Augmenter le niveau d’éducation de cette nouvelle main-d’œuvre dans les pays en développement ne suffira pas à lui seul à garantir l’intégration des travailleurs hautement qualifiés dans des emplois non vulnérables», avertit Theo Sparreboom, auteur de l’étude.

«Pourtant, il est clair que de continuer à pousser des jeunes sous-éduqués, sous-qualifiés vers le marché du travail est une situation sans issue, à la fois pour le jeune qui reste cantonné à «vivre au jour le jour» grâce à un emploi précaire, et pour l’économie qui n’a pas grand chose à gagner en termes d’accroissement de la productivité du travail», ajoute-t-il..

Un autre type de décalage

L’étude souligne aussi que la nature de «l’inadéquation des compétences» varie beaucoup entre économies avancées et pays à faible revenu.

Dans les économies avancées, «l’inadéquation» fait souvent référence à la «suréducation», c’est-à-dire à la difficulté d’absorber des jeunes hautement qualifiés qui doivent alors accepter des postes pour lesquels ils sont surqualifiés.

Au contraire, dans les économies à faible revenu, le principal problème demeure la «sous-éducation» des jeunes travailleurs qui n’ont d’autre choix que d’accepter des emplois précaires dans l’économie informelle.

Le manque d’éducation est largement imputable à la pauvreté, puisque les jeunes ne vont pas à l’école parce qu’ils n’ont pas les moyens d’en assumer le coût, ou parce qu’ils doivent travailler pour aider leur famille. Le manque d’éducation perpétue la pauvreté au fil des générations, puisque les travailleurs sans qualifications gagnent moins et sont donc incapables de financer la scolarité de leurs enfants.

«Le rapport confirme le rôle déterminant de l’éducation dans les performances des jeunes sur le marché du travail. Il rappelle aussi la nécessité d’investir davantage dans un enseignement de qualité, de l’école primaire au stade universitaire», conclut Azita Berar Awad, Directrice du Département des politiques d’emploi de l’OIT.

Projet Work4Youth

L’étude fait partie du Projet Work4Youth un partenariat de cinq ans entre le Programme de l’OIT sur l’emploi des jeunes et la Fondation MasterCard qui vise à promouvoir les possibilités de travail décent pour les jeunes, hommes et femmes, à travers le savoir et l’action.

Les enquêtes ont été conduites dans les pays suivants.
  • Asie et Pacifique: Bangladesh, Cambodge, Népal, Samoa et Viet Nam;
  • Europe orientale et Asie centrale: Arménie, Kirghizstan, ex-République yougoslave de Macédoine, République de Moldavie, Fédération de Russie et Ukraine;
  • Amérique latine et Caraïbes: Brésil, Colombie, El Salvador, Jamaïque et Pérou;
  • Moyen-Orient et Afrique du Nord: Egypte, Jordanie, Territoire palestinien occupé et Tunisie;
  • Afrique subsaharienne: Bénin, Liberia, Madagascar, Malawi, Ouganda, République unie de Tanzanie, Togo et Zambie.