Sri Lanka: nouvel espoir pour les victimes de guerre

Des décennies de guerre civile ont laissé de profondes cicatrices au Sri Lanka. Un projet de formation de l’OIT apporte un nouvel espoir à certains de ceux dont la vie et les espoirs ont été fracassés par la violence.

Article | 18 juillet 2012
JAFFNA, Sri Lanka (OIT Info) – Subasudaram Pradeepan, 32 ans, se souvient avoir préparé son certificat de l'enseignement secondaire au Collège hindou de Jaffna, plein d’espoirs quant à son avenir de professeur.

C’était en 1994, la guerre civile du Sri Lanka entrait alors dans sa deuxième décennie et Jaffna était le théâtre d’un conflit sanglant entre les forces gouvernementales et les séparatistes des Tigres tamouls.

La violence a fait voler en éclats les espoirs de M. Pradeepan.

«J’ai perdu la vue quand j’avais 14 ans», dit-t-il. Mais il ne raconte pas en détail l’attaque qui lui a volé sa vision et ses espoirs.

Il a très vite quitté l’école et la plupart de ses amis l’ont abandonné.

Ce n’est que dix ans plus tard qu’il a appris le Braille et commencé à réutiliser des ordinateurs.

«J’ai découvert que je pouvais travailler seul, faire des choses sans aucune assistance», explique M. Pradeepan. Mais il lui a fallu encore sept ans avant d’obtenir un emploi.

L’an dernier, il a été invité – avec cinq autres personnes – à suivre un cours d’informatique pendant trois mois, organisé par la Fédération des employeurs de Ceylan qui dispense des formations et contribue à trouver du travail aux déficients visuels.

A la fin de la formation, la fédération a mis à contribution son réseau et demandé à des sociétés d’envoyer des représentants à la cérémonie de remise des diplômes pour réaliser des entretiens avec les stagiaires et éventuellement les embaucher.

Juste après la cérémonie, M. Pradeepan a pris place pour un entretien d’embauche avec deux représentants de Singer Finance, l’une des plus anciennes entreprises du Sri Lanka. Il était nerveux au début mais il a souri quand un poste d’opérateur téléphonique et de télévendeur lui a été proposé. Il a obtenu un salaire de 10 000 roupies (90 $) et devra effectuer une période d’essai de six mois.

Ce groupement d'employeurs est l’un des partenaires du projet de l’OIT nommé LEED, programme d’autonomisation locale via le développement économique qui favorise le travail décent et l’autonomie économique des communautés les plus vulnérables et les plus affectées par le conflit dans le Nord du Sri Lanka, fondé par 'AusAID'.

Le projet vise essentiellement à assister les foyers dirigés par des femmes, les personnes handicapées et les jeunes victimes du conflit.

Les personnes handicapées, de même que les familles monoparentales dirigées par des femmes, sont deux des catégories les plus fragiles dans le Nord, qui ont été au cœur de la guerre civile qui a pris fin en 2009. Ce n’est pas facile pour les personnes porteuses d’un handicap de décrocher un emploi et la société les considère souvent comme un fardeau. «C’est un processus très long, de mettre fin à la stigmatisation pour parvenir à se faire accepter socialement», déclare Cyril Siriwardene, secrétaire de la Fondation du Sri Lanka pour la réadaptation des personnes handicapées.

De petites victoires comme celle de M. Pradeepan contribuent grandement à faire tomber ces barrières.

Par Amantha Perera de l’agence IPS pour l’Asie Pacifique.