Panorama du travail en Amérique latine 2014

Le chômage continue de reculer en Amérique latine et dans les Caraïbes mais va repartir à la hausse dès 2015

Le Panorama du travail en Amérique latine 2014 (Panorama laboral) montre que le ralentissement économique commence à affecter le marché du travail dans la région.

Actualité | 11 décembre 2014
MEXICO (OIT Info) – L’Organisation internationale du Travail (OIT) a aujourd’hui fait état d’un profil inhabituel pour le taux de chômage urbain en Amérique latine et dans les Caraïbes au cours de l’année 2014: il continue de régresser malgré le ralentissement économique.

Cependant, l’Organisation a averti que la faiblesse de la croissance commençait à se répercuter sur le marché du travail. «Ce sont des signaux inquiétants», a déclaré Elizabeth Tinoco, Directrice régionale pour l’Amérique latine et les Caraïbes, lorsqu’elle présentait le rapport à Mexico. «Même si le chômage reste faible, le plus inquiétant est que nous créons moins d’emplois.»

Même si le chômage reste faible, le plus inquiétant est que nous créons moins d’emplois.»

Elizabeth Tinoco, Directrice régionale pour l’Amérique latine et les Caraïbes
Mme Tinoco a présenté aujourd’hui l’édition 2014 du Panorama du travail pour l’Amérique latine et les Caraïbes à Mexico: elle a mis en avant le taux de chômage urbain de la région qui s’élève à 6,2 pour cent pour le troisième trimestre 2014, et qui devrait encore descendre jusqu’à 6,1 pour cent à la fin de l’année – soit 0,1 pour cent au-dessous du taux de 2013. «Nous parlons de près de 15 millions de personnes sans emploi», a-t-elle rappelé.

Le rapport annuel de l’OIT souligne que les prévisions de croissance économique pour cette année ont été révisées à la baisse, à 1,3 pour cent, par le Fonds monétaire international (FMI) qui espère les voir légèrement augmenter pour atteindre 2,2 pour cent en 2015.

Même si le chômage ne s’est pas aggravé avec le ralentissement de la croissance, une diminution drastique des nouveaux emplois a provoqué le recul du taux d’emploi de 0,4 point de pourcentage: il se situe à 55,7 pour cent au troisième trimestre de 2014. «Cela signifie que le nombre de créations d’emplois a diminué d’au moins un million», a ajouté Mme Tinoco.

Les demandeurs d’emploi renoncent


Le rapport de l’OIT explique que cette tendance inhabituelle du chômage résulte du fait que de nombreuses personnes renoncent au marché du travail; cela se traduit par une baisse du taux d’activité de la main-d’œuvre qui masque les effets de la chute des créations d’emplois.

Ce faible taux de participation au marché du travail veut dire que «de nombreuses personnes, pour l’essentiel des femmes et des jeunes, ont cessé de percevoir le revenu du ménage».

Le taux d’activité semble avoir atteint son niveau le plus bas. Le rapport de l’OIT prévoit que l’an prochain, avec une participation accrue dans un contexte de croissance atone, le chômage pourrait augmenter.

Selon l’OIT, le taux de chômage urbain pourrait atteindre 6,3 pour cent en 2015, ce qui correspond à 500 000 chômeurs supplémentaires dans la région.

«Beaucoup de personnes qui avaient temporairement renoncé à travailler en 2014 vont recommencer à chercher du travail l’an prochain, rejoignant les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. La région devrait créer près de 50 millions d’emplois au cours des dix prochaines années, ne serait-ce que pour compenser la croissance démographique», a ajouté Mme Tinoco. La croissance des salaires s’est aussi ralentie en 2014, tandis que le nombre d’employés diminuait.

Un scénario incertain


Ce scénario plein d’incertitude vient après une décennie pendant laquelle la région a bénéficié d’une croissance économique soutenue. Le taux de chômage avait battu des records à la baisse et permis d’offrir des emplois de meilleure qualité.

Selon le rapport, les prévisions actuelles quant à une croissance limitée pour plusieurs années font craindre que «nous ne puissions pas progresser davantage ou que la tendance vienne même à s’inverser».

En outre, dans une conjoncture de croissance modérée, il sera encore plus difficile de relever les défis persistants, surtout en termes de qualité de l’emploi dans une région où 47 pour cent des travailleurs urbains sont employés dans l’économie informelle.

«Nous devons donc faire face à un énorme enjeu, celui de repenser nos stratégies pour doper la croissance et de procéder à une transformation productive de l’économie pour favoriser l’insertion sociale et économique grâce au marché du travail», a déclaré Mme Tinoco.

L’OIT a demandé aux pays de la région de se préparer à l’éventualité d’un marché du travail qui devrait prendre des mesures spécifiques pour stimuler l’emploi et protéger les revenus individuels.

Autres conclusions

Le Panorama du travail en Amérique latine et dans les Caraïbes 2014 montre aussi que:
  • La situation des pays dans la région est contrastée et le ralentissement économique ne les impactent pas tous de manière égale.
  • Les salaires moyens officiels ont augmenté de 1,7 pour cent (troisième trimestre 2014) contre 2 pour cent l’an dernier (sur la base de données pour huit pays).
  • Les salaires minimaux ont augmenté de 2,1 pour cent (troisième trimestre 2014) contre 2,9 pour cent en 2013 et 6 pour cent en 2012.
  • Le taux de chômage urbain chez les jeunes est passé de 14,5 à 14 pour cent mais il reste de 2 à 4 fois plus élevé que chez les adultes.
  • Dans la région, 40 pour cent des chômeurs sont des jeunes.
  • La participation des femmes au marché du travail a augmenté, mais elle demeure 30 pour cent inférieure à celle des hommes.
  • Le taux de chômage pour les femmes est 30 pour cent plus élevé que celui des hommes.