Conférence de Paris sur le climat

France: L’accord sur le climat doit être «le plus ambitieux possible»

Juste avant l’ouverture de la Conférence de Paris sur le climat, OIT Info s’est entretenu avec Mme Elisabeth Laurin, Ambassadeur, Représentant permanent de la France auprès de l’Office des Nations Unies à Genève et des organisations internationales en Suisse. Elle explique la vision de la France, notamment par rapport à l’économie verte et évoque le rôle de l’OIT et des partenaires sociaux.

Reportage | 27 novembre 2015
alt text
Elisabeth Laurin, Ambassadeur
OIT Info: Paris va accueillir la COP21. Quelles sont les priorités que la France souhaite mettre en évidence avant ce rendez-vous primordial pour l'avenir de notre planète?

Pour la France, l’objectif de la COP21 est de parvenir à une «alliance de Paris pour le climat». Cette alliance repose sur quatre piliers:
  • un accord juridiquement contraignant le plus ambitieux possible,
  • les engagements pris dans le cadre des contributions prévues déterminées au niveau national (en anglais, «Intended Nationally Determined Contributions» – les INDC),
  • un paquet financier et technologique,
  • et «un agenda pour l'action» (Lima Paris Action Agenda) qui rassemblera les engagements des acteurs non-étatiques (collectivités locales, entreprises, société civile, organisations internationales).
A cette fin, il convient de maintenir la bonne dynamique constatée lors des négociations qui se sont déroulées dans un climat de confiance. Le nombre de pays – 170 – ayant soumis leurs INDC représente plus de 91 pour cent des émissions. Ceci témoigne de la mobilisation de toutes les parties pour prendre part à l’effort collectif. Par ailleurs, la société civile est pleinement associée depuis le début des négociations. Cette bonne dynamique est d’autant plus importante que le résultat de Paris devra répondre aux attentes de la communauté internationale.

OIT Info: Dans son discours devant la Conférence internationale du Travail en juin dernier, le Président Hollande a déclaré: «Agir pour le climat, c’est agir pour la croissance, la justice et les droits du travail». Comment convaincre la communauté internationale de donner la priorité au développement durable?

L’adoption en septembre dernier, par les États membres de l'ONU, de l’agenda 2030 pour le développement durable s’appuyant sur 17 objectifs de développement durable (ODD) est un engagement qui nous lie tous. L’Organisation internationale du travail aura un rôle important à jouer dans la mise en œuvre et le suivi de cet agenda; en particulier pour ce qui relève de l’ODD 8 qui porte notamment sur le travail décent, pierre angulaire du pacte mondial pour l’emploi.

OIT Info: Dans quelle mesure les emplois verts peuvent-ils contribuer au développement durable?

La transition de nos économies vers des systèmes sobres en carbone suppose d’accélérer le développement des emplois «verts», c’est-à-dire des emplois qui préservent l’environnement. Dans cette large acception qui n’exclut aucune activité et aucun secteur, ces emplois «verts» constituent la base du développement d’une économie inscrite dans la transition écologique. Ils déterminent la faisabilité technique et la viabilité économique de la transition.

En France, la Loi de transition énergétique pour la croissance verte, promulguée en août 2015, prévoit la création de 100 000 emplois pérennes à court terme et 200 000 à l’horizon de 2030.

OIT Info: Les partenaires sociaux (organisations d'employeurs et de travailleurs) peuvent-ils œuvrer en faveur de l'économie verte? Quel rôle l'OIT peut-elle jouer dans cette mobilisation?

Les partenaires sociaux ont un rôle crucial à jouer: au niveau de l’entreprise pour intégrer les enjeux de la transition écologique dans la gestion prévisionnelle de l’emploi et les plans de formation; dans les branches professionnelles et les régions pour proposer les formations nécessaires en lien avec les acteurs publics locaux. De par sa fonction et sa composition tripartite, l’OIT peut être moteur dans la dynamique de mobilisation des acteurs sociaux et dans la connaissance partagée des bonnes pratiques.