Le Conseil d'administration accueille favorablement le rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation

Les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs du Conseil d'administration du Bureau international du Travail (BIT) ont accueilli favorablement le rapport de la Commission sur la dimension sociale de la mondialisation, un rapport dont ils ont jugé l'analyse sur l'impact social de la mondialisation "équilibrée" et "cohérente".

Communiqué de presse | 25 mars 2004

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs du Conseil d'administration du Bureau international du Travail (BIT) ont accueilli favorablement le rapport de la Commission sur la dimension sociale de la mondialisation, un rapport dont ils ont jugé l'analyse sur l'impact social de la mondialisation "équilibrée" et "cohérente".

Ministres du Travail, représentants des travailleurs ou des employeurs, ainsi qu'organisations internationales ont rendu hommage au travail accompli par la Commission qualifiant le rapport d'"innovant" et de "point de repère" dans le débat sur la mondialisation.

"Les pays en voie de développement ont longuement défendu une approche de la mondialisation plus réaliste qu'idéaliste, et nous considérons ce rapport comme un pas dans la bonne direction" a déclaré le délégué pakistanais.

Une mondialisation juste: créer des opportunités pour tous a été publié en février dernier et reflète deux ans d'un large débat sur les aspects sociaux de la mondialisation. Le rapport indique qu'il est "urgent de repenser" les politiques et les institutions de la gouvernance. La Commission mondiale ( Note 1) est coprésidée par Tarja Halonen, Présidente de la Finlande, et William Mkapa, Président de la République-Unie de Tanzanie.

Le Président Mkapa a présenté le rapport au Groupe de travail de l'OIT sur la dimension sociale de la mondialisation. C'était la première fois qu'un chef d'Etat africain s'adressait au Conseil d'administration du BIT. Dans ses commentaires, il a noté que la mondialisation a une capacité immense du meilleur comme du pire. "C'est une force présentant beaucoup d'aspects positifs qui peuvent améliorer le bien-être de l'humanité toute entière, mais certains autres aspects doivent être maîtrisés pour le bien commun."

Le Directeur général, Juan Somavia, a insisté sur le fait que le rapport de la Commission mondiale reflétait la diversité des opinions sur la mondialisation, mais qu'il avait trouvé un consensus dans l'approche et un accord sur des mesures réalistes à entreprendre. "Nous avons réuni, a-t-il dit, un groupe de personnes éminentes qui ne pensaient pas toutes la même chose et le résultat, ce rapport, montre que le dialogue peut être une force créatrice quand l'urgence du changement se fait sentir…"

Pendant deux jours, délégués ou représentants d'organisations internationales ont déclaré que, sur beaucoup d'aspects, le rapport donnait des idées pour l'avenir, que ce soit pour l'OIT ou plus globalement. Notamment, selon eux, ce rapport donne des indications sur les changements importants à apporter si l'on veut une répartition plus juste des bénéfices de la mondialisation.

Le porte-parole des employeurs a déclaré que les bénéfices de la mondialisation dépendaient des valeurs universelles dans le contexte de l'économie de marché et de la démocratie. De la même façon, le porte-parole des travailleurs a noté que, pratiquement, tous les intervenants ont été d'accord pour souligner l'importance des normes et des principes et droits fondamentaux au travail pour parvenir à une mondialisation plus juste.

La ministre canadienne du Travail, Mme Claudette Bradshaw, a déclaré: "nous sommes d'accord avec le principe économique simple selon lequel ceux qui produisent les biens et les services doivent être aussi ceux qui les consomment". Plusieurs délégués ont cité une phrase du rapport qui provient d'une consultation aux Philippines: "la mondialisation n'a aucun sens si elle diminue le prix des chaussures d'un enfant mais coûte à son père son emploi".

Le délégué coréen a déclaré "que la Corée, durement touchée par la crise financière de la fin des années 90, ne peut qu'abonder dans le sens du rapport quand il souligne le besoin d'une protection sociale, la création de travail décent et un dialogue social ouvert, notamment".

Les délégués ont également exprimé leur soutien aux auteurs du rapport qui estiment qu'une mondialisation équitable passe par une amélioration de la gouvernance au niveau tant national qu'international. Plusieurs intervenants ont souligné le fait que l'action au niveau national et international devrait être menée de front. L'accent a été mis sur la nécessité de se préoccuper des besoins et des aspirations des gens au niveau local.

Gerd Andres, le secrétaire d'Etat parlementaire au ministère des Affaires économiques et du Travail d'Allemagne, a approuvé "les appels de la Commission mondiale à un travail décent pour tous." "Ceux qui auront un travail décent, a-t-il dit, en ont fini avec la pauvreté, peuvent nourrir leur famille, donner une éducation à leurs enfants, peuvent améliorer leur position sociale et être parfaitement au courant de leurs droits sociaux et culturels dans l'exercice de leurs droits de citoyen. Le plus loin nous irons dans ce sens, le moins ils craindront les répercussions de la mondialisation."

Comme l'a dit le délégué français, "la mondialisation ne peut être découpée en tranches", et pour cela l'appel du rapport à une plus grande cohérence du système international a été largement applaudi. Parmi les suggestions figure "une Initiative de cohérence politique" entre les organisations internationales sur des sujets comme la croissance, l'investissement et l'emploi. Dans ce contexte, le représentant de la Banque mondiale a considéré que le rapport " sera utile à tous dans la communauté internationale."

Le délégué d'Afrique du Sud a fait l'éloge de la Commission pour son insistance à souligner l'importance du multilatéralisme et a déclaré que "le multilatélarisme et les Nations Unies, dont l'OIT est une partie essentielle, sont encore plus importants pour des gens comme nous qui provenons de pays dont la majorité des habitants fait face quotidiennement à la pauvreté et au manque." Le délégué américain a fait référence au rôle spécial que l'OIT peut jouer dans le processus de dialogue sur la dimension sociale de la mondialisation - "pour mettre un visage sur un processus qui est souvent considéré comme impersonnel."

La représentante de la Commission européenne a accueilli favorablement l'accent mis par le rapport sur la réforme de la gouvernance mondiale. Elle a déclaré qu'"étant donné le déséquilibre actuel du système international, qui se préoccupe plus de l'économique que du social et dans lequel le commerce et les organisations économiques ont plus de pouvoir, il y a besoin de renforcer la dimension sociale et d'améliorer la coordination entre les organisations et tous les acteurs."

Plusieurs autres thèmes abordés dans le rapport ont reçu des commentaires positifs, notamment le dialogue social et la recherche du consensus qui a été la marque du travail de la Commission. Le ministre brésilien du Travail, Ricardo Verzoini, a ajouté que son gouvernement "conférait une valeur immense à l'exercice entrepris par l'OIT". "Il n'y a pas d'instrument plus puissant que le dialogue pour promouvoir le changement" a-t-il encore dit.

Beaucoup de délégués ont soutenu l'appel pour des règles équitables dans le commerce et la finance, pour une réforme de l'architecture financière mondiale. Plusieurs orateurs ont mis en lumière l'impact très négatif pour les pays en développement des subventions agricoles des pays industrialisés et le besoin d'un plus grand accès au marché.

Le besoin d'accroître l'assistance au développement a également reçu un large soutien. Beaucoup d'intervenants ont souligné la signification de la remise de la dette et l'accroissement de l'aide publique au développement pour vaincre l'inégalité à la fois dans les pays et entre les pays, et pour éradiquer la pauvreté.

La nécessité d'aborder le problème de l'impact de la migration économique sur les migrants eux-mêmes et sur les pays d'origine et d'accueil, à travers le dialogue multilatéral et d'autres initiatives a été mise en lumière. Beaucoup de délégués attendent les prochaines discussions de la Conférence internationale du Travail sur la migration.

Enfin, les délégués ont dit qu'ils attendaient les propositions que M. Somavia devait faire en juin à la Conférence internationale du Travail sur le suivi et les futures consultations des mandants tripartites de l'OIT.


Note 1 - Une mondialisation juste: créer des opportunités pour tous, rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation (Genève, BIT, 2004). ISBN 92-2-215426-6.