Mines d’Afrique du Sud

OIT: Le dialogue social est indispensable pour prévenir de nouvelles violences dans les mines sud-africaines

L’OIT invite au dialogue social et à l’examen des institutions du marché du travail pour éviter de nouvelles violences dans l’industrie minière d’Afrique du Sud.

Actualité | 1 octobre 2012
GENÈVE (OIT Info) – Alors que s’ouvre l’enquête sur le meurtre, en août dernier, de dizaines de mineurs grévistes en Afrique du Sud, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a plaidé pour un dialogue social de haut niveau en vue de prévenir un regain de violence et d’agitation.

Vic Van Vuuren, chef du Bureau de l’OIT à Pretoria
Selon Vic Van Vuuren, chef du Bureau de l’OIT à Pretoria, ce dialogue doit s’étendre au-delà du lieu de travail pour englober les problèmes plus vastes qu’affronte la société sud-africaine.

«La législation du travail actuelle est conforme aux normes de l’OIT et suffit amplement pour répondre aux revendications actuelles. Il y a pourtant nécessité de poursuivre un dialogue social au plus haut niveau afin de lutter contre la pauvreté et les hauts niveaux de chômage. Il devrait ensuite toucher les divers secteurs d’activité et les communautés au sens large parce que les doléances sont nombreuses et ne se cantonnent pas au seul milieu de travail», explique-t-il.

M. Van Vuuren a également appelé à une révision des institutions du marché du travail actuelles et a prié le gouvernement de ne pas répondre de manière disproportionnée aux mouvements de protestation.

«Il est important que le gouvernement garantisse la sécurité des biens et le bien-être des populations sans recourir à des mesures excessives qui ne feraient qu’envenimer une situation déjà bien instable.»

Le 16 août, 34 mineurs en grève ont été abattus par la police, le pire drame de ce genre depuis la fin de l’apartheid en 1994. Au total, plus de 40 personnes ont trouvé la mort au cours des semaines de troubles qu’a connues la mine de platine de Marikana, propriété de Lonmin.

Depuis lors, une vague de grèves a frappé le secteur minier d’Afrique du Sud – la semaine dernière, des dizaines de milliers de travailleurs se sont mis en grève chez AngloGold Ashanti, le troisième plus gros producteur d’or au monde. La propagation des troubles a suscité des inquiétudes quant au possible effondrement du système de négociation collective qui a été en vigueur ces 18 dernières années.

M. Van Vuuren a déclaré que le système actuel avait été élaboré lors de l’avènement de la démocratie en 1994 et comprenait l’instauration d’un organisme tripartite de dialogue social, le Conseil national de l’économie, du développement et du travail, qui rassemble des organisations de travailleurs, d’entreprises et des organisations communautaires.

«Les mécanismes de négociation collective et les partenaires sociaux n’ont cependant pas su s’adapter aux défis actuels qu’affronte le pays en matière de déficit social. Cela a débouché sur de nombreuses actions de protestation illégales et sur des grèves entachées de violence qui, à leur tour, provoquent des décès, des préjudices corporels et des dommages matériels.»

La commission d’enquête judiciaire sur les décès va examiner les rôles joués par la police, la direction de la mine de Marikana, Lonmin, les syndicats et le gouvernement.