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- 501. Dans une communication du 2 août 1988, le Centre
- syndical indien (CITU)
- a soumis des allégations de violation des droits syndicaux
- contre le
- gouvernement de l'Inde. Le gouvernement a envoyé ses
- observations sur le cas
- dans des communications en date des 5 septembre 1988, 28
- février 1989, 23 mars
- 1989 et 28 mars 1989.
- 502. L'Inde n'a ratifié ni la convention (no 87) sur la liberté
- syndicale et
- la protection du droit syndical, 1948, ni la convention (no 98)
- sur le droit
- d'organisation et de négociation collective, 1949; elle a ratifié
- la
- convention (no 141) sur les organisations de travailleurs
- ruraux, 1975.
A. Allégations du plaignant
A. Allégations du plaignant- 503. L'organisation plaignante a soumis une série d'allégations
- de violation
- des droits syndicaux dans l'Etat de Tripura. Elles portent
- notamment sur des
- agressions, des meurtres, des incendies criminels, des viols,
- des arrestations
- injustifiées, des attaques menées contre les locaux syndicaux,
- des
- licenciements et des menaces de licenciement de travailleurs
- syndiqués et la
- radiation de l'enregistrement des syndicats. Tous ces faits se
- seraient
- produits entre février et juin 1988, après un changement de
- gouvernement à
- Tripura. Selon l'organisation plaignante, bon nombre des
- agressions, etc.
- étaient le fait de partisans du nouveau gouvernement -
- agissant souvent avec
- le soutien (actif ou passif) des autorités publiques.
- 504. L'organisation plaignante a classé ses allégations sous
- 22 sous-titres.
- Elles peuvent être résumées comme suit:
- i) Le 5 février 1988, les locaux du syndicat Motor Shramik
- (MSU) (affilié
- au CITU) ont été attaqués par des "éléments antisociaux du
- Congrès (I)".
- L'incident aurait été signalé à la police, mais aucune suite n'a
- été donnée.
- ii) Le 6 février 1988, deux membres du MSU, Gopal Ghosh et
- Indrajit Das,
- ont été agressés. Gopal Ghosh a été tué et Indrajit Das
- gravement blessé.
- "Fait étonnant", la police a arrêté Indrajit Das.
- iii) Le 6 février 1988 également, les maisons de trois
- syndicalistes (Anil
- Das, Madhu Mian et Hiranmoni Bonaj) ont été incendiées. En
- outre, la
- plantation de thé de Laxmi Iunga a licencié Mme Bonaj et son
- mari.
- iv) Le 24 février 1988, Dharma Das, membre du Comité
- national du CITU, et
- son fils ont été arrêtés sans mandat. Dharma Das aurait été
- maintenu nu en
- détention policière et sévèrement tabassé. Sa maison a été
- saccagée sous le
- prétexte d'une fouille, qui n'a donné aucun résultat. Il a été
- maintenu en
- détention policière jusqu'au 14 mars 1988, date à laquelle il a
- été relâché,
- ayant payé lui-même sa caution.
- v) Le 25 février 1988, deux dirigeants du Syndicat des
- travailleurs du thé
- de Kailashahar (Bandan Gope et Laxminaryan Chauhan) ont
- été arrêtés sur la
- base de fausses inculpations et passés à tabac pendant qu'ils
- étaient en
- détention policière.
- vi) Un jour dont la date n'est pas précisée, le secrétaire
- général du CITU
- (Shakti Prasanna Bhattacharya) a été agressé chez lui par
- des "éléments
- antisociaux du Congrès (I)".
- vii) En mars 1988, à des dates non précisées, les maisons de
- Sridam
- Sutradhar et de Sudarshan Das ont été incendiées, ce qui les
- a laissés,
- eux-mêmes et leur famille, sans logement. Ils seraient aussi
- dans
- l'incapacité de retourner sur les lieux où se trouvaient leur
- maison en raison
- de la terreur que font régner des "éléments antisociaux du
- Congrès (I) ".
- viii) Le 1er avril 1988, 276 membres d'un affilié du CITU ont
- été empêchés
- par la force de prendre leurs fonctions à l'exploitation agricole
- Kamalasagar
- Goatary. Deux jours après, un certain nombre de ces
- travailleurs ont été
- tabassés. Ces deux incidents ont été notifiés à la police par
- un membre local
- du Parlement (Shree Motilal Sarkar), mais aucune mesure n'a
- été prise contre
- les coupables.
- ix) Le 6 avril 1988, un dirigeant (Abdul Samad) des
- travailleurs
- journaliers sur un chantier de construction d'une centrale
- thermique a été
- convoqué à une réunion avec le ministre de l'Intérieur de l'Etat
- et mis en
- garde contre la poursuite des revendications salariales. Plus
- tard, M. Samad a
- été arrêté et sévèrement battu pendant qu'il était en détention
- policière.
- x) Le 6 avril 1988, les bureaux du MSU ont été attaqués et
- un certain
- nombre de personnes (y compris Sudhangshu Das) ont été
- tabassées. Cette
- attaque aurait été le fait d'"éléments antisociaux du Congrès
- (I)", aidés par
- des membres des forces de la police centrale de réserve et
- des forces de
- police.
- xi) Le 19 avril 1988, le dirigeant du parti du Congrès (I) à
- Tripura (Shree
- Dhirendra Debnath) s'est rendu en visite au Mohanpur Food
- Godown en compagnie
- d'un certain nombre de militants du parti et de policiers. Il a
- demandé à un
- membre de la direction du Godown de recruter un certain
- nombre de personnes
- dont les noms figuraient sur une liste écrite. D'après
- l'organisation
- plaignante, 18 membres d'un syndicat affilié au CITU ont été
- licenciés
- sur-le-champ. L'organisation plaignante allègue que des
- incidents semblables
- se sont produits dans deux autres établissements, où un
- nombre total de 90
- travailleurs ont été licenciés.
- xii) Le 6 mai 1988, un groupe d'"éléments antisociaux" a
- pénétré dans le
- Centre des plantations de caoutchouc de Kalshimuk et a
- tabassé des
- travailleurs au hasard. Un certain nombre de travailleurs, et
- notamment le
- secrétaire du Syndicat Rubber Shramik (RSU) (Rakhal Roy),
- ont été
- hospitalisés. Par la suite, 38 travailleurs syndiqués ont été
- licenciés et
- remplacés par des "éléments antisociaux du Congrès (I)". Cela
- se serait
- produit sur instruction d'un officier de la police. L'organisation
- plaignante
- allègue aussi que les bureaux du RSU ont été mis à sac en
- présence de la
- police.
- xiii) Le 9 mai 1988, un certain nombre de "truands" auraient
- lancé une mise
- en garde à Mahendra Debnath, lui intimant l'ordre de quitter
- un syndicat
- affilié au CITU, faute de quoi il serait assassiné. Quelques jours
- plus tard,
- M. Debnath a été assassiné avec, selon les allégations, la
- complicité du
- ministre de l'Intérieur de l'Etat. La police a enregistré le cas
- comme étant
- un suicide.
- xiv) Le 13 mai 1988, Suken Tripura, membre d'un affilié du
- CITU, a été
- agressé par un "truand du Congrès (I)" (Dipak Malla) et a été
- empêché d'en
- aviser la police lorsqu'il a essayé de le faire. Par la suite,
- Suken Tripura,
- Suriya Tripura, Harimohan Tripura et Daitiya Mohan Tripura
- ont été arrêtés
- sur la foi de dénonciations déposées par Dipak Malla. Pendant
- qu'il était
- détenu par la police, Suriya Tripura a été gravement torturé. Il
- a enfin été
- déféré devant un tribunal sans avoir reçu de traitement
- médical, et une peine
- d'emprisonnement a été prononcée à son encontre.
- xv) Un jour dont la date n'a pas été précisée, deux dirigeants
- du CITU,
- Shyamal Paul et Manik Das, ont été physiquement agressés
- pour avoir incité
- les travailleurs de la Société de construction des projets
- nationaux à
- célébrer le 1er mai. Tant M. Paul que M. Das ont été
- hospitalisés à la suite
- de leurs blessures.
- xvi) Le 20 mai 1988, Bharatmani Nayatiya, dirigeant du
- Syndicat des
- travailleurs des usines de jute et membre de la commission
- régionale du CITU,
- a été agressé par Khokan Paul et un certain nombre de ses
- comparses. Il a été
- arrêté sans inculpation et, par la suite, remis en liberté.
- Dernièrement, il
- a été arrête de nouveau sur la foi d'une fausse accusation
- portée par Khokan
- Paul, torturé par la police et, en définitive, envoyé en prison.
- xvii) Le 26 mai 1988, des "scélérats" du Congrès (I) auraient
- empêché huit
- travailleurs de prendre leur travail au Centre des plantations de
- caoutchouc
- de Paikhlola. Le 31 mai, 17 travailleurs ont, de la même
- manière, été empêchés
- de travailler dans une autre plantation. A peu près à la même
- époque, deux
- travailleurs, Atul Debnath et Natu Urang, ont été physiquement
- agressés par
- des "scélérats". Tous ces incidents ont été notifiés à la police,
- mais aucune
- suite n'a été donnée.
- xviii) Le 5 juin 1988, un officier de police et "environ 250
- scélérats du
- Congrès (I)" auraient agressé deux dirigeants des travailleurs
- du caoutchouc
- (Dankumar Tripura et Satinanda Tripura).
- xix) Le 6 juin 1988, la même bande a agressé Chikan
- Tripura, un travailleur
- du caoutchouc, puis l'a remis à la police. Pendant qu'il était
- en détention,
- il a été agressé à nouveau et a été remis en liberté le 7 juin.
- Pendant que M.
- Tripura était en détention, le bureau local du RSU a été
- occupé par des
- membres de la bande. Ceux-ci ont aussi, avec l'aide de la
- police, empêché
- environ 185 travailleurs de se rendre sur leur lieu de travail,
- avec pour
- résultat qu'ils ont perdu leur emploi.
- xx) Selon les allégations, en 1988, pendant une période qui
- n'a pas été
- précisée, des "éléments antisociaux" ont fait main basse sur
- 25 bureaux de
- membres du CITU, dont Il appartenaient au MSU. Tous ces
- incidents ont été
- notifiés à la police, qui n'a pris aucune mesure contre les
- responsables.
- xxi) Pendant cette même période, l'enregistrement de huit
- syndicats
- affiliés au CITU a été radié soit sans raison valable, soit parce
- qu'ils
- n'avaient pas présenté leur rapport annuel (alors même que
- tous ces rapports
- avaient été présentés et acceptés par le fonctionnaire chargé
- de
- l'enregistrement des syndicats).
- xxii) Entre le 31 mai 1988 et le 2 juin 1988, sept travailleuses
- auraient
- été victimes d'un viol collectif par des soldats.
- B. Réponse du gouvernement
- 505. Dans ses communications, le gouvernement déclare
- qu'en Inde la liberté
- syndicale et les droits syndicaux sont garantis par la législation
- nationale
- - et notamment la loi de 1926 sur les syndicats ainsi que la loi
- de 1947 sur
- les différends du travail. Le premier de ces textes traite de
- questions
- telles que l'enregistrement et la radiation de l'enregistrement
- des
- syndicats. Le deuxième porte notamment sur les pratiques
- déloyales en matière
- de travail telles que les actes d'ingérence, les mesures
- restrictives ou
- coercitives à l'encontre des travailleurs dans l'exercice de leur
- droit de
- s'organiser, de constituer, d'aider des syndicats ou de s'y
- affilier. En
- outre, il interdit de "renvoyer ou licencier" un travailleur par
- mesure de
- représailles. Assassiner, agresser physiquement, incendier les
- logements, etc.
- sont des actes criminels et leurs auteurs sont passibles de
- peines en
- application du Code pénal et d'autres textes connexes.
- 506. Le gouvernement affirme aussi qu'il continuera de veiller
- à ce qu'aucun
- syndicat ou fédération ne soit persécuté par un parti déterminé
- et à ce que
- tous les syndicats et organisations de travailleurs puissent, en
- toute
- liberté, poursuivre leurs activités légitimes et jouir de leurs
- droits
- fondamentaux.
- 507. En ce qui concerne les 22 allégations précises soumises
- par le
- plaignant, le gouvernement présente les réponses suivantes,
- fondées sur des
- informations fournies par le gouvernement de Tripura:
- i) Il est exact qu'il y a eu une manifestation devant les
- bureaux du MSU le
- 5 février 1988. Elle avait pour objet de protester contre
- l'assassinat du
- dénommé Bishu Saha, commis par un certain nombre de
- personnes qui seraient
- des partisans du Parti communiste de l'Inde (marxiste). La
- foule a été
- dispersée par la police, et celle-ci n'a reçu aucune notification
- de dommages
- survenus aux bureaux du MSU.
- ii) Il est exact que Gopal Ghosh et Indrajit Das (ainsi que
- Dhirendra Deb
- Darma) ont été attaqués par une foule le 2 février 1988 et que
- M. Ghosh est
- mort des suites de ses blessures. Il est également vrai que M.
- Das a été
- arrêté après cette attaque. Le gouvernement déclare que
- cette attaque a été le
- fait de résidents locaux qui estimaient que MM. Ghosh, Das et
- Darma avaient
- été impliqués dans l'assassinat du dénommé Nripendra Rudra
- Paul. M. Das a été
- arrêté en rapport avec cet assassinat, dont l'instruction est
- encore en
- cours. La police enquête aussi sur la mort de M. Ghosh.
- iii) Selon le gouvernement, il y a "de fortes présomptions"
- pour que
- l'incendie de la maison de Mme Bonaj ait été accidentel. Le
- gouvernement
- déclare aussi que Mme Bonaj et son mari ont quitté leur
- emploi de leur plein
- gré. Après enquête, on n'a trouvé personne portant le nom
- d'Anil Das ou de
- Madhu Mian dans la localité.
- iv) Dharma Das et Diplak Das ont été arrêtés parce qu'ils
- étaient
- soupçonnés d'avoir participé à la perpétration d'un délit, en
- violation de
- l'article 326/302 du Code pénal (dont la nature n'a pas été
- indiquée). Ils
- ont par la suite été libérés par un tribunal, faute de preuves. Le
- gouvernement nie que l'un ou l'autre de ces deux hommes ait
- été gardé nu ou
- battu pendant qu'il était en détention policière. Il nie également
- que la
- maison de Diplak Das ait été saccagée.
- v) Les deux dirigeants du Syndicat des travailleurs du thé de
- Kailashahar
- ont été arrêtés pour complicité d'assassinat du dénommé
- Haripada Dey. Ils
- n'ont pas été agressés pendant qu'ils étaient en détention
- policière.
- vi) Aucune plainte au sujet d'une agression qui aurait été
- perpétrée contre
- le secrétaire général du CITU n'a été déposée auprès de la
- police.
- vii) Il est exact que la maison de Sridam Sutradhar a été
- détruite par le
- feu la nuit du 19 mars 1988. Par la suite, Dipak Malla et
- d'autres personnes
- ont été inculpés. L'enquête n'a permis d'identifier aucune
- personne portant le
- nom de Sudarshan Das. L'allégation selon laquelle la terreur
- régnerait dans
- l'endroit en question est "dénuée de tout fondement et répond
- à des objectifs
- politiques."
- viii) L'enquête n'a pas prouvé que 276 travailleurs aient été
- empêchés de
- prendre leurs fonctions le 1er avril 1988, ni que quelques
- travailleurs aient
- été tabassés le 3 avril 1988. Shree Motilal Sarkar n'a pas
- signalé ces
- incidents à la police.
- ix) Abdul Samad n'a pas été convoqué à une réunion avec
- le ministre de
- l'Intérieur de l'Etat le 6 avril 1988. Il a cependant été arrêté ce
- même
- jour, pour ivresse et conduite contraire aux bonnes moeurs en
- un endroit
- public. Il a, par la suite, été jugé et condamné sur la base de
- cette
- inculpation. Il avait été précédemment arrêté sous divers
- chefs d'accusation
- (non précisés) en application du Code pénal et de la loi sur les
- armes.
- x) L'agression de Sudhangshu Das a été le fait d'éléments
- dissidents de son
- propre syndicat. M. Das avait déposé une plainte à la police,
- et la question
- fait l'objet d'une instruction.
- xi) Le gouvernement déclare que les trois allégations
- relatives au
- licenciement de membres d'affiliés du CITU sont sans
- fondement.
- xii) Rakhal Roy Burman a subi des "lésions mineures" au
- cours d'un
- affrontement entre partisans de deux syndicats rivaux au
- Centre des
- plantations de caoutchouc de Kalshimuk, le matin du 6 mai
- 1988. Plusieurs
- membres des deux syndicats ont aussi été blessés. L'enquête
- policière sur cet
- incident est encore en cours. Le bureau du Syndicat du
- caoutchouc "Rubber
- Shramik" n'a pas été saccagé en présence de la police. Il
- n'est pas vrai non
- plus que des membres d'affiliés du CITU aient été licenciés et
- remplacés par
- des travailleurs du Congrès (I).
- xiii) Le gouvernement nie catégoriquement que Mahendra
- Debnath ait été
- menacé par des partisans du Congrès (I) et que le ministre de
- l'Intérieur de
- l'Etat ait de quelque manière que ce soit été impliqué dans sa
- mort. Les
- enquêtes policières ainsi que l'autopsie ont prouvé sans le
- moindre doute que
- M. Debnath s'était suicidé.
- xiv) Il est vrai que Harimohan Tripura et Suriya Tripura ont
- été arrêtés
- sur plainte de Dipak Malla. Suriya Tripura a résisté à son
- arrestation et a
- subi une "lésion mineure" qui a été soignée par un médecin. Il
- n'a pas été
- battu pendant qu'il était en détention policière. Daitya Tripura
- a été amené
- au poste de police pour être interrogé sur les mêmes questions
- que Harimohan
- Tripura et Suriya Tripura mais a, par la suite, été remis en
- liberté. Aucune
- plainte n'a été déposée auprès de la police en rapport avec
- l'allégation
- d'agression de Sukhen Tripura par Dipak Malla.
- xv) Shyamal Paul a effectivement déposé plainte pour voies
- de fait contre
- un certain nombre de personnes. A la suite d'une enquête
- policière, toutes
- ces personnes ont été arrêtées et inculpées. L'incident s'est
- produit en
- février 1988 et n'a aucun rapport avec la célébration du 1er
- mai.
- xvi) Bharatmoni Notaia a été retenu par quelques personnes
- de la localité
- au bazar de Melagarh; il avait en sa possession un revolver
- sans permis. Il a
- par la suite été remis à la police et inculpé du délit de port
- d'armes
- prohibées au titre de la loi sur les armes. Il n'a pas été agressé
- par Khokan
- Paul et n'a pas été torturé pendant qu'il était en détention
- policière. Il a
- toutefois subi "quelques lésions accompagnées d'enflures"
- pendant une
- échauffourée avec les habitants de la localité qui l'avaient
- détenu.
- L'allégation selon laquelle le révolver aurait été glissé dans son
- sac par
- Khokan Paul n'a pas été étayée par des faits lors de l'enquête.
- xvii) Aucune des allégations selon lesquelles les travailleurs
- du
- caoutchouc auraient été empêchés de circuler n'a été
- confirmée lors de
- l'enquête. Natu Urang n'a pas été agressé par des scélérats.
- Atul Debnath a
- reçu une "gifle" pendant une altercation avec quelques
- habitants de la
- localité sur un marché. Cet acte ne tombe toutefois pas sous le
- coup de la
- loi, ce qui veut dire qu'il n'a pas pu donner lieu à l'ouverture
- d'un dossier
- à la police; celle-ci s'est toutefois assurée qu'aucun "incident
- fâcheux ne
- s'est produit à la suite de cet incident".
- xviii) Le gouvernement réfute l'allégation selon laquelle un
- officier de
- police accompagné d'une bande de "scélérats" aurait agressé
- Dhankumar Tripura
- le 5 juin 1988. Néanmoins, M. Tripura ayant déposé plainte,
- Tapan Majumdar et
- cinq autres personnes ont été inculpés. L'enquête suit son
- cours.
- xix) Chikan Tripura était soupçonné d'avoir participé à
- l'enlèvement de
- Dipak Malla et de deux autres personnes. Cela a amené
- certains résidents
- locaux à agresser M. Tripura le 6 juin 1988. M. Tripura a
- déposé plainte
- contre plusieurs personnes, mais la police a ultérieurement
- classé l'affaire
- faute de preuves. M. Tripura n'a pas été agressé pendant qu'il
- était en
- détention policière. Il n'est pas vrai que des gangsters aient
- fait main
- basse sur le bureau du RSU, et il n'y a aucune preuve que
- des travailleurs
- aient été empêchés de se rendre à leur travail ou acculés au
- licenciement.
- xx) L'allégation selon laquelle des partisans du Congrès (I)
- auraient
- occupé 25 bureaux du CITU s'est révélée non fondée lors de
- l'enquête. Il est
- également inexact que la police ait refusé de prendre une
- quelconque mesure
- en rapport avec ces incidents. Le seul cas porté à l'attention
- de la police a
- été traité "conformément à la loi".
- xxi) Pendant la période considérée, aucun syndicat n'a vu
- son
- enregistrement radié en application de la loi de 1926.
- xxii) Le viol collectif qu'auraient subi des femmes d'une tribu
- a fait
- l'objet d'une enquête menée par une commission d'enquête
- sous la direction
- d'un magistrat local. La commission a conclu que les
- allégations étaient
- dénuées de fondement.
C. Conclusions du comité
C. Conclusions du comité
- 508. L'organisation plaignante a présenté 22 allégations
- précises de
- violation des droits syndicaux dans l'Etat de Tripura. La plupart
- de ces
- allégations portent sur des agressions, des meurtres, des
- incendies criminels,
- des arrestations injustifiées de membres et de dirigeants de
- syndicats
- affiliés au CITU. D'autres concernent des attaques contre des
- locaux
- syndicaux, des licenciements ou des menaces de licenciement
- de travailleurs
- syndiqués, l'intimidation de responsables syndicaux et la
- radiation de
- l'enregistrement de syndicats.
- 509. Le gouvernement rejette toutes ces allégations. Il
- déclare que soit
- elles manquent de fondement concret, soit elles présentent
- une image tronquée
- de la réalité.
- 510. Le comité note que les allégations présentées par
- l'organisation
- plaignante sont assez précises, en ce sens qu'elles portent
- sur des personnes
- nommément désignées et, généralement, précisent le lieu et la
- date de la
- violation qui aurait eu lieu. Néanmoins, aucune de ces
- allégations n'est
- étayée par des preuves factuelles de quelque sorte.
- Semblablement, le
- gouvernement réfute chacune des allégations du plaignant,
- les unes après les
- autres, mais ne fournit pas de preuves concrètes à l'appui de
- sa position.
- 511. Le comité a toujours été d'avis que les plaintes doivent
- être
- accompagnées, dans la mesure du possible, de preuves à
- l'appui des allégations
- concernant des cas précis d'atteintes aux droits syndicaux
- (Recueil de
- décisions et de principes du Comité de la liberté syndicale du
- Conseil
- d'administration du BIT, 1985, paragr. 43). Il a aussi souligné
- que les
- gouvernements doivent reconnaître l'importance qu'il y a, pour
- leur propre
- réputation, à ce qu'ils présentent, en vue d'un examen
- objectif, des réponses
- détaillées aux allégations formulées à leur encontre (Recueil,
- op. cit.,
- paragr. 59).
- 512. Il est particulièrement important de respecter ces
- préceptes dans des
- cas comme celui-ci, où l'organisation plaignante et le
- gouvernement sont en
- désaccord fondamental concernant les faits sur lesquels se
- fondent les
- allégations et concernant l'application des principes de la
- liberté syndicale
- à ces faits.
- 513. Faute de preuves détaillées à l'appui ou en réfutation
- des diverses
- allégations, le comité se trouve dans l'incapacité d'exprimer un
- avis
- catégorique sur certaines des questions soulevées par
- l'organisation
- plaignante. En conséquence, il adresse les demandes
- suivantes au
- gouvernement:
- - En ce qui concerne l'allégation ii), le gouvernement est prié
- de fournir
- des renseignements sur les résultats de l'enquête concernant
- le meurtre de
- Gopal Ghosh et de Nripendra Rudra Paul, y compris des
- précisions sur les
- conclusions de toute procédure judiciaire qui aurait été
- engagée à cet égard.
- - En ce qui concerne l'allégation v), le gouvernement est prié
- de fournir
- des renseignements plus poussés concernant l'allégation de
- complicité de Badan
- Gope et Laxminaryan Chauhan dans le meurtre de Haripada
- Dey. En particulier,
- il est prié d'indiquer si ces individus ont été inculpés d'un délit
- quelconque
- en rapport avec cette question et, dans l'affirmative, si les
- inculpés ont été
- déférés devant un tribunal.
- - En ce qui concerne l'allégation vii), le gouvernement est
- prié de fournir
- des renseignements plus précis concernant les accusations
- qui ont été portées
- contre Dipak Malla et d'autres personnes, et notamment des
- précisions sur les
- conclusions de toute procédure judiciaire qui aurait été
- engagée.
- - En ce qui concerne l'allégation ix), le gouvernement est prié
- de fournir
- d'autres renseignements concernant les accusations qui ont
- été portées contre
- Abdul Samad en rapport avec le cas no 1(3)/88 au poste de
- police de
- Kamalchura, et notamment des précisions concernant les
- conclusions de toute
- procédure judiciaire qui aurait été engagée.
- - En ce qui concerne l'allégation x), le gouvernement est prié
- de fournir
- d'autres renseignements sur les résultats de l'enquête policière
- concernant la
- plainte déposée par Sudhangshu Das (cas no 5(4)/88 au
- poste de police de
- Teliamura), et notamment des précisions concernant les
- conclusions de toute
- procédure judiciaire qui aurait été engagée à cet égard.
- - En ce qui concerne l'allégation xii), le gouvernement est
- prié de fournir
- d'autres informations concernant les résultats des enquêtes
- policières sur
- l'incident qui s'est produit au Centre des plantations de
- caoutchouc de
- Kalshimukh le 6 mai 1988, y compris des précisions
- concernant les conclusions
- de toute procédure judiciaire qui aurait été engagée à cet
- égard.
- - En ce qui concerne l'allégation xiv), le gouvernement est
- prié de
- fournir de nouvelles informations concernant les accusations
- portées contre
- Marimohan Tripura et Suriya Tripura (cas no 5(5)/88 au poste
- de police de
- Baikhora), et notamment des précisions sur les conclusions de
- toute procédure
- judiciaire qui aurait été engagée à cet égard.
- - En ce qui concerne l'allégation xv), le gouvernement est
- prié de fournir
- de nouvelles informations sur les résultats de l'enquête
- policière concernant
- la plainte déposée par Shyamal Paul (cas no 5(5)/88 au poste
- de police de
- Teliamura), et notamment des précisions concernant les
- conclusions de toute
- procédure judiciaire qui aurait été engagée à cet égard.
- - En ce qui concerne l'allégation xvi), le gouvernement est
- prié de fournir
- de nouvelles informations concernant les accusations portées
- contre
- Bharatmoni Notaia au titre de l'article 251(A) de la loi sur les
- armes, et
- notamment des précisions concernant les conclusions de
- toute procédure
- judiciaire qui aurait été engagée à cet égard.
- - En ce qui concerne l'allégation xviii), le gouvernement est
- prié de
- fournir de nouvelles informations sur les résultats de l'enquête
- policière
- concernant la plainte déposée par Dhankumar Tripura contre
- Tapan Majumdar et
- d'autres personnes, et notamment des précisions sur les
- conclusions de toute
- procédure judiciaire qui aurait été engagée à cet égard.
- - En ce qui concerne l'allégation xx), le gouvernement est
- prié de fournir
- de nouvelles informations concernant la manière dont le "cas
- précis"
- d'occupation d'un bureau appartenant à un membre du CITU
- a été "traité
- conformément à la loi...
- 514. Se fondant sur les informations fournies par
- l'organisation plaignante,
- et des observations y afférentes soumises par le
- gouvernement, le comité
- considère que les questions soulevées dans les allégations i),
- iii), iv), vi),
- viii), xi), xiii), xvii), xix), xxi) et xxii) n'appellent pas un examen
- plus
- approfondi.
- 515. Le comité estime aussi que, indépendamment des
- questions au sujet
- desquelles des demandes ont été adressées au
- gouvernement, les allégations v),
- vii), ix), xii), xiv), xv), xvi) et xx) n'appellent pas un examen plus
- approfondi.
- 516. Le comité a toujours été d'avis que les droits syndicaux
- ne peuvent
- s'exercer que dans un climat dénué de violence, de pressions
- ou menaces de
- toutes sortes à l'encontre des syndicalistes et qu'il appartient
- aux
- gouvernements d'assurer le respect de ce principe (Recueil,
- op. cit., paragr.
- 70). Compte tenu des faits avancés dans les allégations de
- l'organisation
- plaignante et des observations du gouvernement, le comité
- regrette qu'un tel
- climat n'existe pas actuellement dans l'Etat de Tripura. En
- conséquence, le
- comité invite le gouvernement à promouvoir activement la
- création et le
- maintien dans cet Etat d'un climat qui soit propice au
- développement et au
- maintien d'un mouvement syndical réellement libre et
- indépendant et à le tenir
- informé de l'évolution qui se produira en la matière. La comité
- invite
- également le gouvernement à s'efforcer d'obtenir la
- coopération du plaignant
- en vue de la création, dans l'Etat de Tripura, d'un tel climat.
Recommandation du comité
Recommandation du comité
- 517. Au vu des conclusions intérimaires qui précèdent, le
- comité invite le
- Conseil d'administration à approuver les recommandations
- suivantes:
- a) Le comité prie le gouvernement de fournir des informations
- sur les
- résultats des enquêtes concernant le meurtre de Gopal Ghosh
- et Nripendra Rudra
- Paul, et notamment des précisions sur les conclusions de
- toute procédure
- judiciaire qui pourrait avoir été engagée à la suite de ces
- enquêtes.
- b) Le comité prie le gouvernement de fournir des précisions
- concernant
- l'allégation de complicité de Badan Gope et de Laxminarayan
- Chauhan dans le
- meurtre de Haripada Dey. Il est en particulier prié d'indiquer si
- ces
- personnes ont été inculpées d'un quelconque délit en rapport
- avec cette
- question et, dans l'affirmative, si les inculpés ont été déférés
- aux
- tribunaux.
- c) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- renseignements
- concernant les accusations qui ont été portées contre Dipak
- Malla et d'autres
- personnes, et notamment des précisions sur les conclusions
- de toute procédure
- judiciaire qui aurait été engagée à cet égard.
- d) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- renseignements sur
- les accusations portées contre Abdul Samad en liaison avec le
- cas no 1(3)/88
- au poste de police de Kamalchura, et notamment des
- précisions sur les
- conclusions de toute procédure judiciaire qui aurait été
- engagée à cet égard.
- e) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- informations sur les
- résultats de l'enquête policière concernant la plainte déposée
- par Sudhangshu
- Das (cas no 5(4)/88 au poste de police de Teliamura), et
- notamment des
- précisions sur les conclusions de toute procédure judiciaire qui
- aurait été
- engagée à cet égard.
- f) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- informations sur les
- résultats des enquêtes policières concernant l'incident qui s'est
- produit au
- Centre des plantations de caoutchouc de Kalshimukh le 6 mai
- 1988, et notamment
- des précisions sur les conclusions de toute procédure
- judiciaire qui aurait
- été engagée à cet égard.
- g) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- informations sur les
- accusations portées contre Manimohan Tripura et Suriya
- Tripura (cas no 5(5)/88
- au poste de police de Baikhora), et notamment des précisions
- sur les
- conclusions de toute procédure judiciaire qui aurait été
- engagée à cet égard.
- h) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- informations sur les
- résultats de l'enquête policière concernant la plainte déposée
- par Shyamal
- Paul (cas no 5(2)/88 au poste de police de Teliamura), et
- notamment des
- précisions sur les conclusions de toute procédure judiciaire qui
- aurait été
- engagée à cet égard.
- i) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- informations sur les
- accusations retenues contre Bharatmori Notaia au titre de
- l'article 251(A)de
- la loi sur les armes, et notamment des précisions sur les
- conclusions de toute
- procédure judiciaire qui aurait été engagée à cet égard.
- j) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- informations sur les
- résultats de l'enquête policière concernant la plainte déposée
- par Dhankumar
- Tripura contre Tapan Majumdar et d'autres personnes, y
- compris des précisions
- sur les conclusions de toute procédure judiciaire qui aurait été
- engagée à cet
- égard.
- k) Le comité prie le gouvernement de fournir d'autres
- informations
- concernant la manière dont "le cas précis" d'occupation d'un
- bureau
- appartenant à un membre du CITU a été "traité conformément
- à la loi".
- l) Le comité regrette l'absence, dans l'Etat de Tripura, d'un
- climat
- propice au développement et au maintien d'un mouvement
- syndical réellement
- libre et indépendant, et il demande au gouvernement de
- prendre des mesures
- pour promouvoir le développement d'un tel climat et de le tenir
- Informé de
- l'évolution qui se produira en la matière.
- m) Le comité invite le gouvernement à s'efforcer d'obtenir la
- coopération
- du plaignant en vue de la création, dans l'Etat de Tripura, d'un
- climat
- propice au développement et au maintien d'un mouvement
- syndical réellement
- libre et indépendant.