Développement local

Le tourisme, un atout pour les familles pauvres des campagnes vietnamiennes

Les villageois des hauts plateaux de la province du Quang Nam ont pu augmenter leurs revenus en développant leur production de tissages traditionnels et d’épices, en confectionnant des paniers cadeaux de thé et en hébergeant des touristes chez eux, avec l’aide d’un projet de l’OIT financé par le gouvernement luxembourgeois. Par Tran Quynh Hoa, du Bureau de l’OIT au Viet Nam.

Reportage | 1 novembre 2012
Village de Bho Hoong au Vietnam
OIT Info (Quang Nam, Viet Nam) – L’aube se lève sur le village de Bho Hoong, révélant une communauté cachée, pittoresque, non loin de la piste Ho Chin Minh dans la province centrale du Quang Nam.

Le village abrite 67 membres de la minorité ethnique des Co Tu. Avec son paysage immuable de vieilles maisons sur pilotis, de bœufs contemplatifs et de femmes souriant derrière leur tissu de brocart, c’est indéniablement une destination idéale pour les visiteurs intéressés par des cultures singulières.

Le tourisme cependant reste relativement embryonnaire ici. Bho Hoong ne reçoit que 2 000 visiteurs par an alors que les attractions voisines comme le site archéologique de My Son peut accueillir jusqu’à 600 visiteurs par jour.

En bordure de la plaque tournante du tourisme de Da Nang, la province du Quang Nam a attiré d’importants investissements grâce à ses plages de sable, ses récifs coralliens et ses sites inscrits au patrimoine culturel mondial – My Son et Hoi An. Toutefois, l’activité économique se concentre sur les zones côtières tandis que les régions intérieures se limitent essentiellement aux excursionnistes. Cela rapporte peu d’argent aux habitants de ces régions isolées.

Bho Hoong, à quelque 100 kilomètres de la plage de Hoi An, est typique de nombreuses régions intérieures du Quang Nam et de l’ensemble du pays qui pourraient tirer parti d’une industrie touristique en plein essor.

Environ 24 pour cent des ménages de la province, y compris de nombreuses familles Co Tu du village de Bho Hoong, vivent encore au-dessous ou près du seuil de pauvreté de 21 dollars de revenu mensuel par tête, selon le Comité populaire provincial.

«Ce que nos villageois gagnent grâce au tourisme ne suffit pas encore à joindre les deux bouts», déclare Bruu Thi Nep, fonctionnaire au Département de la culture et de l’information du district.

Alang Thi Mot, une villageoise qui exécute des danses traditionnelles pour les touristes chaque jour, accueille à l’occasion des touristes, transformant son logement en maison d’hôte.

Grâce au tourisme, Mot touche un complément de revenu de 40 dollars par mois. Cela lui facilite la vie mais, à 26 ans, la jeune femme dépend d’abord du revenu qu’elle tire de son élevage de quatre porcs et d’une vache et de la culture d’une rizière de 6 000 mètres carrés pour nourrir sa belle-mère et ses enfants âgés de deux et six ans.

Un projet local aux perspectives étendues


Pour faire du tourisme une activité lucrative qui bénéficie aux pauvres, l’OIT soutient la province du Quang Nam dans sa création de débouchés dans les zones rurales et montagneuses.

«Le tourisme peut être un outil utile pour réduire la pauvreté», affirme Wolfgang Weinz, spécialiste de l’hôtellerie-restauration et du tourisme à l’Organisation internationale du Travail (OIT).

«La population locale ne sait pas comment générer des revenus et dégager des profits grâce au secteur touristique», déclare Mimi Groenbech, conseiller technique en chef du projet de l’OIT «Renforcer le tourisme intérieur au Quang Nam». «Elle est accueillante et naturellement hospitalière avec les visiteurs mais elle pourrait en tirer bien davantage profit si elle apprenait à voir ce potentiel d’un point de vue commercial.»

Le projet de l’OIT de 1,35 million de dollars, financé par le gouvernement du Luxembourg, aide les habitants, surtout les femmes, à améliorer leur capacité à générer des revenus liés au tourisme en offrant des services d’hébergement à domicile, en montant leur propre affaire et en commercialisant leurs tissages traditionnels et d’autres produits artisanaux.

Le projet, qui a démarré en 2011 et qui dure jusqu’en décembre 2013, a soutenu le gouvernement local pour évaluer et concevoir un plan afin de développer les destinations intérieures, y compris le village de Bho Hoong, le district de Dong Giang et d’autres destinations le long de la piste d’Ho Chi Minh. Il est prévu de dispenser des formations aux communautés en matière d’organisation de voyages et de tourisme communautaire.

Le projet contribue aussi à aider les communautés rurales à développer des produits pour accroître leur revenu, y compris les produits de tissage Co Tu, les épices, les paniers cadeaux de thé et les prestations hôtelières sous la marque «Made in Quang Nam» et «Produits du terroir». Les villageois Co Tu tissent des vêtements pour leur famille et les échangent contre d’autres biens dans leur communauté depuis des siècles.

Ils explorent dorénavant les possibilités de vendre leurs produits sur de vastes et nouveaux marchés, bien que Mme Groenbach dise que leurs produits ont du mal à satisfaire la demande du marché. En réponse à cela, le projet s’efforce d’offrir un appui à la population pour que sa production soit plus facile à commercialiser.

Le Vice-président du comité populaire du Quang Nam, Tran Minh Ca, souligne que le projet de l’OIT aide la province à maximiser les bénéfices du tourisme et permettra, espérons-le, d’atteindre son objectif d’augmenter de 10 pour cent les initiatives commerciales liées au tourisme dans les districts intérieurs d’ici à la fin de 2013. Le nombre de touristes qui visitent chaque année les districts intérieurs du Quang Nam devrait augmenter de 10 pour cent.

«J’espère que l’expérience du Quang Nam et les gros efforts déployés par les pouvoirs publics locaux seront partagés par le secteur du tourisme à l’échelle du pays tout entier, pour que cette industrie bénéficie équitablement à tout le Viet Nam», conclut Gyorgy Sziraczki, Directeur du bureau de l’OIT au Viet Nam.