Programme de développement pour 2030

Zambie: Quatre pour le prix d’un

En Zambie, un nouveau projet OIT-FAO pour l’emploi rural a pour but de créer 3000 nouveaux emplois décents pour les jeunes ruraux, d’accroître leurs revenus et de lutter contre les carences nutritionnelles. Ce faisant, il contribue à la réalisation de quatre des nouveaux objectifs de développement.

Editorial | 31 août 2015
Par Milensu Kapaipi, Projet Entreprises rurales de jeunes pour la sécurité alimentaire

Milensu Kapaipi, Projet Entreprises rurales de jeunes pour la sécurité alimentaire
En septembre 2015, les dirigeants des nations du monde entier vont officiellement adopter une série d’objectifs de développement durable aux Nations Unies à New York.

Parmi eux, l’objectif 2 consiste à garantir la sécurité alimentaire, à améliorer la nutrition, et à promouvoir l’agriculture durable. L’objectif 8 cherche à promouvoir l’emploi productif. Plusieurs pays en développement se battent pour créer un nombre suffisant de bons emplois. La disponibilité et l’accès aux denrées nutritionnelles constituent un autre défi.

L’un des pays concernés, la Zambie, est en voie de surmonter ces défis grâce à un projet orienté vers le marché afin de créer des emplois décents pour les jeunes tout en améliorant la sécurité alimentaire grâce à la création d’entreprises rurales durables.

Avec l’appui financier de la Suède, l’Organisation internationale du Travail (OIT) et le gouvernement de Zambie ont uni leurs efforts pour commencer à changer les perspectives d’emploi pour les jeunes ruraux.

En améliorant la productivité et en affrontant les contraintes du marché, les hommes et les femmes des campagnes peuvent gagner décemment leur vie grâce à de petites exploitations et à de meilleurs emplois dans les chaînes de valeur agroalimentaires.

Le chômage des jeunes ruraux

La croissance économique spectaculaire que connaît la Zambie ne s’est pas encore traduite par d’importants gains en matière de création d’emplois, d’égalité et de réduction de la pauvreté. Dans les campagnes zambiennes, le taux de pauvreté s’élève à 77 pour cent, soit beaucoup plus qu’en zone urbaine (28 pour cent). L’essentiel de cette pauvreté est lié à la maigreur des revenus issus de l’agriculture.

La forte proportion de jeunes dans la population du pays – près de 59 pour cent des Zambiens appartiennent à la classe d’âge des 15-35 ans – a beaucoup de mal à trouver du travail pour gagner sa vie, surtout en zone rurale.

Créer des entreprises agricoles

Le projet Yapasa*, Des entreprises rurales de jeunes pour la sécurité alimentaire, a pour but de créer jusqu’à 3000 emplois décents pour les jeunes ruraux et d’améliorer les performances des 5000 entreprises détenues ou gérées par des jeunes d’ici août 2017.

Le projet réunit les principaux acteurs du marché agricole: les jeunes bénéficiaires qui sont à la fois des travailleurs et des entrepreneurs, des employeurs et des consommateurs; les fournisseurs et les distributeurs d’intrants agricoles; les entreprises de transformation et les fournisseurs de services financiers.

En 2014-15, une centaine de jeunes a participé au pilote du programme. Ils ont été formés aux techniques agricoles et aux compétences commerciales, et chacun a reçu un prêt bancaire équivalant à 350 dollars pour acheter des graines de soja certifiées, des engrais et des pesticides.

Les partenaires du projet assument une partie du risque financier pris par les banques pour la création et l’expérimentation de nouveaux produits financiers agroalimentaires destinés aux jeunes ruraux, dont la majorité a accès à des financements et à d’autres services bancaires pour la première fois. Le soutien des partenaires est retiré une fois que les banques ont suffisamment confiance dans la réussite de ce type de prêt.

Des cultures soigneusement sélectionnées

Le projet a beaucoup consulté pour choisir quelles denrées produire: celles qui vont maximiser les bénéficies pour les petits propriétaires zambiens et la population au sens large.

La malnutrition pose de gros problèmes en Zambie, surtout chez les enfants de moins de cinq ans, dont 40 pour cent souffrent d’un retard de croissance (faible poids pour leur âge).

Les carences en protéines ont été identifiées comme l’un des principaux facteurs de malnutrition dans de nombreux foyers à bas revenus, c’est pourquoi le soja et l’élevage de poissons (aquaculture) ont été soigneusement sélectionnés et analysés comme des secteurs de développement agroalimentaire. Ce ne sont pas seulement des denrées de grande valeur avec un fort potentiel de croissance sur le marché, mais aussi une contribution aux objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau national.

Résultats et ambitions

Les jeunes impliqués dans le projet sont très enthousiastes à l’idée de gérer leur propre entreprise agricole et ravis de pouvoir accéder à un financement qui est souvent un gros obstacle. Ils sont très désireux de participer à ce dispositif.

D’importantes leçons ont été tirées du pilote et les partenaires sont en train d’affiner certains aspects comme l’intégration d’une assurance des récoltes dans le dispositif en cas de sécheresse.

On s’attend à ce que les agriculteurs étendent leur zone de culture. Pour cela, des financements supplémentaires vont être nécessaires pour couvrir les coûts d’équipement afin d’alléger la phase de préparation de la terre qui était jusqu’à présent effectuée à la main ou en utilisant des bœufs pour labourer la terre.

Le projet a aussi pour but d’attirer davantage de femmes puisque seul un tiers des participants sont des femmes à ce jour.

Des innovations vont être introduites pour stimuler la productivité des petits exploitants et leur permettre de se développer suffisamment à long terme afin d’exporter du soja et du poisson vers les pays voisins. Accéder à de nouveaux marchés sera une étape déterminante et aboutira à des profits plus élevés et des revenus durables pour les petites exploitants agricoles.

En améliorant la sécurité alimentaire et l’emploi, le projet contribue aux Objectifs 2 et 8. Il va même jusqu’à doubler la mise en s’attaquant à la pauvreté (Objectif 1) et aux inégalités (Objectif 10).


* Dans ce contexte, Yapasa signifie «le plan a été mis en œuvre» ou «le marché a été passé».