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Bosnie: Un partenariat pour créer des emplois

En Bosnie-Herzégovine, les partenariats locaux pour l’emploi se sont avérés une approche prometteuse de création d’emplois pour les chômeurs de longue durée et de fourniture d’une main-d’œuvre qualifiée aux entreprises.

Reportage | 19 avril 2018
SARAJEVO (OIT Infos) – Alen Camic et Emir Slatina ont tous les deux la trentaine. M. Camic travaillait comme mécanicien jusqu’à ce qu’il perde son emploi il y a deux ans. M. Slatina est titulaire d’un master en génie mécanique et il était lui aussi chômeur depuis plus d’un an.

Les deux jeunes Bosniens furent parmi les premiers bénéficiaires du projet d’Appui aux partenariats d’emploi locaux (PLE), une intervention de l’OIT financée par l’Union européenne, qui propose une formation professionnelle aux chômeurs de longue durée et aux autres groupes vulnérables.

© Emir Slatina vérifie les paramètres programmés sur une machine CNI
Ils ont tous deux suivi une formation pratique de trois mois pour apprendre à programmer et à utiliser la commande numérique informatisée (CNI) – une méthode pour automatiser le contrôle des machines-outils. Les cours étaient dispensés par CEBOS, une entreprise locale de graphisme, en coopération avec le bureau local pour l’emploi de Novigrad, qui fait partie de la ville de Sarajevo.

CEBOS, qui produit des pièces sur mesure pour la décoration intérieure des boutiques, ne parvenait pas à trouver de travailleurs qualifiés en Bosnie. C’est pourquoi la société étaient intéressée par la formation d’un partenariat local avec le bureau local pour l’emploi, un établissement secondaire, et d’autres entreprises, en vue de former des chômeurs de longue durée qui deviendraient de futurs employés.

M. Camic et M. Slatina ont été immédiatement embauchés par CEBOS à la fin de leur formation.

«En fait, les cinq participants ont tous obtenu un emploi à l’issue de la formation. Ce qui montre que cette formation pratique comble un vide sur le marché du travail de Bosnie-Herzégovine, parce qu’elle enseigne des compétences qui sont très recherchées dans le secteur privé et qu’elle améliore immédiatement l’employabilité des participants», explique Emir Krstanovski, le coordinateur national de l’OIT pour la Macédoine.

Des résultats prometteurs à mi-parcours

En novembre dernier, on a demandé à M. Krstanovski de procéder à l’évaluation à mi-parcours du projet de 4,4 millions d’euros qui soutient les partenariats locaux pour l’emploi (PLE) en Bosnie-Herzégovine pour la période février 2016 – janvier 2019.

Les PLE sont des interventions conçues sur mesure, approuvées par les autorités locales, les partenaires sociaux, les entreprises, les écoles et les instituts de formation, visant à trouver des solutions locales aux problèmes spécifiques d’emploi d’une municipalité ou d’une région. Les partenariats bénéficient de la complémentarité des rôles, une approche développée à la fin des années 1990 par la Commission européenne et adaptée ensuite par l’OIT aux Balkans occidentaux.

«Elle s’est révélée une excellente approche parce qu’elle mobilise les ressources et l’expertise locales, décentralise l’élaboration des politiques et encourage l’innovation», explique M. Krstanovski.

Ce qui l’a le plus surpris, ce sont les énormes efforts déployés par l’équipe du projet pour atteindre les candidats potentiels à l’appel à propositions pour les PLE. L’équipe a pris la route et, en quelques mois, a fait 46 présentations du projet dans 16 villes devant 687 participants au total. Les réponses furent très nombreuses et nous avons finalement reçu 157 candidatures.

Globalement, on peut affirmer sans risque que le programme PLE en Bosnie-Herzégovine est un exemple de bonnes pratiques en matière de création d’emplois grâce à des solutions décentralisées répondant aux besoins des marchés du travail locaux.»

Emil Krstanovski, coordinateur national de l’OIT pour la Macédoine
Un processus d’analyse et de sélection rigoureux a permis de retenir les 15 meilleures propositions qui ont alors reçu une subvention de mise en œuvre. Ces 15 propositions concernent un total de 2 000 personnes et devraient contribuer à la création de 600 nouveaux emplois.

Les catégories défavorisées, notamment les femmes, les jeunes, les minorités, les rapatriés, les personnes déplacées et les personnes difficiles à employer, sont formées aux métiers de l’industrie de transformation, de l’agriculture, du tourisme et des technologies de l’information.

Selon M. Krstanovski, il était essentiel que l’équipe de projet guide et soutienne constamment les PLE retenus. Selon son évaluation, les organisations partenaires ont été extrêmement satisfaites des formations dispensées. La note moyenne obtenue par les participants aux évaluations était de 4,57 sur 5. A ce jour, 599 participants ont été formés et 86 d’entre eux ont d’ores et déjà trouvé un nouvel emploi.

M. Krstanovski songe déjà à une nouvelle phase possible pour les PLE. Si le programme devait continuer, il recommande d’investir davantage dans la promotion des parcours de réussite et l’échange d’expériences entre les différents PLE. «Nous devons aussi faire davantage afin de parvenir à une meilleure inclusion des femmes sur le marché du travail», dit-il.

«Globalement, on peut affirmer sans risque que le programme PLE en Bosnie-Herzégovine est un exemple de bonnes pratiques en matière de création d’emplois grâce à des solutions décentralisées répondant aux besoins des marchés du travail locaux. Dans l’idéal, le programme devrait être amplifié en Bosnie-Herzégovine et dupliqué dans d’autres pays des Balkans occidentaux.»