Bangladesh: Eclairer la voie pour un monde du travail plus respectueux de l’environnement

Les maisons à énergie solaire peuvent constituer une source alternative d’énergie dans les pays en développement comme le Bangladesh, où la moitié de la population – soit environ 85 millions de personnes – n’a pas accès au réseau électrique. Les panneaux solaires fournissent une énergie propre et des emplois verts dans les régions rurales, un sujet qui figure en bonne place sur l’Agenda Rio+20. Reportage d’Allan Dow.

Article | 22 juin 2012
BOGRA, Bangladesh – Drapée dans un sari brun, Sanjida Akhter grimpe à l’échelle et se déplace avec précaution sur le toit de tôle ondulée d’une maison rurale près de la ville de Bogra, à 200 kilomètres au nord-ouest de la capitale, Dhaka.

Mme Akhter fait partie des techniciens, de plus en plus nombreux, spécialisés dans les maisons à énergie solaire: ils installent des panneaux solaires économiseurs d’énergie sur le toit des maisons qui n’ont pas accès au réseau électrique national ou chez ceux qui n’ont tout simplement pas les moyens d’assumer les frais de raccordement au réseau.

Alors que le réseau national dessert de nombreuses régions du Bangladesh, les 142 millions d’habitants du pays vivent en majorité en zone rurale et ne sont pas raccordés. La plupart se servent de lampes remplies de kérosène pour s’éclairer et de fuel pour alimenter les générateurs qui couvrent leurs autres besoins en électricité.

Au Bangladesh, l’énergie solaire est de plus en plus considérée comme une alternative pratique, accessible et respectueuse de l’environnement par beaucoup de monde.

«Sur cette maison, le panneau solaire transfère l’énergie du soleil vers une batterie rechargeable», explique Mme Akhter. «Grâce à ce système, nous pouvons nous éclairer, recharger un téléphone portable, regarder la télévision et faire fonctionner d’autres choses – toujours grâce à l’énergie solaire. Ici, les villageois en perçoivent tous les bienfaits.»

Mme Akhter installe des panneaux solaires sur les maisons rurales depuis trois ans. Elle a reçu une formation initiale au sein d’un programme financé par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Grameen Shakti, une organisation partenaire de l’Infrastructure Development Corporation Limited (IDCOL) – une agence publique qui promeut les énergies renouvelables au Bangladesh.

Dans le cadre du projet Emplois verts en Asie de l’OIT, qui relève de l’accord de partenariat OIT-gouvernement australien (2010-2015), davantage de techniciens en maisons à énergie solaire sont diplômés chaque mois au Bangladesh, après avoir suivi un programme de six semaines de formation, dispensé par le Bureau de la main-d’œuvre, de l’emploi et de la formation, par l’intermédiaire de ses centres de formation technique à travers le pays.

A l’occasion du Sommet Rio+20, l’OIT a préparé un manuel pour évaluer et promouvoir le potentiel d’emplois verts dans les pays en développement.

Apporter l’énergie propre et les emplois verts en zone rurale


La tendance grandissante à utiliser davantage l’énergie solaire est encouragée par le gouvernement du Bangladesh et fait officiellement partie de son actuel sixième plan quinquennal de développement.

En équipant les maisons de systèmes à énergie solaire, on crée de nouveaux emplois pour l’installation et la maintenance des produits liés à l’énergie solaire. Ils constituent aussi une source alternative et propre d’énergie pour les régions rurales. Cette situation gagnant-gagnant progresse encore parce qu’en facilitant l’accès à l’énergie elle ouvre de nouvelles perspectives pour les entreprises et pour la croissance économique dans les régions rurales.

Le Programme emplois verts de l’OIT met surtout l’accent sur la promotion du rôle des femmes qui sont toujours confrontées à des obstacles pour entrer sur le marché du travail. La formation permet de former des techniciens qui non seulement installent des panneaux solaires mais sont aussi capables d’assembler les différents composants des systèmes et d’en assurer la maintenance.

Ceux qui travaillent dans ce nouveau secteur des emplois verts font preuve de beaucoup d’optimisme. Ceux qui ont suivi la formation financée par l’OIT au Bangladesh ne voient qu’un avenir brillant à l’horizon des maisons à énergie solaire.

Je voudrais voir le pays se couvrir de maisons à panneaux solaires au cours des cinq prochaines années.”
Farhana Akhter Ranu
«Je voudrais voir le pays se couvrir de maisons à panneaux solaires au cours des cinq prochaines années», déclare Farhana Akhter Ranu, jeune diplômée de la formation de 25 ans. Selon un récent rapport de l’OIT sur les emplois verts, le déploiement à grande échelle de panneaux solaires dans les pays en développement est toujours confronté à une série de difficultés, notamment les coûts initiaux qui exigent des solutions financières comme les programmes de microcrédit et des réseaux de distribution pour gagner la confiance d’éventuels consommateurs.

Dans de nombreux pays en développement, les programmes d’énergie solaire sont encore assez limités mais pourraient être amplifiés avec un financement et un soutien politique appropriés.

Allan Dow travaille pour l’Unité régionale des partenariats au Bureau régional de l’OIT pour l’Asie et le Pacifique à Bangkok.