TRAFICS AU NEPAL

Date de parution: 20 décembre 2005 |

25 000 victimes du sida ont été recensées au Népal, dont la majorité ont été infectées lorsqu'on les a obligées à travailler comme prostituées. Depuis 1996, l'OIT aide le Gouvernement du Népal à lutter contre le trafic. Mais désormais, c'est le nouveau programme lancé en mai 2001, dont le calendrier est très précis, qui va dispenser une éducation et une formation professionnelle à l'intention des jeunes filles à risques.

Maya a 25 ans. Elle est en train de mourir du sida. C'est l'une des 25 000 victimes du sida recensées au Népal, dont la majorité ont été infectées lorsqu'on les a obligées à travailler comme prostituées.

Aujourd'hui, elle va recevoir la visite de Kamal, un jeune garçon de café qui l'a sortie d'un bordel en Inde. Les deux visites mensuelles qu'il lui rend ont non seulement pour objet de prendre soin de son bien-être physique mais aussi de l'aider à faire face à un passé difficile.

(Maya)

Ils m'ont vendue et sont partis. Ils ont dit "on reviendra". J'ai attendu. Le propriétaire du bordel m'a dit que je devrais travailler. J'ai tant pleuré. Ils ont dit "tes parents vont-ils nous rembourser?". Mon dieu, ils nous ont tellement frappées et battues.

Sur 100 prostituées qui travaillent en Inde, on estime que 26 viennent du Népal. La majorité sont entraînées de force dans l'industrie du sexe avant même d'avoir atteint l'âge de dix ans car à cet âge, elles rapportent à coup sûr davantage. On répond à la demande par un système de trafic très organisé qui se charge de satisfaire les goûts les plus variés de clients qui paient pour ça.

(Client)

On vient ici pour s'amuser et pour passer du bon temps. On en prend pour son argent. On n'est pas responsable des vies de toutes ces filles. (Si dix clients comme vous viennent voir chaque jour une de ces filles, dans quel état sera-t-elle dans dix ans?) C'est son problème à elle. Si elle n'était pas là, on ne viendrait pas.

(Prostituées)

Je n'avais aucune idée de ce qui se passait ici. Les hommes nous ont simplement laissées et puis ils ont disparu. On ne sait pas où on est. Une fois obligées de se prostituer, on pense pouvoir envoyer de l’argent à la maison. Ne laissons pas nos sœurs être victimes du même sort.

Depuis 1996, l'OIT aide le Gouvernement du Népal à lutter contre le trafic. Mais désormais, c'est le nouveau programme lancé en mai 2001, dont le calendrier est très précis, qui va dispenser une éducation et une formation professionnelle à l'intention des jeunes filles à risques et qui va fournir des alternatives économiques à leurs familles, (parallèlement à d'autres programmes de réduction de la pauvreté existants dans le pays).

P. Boonpala, OIT

La situation est grave. Nous savons qu’un grand nombre de femmes et d’enfants ont déjà perdu la vie. Nous avons besoin d’actions urgentes ; grâce à son programme assorti de délai, le BIT espère mettre fin aux traffics.

En attendant que le Programme ait un effet, des milliers de jeunes filles comme Maya subiront d'abord le même sort que le sien. Contrairement à d'autres femmes, qui sont stigmatisées et victimes d'ostracisme, elle, au moins, a Kamal pour l'aider à surmonter la fin prématurée de son enfance sinon de sa vie.

Si ce système venait à prendre fin, il y aurait une recrudescence des viols à travers tout le Maharashata. Si c'est pas nous qui venons, ce sera quelqu'un d'autre. Et ça continuera encore et encore.