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Le dialogue social, clé de la survie et de la résilience des entreprises au Vietnam

La pandémie de COVID-19 a eu de graves répercussions sur les secteurs de l’habillement, de la chaussure et de la maroquinerie, près d’un travailleur sur quatre ayant perdu son emploi. Au Vietnam, l’OIT a soutenu ses partenaires pour favoriser les processus de dialogue social au niveau de l’entreprise afin de garantir la protection des travailleurs les plus vulnérables.

Reportage | 13 août 2020
HAÏPHONG, Vietnam (OIT infos) – Tandis que le Vietnam bénéficie d’un environnement largement épargné par la pandémie à l’intérieur de ses frontières fermées, après avoir réussi à contrôler le virus du COVID-19, le secteur national du prêt-à-porter est toujours aux prises avec ses conséquences.

La distanciation sociale, les commandes annulées et les retards de paiement ont causé de graves perturbations dans le secteur. De nombreuses entreprises ont dû prendre des mesures pour se maintenir à flot, notamment la réduction des horaires de travail, la suppression d’avantages sociaux et des licenciements.

Selon l’Association vietnamienne du textile et de l’habillement (VITAS) et l’Association vietnamienne du cuir, de la chaussure et de la maroquinerie (Lefaso), plus d’un million de travailleurs du textile, de la chaussure et de la maroquinerie – sur un total de 4,3 millions – ont perdu leur emploi, tandis que d’autres ont vu leurs revenus réduits de 40 pour cent. Une série de grèves ont éclaté dans diverses usines, les ouvriers exprimant leur mécontentement à l’égard des décisions de leurs dirigeants.

Cependant, Regina Vietnam, une entreprise de vêtements d’Haïphong qui emploie plus 31 000 personnes, a réussi à gérer les difficultés provoquées par la pandémie mondiale tout en maintenant des relations industrielles stables dans ses cinq usines.

«Le dialogue social nous a empêchés de nous effondrer», explique Nguyen Thi Ngoc Bich, directrice des ressources humaines de l’entreprise.

Un chemin vers la survie

Suivant les orientations du programme Better Work de l’OIT sur les aménagements de travail pendant le COVID-19, la direction de Regina a organisé plusieurs séries de consultations avec les représentants syndicaux et utilisé diverses plateformes pour communiquer avec les travailleurs.

Ces consultations ont abouti à des accords négociés sur des mesures qui ont permis de maintenir tous les travailleurs dans leur emploi. Il s’agissait notamment de congés partiellement rémunérés, de réduction des heures supplémentaires et de la fin du travail le samedi.

«Pour les employés, la perte de leur emploi en ce moment aurait été un désastre», a déclaré Vu Dinh Phi, le président du syndicat de l’entreprise. «Je me réjouis que les travailleurs et la direction soient parvenus à des accords par le biais de discussions ouvertes pour aider les deux parties à survivre à cette crise.»

«Au moment où Regina traverse sa période la plus difficile depuis sa création en 2014, il est important que la direction et les travailleurs se comprennent mutuellement. Le dialogue nous permet de résoudre les problèmes de relations industrielles qui sont inévitables pendant et après une telle crise», a expliqué Mme Bich.

Selon une enquête organisée par l’Organisation internationale du Travail (OIT) dans 58 entreprises vietnamiennes, plus de 60 pour cent des fabricants ont pris des mesures affectant les travailleurs sans les avoir consultés au préalable, ou en ne consultant que les chefs d’unités.

Un pilier de la reprise après la crise

Dans son cadre stratégique conçu pour faire face à l’impact économique et social de la crise du COVID-19, l’OIT rappelle que le dialogue social est l’un des quatre piliers de la reprise.

«Le dialogue social entre les représentants des travailleurs et ceux des employeurs aide l’entreprise à prendre une décision équilibrée qui répond aux besoins des travailleurs de manière transparente et équitable. Ainsi, il ne permet pas seulement de stabiliser les relations professionnelles sur le lieu de travail, mais il renforce aussi la participation des travailleurs à la réussite des entreprises en cette période de difficultés inédites», a déclaré le Directeur du Bureau de l’OIT au Vietnam, Chang-Hee Lee, ajoutant que «le fait d’entamer le processus de dialogue social dès que possible en maximise l’impact.»

Au Vietnam, le dialogue social a d’abord été introduit dans le Code du travail de 2012 et a été renforcé dans la version révisée du Code en 2019.

«Dans le Code du travail de 2019, les dispositions relatives au dialogue social sont bien meilleures et bien plus détaillées que dans la version de 2012. Pourtant, à l’échelon de l’entreprise, nous avons besoin d’orientations concrètes pour bien le mettre en œuvre», a précisé Mme Bich.

Le ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales est actuellement en train de rédiger un décret comportant des lignes directrices pour promouvoir et faciliter le dialogue social sur le lieu de travail, avec l’appui technique d’un autre projet de l’OIT, le programme de Nouveau cadre pour les relations industrielles (NIRF). Le décret – attendu avec impatience par les employeurs et les travailleurs – devrait être publié d’ici à la fin 2020.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter:

Tran Quynh Hoa
Chargée de la communication de l’OIT
hoahancom@ilo.org