100 ans d’histoire de l’OIT

Un havre pour la justice sociale – hier, aujourd’hui et demain

La vision et la riche histoire de l’Organisation internationale du Travail ont été étroitement liées aux bâtiments qui ont abrité son siège. Dans cet article, le premier d’une série qui explore 100 ans d’histoire de l’OIT, nous retraçons les moments clés de l’histoire de l’OIT à travers les principaux bâtiments qui l’ont accueillie.

Actualité | 9 novembre 2018
GENÈVE (OIT Infos) – L’OIT fut créée dans le cadre du Traité de Versailles qui mettait fin à la Première Guerre mondiale, avec la conviction que la justice sociale était essentielle à une paix universelle et durable.

Fondée en 1919, la nouvelle organisation s’installa à Londres pendant ses premiers mois d’existence. Cependant, Genève étant prévue pour accueillir le siège de la Société de Nations nouvellement formée, l’OIT y a déménagé ses bureaux à l’été 1920.

La première résidence à Genève du secrétariat permanent de l’Organisation, connu sous le nom de Bureau international du Travail (BIT) fut un élégant bâtiment qui avait d’abord été un pensionnat et qui accueille aujourd’hui le Comité international de la Croix-Rouge. Depuis ce siège, et dans un contexte de troubles sociaux incessants en Europe, une série de conventions et de recommandations internationales fut adoptée par la toute jeune organisation.

Le bâtiment s’avéra très vite trop petit pour les effectifs croissants du BIT et son mandat plus que jamais d’actualité.

Une «résidence» au bord du lac

Georges Epitaux, l’architecte concepteur du nouveau siège, a imaginé un bâtiment qui reflèterait le mandat et la structure de l’OIT.

Le site n’aurait pu être mieux adapté. Situé sur la rive du Lac de Genève, il incarnait la paix et la stabilité. Les mots en latin, ciselés sur la pierre fondatrice, Si vis pacem, cole justiciam (Si vous voulez la paix, cultivez la justice) illustraient la vision des fondateurs de l’OIT. Les trois clés qui ont ouvert le portail ornemental lors de son inauguration en 1926, symbolisaient les trois groupes de mandants de l’OIT: gouvernements, employeurs et travailleurs.

«Nous entrons dans cette maison avec un sentiment d’espérance et de certitude joyeuses», déclara le Directeur général de l’OIT de l’époque, Albert Thomas, dans son discours inaugural.

«Malgré toute la détresse d’un monde qui reste divisé et perturbé… nous pensons que, grâce aux efforts de l’OIT, la justice sociale sera instaurée dans le monde».

A la fin des années 1930, le travail de l’OIT fut menacé par l’éclatement de la guerre en Europe. En mai 1940, avec des chars massés aux frontières de la Suisse, le siège de l’OIT déménagea temporairement à l’université McGill à Montréal, au Canada.

Les années suivantes, l’OIT poursuivit son travail, seule organisation internationale à rester opérationnelle.

Alors que le conflit faisait rage, une session spéciale de la Conférence internationale du Travail eut lieu à New York pour discuter de la reconstruction économique et sociale de l’après-guerre. Le rôle joué par l’OIT pendant cette période fut essentiel à sa survie et préfigurait l’établissement des Nations Unies.

C’est pendant cette phase critique de l’histoire de l’OIT que l’organisation adopta, en 1944, sa Déclaration historique de Philadelphie. Elle réaffirmait la vision de l’OIT et définissait une série de principes, centrés sur les droits de l’homme, pour répondre aux «aspirations suscitées par les espoirs d’un monde meilleur».

Le retour à Genève à la fin de la guerre s’accompagna d’un accroissement du nombre de membres de l’OIT. Parallèlement, les opérations au siège devinrent plus complexes et exigèrent davantage de personnel.

Le plus vaste bâtiment administratif de Suisse

A l’époque où le Conseil d’administration de l’OIT discutait de l’idée de construire un nouveau siège, en 1966, le BIT était disséminé sur quatre sites dans la ville.

Le gouvernement Suisse proposa de déplacer le BIT vers un nouveau site, plus vaste, sur une colline surplombant le lac. La première pierre fut posée en mai 1970: il s’agissait de trois blocs symbolisant les groupes gouvernemental, travailleur et employeur de l’OIT.

Quand le nouveau siège fut inauguré en 1974, c’était le plus grand bâtiment administratif de Suisse et il est immédiatement devenu un point de repère dans la ville. Ce bloc rectangulaire biconcave de onze étages mesure 50 mètres de haut, 190 mètres de long et 32 mètres de large à son maximum. La réalisation de ce projet a nécessité pas moins de 11 700 tonnes d’acier – 4 000 fois plus que la Tour Eiffel.

Le nouveau siège de l’OIT était emblématique de son époque, un engagement résolu dans la modernité et exprimant un optimisme quant à l’avenir. Selon Francis Blanchard, alors Directeur général, il représentait le rôle qu’allait jouer l’OIT à l’avenir et l’ampleur de la tâche qui l’attendait.

Prêt pour les cent prochaines années

Alors que l’OIT approche de son centenaire, avec un monde du travail qui évolue rapidement, le bâtiment subit aussi sa propre transformation – une rénovation qui va rendre l’ensemble du complexe plus écologique, plus efficace sur le plan énergétique, à la pointe de la technologie et prêt à entrer dans le prochain siècle.