Migration de main-d'œuvre

Protéger les migrants pakistanais de l’exploitation au travail

Un service internet va faciliter le dépôt par les travailleurs pakistanais travaillant à l’étranger de plaintes formelles en cas d’allégations de recrutement frauduleux ou d’exploitation au travail.

Communiqué de presse | 10 février 2016
ISLAMABAD (OIT Info) – Le Pakistan a inauguré un nouveau système de gestion des plaintes en ligne pour ses ressortissants travaillant à l’étranger. Le service a pour but d’aplanir les difficultés d’accès aux mécanismes de réclamation pour les travailleurs qui subissent une exploitation au travail.

Le ministre fédéral des Pakistanais de l’étranger et du Développement des ressources humaines, Pir Syed Sadaruddin Shah Rashidi, a salué cette initiative, rappelant que la priorité du ministère était de «promouvoir le bien-être et la protection des travailleurs migrants à chaque étape du cycle migratoire. Si le ministère dispose d’un système de plaintes depuis de nombreuses années, il est établi que ce système – à base d’imprimés et qui exigeait des plaignants qu’ils se rendent dans les bureaux de réclamations en personne – n’était pas assez adapté aux besoins des travailleurs migrants et des Pakistanais de l’étranger. Le nouveau système de réclamation hébergé sur le web permettra aux plaignants de déposer plus facilement leur plainte puisqu’ils pourront la saisir de n’importe où dans le monde dès lors qu’ils ont un accès à internet.»

Le système de plaintes, qui est accessible sur www.ophrd.gov.pk, permettra aussi à ces travailleurs de suivre le statut de leur requête. Selon Fayyaz Malik, directeur de l’unité de planification stratégique au ministère, cet outil va renforcer autant l’efficacité que la transparence dans le traitement des plaintes pour le gouvernement, contribuant ainsi à mieux préserver les intérêts de tous les travailleurs migrants.

S’exprimant lors de ce lancement, Bernard François, directeur de la coopération pour la Délégation de l’Union européenne au Pakistan, a déclaré que l’implication de l’UE dans le programme découlait de son attachement à «la primauté du droit qui s’applique à toutes les dimensions du droit et en particulier au droit du travail… Il est de la plus haute importance que les travailleurs migrants connaissent leurs droits.»

En donnant la priorité à l’amélioration de l’accès à la justice, nous pouvons faire du travail décent une réalité pour les travailleurs migrants.»

Belinda Chanda, bureau de l’OIT au Pakistan
Le système de plainte en ligne «va protéger (les travailleurs migrants) des pratiques abusives et de l’exploitation qu’ils risquent de subir lors du recrutement et au travail», a ajouté M. François. Il a aussi fait part de son optimisme quand à la capacité du système à mieux gérer les conflits et les pratiques abusives et à les résoudre rapidement et à l’amiable.

Le système en ligne a été élaboré par le ministère des Pakistanais de l’étranger et du Développement des ressources humaines, avec l’assistance technique et financière du projet conjoint de gouvernance des migrations de main-d’œuvre en Asie du Sud de l’OIT et de l’UE. Ce projet vise à promouvoir la gestion des migrations de main-d’œuvre en provenance d’Inde, du Népal et du Pakistan vers les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à garantir une protection effective des droits des travailleurs migrants vulnérables, à amplifier l’impact de la migration économique sur le développement et à réduire les migrations non maîtrisées.

Belinda Chanda, en charge du bureau de l’OIT au Pakistan, a félicité le ministère pour le lancement de ce nouveau mécanisme de plainte en ligne. Dans son discours, elle a déclaré: «Je suis très satisfaite que le ministère ait pris conscience de la nécessité de faciliter et de simplifier l’accès des travailleurs migrants à l’assistance juridique. Le développement de ce mécanisme de plaintes en ligne est une étape importante vers la garantie d’une protection des travailleurs migrants et pour rendre le système de traitement des plaintes plus transparent et plus efficace. En donnant la priorité à l’amélioration de l’accès à la justice, nous pouvons prévenir l’exploitation de la main-d’œuvre et faire du travail décent une réalité pour les travailleurs migrants.»

Un nombre considérable de Pakistanais s’expatrient pour trouver du travail. Selon le Bureau de l’émigration, entre 1971 et 2015, plus de 8 millions de Pakistanais sont partis travailler à l'étranger. Parmi eux, 94 pour cent ont migré vers les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), et 80 pour cent des travailleurs migrants pakistanais sont installés dans deux pays, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. L’immense majorité de ces migrants sont des hommes; pendant la période 2008-2013, moins de 6 500 femmes (0,1 pour cent) ont émigré pour travailler.