National Legislation on Labour and Social Rights
Global database on occupational safety and health legislation
Employment protection legislation database
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Informations écrites communiquées par le gouvernement
Poursuite de l’amélioration de la législation nationale en vue de sa mise en conformité avec la convention
À des fins de modernisation complète de la sphère des droits de l’homme, le Président de la République du Kazakhstan, K.K. Tokayev, a signé le 9 juin 2021 le décret relatif aux nouvelles mesures pour les droits de l’homme de la République du Kazakhstan. Ce décret définit de nouveaux domaines d’intervention gouvernementale en matière de droits de l’homme afin d’assurer la primauté de l’état de droit.
Cela signifie que la protection des droits de l’homme doit être assurée par le biais d’une amélioration de la loi et des instruments légaux en vigueur.
Le 13 avril 2022, ce décret a été modifié par l’ajout d’un nouveau domaine d’intervention, le droit à la liberté syndicale.
Pour la mise en application du décret, le gouvernement a élaboré un plan pour de nouvelles mesures dans le domaine des droits de l’homme et de l’état de droit, qui prévoit une «poursuite de l’amélioration de la législation nationale et des mesures d’exécution dans le contexte des organisations syndicales et du règlement des conflits du travail, avec notamment la prise en compte des recommandations de l’Organisation internationale du Travail» (projet de loi pour la fin 2022, loi pour le premier trimestre 2023).
Pour atteindre cet objectif, le ministère du Travail et de la Protection sociale de la République du Kazakhstan a élaboré, avec les partenaires sociaux, des amendements à plusieurs textes législatifs:
Le premier consiste en une modification de la procédure de notification lors de l’enregistrement officiel des syndicats.
La procédure de notification en vue de l’enregistrement implique d’informer les autorités judiciaires du début de leurs activités en envoyant une notification par voie électronique, laquelle doit être remplie sur le portail Web de l’administration en ligne.
Si cette règle est adoptée, l’organe d’enregistrement n’aura pas le droit de refuser l’enregistrement officiel en tant que syndicat, comme en dispose la législation en vigueur.
Le deuxième consiste à simplifier la procédure de dépôt des revendications des travailleurs en cas de conflit collectif du travail.
Il est prévu de le faire en modifiant le Code du travail de la République du Kazakhstan pour réduire le nombre de salariés présents à une réunion (conférence) pour qu’il soit reconnu comme constituant un quorum, et pour abaisser, des deux tiers à plus de la moitié, le nombre de votes requis pour l’adoption d’une décision.
La simplification de cette procédure facilitera la sortie des conflits collectifs du travail dans le cadre légal.
Le troisième concerne la tenue des grèves d’avertissement de courte durée (une heure).
Si cette règle est adoptée, les salariés auront le droit de manifester le sérieux de leurs intentions sans porter préjudice aux processus de production ni causer de pertes à l’employeur.
L’action de courte durée est censée inciter les employeurs à s’asseoir à la table de négociation sans que cela implique quoi que ce soit pour l’une ou l’autre partie.
Le quatrième est que, pendant une grève, l’employeur n’a pas le droit de remplacer les grévistes participant à une grève organisée dans le respect de la procédure établie.
Cette règle vise à ce que l’employeur ait davantage intérêt à rechercher une solution qu’à un conflit collectif du travail.
Le cinquième consiste à obliger l’employeur à mettre des locaux à disposition et à créer les conditions nécessaires à la tenue d’une réunion (conférence) des salariés.
Les amendements proposés sont en cours de négociation.
Concernant l’interdiction faite à Mme Kharkova et à M. Baltabay de s’engager dans des activités syndicales
L’interdiction faite à L. Kharkova d’occuper un poste dans une association publique ou toute autre organisation non gouvernementale vient à expiration en novembre 2022.
L. Kharkova a introduit un pourvoi en cassation contre ces décisions judiciaires.
Son pourvoi en cassation a, dans un premier temps, été soumis à un juge de la Cour suprême chargé d’examiner les éléments de l’instruction criminelle, sur la base desquels a été rendu, le 7 novembre 2018, un arrêt déboutant la demanderesse pour cause d’absence de motifs justifiant un réexamen de sa condamnation.
Les 22 mai et 27 décembre 2019, le recours en révision du rejet en cassation introduit par L. Kharkova auprès du président de la Cour suprême a été rejeté pour absence de motifs de révision.
L’interdiction faite à E. Baltabay d’occuper un poste dans une association publique ou toute autre organisation non gouvernementale vient à expiration en 2026.
E. Baltabay n’a pas fait appel de sa condamnation supplémentaire.
Concernant le cas de M. Senyavsky
Plusieurs mesures d’enquête et d’instruction n’ont pas permis d’identifier les auteurs de ce délit pénal.
Le 10 décembre 2019, la réalisation des devoirs d’instruction de cette affaire pénale a été interrompue en raison de l’impossibilité d’identifier les auteurs du crime en question.
Par ailleurs, des agents de la police de la ville de Shakhtinsk enquêtent et interviennent dans le but d’identifier les auteurs de ce crime.
En cas d’informations positives, D. Senyavsky en sera avisé par le parquet dans les délais prescrits par la loi.
Concernant le Congrès des syndicats libres de l’Association syndicale nationale du Kazakhstan
L’association a rentré à quatre reprises les documents d’enregistrement (trois fois dans la période allant de juillet à septembre 2018 ainsi qu’en novembre 2019).
Son enregistrement a été refusé en raison d’une similitude de noms avec une personne morale déjà enregistrée, l’Association des personnes morales, la Confédération des syndicats libres de l’Association du Kazakhstan, et aussi parce que la charte faisait référence à la succession juridique d’une organisation actuellement liquidée, la Confédération des syndicats indépendants de la République du Kazakhstan, association syndicale nationale.
Aucune des demandes d’enregistrement qui ont suivi (17 août 2018, 18 septembre 2018 et 14 novembre 2019) n’avait donné suite à l’un des commentaires formulés dans l’ordonnance du 25 juillet 2018.
Aucun document d’enregistrement officiel n’a été reçu à ce jour
Concernant le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie
Ce syndicat a introduit à cinq reprises (21 septembre, 4 octobre, 3 novembre et 23 décembre 2021, et 11 mars 2022) des demandes d’enregistrement d’un affilié de la région d’Atyrau, lesquelles ont été rejetées à cinq reprises aussi (décisions des 28 septembre, 11 octobre et 20 décembre 2021, et des 11 février et 18 mars 2022).
Le motif de ce refus est l’absence d’un sceau sur la demande, le paiement incomplet du droit d’enregistrement, des incohérences entre les statuts de l’affilié et la charte de la personne morale, les statuts ne donnant pas l’adresse complète de la personne morale.
Par ailleurs, une demande d’enregistrement d’un affilié d’Almaty a été déposée le 30 décembre 2021. Toutefois, l’enregistrement de cet affilié a été refusé le 10 février 2022.
Le 13 avril 2022 a été déposée une deuxième demande d’enregistrement d’un affilié à Almaty. L’enregistrement de cet affilié a été refusé sur décision du Département de la justice d’Almaty du 18 mai 2022.
Il est à noter que le demandeur a le droit de demander à nouveau l’enregistrement de l’affilié après avoir remédié aux manquements.
Aucun autre problème n’a été constaté entre 2021 et 2022 s’agissant de la création d’associations de travailleurs. Le ministère du Travail n’a reçu aucune plainte de cet ordre, notamment de la part des partenaires sociaux.
Concernant la révision de l’article 402 du Code pénal
La dépénalisation de l’article 402(1) du Code pénal, qui pénalise les appels à une action de grève déclarée illégale par la justice, est actuellement à l’étude.
Il est envisagé de faire de l’article 402(1) du Code pénal une infraction administrative plutôt qu’un délit pénal. La responsabilité pénale ne sera établie que lorsque des incitations à poursuivre une grève déclarée illégale par la justice ont causé un préjudice substantiel aux droits et intérêts licites de citoyens ou d’organisations, ou aux intérêts de la société ou de l’État protégés par la loi, ou provoqué des émeutes de grande ampleur.
Les amendements proposés sont soumis à l’approbation des pouvoirs publics concernés.
Concernant l’inclusion d’associations internationales de travailleurs et d’employeurs dans la liste des organisations accordant des aides
Le ministère du Travail et le ministère de l’Économie étudient actuellement l’ajout de plusieurs organisations internationales à cette liste.
Par ailleurs, une révision de la procédure d’élaboration de cette liste est à l’examen.
Concernant l’application dans la pratique des articles 145 et 154 du Code pénal et de l’article 97(2) du Code des infractions administratives
Le ministère du Travail a procédé à une analyse des mesures d’application dans la pratique des articles 145 (violation des droits humains) et 154 (obstruction aux activités licites de représentants des salariés) du Code pénal.
Les statistiques montrent que, entre 2018 et 2022, deux enquêtes préliminaires ont été ouvertes (en 2018 et 2021) au titre de l’article 154 du Code pénal, mais qu’elles ont été abandonnées.
Au cours de la même période, il n’y a eu aucune enquête au titre de l’article 145 du Code pénal.
De même, il n’est fait mention d’aucun cas en application de l’article 97(2) du Code des infractions administratives.
«À cet égard, la commission prie le gouvernement de modifier à nouveau l’article 20 du Code du travail, en consultation avec les partenaires sociaux, afin de le rendre conforme à la convention et d’éliminer les contradictions qui existent entre les dispositions susmentionnées du Code du travail. La commission prie le gouvernement d’indiquer toutes les mesures prises à cette fin.»
Conformément à la législation du travail, les représentants des travailleurs sont des organisations syndicales et leurs associations et, en leur absence, des représentants élus qui ont été élus et habilités lors d’une assemblée générale (conférence) des travailleurs par un vote majoritaire des participants, en présence des deux tiers au moins des salariés (délégués à la conférence).
Afin de se conformer aux dispositions de la convention (nº 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949, et de la convention (nº 135) concernant les représentants des travailleurs, 1971, la législation du travail a été modifiée en conséquence en mai 2020.
Suivant les nouvelles dispositions du Code du travail de la République du Kazakhstan, lorsque l’effectif d’un syndicat représente moins de la moitié du personnel de l’organisation, les intérêts des travailleurs peuvent être représentés par des organisations syndicales et des représentants élus.
Par ailleurs, une négociation collective entre employeurs et salariés sans la participation d’une organisation syndicale n’est pas autorisée si une organisation syndicale s’est créée dans l’organisation en question.
Ces changements ont permis de trouver un juste milieu entre les intérêts des travailleurs syndiqués et non syndiqués et de tenir pleinement compte des points de vue de l’ensemble du collectif de travail, sans empiéter sur les droits des affiliés à un syndicat.
En outre, préalablement à l’adoption de ces amendements au Code du travail, leur libellé a été accepté à la fois par les partenaires sociaux et par l’OIT. Le ministère a envoyé une lettre à cet effet et a reçu une réponse positive en retour
Discussion par la commission
Interprétation du russe: Représentant gouvernemental – Nous sommes Membre de l’OIT depuis plusieurs années et nous nous acquittons de nos obligations. Nous avons ratifié 25 conventions. En avril 2022, nous avons ratifié la convention (no 175) sur le travail à temps partiel, 1994. Nous avons également établi un programme pour l’application de la convention no 87 et, dans ce cadre, en 2020, plusieurs changements substantiels ont été apportés à la législation concernant les syndicats, y compris le Code du travail et le Code pénal de notre pays. L’année dernière, à la Conférence, j’ai informé la commission de ces changements et des activités menées au Kazakhstan. À sa 109e session, la Conférence a formulé plusieurs recommandations et je tiens à vous donner les dernières informations concernant ces points. Les activités menées ont également tenu compte du rapport de la mission de contacts directs, qui s’est rendue dans notre République du 4 au 12 mai.
Je tiens à remercier l’équipe de la mission, dirigée par Niklas Bruun, qui s’est rendue dans notre République et a formulé une série de recommandations. S’agissant des recommandations relatives à la mise en conformité de la législation nationale avec la convention, nous nous sommes employés à améliorer notre législation dans ce domaine, en améliorant l’enregistrement des syndicats et en accordant aux syndicats et aux travailleurs le plein droit à la liberté syndicale.
Nous avons modernisé le domaine de la protection des droits, et le Président du Kazakhstan a publié un décret sur d’autres mesures dans le domaine des droits de l’homme dans le pays, en définissant des domaines de travail supplémentaires, pour le gouvernement, dans le domaine des droits de l’homme, et en particulier s’agissant de la garantie de la primauté du droit, en assurant la protection des droits de l’homme moyennant l’application de la loi et des instruments existants. L’un des principaux domaines de travail reflété dans le décret du Président est le droit à la liberté syndicale.
Le 28 avril de cette année, le gouvernement a confirmé les mesures sur les droits de l’homme et la primauté du droit. Le ministère du Travail a élaboré, avec les partenaires sociaux, des modifications à apporter à plusieurs lois. Le délai fixé à l’élaboration de ces textes est la fin de cette année et nous espérons qu’alors ces amendements seront soumis au Parlement. Permettez-moi d’aborder dans le détail les changements que nous avons mis en place avec les partenaires sociaux.
Premièrement, l’application des mesures relatives à l’enregistrement. Il convient de noter ici que des questions ont été posées sur l’enregistrement de syndicats individuels, y compris en tant que personnes morales. Le système d’enregistrement des syndicats impose que l’on informe le ministère de la Justice en soumettant une notification électronique. Cela signifie que l’organisme d’enregistrement ne sera pas en position de refuser l’enregistrement, et il n’en aura pas le droit, comme le prévoit la législation actuellement en vigueur. Nous espérons que les syndicats individuels pourront désormais procéder à leur enregistrement.
Deuxièmement, il y a un système de pratiques pour ce qui concerne les plaintes ou les revendications des travailleurs et les grèves. Plusieurs règles ont été proposées pour améliorer ce système en cas de différend collectif du travail. À titre d’exemple, les amendements au Code du travail, qui réduisent le nombre de travailleurs nécessaires, et une conférence visant à reconnaître ces problèmes, ainsi que la modification de la majorité requise, en l’abaissant des deux tiers à la moitié. Nous espérons que cela permettra d’améliorer le règlement des conflits collectifs du travail.
Troisièmement, la pénalisation de questions qui étaient criminalisées dans le passé, y compris les sujets relatifs aux grèves. Nous avons examiné ce point dans le groupe de travail intersectoriel, avec le ministère public, en mai de cette année. L’article qui incrimine ces activités a été supprimé et, à mesure que nous améliorons la législation, nous examinons la question de la transposition de certaines dispositions dans la sphère administrative.
Quatrièmement, s’agissant de la notification des grèves, l’introduction de ces règles permettrait aux travailleurs d’exprimer leur vive préoccupation en toute légitimité. Nous espérons donc qu’il sera possible d’y parvenir sans conséquences négatives pour les deux parties.
Cinquièmement, une autre disposition à venir concerne l’interdiction de remplacer les travailleurs grévistes par d’autres travailleurs.
Sixièmement, la création des conditions nécessaires pour que les syndicats puissent s’organiser et se rencontrer.
S’agissant des recommandations visant à garantir une meilleure assise à l’enquête en cas d’accusations contre des syndicalistes, le gouvernement examine cela avec le ministère public. Il existe des cas individuels qui sont sous examen par le ministère de l’Intérieur. Les informations pertinentes sont examinées et, bien entendu, tous les organismes concernés seront tenus au courant de l’avancée de ces affaires. En ce qui concerne la pratique consistant à poursuivre les dirigeants syndicaux, et trois ou quatre cas ont été mentionnés dans le rapport, aucune de ces procédures pénales n’est liée à des activités syndicales légitimes, mais plutôt à des activités délictueuses réelles. En 2021 et 2022, il n’y a eu aucune affaire pénale visant des dirigeants syndicaux.
S’agissant des recommandations 5 et 6 relatives à l’enregistrement des syndicats directement, je peux dire que, en l’état actuel des choses, nous disposons d’un groupe de travail conjoint dont fait partie le ministère de la Justice, groupe qui travaille sur tous les problèmes susceptibles de survenir lorsque des associations sont enregistrées, y compris des syndicats, et qui compte des représentants des organes judiciaires et des représentants des syndicats. Par conséquent, toute plainte relative à l’enregistrement peut être examinée au sein de ce groupe de travail, sur la base du principe de la coopération. L’adoption des amendements à la législation est en cours, comme je l’ai dit. Plusieurs syndicats sectoriels et organisations locales ont été enregistrés, et les activités continues visant à enregistrer les syndicats en tant que personnes morales se poursuivront parallèlement à la modification de la loi, dont je vous ai déjà informé.
Je tiens à dire que, s’agissant des cas individuels, le refus d’enregistrement en tant que personne morale est examiné pour ce qui concerne le fondement de ces décisions et, comme je l’ai dit, la loi dans ce domaine est sous examen.
S’agissant du favoritisme, nous avons des confédérations qui couvrent environ 3 millions de travailleurs, soit environ la moitié des travailleurs de la République. Nous comptons 56 syndicats, 35 syndicats régionaux et environ 400 syndicats locaux. Dans l’accord général passé entre le gouvernement et les associations de travailleurs et d’employeurs, nous avons décidé de ne pas autoriser l’ingérence dans les affaires de ces associations. Les syndicats participent activement aux différents forums de discussion. Nous avons clairement établi l’obligation de ne pas permettre l’ingérence juridique, par le gouvernement, dans les associations et organisations de la société civile.
S’agissant des changements apportés aux organisations d’employeurs, la Chambre nationale des entrepreneurs (NCE) est également concernée par les modifications que nous apportons et dont j’ai déjà parlé.
Je tiens à vous informer du fait que, s’agissant de nos activités tripartites, nous avons décidé que des projets de lois individuels seraient établis sur les organisations syndicales. Nous avons chargé nos organisations de travailleurs de conduire un dialogue social efficace avec les organisations d’employeurs et le gouvernement; ces travaux se poursuivront cette année.
En ce qui concerne la coopération internationale, je peux vous informer que des modifications que nous avons apportées à la loi sur les syndicats et au Code du travail bénéficieront de la coopération avec les organisations internationales. Nous avons reçu un appui grâce à la 109e session de la Conférence et à la mission de contacts directs de mai de cette année, et nous poursuivrons notre travail visant à mettre en œuvre ces recommandations. Le gouvernement du Kazakhstan fera tout son possible pour renforcer le dialogue social dans l’intérêt de relations professionnelles efficaces. Nous poursuivrons ce travail et mettrons notre législation nationale en conformité avec les dispositions de la convention.
Membres travailleurs – Le Kazakhstan semble ne pas parvenir à régler ses problèmes de non-conformité avec la convention, malgré les nombreuses recommandations qui lui ont été adressées et les nombreuses initiatives prises pour tenter d’apporter une solution à la situation, notamment la mission de contacts directs décidée l’année dernière et qui a eu lieu récemment en mai de cette année.
Nous devons encore constater avec une profonde préoccupation que, dans la pratique, de nombreuses violations des droits et libertés consacrés par la convention persistent, malgré certaines modifications législatives intervenues ces dernières années et les projets de modification annoncés par le gouvernement.
Le temps des déclarations d’intention est passé. Il convient désormais que le gouvernement du Kazakhstan prenne des actions concrètes et décisives en vue de résoudre durablement les nombreux problèmes mis en avant, et ces problèmes ne sont pas des moindres.
Les problèmes de conformité avec la convention ne peuvent être abordés sans les replacer dans le contexte politique du pays. Ce contexte se caractérise par un déficit démocratique qui ne permet pas le plein exercice des libertés civiles, y compris la liberté syndicale. Nous avons en effet vu, au début de l’année, une répression massive et très violente par les forces de l’ordre de manifestations pacifiques déclenchées pour dénoncer la pauvreté, les inégalités sociales extrêmes et l’augmentation des prix au Kazakhstan.
Il est évident que le respect scrupuleux de la liberté syndicale et l’engagement de véritables dynamiques de dialogue social offriront les garanties nécessaires pour résoudre les grandes inégalités dans le pays.
Au Kazakhstan, la violence à l’égard des syndicalistes reste monnaie courante. Le président du Syndicat des travailleurs du complexe pétrolier et énergétique de Chakhtinsk, M. Senyavsky, en a été victime en novembre 2018. À cette violence vient s’ajouter un laxisme des autorités dans la diligence des enquêtes, dans l’engagement de poursuites et dans la condamnation des auteurs de ces violences. En effet, aucun progrès significatif n’a été engrangé dans cette affaire depuis 2018.
Le même constat s’applique pour les événements tragiques de Zhanaozen en 2011 qui avaient entraîné la mort de 17 grévistes et où plus de 100 grévistes avaient été blessés suite à une répression extrêmement violente de ce mouvement de grève.
Le maintien d’un climat d’impunité à l’égard des auteurs de telles violences est extrêmement préjudiciable et constitue un obstacle majeur au libre exercice de la liberté syndicale dans le pays.
Par ailleurs, le Code pénal permet d’infliger une interdiction d’exercer une fonction publique, y compris des fonctions syndicales, ce qui est en contravention avec la convention. Mme Kharkova, présidente de la Confédération des syndicats indépendants du Kazakhstan (KNPRK), et M. Baltabay, leader du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie, qui a déjà témoigné devant notre commission il y a quelques années, sont frappés d’une telle sanction. Cela constitue une entrave à leur liberté syndicale.
Ces deux exemples illustrent les pratiques de harcèlement judiciaire à l’encontre de leaders syndicaux toujours à l’œuvre dans le pays.
Le recours aux arrestations administratives pour entraver les actions syndicales légitimes fait également partie de ces pratiques de harcèlement judiciaire. Nous l’avons par exemple constaté, en octobre 2021, avec la détention administrative de Jenis Orynaliev, quelques mois après son élection à la présidence de son syndicat, et le jour même où une action du syndicat était prévue, ainsi qu’en décembre 2021, avec la détention administrative pour dix jours de Saule Seidakhmetova, leader du syndicat Ymit, pour sa participation à une action légitime déclarée illégale par une cour administrative.
D’autres syndicalistes font également l’objet d’une interdiction d’exercer toute fonction dans une organisation publique ou non gouvernementale par mesure de représailles pour leurs activités syndicales, notamment MM. Eleusinov et Kushakbaev, leaders syndicaux au sein du Syndicat des travailleurs des combustibles et de l’énergie.
La commission d’experts a également relevé que le Code pénal sanctionne l’incitation à poursuivre une grève déclarée illégale par le tribunal d’une peine d’emprisonnement. Le gouvernement annonce qu’une révision profonde de l’article 402 du Code pénal figure dans un plan de mesures urgentes à adopter dans le domaine des droits de l’homme, notamment la liberté syndicale.
Infliger des peines ou des sanctions pour le simple fait d’appeler à une grève pacifique, même déclarée illégale par les tribunaux, est contraire à la convention.
Le rapport de la commission d’experts pointe encore une fois la problématique récurrente au Kazakhstan des procédures d’enregistrement ou de réenregistrement des organisations syndicales. De nombreuses organisations syndicales sont confrontées à de graves difficultés alors qu’il ne devrait s’agir que d’une simple formalité.
Nous devons être au regret de constater que ces procédures d’enregistrement sont encore et toujours utilisées pour entraver le processus de création ou le bon fonctionnement des organisations syndicales libres et indépendantes, en totale contravention à la convention.
La KNPRK, désormais le Congrès des syndicats libres, s’est vu dès 2017 retirer son enregistrement en représailles à la discussion du cas devant la commission. Depuis cinq ans maintenant, et malgré les engagements répétés du gouvernement, même devant la commission, le syndicat n’a toujours pas été enregistré.
Le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie a quant à lui fait l’objet d’une décision de justice suspendant ses activités, qui a entraîné un processus de dissolution du syndicat. La venue de la mission de contacts directs n’a pas permis de débloquer la situation, ce que la mission n’a pas manqué de regretter dans son rapport.
Il conviendra que le Kazakhstan poursuive son travail en concertation avec les partenaires sociaux pour garantir l’efficacité, l’impartialité et l’indépendance de ces procédures d’enregistrement.
À cet égard, nous invitons le Kazakhstan à revoir la composition du groupe de travail permanent chargé d’examiner les problématiques liées à l’enregistrement des syndicats pour y intégrer également les syndicats indépendants.
Enfin, la législation interdit en principe l’aide financière fournie par des organisations internationales de travailleurs. Cette législation prévoit que des exceptions peuvent être accordées, mais à des conditions beaucoup trop strictes et qui entravent fortement la liberté syndicale, en contravention à l’article 5 de la convention.
Nous le savons et nous le répétons depuis de nombreuses années: les libertés et droits fondamentaux du travail sont méconnus de longue date au Kazakhstan.
Nous l’avons aussi vu avec les événements du début de cette année: un environnement dans lequel les libertés civiles, y compris les libertés syndicales, ne peuvent être librement exercées ne peut que donner lieu à des injustices.
Il est dès lors de la responsabilité du gouvernement de veiller à rétablir un environnement propice à l’exercice de ces libertés civiles et à engager un réel processus de dialogue avec les partenaires sociaux qui sera de nature à garantir une paix sociale durable et à ouvrir la voie à davantage de justice sociale pour la population du Kazakhstan.
Membres employeurs – Nous remercions le gouvernement pour le rapport qu’il a présenté ce matin à la commission et pour les informations détaillées qui ont été fournies. Nous remercions également le gouvernement pour sa communication du 28 mai, et nous avons soigneusement étudié toutes ces informations.
Nous notons avec un intérêt particulier les déclarations du représentant gouvernemental concernant les changements affectant la NCE et son engagement en faveur du dialogue social.
Notre discussion, cette année, du cas du Kazakhstan à propos de la convention arrive à point nommé, car elle va nous permettre d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des conclusions de la commission de juin dernier et de prendre en considération la mission de contacts directs de l’OIT qui a eu lieu début mai 2022.
On se souviendra notamment que, l’an dernier, la commission avait demandé au gouvernement d’accepter une mission de contacts directs de l’OIT avant la session de la Conférence de cette année. Les membres employeurs se félicitent que cette mission de contacts directs au Kazakhstan ait été acceptée et ait eu lieu au début du mois de mai.
Nous notons que la mission de l’OIT a pu rencontrer tous les organes de l’État et toutes les personnes qu’elle estimait important de rencontrer. La mission s’est félicitée de la volonté et de l’intérêt du gouvernement à continuer à coopérer avec l’OIT.
Si elle a également noté les progrès accomplis pour se mettre en conformité avec la convention, tant en droit que dans la pratique, la mission de l’OIT n’est pas entièrement convaincue que toutes les mesures ont été prises à cet égard. Constat que partagent les membres employeurs concernant les informations contenues dans le rapport de la commission d’experts et fournies par le gouvernement du Kazakhstan. Je voudrais par conséquent aborder les questions qui, selon nous, restent en suspens.
Premièrement, un problème majeur que pose la liberté syndicale des employeurs au titre de la convention au Kazakhstan concerne la création, par la loi, de la NCE. Il convient de rappeler que l’adhésion à la NCE est obligatoire et que celle-ci dispose d’une compétence absolue pour représenter les employeurs, ce qui a eu pour effet de marginaliser les organisations d’employeurs libres et indépendantes.
Une mesure positive prise par le gouvernement a été l’abrogation de l’article 148(5) du Code du travail, qui habilitait la NCE à représenter les employeurs dans le dialogue social aux niveaux national, sectoriel et régional. Ainsi, selon la loi, la NCE n’est pas censée participer au nom des employeurs au dialogue social et à la négociation collective.
Cela étant, la mission de contacts directs de l’OIT a mis en évidence que le gouvernement fait toujours participer la NCE au dialogue social et que cette dernière demeure impliquée dans la négociation collective. En d’autres termes, la législation a bien été modifiée, mais rien n’a changé dans la pratique.
Nous notons également que la question de l’accréditation des organisations d’employeurs auprès de la NCE n’a pas été traitée de manière satisfaisante. Il ne s’agit pas, comme semble le suggérer le gouvernement, d’une simple question interne à la NCE, qui est une organisation semi-publique.
Les organisations d’employeurs, par le biais de l’accréditation, deviennent financièrement dépendantes de la NCE et ne sont donc plus libres pour assurer la représentation des intérêts de leurs membres. À notre avis, le système d’accréditation devrait être supprimé. En tout état de cause, les organisations d’employeurs accréditées auprès de la NCE doivent être considérées comme faisant partie de la structure de la NCE et ne peuvent donc pas être admises à participer au dialogue social et à la négociation collective.
Pour résumer ce point, le groupe des employeurs demande au gouvernement de veiller à ce que la NCE, conformément à la loi, se retire complètement du dialogue social et de la négociation collective et laisse ce domaine de compétence aux organisations d’employeurs libres et indépendantes. Le système d’accréditation des organisations d’employeurs auprès de la NCE doit être supprimé. En outre, pour renforcer la reconnaissance de la liberté syndicale des employeurs et de leurs organisations, il peut être opportun d’adopter une réglementation qui établit l’indépendance et l’autonomie des organisations d’employeurs et les conditions leur donnant le droit de participer au dialogue social et à la négociation collective.
Se posent également des questions en matière de respect de la liberté syndicale des travailleurs pour lesquelles nous ne constatons aucun progrès manifeste. En particulier, nous notons la question du droit des organisations de recevoir une aide financière d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs, qui est protégé par l’article 5 de la convention. À cet effet, nous notons l’intention du gouvernement, dans le cadre de l’ordonnance no 177 du 9 avril 2018, d’envisager d’inclure un certain nombre d’organisations internationales sur la liste des organisations pouvant accorder des subventions et de revoir la procédure d’établissement de cette liste. Nous demandons au gouvernement de modifier cette liste et de nous tenir informés des résultats de l’examen de la procédure d’établissement de cette liste.
Nous constatons que, en ce qui concerne la question de l’enregistrement de la KNPRK, les choses ne semblent pas avoir progressé. Le gouvernement indique qu’aucune des observations formulées dans l’ordonnance du 25 juillet 2018 n’a été prise en compte dans les demandes d’enregistrement ultérieures de la KNPRK et que, à ce jour, aucun document d’enregistrement national n’a été reçu. Concernant le refus de l’enregistrement du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie, selon le gouvernement, le 30 décembre 2021, une demande a été déposée pour l’enregistrement d’un affilié qui a été refusée. Une deuxième demande a été reçue récemment, le 18 mai 2022. Nous avons également noté que le ministre du Travail et de la Protection sociale a déclaré à la mission de contacts directs de l’OIT qu’il entend simplifier la procédure d’enregistrement actuelle soit en la remplaçant par une procédure de notification, soit en autorisant les syndicats à fonctionner sans enregistrement. Ce projet de loi, selon nos informations, devrait être élaboré d’ici à la fin de 2022.
Les membres employeurs accueillent favorablement ce projet et espèrent que les partenaires sociaux seront pleinement consultés au sujet de cette nouvelle loi, qui, nous l’espérons, sera adoptée rapidement.
Dans l’intervalle, nous demandons au gouvernement de continuer à traiter la question toujours en suspens de l’enregistrement de la KNPRK et du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie.
Enfin, nous notons que la commission d’experts a formulé un certain nombre de commentaires sur l’article 402 du Code pénal, selon lequel toute incitation à poursuivre une action de grève déclarée illégale par la justice est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à cinquante jours de détention et, dans certains cas, jusqu’à deux ans d’emprisonnement. Nous n’aborderons pas les commentaires des membres travailleurs à cet égard et nous ne commenterons ni les observations de la commission d’experts à cet égard ni les déclarations du gouvernement, car à notre avis il n’y a aucune raison de faire une demande au gouvernement à cet égard. On le sait, le groupe des employeurs et le groupe gouvernemental du Conseil d’administration du BIT estiment que le droit de grève doit être réglementé au niveau national. La présente convention ne contient pas de règles à ce sujet, et ce point ne peut donc être abordé ni dans les conclusions de cette affaire ni de manière substantielle dans notre discussion.
Interprétation du russe: Membre travailleur, Kazakhstan – La Fédération des syndicats du Kazakhstan, qui est la plus grande organisation de travailleurs du Kazakhstan, compte 23 syndicats sectoriels et des syndicats locaux, regroupant plus de 2 millions de travailleurs. Deux autres associations républicaines, la Confédération du travail du Kazakhstan et le Syndicat Amanat viennent s’y ajouter. Nous travaillons ensemble et l’accord général pour 2021‑2023 en témoigne; les trois confédérations syndicales ont adopté la même position et ont soumis/proposé un projet à la commission. La Fédération des syndicats a toujours été en faveur d’une action unitaire des syndicats et a déjà soutenu des programmes de solidarité pour les organisations syndicales internationales. Nous nous sommes prononcés à plusieurs reprises en faveur de la position défendue par nos collègues Larisa Kharkova, Dimitri Senyavsky, Erlan Baltabay et d’autres concernant l’annulation de condamnations antérieures et l’enregistrement de leurs syndicats respectifs. La Fédération des syndicats met tout en œuvre pour appliquer les principes de l’OIT, y compris par le biais d’une nouvelle législation.
Le gouvernement a rédigé et présenté des propositions pour répondre à la demande des experts de l’OIT et aux conclusions de la commission, et celles-ci ont été prises en compte dans la loi adoptée en mai. Cette loi contient des dispositions pour les membres des syndicats mentionnés, assure la coopération et le soutien international et simplifie les conditions de confirmation du statut des syndicats lors de leur enregistrement auprès de l’État.
Actuellement, la Fédération des syndicats introduit d’autres améliorations de ces règles, notamment la notification de l’enregistrement des syndicats, et c’est une initiative qui est soutenue par le gouvernement.
Certaines lois nationales ont permis d’améliorer la situation, notamment en ce qui concerne l’article 402 du Code pénal. Les commentaires de la commission d’experts sur cette question ont bien été pris en compte. Mais demeure la question des incidents qui ont conduit à une détention justifiée. Nous cherchons à améliorer encore la législation du pays, notamment par rapport aux conditions requises pour les grèves, en renforçant le rôle des comités d’arbitrage et celui des syndicats lors des discussions sur les conflits du travail.
Le comité interministériel du gouvernement se penche actuellement sur ces questions et le projet de loi sera bientôt présenté au Parlement du Kazakhstan. En outre, les représentants de la Fédération des syndicats ont fait un certain nombre de propositions relatives au projet de loi concernant la sécurité au travail et la protection des droits des travailleurs.
L’un des amendements que nous avons proposés concerne l’indexation des salaires pour les emplois de courte durée. Nous poursuivons également notre travail dans le domaine de la coopération technique avec le BIT et le département des normes.
En conclusion, je tiens à réaffirmer que la Fédération des syndicats a toujours été en faveur d’un dialogue constructif entre les partenaires sociaux dans l’intérêt des travailleurs. Nous entrons dans une nouvelle phase de développement de notre pays et nous espérons bénéficier de l’assistance technique du BIT en ce qui concerne l’application de la convention. Les attentes dans le pays sont extrêmement élevées et ne devraient pas être déçues.
Interprétation du russe: Membre employeur, Kazakhstan – Nous sommes conscients des recommandations qui ont été faites l’année dernière et cette année, et nous voyons certains effets de leur application au Kazakhstan. L’OIT a certainement joué un rôle important dans les améliorations qui ont eu lieu.
Je représente la NCE qui a connu de profondes transformations: renforcement de l’équipe dirigeante, identification des domaines de travail et révision des objectifs à court et à long terme.
Je tiens à dire que, au cours de ces deux mois, le nombre de membres a été multiplié par trois, et le travail dans ce domaine se poursuit. Je tiens également à remercier la mission de contacts directs dirigée par M. Bruun. Toutes les questions relatives aux modifications de la législation et autres questions soulevées par la mission sont en cours de traitement. Une organisation d’employeurs indépendante se met en place et de nouvelles lois sont présentées au Parlement. La mission de contacts directs a identifié un certain nombre de domaines où nous devons nous efforcer d’éliminer certaines incohérences. Cependant, comme le président de notre organisation l’a mentionné à l’occasion de la visite, il est important de continuer à construire une organisation d’employeurs forte et indépendante qui puisse défendre efficacement les intérêts des employeurs.
Notre confédération travaille activement avec les organisations internationales et poursuivra sa coopération pour développer et renforcer le dialogue social au Kazakhstan. Nos objectifs sont tout à fait conformes aux objectifs prioritaires de notre pays, et nous sommes tous conscients de la nécessité d’une réforme efficace au Kazakhstan.
Membre gouvernementale, France – Je m’exprime au nom de l’Union européenne (UE) et de ses États membres. L’Albanie, pays candidat, et la Norvège, pays de l’Association européenne de libre-échange, membre de l’Espace économique européen, s’alignent sur la présente déclaration.
L’UE et ses États membres sont attachés à la promotion, à la protection, au respect et à la réalisation des droits de l’homme, y compris les droits du travail, le droit d’organisation et la liberté d’association.
Nous encourageons activement la ratification et la mise en œuvre universelles des normes internationales fondamentales du travail, y compris la convention no 87 sur la liberté d’association. Nous soutenons l’OIT dans son rôle indispensable d’élaboration, de promotion et de contrôle de l’application des normes internationales du travail ratifiées et des conventions fondamentales en particulier.
Les relations entre l’UE et le Kazakhstan sont régies par l’accord de partenariat et de coopération, qui nous a permis de renforcer notre coopération bilatérale. Par cet accord, les parties réaffirment leurs engagements à mettre en œuvre de manière effective les conventions ratifiées de l’OIT et les conventions fondamentales de l’OIT.
Tout en reconnaissant les progrès réalisés par le gouvernement dans la modification de certaines parties de sa législation, nous sommes préoccupés par le fait que le Kazakhstan est devenu un cas récurrent à la Commission de l’application des normes. La conformité à la convention, tant en droit que dans la pratique, est maintenant discutée pour la cinquième fois au cours des six dernières années. Nous encourageons le gouvernement à traiter rapidement les questions en suspens afin de se conformer pleinement à la convention.
Nous exhortons une fois de plus le gouvernement à abroger l’article 402 du Code pénal, qui criminalise le fait «d’appeler les travailleurs à participer à une grève déclarée illégale par un tribunal». Cet article est incompatible avec la liberté d’association et la responsabilité du gouvernement de protéger le droit des travailleurs et des employeurs à organiser leurs activités, y compris le droit de grève.
Au-delà des amendements législatifs, nous demandons au gouvernement de veiller à ce que la liberté d’association ainsi que le droit de créer des organisations sans autorisation préalable et le droit d’organisation, tant en droit que dans la pratique, soient pleinement respectés. C’est un motif de préoccupation, compte tenu également du fait que les limitations des droits des travailleurs pourraient avoir été l’un des problèmes fondamentaux à l’origine des événements tragiques de janvier 2022 qui ont débuté dans la ville minière de Zhanaozen.
Nous notons avec inquiétude que, en dépit des conclusions claires des dernières discussions de la Commission de l’application des normes, la question de l’enregistrement du Congrès des syndicats libres (KNPRK) et du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie, qui se pose depuis longtemps, n’a toujours pas été résolue, afin de leur permettre de jouir de la pleine autonomie et indépendance d’une organisation de travailleurs libre et indépendante, de remplir leur mandat et de représenter leurs mandants sans plus attendre. Nous demandons au gouvernement de résoudre cette question, notamment par un engagement plus étroit avec les partenaires sociaux, afin de remédier aux difficultés identifiées par les syndicats cherchant à se faire enregistrer, afin de garantir le droit des travailleurs à créer des organisations sans autorisation préalable.
Nous notons que le Comité de la liberté syndicale poursuit l’examen des cas de M. Baltabay et de Mme Kharkova, ainsi que de M. Senyavsky. L’UE et ses États membres déplorent toute violation des droits fondamentaux des syndicalistes et tout acte de harcèlement, d’intimidation, d’agression ou d’emprisonnement à leur encontre. L’absence d’enquêtes et de jugements efficaces renforce le climat d’insécurité et d’impunité, qui nuit à la liberté d’association.
Nous réaffirmons également que les organisations de travailleurs et d’employeurs ne devraient pas être empêchées de recevoir une aide financière ou autre de la part des organisations internationales de travailleurs et d’employeurs, conformément aux conclusions adoptées l’année dernière.
Enfin, l’UE et ses États membres espèrent que les préoccupations soulevées dans cette déclaration seront prises en compte dans le cadre des processus de réforme globale en cours lancés par la nouvelle administration du Président Tokayev. Nous continuerons à suivre et à analyser la situation et restons attachés à notre étroite coopération et à notre partenariat avec le Kazakhstan.
Interprétation de l’allemand: Membre travailleuse, Allemagne – Je m’exprime au nom des travailleurs d’Allemagne et des pays nordiques. Dans les conclusions de l’année dernière, la commission a précisé les mesures que le gouvernement devait prendre pour mettre sa législation et sa pratique en conformité avec la convention. Malheureusement, le gouvernement ne semble pas avoir respecté les promesses faites dans sa déclaration finale à la commission. Le fait que les activités des syndicats et leurs membres sont toujours criminalisés est particulièrement préoccupant. Cette convention garantit que ces activités peuvent être menées dans un environnement qui respecte les libertés et les droits civils fondamentaux, car, pour citer le Comité de la liberté syndicale, «l’absence de ces libertés civiles enlève tout son sens au concept de droits syndicaux». Comment les syndicats sont-ils censés aider les travailleurs à faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19 si leurs représentants craignent d’être arrêtés et emprisonnés à chaque pas?
En octobre 2021, la police a arrêté le président du nouveau syndicat des travailleurs des plateformes, le jour même où celui-ci prévoyait de faire grève. En décembre 2021, le président du syndicat des grutiers a été condamné à dix jours de prison pour avoir participé à un rassemblement prétendument illégal. Les dirigeants et représentants syndicaux condamnés à des peines d’emprisonnement dans des circonstances douteuses ne sont pas autorisés à reprendre leurs activités même après l’expiration de leur peine.
Le Président du Kazakhstan a signé un décret sur de nouvelles mesures adoptées par la République du Kazakhstan dans le domaine des droits de l’homme, qui vise également à protéger la liberté syndicale. Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies a déclaré en novembre 2021 que le décret n’a aucun effet dans la pratique.
Dans les informations écrites qu’il a communiquées le 28 mai 2022 à la commission, le gouvernement a déclaré qu’un plan d’action devrait mettre en œuvre les recommandations de l’OIT d’ici à la fin de 2022 ou au premier trimestre de 2023. Cette tactique dilatoire est inacceptable compte tenu du fait que nous discutons depuis des années des violations de la convention. Nous demandons donc au gouvernement de soumettre à cette commission, de manière détaillée, les mesures qu’il prendra pour mettre définitivement et pleinement en application les obligations découlant de la convention.
Membre gouvernemental, Türkiye – Nous remercions le gouvernement du Kazakhstan pour les informations qu’il a fournies et saluons sa volonté d’agir et de coopérer de manière constructive avec l’OIT. Le gouvernement du Kazakhstan a déployé des efforts manifestes pour renforcer et adapter son cadre législatif afin de le rendre conforme aux normes de l’OIT. Nous l’encourageons à poursuivre dans cette voie à cet égard.
Nous nous félicitons qu’une mission de contacts directs de l’OIT se soit rendue au Kazakhstan en mai de cette année pour discuter de la mise en œuvre de la convention, et que la mission ait observé des progrès pour garantir que les syndicats jouissent du droit à la liberté syndicale.
Nous saluons les mesures positives prises par le gouvernement du Kazakhstan en consultation avec les partenaires sociaux, notamment sa prise en compte des observations de la commission d’experts pour modifier son droit interne. Il convient de reconnaître les récents amendements, notamment le fait de remplacer l’enregistrement des syndicats par l’État par une procédure de notification et la simplification de la procédure d’organisation d’une grève, apportés par le gouvernement du Kazakhstan afin de mettre sa législation nationale en conformité avec les normes de la convention.
Il convient de souligner que le gouvernement est déterminé à travailler sur les questions soulevées par l’OIT et les partenaires sociaux dans un esprit de dialogue constructif et qu’il est prêt à entamer une discussion ouverte sur la manière d’améliorer encore la situation avec les syndicats.
En outre, nous nous réjouissons que la présidence du Kazakhstan ait lancé une réforme politique importante visant à poursuivre la transformation et la modernisation du pays, notamment en ce qui concerne la protection des droits de l’homme et l’état de droit.
Nous pensons que le Kazakhstan, qui s’acquitte de ses obligations en matière de présentation de rapports relatifs aux conventions de l’OIT qu’il a ratifiées, continuera à travailler en étroite collaboration avec l’OIT et les partenaires sociaux.
Membre travailleur, États-Unis d’Amérique – Malheureusement, depuis que cet organe a examiné ce cas l’an dernier, le gouvernement du Kazakhstan a continué de refuser arbitrairement l’enregistrement à des syndicats indépendants. Par exemple, il n’a toujours pas répondu aux préoccupations déjà anciennes concernant l’enregistrement de la KNPRK. Depuis décembre 2021, le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie d’Almaty s’est fait refuser quatre fois son dossier d’enregistrement au motif de prétendues irrégularités administratives.
Dans l’intervalle, le syndicat des travailleurs du complexe des combustibles et de l’énergie de la région d’Almaty s’est vu refusé six fois son enregistrement, à chaque fois pour une raison différente. S’il est vrai que le gouvernement a établi des groupes de travail pour réformer le Code du travail, les syndicats indépendants ont été entièrement exclus de ce processus. En outre, le gouvernement poursuit sa campagne de harcèlement juridique à l’égard des dirigeants syndicaux indépendants; Larisa Kharkova, ancienne présidente de la KNPRK, est toujours en résidence surveillée et ne peut plus occuper de fonctions de dirigeante syndicale. Plusieurs autres dirigeants de syndicats indépendants, dont M. Baltabay, font toujours l’objet d’interdictions similaires.
Malgré les efforts de la commission d’experts et de la commission, il apparaît malheureusement clairement que le gouvernement continue sa politique politicienne s’agissant de l’enregistrement des syndicats. Nous prions le gouvernement du Kazakhstan de mettre un terme à sa campagne visant à étouffer l’activité syndicale indépendante et de mettre pleinement en œuvre les recommandations qui figurent dans le rapport de la commission de l’an dernier (2021), sans délai.
Membre gouvernementale, Canada – Le Canada considère le Kazakhstan comme un partenaire important dans de nombreux domaines de la coopération internationale.
Nous notons que c’est la cinquième fois en six ans que le gouvernement du Kazakhstan est appelé à comparaître devant cette commission pour parler de sa mise en œuvre de la convention.
Nous saluons les progrès réalisés par le gouvernement pour répondre à certaines des recommandations de cette commission.
Nous espérons également que les réformes politiques annoncées en mars 2022 renforceront l’universalité des droits de la personne et du travail et réduiront le nombre de rapports d’incidents de harcèlement de syndicalistes et de restrictions du droit à la liberté d’association et de réunion pacifique.
Nous demandons au gouvernement de protéger efficacement – tant dans la loi que dans la pratique – le droit de toutes les personnes, y compris les syndicalistes, de s’organiser et de participer à des manifestations pacifiques.
Le Canada demeure préoccupé par le fait que certains syndicats continuent de rencontrer des obstacles à leur établissement et à leur enregistrement, et que le problème de longue date concernant l’enregistrement de la Fédération des syndicats du Kazakhstan et du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie n’est toujours pas résolu.
Nous demandons donc au gouvernement, en consultation avec les partenaires sociaux, de résoudre définitivement et sans délai les difficultés actuelles du processus d’enregistrement des syndicats.
Enfin, nous encourageons le gouvernement à se prévaloir de l’assistance technique du BIT et à continuer de s’engager avec l’OIT pour assurer le plein respect des principes de la convention.
Le gouvernement du Canada reste déterminé à travailler avec le Kazakhstan à ces fins et en tant que partenaire. Nous soutenons l’ambitieux programme de réforme politique du gouvernement du Kazakhstan et nous félicitons le gouvernement de poursuivre les enquêtes sur les événements de janvier.
Membre gouvernementale, États-Unis d’Amérique – La Commission de la Conférence examine l’absence de progrès accomplis par le gouvernement du Kazakhstan dans le traitement de problèmes graves de non-respect de la convention chaque année depuis 2015, à l’exception de 2018, année de la visite d’une mission tripartite de haut niveau dans le pays.
Le décret relatif aux nouvelles mesures pour les droits de l’homme a été récemment modifié afin d’y inclure la liberté syndicale, y compris l’élaboration d’un plan de travail visant à traiter les questions en suspens depuis longtemps. Nous prenons note des projets de modification de la législation, y compris de la possible dépénalisation de l’article 402(1) du Code pénal, qui pénalise les appels à une action de grève déclarée illégale par la justice.
Il reste cependant beaucoup à faire. Nous prenons note de la dissolution du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie après qu’un tribunal a décidé d’en suspendre les activités en février 2021. Nous regrettons que le gouvernement n’ait pas pu travailler avec le dernier syndicat indépendant du pays afin de lui permettre de continuer à fonctionner, puisque ses tentatives ultérieures de réenregistrement ont été rejetées.
Nous prions le gouvernement de tenir son engagement à respecter et à promouvoir la liberté syndicale consacrée par la convention, tant en droit que dans la pratique. Pour ce faire, il doit: respecter la pleine autonomie et indépendance des syndicats et organisations d’employeurs libres et indépendants, y compris en mettant immédiatement un terme aux actes de violence, au harcèlement et à l’ingérence; éliminer les pratiques et annuler les décisions en vigueur qui interdisent aux syndicalistes et aux dirigeants syndicaux de participer à des activités syndicales légitimes, ou qui imposent des restrictions en la matière, y compris les décisions concernant Larisa Kharkova et Erlan Baltabay; continuer à dialoguer avec les partenaires sociaux pour faire tomber les obstacles à l’enregistrement des syndicats, y compris les prescriptions géographiques pour les syndicats sectoriels qui, dans la pratique, peuvent limiter les syndicats indépendants du secteur pétrolier concentrés dans la région occidentale; enregistrer immédiatement le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie et la KNPRK; revoir l’article 402 du Code pénal pour veiller à ce que les sanctions encourues en cas d’appel à une action de grève ne soient pas excessives; continuer à examiner la loi sur la NCE pour garantir qu’elle n’entrave pas les droits des organisations d’employeurs; et inclure la CSI et l’Organisation internationale des employeurs (OIE) à la liste d’organisations pouvant allouer des subventions à des individus dans le pays, en vertu de l’ordonnance no 177. Nous insistons pour que des mesures efficaces soient immédiatement prises au sujet de ces recommandations en suspens depuis longtemps. Nous restons attachés au dialogue avec le gouvernement pour faire avancer les droits des travailleurs au Kazakhstan.
Observateur, IndustriALL Global Union – Je m’exprime ici au nom d’IndustriALL Global Union qui représente plus de 50 millions de travailleurs des secteurs pétrolier, gazier, minier, de l’énergie et de la production dans le monde, y compris au Kazakhstan.
Depuis plus de dix ans, depuis la tragédie de Zhanaozen en 2011 qui a fait au moins 17 tués et plus de 100 blessés, pour laquelle aucune justice n’a encore été rendue, nous ne constatons aucune amélioration dans la situation des droits syndicaux dans le pays. Et nous pensons que le Kazakhstan continue d’éviter de s’acquitter de ses obligations au titre de la convention. Je tiens en particulier à mentionner le système des procédures d’enregistrement qui demeure complexe et qui sert à empêcher la création de syndicats libres et indépendants.
Le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie a indiqué que ses branches régionales n’avaient pas pu s’enregistrer pour des motifs farfelus et infondés, à plusieurs reprises. L’enregistrement de la branche du syndicat à Atyrau, comme cela a déjà été dit, a été rejeté à six reprises, à chaque fois pour une raison différente.
Plus de 60 grèves importantes et spontanées, essentiellement dans le secteur de l’énergie et du pétrole l’an dernier, et les manifestations massives en janvier de cette année au cours desquelles au moins 160 personnes ont été tuées montrent clairement que la dissolution et l’oppression d’institutions démocratiques dans la société du Kazakhstan ont des conséquences tragiques.
Il y a un enseignement à tirer de ces grandes manifestations. Ce sont les politiques et les pratiques, et non les forces externes, qui ont provoqué les conflits sociaux et du travail fortement réprimés par la police et les forces de sécurité. Le principal enseignement à tirer est que le dialogue avec les parties concernées, l’attachement à l’ouverture et aux valeurs démocratiques, le dialogue social et la négociation collective au niveau sectoriel avec les syndicats, en particulier dans les secteurs qui confèrent sa richesse au Kazakhstan, sont nécessaires pour construire une société durable dans le pays.
Le Président du pays a annoncé des mesures pour renforcer les traditions démocratiques dans le pays. Le référendum du 5 juin portera sur un vaste train de modifications à la Constitution. Il y a une lueur d’espoir; toutefois, tous les mots doivent être suivis d’actions.
Nous prions à nouveau instamment le gouvernement du Kazakhstan de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que le pays, le gouvernement, s’acquitte de ses obligations en vertu de la convention.
La procédure d’enregistrement des syndicats doit être simplifiée sur la base de la notification par les syndicats. Toute restriction à l’activité syndicale doit être levée, et toutes les poursuites contre des dirigeants syndicaux doivent être abandonnées et supprimées de leur dossier.
Interprétation du russe: Observateur, Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) – La question de la liberté syndicale au Kazakhstan a été examinée à plusieurs reprises par la commission, avec pour point de départ la grève de 2011 réprimée à Zhanaozen. Une grève pacifique pour des hausses de salaire a eu lieu pendant plusieurs mois et aurait pu se terminer autour de la table de négociation, par la signature d’un accord ou par l’établissement d’une liste de points de désaccord. Cela aurait correspondu à l’obligation directe de l’État: créer les conditions favorables à la négociation, conformément aux prescriptions de la convention (no 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949. Au lieu de cela, des soldats armés ont pénétré dans le village des grévistes, le 16 décembre 2011, et ont reçu l’ordre d’ouvrir le feu. Depuis lors, le gouvernement poursuit sur cette voie, en interdisant les syndicats indépendants, en pénalisant les grèves ou toute activité indépendante des travailleurs et en réprimant les dirigeants syndicaux. Cela prive les syndicats de leur droit à la liberté syndicale et de leur droit d’organisation.
Depuis notre dernier examen de cette question, le nombre de grèves augmente. Elles ont lieu dans plusieurs régions et secteurs et il convient d’en relever deux caractéristiques. Tout d’abord, elles sont pacifiques et bien organisées; les participants font preuve d’une grande discipline, ne causent pas de troubles et ne permettent pas l’extrémisme dans leurs rangs. Ils montrent qu’ils sont prêts pour une négociation civilisée et digne. Dans la quasi-totalité de ces cas, les travailleurs demandent la levée des restrictions à la constitution de syndicats, comme demandé par les conventions nos 87 et 98.
Une porte s’ouvre dans le pays aujourd’hui. Nous espérons que le gouvernement se saisira de cette opportunité en levant les restrictions aux droits syndicaux, et en particulier sur la création de la KNPRK. La situation reste toutefois particulièrement préoccupante et mérite toute l’attention de l’OIT.
Interprétation du russe: Observateur, Confédération syndicale internationale (CSI) – Je représente le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie, qui a souffert de la dissolution de la KNPRK. Malheureusement, le gouvernement ignore les recommandations de l’OIT et dissout les syndicats indépendants; les tentatives d’enregistrement des syndicats demeurent infructueuses. Nous continuons d’essuyer le refus du ministère de la Justice pour des motifs fallacieux.
L’enregistrement officiel des syndicats signifie que, si un syndicat n’est pas enregistré, il ne peut pas participer à la négociation collective, ce qui entraîne des conflits sociaux, y compris celui auquel nous avons assisté en janvier 2022. Des manifestations et des rassemblements sont déclarés illégaux, et la dissolution de ces organisations à laquelle nous assistons fait que les travailleurs sont licenciés quand ils expriment leurs revendications. Aucun mécanisme ne protège leurs droits. Ils sont privés de leurs droits. Il n’y a pas de conventions collectives et, dans un secteur où les profits sont élevés, les travailleurs ont du mal à joindre les deux bouts, en particulier dans les domaines qui produisent des produits de grande valeur et qui engendrent des profits élevés. Il est nécessaire de mettre un terme à ces comportements et de légaliser les syndicats, en garantissant leur protection et en leur accordant des droits face à leurs employeurs, en donnant à mon organisation, la KNPRK, un statut juridique. Tout cela est conforme aux recommandations de la commission d’experts et de la mission, ainsi qu’aux dispositions de la convention.
Nous vous prions, mesdames et messieurs les membres de la commission, de prendre les mesures nécessaires pour garantir que cela se produira.
Interprétation du russe: Représentant gouvernemental – Tout d’abord, si vous me le permettez, je souhaiterais remercier toutes les personnes qui se sont exprimées au nom de gouvernements et d’associations de travailleurs et d’employeurs. Nous accueillons avec satisfaction vos commentaires sur le droit et la pratique dans notre pays.
Je tiens à dire que, pour parvenir à la paix sociale dans notre pays, le Président, en mars, a adressé un message à la population du Kazakhstan dans lequel il a défini les projets de réforme visant à moderniser notre pays. Cette réforme établirait la base d’un nouveau Kazakhstan. Même si les éléments clés ont déjà été mentionnés, je pense qu’il est utile de les rappeler. Il s’agit de réformes politiques établissant de grandes orientations par une démocratisation accrue et le renforcement des droits de l’homme. À ce sujet, je tiens à dire que demain, littéralement demain, un référendum se tiendra dans notre pays sur les changements à la Constitution.
L’essence de ces changements vise à moderniser le système politique et à faire la transition vers une république présidentielle dotée d’un Parlement fort. Il s’agit d’un système qui permettra de trouver le meilleur équilibre qui soit entre des institutions pertinentes, ou connexes, dans le pays et de garantir la bonne gouvernance du Kazakhstan.
Conformément aux instructions du Président, le gouvernement a confirmé le programme de hausse des salaires dans le pays; il s’agit d’un programme incluant plusieurs systèmes au sein de la réforme, en particulier dans la sphère sociale. Le ministre a rédigé un code social qui prévoit notamment la mise en œuvre de plusieurs mesures visant à supprimer l’inégalité et à garantir les droits de nos citoyens. Il y aura plusieurs domaines clés pour la protection sociale et cela concernera les citoyens tout au long du cycle de la vie, de la naissance au grand âge.
S’agissant des questions relatives aux poursuites pénales, je tiens à nouveau à souligner que toutes les questions relatives aux poursuites pénales relèvent du ministère public. Ces poursuites pénales ne sont pas liées à des activités syndicales. Ces deux dernières années, il n’y a pas eu de poursuites pénales à l’égard de syndicalistes. En ce qui concerne le Code pénal et les sanctions additionnelles relatives à certaines activités, je tiens à dire que ces sanctions additionnelles sont prononcées par les tribunaux. Cela est régi par le décret d’avril de cette année. À l’heure actuelle, des comités interministériels examinent cette question et une série de règles est proposée en vue d’améliorer le Code pénal administratif. Ces travaux sont menés au sein de notre ministère également. Nous apportons notre contribution et nous nous préparons à y contribuer davantage, à contribuer au groupe interministériel sur les éventuels changements au Code pénal, avec la participation du ministère public.
S’agissant de la question de l’enregistrement, comme je l’ai dit, plusieurs changements, en cours, permettent d’améliorer la capacité des syndicats à représenter les intérêts de leur travail. Aucune complication n’a surgi de ces processus. Il y a des complications individuelles s’agissant de l’enregistrement de syndicats, et celles-ci sont examinées au cas par cas, en particulier au sein du groupe de travail qui existe au ministère de la Justice. Toute complication qui survient peut être examinée et nous pouvons élargir le groupe de travail pour inclure des représentants de travailleurs et d’employeurs.
Les changements qui seront proposés cette année viseront à améliorer la législation actuelle sur l’enregistrement des personnes morales, et nous espérons que les difficultés individuelles, d’ordre technique et juridique, pourront être réglées et que leur statut en tant que personne juridique pourra être confirmé. Nous étudions les liens entre les organisations d’employeurs et de travailleurs et l’OIT. Je pense qu’il convient d’affirmer qu’il y a des tâches qui leur sont assignées dans la Constitution et au sein de leurs organisations. Les règles qui existent ne constituent pas des obstacles à leur participation à des organisations internationales, que l’on parle de formations ou d’activités. Il y a une liste d’organisations qui mènent des travaux bénéfiques et toutes figurent sur cette liste. Il sera possible d’élargir cette liste afin d’y inclure d’autres organisations qui servent les intérêts des travailleurs et des employeurs. La question du financement depuis l’étranger et l’interdiction de ce financement pour les organisations de travailleurs et d’employeurs ne sont pas à l’examen.
Permettez-moi à nouveau d’insister sur le fait que, lors de la mission de contacts directs, nous avons informé nos partenaires internationaux du fait que la NCE ne représentait pas les intérêts des organisations d’employeurs. Nous avons été très clairs sur ce point. Les représentants de la NCE ont été exclus. Nous travaillons exclusivement avec des organisations d’employeurs qui représentent les intérêts des employeurs, et nous continuerons à faire connaître la façon dont la représentation des intérêts des employeurs fonctionne, en représentant effectivement les intérêts des entreprises, y compris des petites entreprises. Nous travaillons donc avec nos partenaires sociaux pour dire que nous travaillerons sur un projet de loi séparé sur les associations d’employeurs. C’est une activité que nous engagerons très prochainement afin que nous puissions clairement établir le rôle et les tâches de nos organisations d’employeurs.
Une fois encore, permettez-moi de réaffirmer l’engagement de mon gouvernement en faveur du respect des normes internationales. Nous faisons tout notre possible pour garantir que notre droit et notre pratique sont conformes aux dispositions de la convention.
Membres travailleurs – Nous avons pris note des informations écrites et orales du gouvernement du Kazakhstan et nous remercions les intervenants pour leurs contributions.
Nous craignons que les intentions affichées par le gouvernement ne se traduisent toujours pas concrètement dans la pratique.
Il convient d’engager un véritable dialogue social afin de lever les obstacles, tant légaux que pratiques, auxquels les organisations syndicales sont confrontées dans l’exercice de leur liberté syndicale.
En ce qui concerne les procédures d’enregistrement et de réenregistrement, nous invitons le gouvernement à revoir la composition du groupe de travail permanent chargé d’examiner les problématiques liées à l’enregistrement des syndicats afin d’y intégrer des syndicats indépendants.
Le gouvernement veillera dans ce cadre à garantir l’efficacité, l’impartialité et l’indépendance de ces procédures d’enregistrement et examinera, en concertation avec les partenaires sociaux, les actions à entreprendre afin de lever durablement les obstacles tant légaux que pratiques à l’enregistrement des syndicats.
Il veillera aussi tout particulièrement à lever les obstacles arbitraires dressés à l’enregistrement du Congrès des syndicats libres ainsi que du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie.
La requalification de l’infraction pénale d’incitation à une grève déclarée illégale en infraction administrative ne permet pas de mettre la législation kazakhe en conformité avec la convention.
Le simple fait d’appeler à une grève pacifique ne devrait faire l’objet d’aucune sanction, qu’elle soit pénale ou administrative, et nous demandons que toute sanction prévue à ce titre dans la législation soit abrogée.
Le gouvernement veillera également à abroger la sanction pénale qui permet de priver les syndicalistes du droit d’exercer toute fonction syndicale. Nous demandons par ailleurs à ce que cette sanction, infligée à Mme Karhkova ainsi qu’à M. Baltabay, soit levée dans les plus brefs délais.
Nous demandons au gouvernement de renforcer ses efforts pour mener des enquêtes sérieuses sur les faits de violence perpétrés à l’égard de syndicalistes et qu’il poursuive et condamne leurs auteurs au moyen de sanctions dissuasives, en particulier dans l’affaire de M. Senyavsky.
Pour finir, nous demandons au gouvernement de lever l’interdiction de bénéficier de l’assistance financière d’organisations internationales de travailleurs ou d’employeurs et de n’imposer aucune condition qui entrave le droit à cette assistance contenu dans l’article 5 de la convention.
Nous croyons comprendre que le pays est engagé dans un processus de réformes à la suite des événements tragiques de janvier de cette année. Le temps est venu de répondre aux causes profondes de ces tensions sociales dans le pays. Nous sommes d’avis que ces causes sont notamment à trouver dans les graves limitations de la liberté syndicale, l’absence de négociation collective sur les questions socio-économiques et plus généralement l’inexistence d’un véritable dialogue social.
Nous souhaitons dès lors que notre commission répète l’ensemble des recommandations formulées au cours des années précédentes et en appelons au gouvernement pour qu’il mette en œuvre dans les plus brefs délais l’ensemble de ces recommandations ainsi que celles que nous lui adressons cette année, et tout cela afin d’éviter que le Kazakhstan, en effet, ne reste un cas récurrent.
Nous invitons le gouvernement à établir un plan d’action, assorti de délais déterminés, en vue d’assurer la réalisation de l’ensemble de ces recommandations. À cet effet, nous invitons le gouvernement à se prévaloir de l’assistance technique du BIT en vue d’établir, de mettre en œuvre et d’évaluer ce plan d’action en concertation avec l’ensemble des organisations syndicales.
En particulier, nous demandons au gouvernement de recourir systématiquement et continuellement à l’assistance technique du BIT dans le cadre des travaux du groupe de travail permanent chargé d’examiner les problématiques liées à l’enregistrement des syndicats.
Le gouvernement fera un rapport complet à la commission d’experts, avant sa prochaine session ainsi qu’avant sa session de mars 2023, sur les initiatives prises en vue de réaliser les recommandations qui lui seront adressées par notre commission.
Membres employeurs – Nous avons très attentivement écouté les interventions du gouvernement et toutes celles qui ont suivi.
Compte tenu de tout ce qui a été dit, les membres employeurs prient instamment le gouvernement de prendre des mesures appropriées pour régler la question de l’enregistrement de la KNPRK et du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie et de dialoguer avec les partenaires sociaux sur les questions qui concernent l’enregistrement de syndicats et les difficultés rencontrées à ce propos. Nous prenons en particulier note des propos du gouvernement sur la NCE et sur son intention d’élaborer un projet de loi concernant les associations d’employeurs.
Nous prions donc le gouvernement de faire en sorte que la NCE, conformément à la loi, se retire complètement du dialogue social et de la négociation collective et qu’elle laisse ce domaine de compétence à des organisations d’employeurs libres et indépendantes. Ce système d’accréditation des organisations d’employeurs dans la NCE devrait être supprimé.
En outre, compte tenu du fait que le gouvernement a dit qu’il avait l’intention de rédiger un projet de loi sur les associations d’employeurs, nous notons que, pour renforcer davantage la reconnaissance de la liberté syndicale des employeurs et de leurs organisations, il conviendrait d’adopter une loi ou une réglementation qui fixe l’indépendance et l’autonomie des organisations d’employeurs, ainsi que les conditions de leur participation au dialogue social et à la négociation collective aux différents niveaux.
De plus, les membres employeurs relèvent que l’élaboration d’un tel texte devrait se faire en consultation avec les organisations d’employeurs et de travailleurs les plus représentatives.
En outre, nous prions instamment le gouvernement d’envisager d’étendre la liste qui figure dans l’ordonnance no 177 du 9 avril 2018 afin de couvrir les organisations internationales de travailleurs et d’employeurs, telles que la CSI et l’OIE.
En dernier lieu, nous prions le gouvernement de fournir un rapport sur les avancées à ce sujet et sur les mesures prises pour répondre aux questions posées au cours de la discussion d’aujourd’hui, d’ici au 1er septembre 2022.
Conclusions de la commission
La commission a pris note des informations orales et écrites fournies par le gouvernement et de la discussion qui a suivi.
La commission a pris note du caractère persistant de ces problèmes de longue date et de la précédente discussion de ce cas par la commission, en dernier lieu en 2021.
La commission a regretté que ses précédentes recommandations n’aient pas été totalement prises en considération.
Prenant en compte la discussion qui a eu lieu, la commission prie instamment le gouvernement d’agir en consultation avec les partenaires sociaux pour:
- faire en sorte que les allégations de violence à l’encontre de syndicalistes fassent l’objet d’enquêtes exhaustives, notamment dans le cas de M. Senyavsky;
- autoriser une enquête indépendante sur les événements de Janaozen, en janvier 2011;
- mettre un terme aux pratiques de harcèlement judiciaire de dirigeants et membres syndicaux exerçant des activités syndicales licites et abandonner tous les chefs d’accusation injustifiés, y compris l’interdiction faite à des syndicalistes d’occuper l’une ou l’autre fonction dans un organisme public ou une organisation non-gouvernementale;
- résoudre la question de l’enregistrement du KSPRK et du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie (STUFECE) afin de leur permettre de jouir sans plus de délai de la pleine autonomie et de l’indépendance d’une organisation de travailleurs libre et indépendante, de remplir leur mandat et de représenter leurs membres;
- engager le dialogue avec les organisations libres et indépendantes d’employeurs et de travailleurs afin de revoir les questions relatives à leur enregistrement en droit et dans la pratique en vue de surmonter les obstacles existants;
- revoir la composition du groupe de travail permanent chargé d’évaluer les sujets de préoccupation concernant l’enregistrement des organisations syndicales, afin d’assurer la pleine participation d’organisations indépendantes de travailleurs et d’employeurs à ce groupe de travail;
- s’abstenir de faire preuve de favoritisme à l’égard d’une organisation syndicale donnée et cesser immédiatement toute ingérence dans la constitution et la gestion des organisations syndicales;
- supprimer les obstacles existants, en droit et dans la pratique, au fonctionnement des organisations d’employeurs libres et indépendantes dans le pays;
- supprimer les obstacles existants, en droit et dans la pratique, au fonctionnement des organisations libres et indépendantes d’employeurs et de travailleurs dans le pays, en particulier abroger les dispositions de la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs (NCE) relatives à l’accréditation des organisations d’employeurs auprès de la NCE;
- veiller à ce que les organisations de travailleurs et d’employeurs ne soient pas empêchées de recevoir une aide financière, ou autre, de la part d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs et élargir la liste de l’ordonnance no 177 du 9 avril 2018 pour inclure des organisations internationales de travailleurs et d’employeurs telles que la CSI et l’OIE; et
- mettre en œuvre intégralement la feuille de route de 2018.
La commission prie le gouvernement d’élaborer, en consultation avec les partenaires sociaux, un plan d’action assorti de délais pour la mise en application des présentes conclusions. Afin d’élaborer, d’appliquer et d’évaluer ce plan d’action, la commission prie instamment le gouvernement de se prévaloir de l’assistance technique du Bureau sur une base permanente à cet égard.
La commission prie le gouvernement de soumettre à la commission d’experts, d’ici au 1er septembre 2022, un rapport contenant des informations sur l’application de la convention en droit et dans la pratique, en consultation avec les partenaires sociaux.
Poursuites pénales contre Erlan Baltabay et Larisa Kharkova
Les poursuites pénales contre M. Baltabay et Mme Kharkova n’ont pas été intentées pour leur «participation à des activités syndicales légales», mais bien pour des délits de droit commun.
Actuellement, M. Baltabay et Mme Kharkova jouissent de leur liberté.
Erlan Baltabay, dirigeant du Syndicat indépendant des travailleurs du pétrole et de l’énergie, a profité de sa fonction pour détourner 10 800 000 tenges (KZT) qui lui avaient été confiés.
Le 17 juillet 2019, M. Baltabay a été déclaré coupable par le tribunal de district d’Enbekshi de Chimkent, en application du paragraphe 2, partie 4, de l’article 189 du Code pénal du Kazakhstan (abus de confiance ou détournement de biens confiés). Il a été condamné à sept ans de prison et à l’interdiction d’occuper des postes à responsabilité dans des associations publiques et autres organisations à but non lucratif pendant sept ans. La peine devait être purgée dans un établissement pénitentiaire de sécurité moyenne.
Il n’a pas été fait appel du verdict dans les délais impartis.
Le 2 août 2019, M. Baltabay a reconnu sa culpabilité et a formulé un recours en grâce auprès du Président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev.
M. Baltabay a été gracié le 9 août 2019 par décret présidentiel, et la partie de sa peine qu’il n’avait pas purgée a été remplacée par une amende.
Conformément à la décision du Tribunal de district d’Al-Farabi de Chimkent, adoptée le même jour, les 2 528 jours de prison non purgés ont été transformés en une amende de 1 595 800 KZT que M. Baltabay était tenu de payer dans le mois suivant la date de cette décision.
Dans le même temps, M. Baltabay a été libéré de l’établissement pénitentiaire IS 167/11 de Chimkent du ministère de l’Intérieur.
Le 11 septembre 2019, une procédure a été engagée contre M. Baltabay pour recouvrer l’amende de 1 595 800 KZT due à l’État qu’il n’avait pas payée.
Le 1er octobre 2019, une requête a été présentée au Tribunal de district d’Al-Farabi de Chimkent pour remplacer l’amende infligée à M. Baltabay par une autre peine, puisqu’il ne s’était pas acquitté de l’amende.
À titre de référence: en vertu du paragraphe 3, partie 6, de l’article 41 du Code pénal, la peine (verdict) est appliquée en cas de défaut de paiement de l’amende dans le délai prescrit; le montant de l’amende dû est alors remplacé par une peine d’emprisonnement, où un jour d’emprisonnement équivaut à quatre fois le montant de l’indice de calcul mensuel à payer par une personne déclarée coupable d’un délit grave.
Le 16 octobre 2019, le Tribunal de district d’Al-Farabi de Chimkent a donc décidé de remplacer l’amende susmentionnée par une peine de cinq mois et huit jours de prison. Au cours de l’audience, le tribunal a également ordonné la remise en détention immédiate de M. Baltabay.
M. Baltabay a été libéré de l’établissement pénitentiaire IS 167/3 le 20 mars 2020, après avoir purgé sa peine. Il avait déposé une requête auprès du tribunal pour rétablir les délais de recours deux mois après la date d’entrée en vigueur du verdict (7 octobre 2019).
Le 31 octobre 2019, le Tribunal de district d’Enbekshi de Chimkent a rejeté ladite requête.
Le 24 septembre 2020, M. Baltabay, accompagné de M. Abishev pour le représenter, a fait appel une nouvelle fois du verdict rendu le 17 juillet 2019.
Le 28 septembre 2020, le Tribunal de district d’Enbekshi de Chimkent a rejeté l’appel, le délai ayant été dépassé.
M. Baltabay n’a pas interjeté appel de la décision le privant du droit d’occuper des postes à responsabilité dans des associations publiques et des organisations à but non lucratif.
En outre, pour l’heure, ni M. Baltabay ni sa défense n’ont déposé de requête auprès de la Cour suprême pour contester la légalité et la validité de la décision du tribunal de première instance.
Larisa Kharkova est une ancienne dirigeante de la Confédération des syndicats indépendants du Kazakhstan (KNPRK).
Le 25 juillet 2017, elle a été condamnée à quatre ans de restriction de liberté, à la confiscation de biens et à l’interdiction d’occuper des postes à responsabilité dans des associations publiques et des organisations à but non lucratif pendant cinq ans pour des abus de pouvoir (partie 1 de l’article 250 du Code pénal) ayant entraîné un préjudice supérieur à 12 000 000 KZT.
Selon les statuts de la KNPRK, il s’agit d’une organisation à but non lucratif. Pourtant, Mme Kharkova, abusant de ses pouvoirs, a conclu des contrats avec des organisations tierces afin d’en tirer des bénéfices.
Les fonds ont été illégalement répartis entre elle et ses collaborateurs les plus proches sous la forme de «primes», causant un préjudice de 2 500 000 KZT au syndicat.
De plus, elle a placé 5 000 000 KZT sur son compte bancaire rémunéré à 13,2 pour cent par an après avoir retiré la somme du compte du syndicat.
Lors de l’examen comptable, elle n’a pas présenté de documents pour justifier le transfert de 8 000 000 KZT.
Les conclusions de l’enquête et de l’expertise médico-légale ont démontré la culpabilité de Mme Kharkova (examens comptables confirmant le transfert de fonds, documents bancaires, déclarations de témoins, statuts de l’organisation syndicale limitant les pouvoirs de la condamnée à débourser des fonds).
Le 29 septembre 2017, le comité d’appel de la Cour régionale du Kazakhstan du Sud a estimé que le verdict était légitime et justifié, et l’a confirmé. En effet, il a conclu que l’examen du tribunal de première instance de chaque élément de preuve et pièce du dossier était correct et fiable. Sa décision respectait les principes généraux régissant les condamnations et tenait compte des circonstances atténuantes au moment de déclarer la culpabilité et de décider de la peine.
La décision d’appel fait référence au verdict du tribunal, identique aux conclusions de la cour sur les soi-disant rapports sur les activités de 2009-2015 que la défense a présentés au tribunal: ils n’étaient pas signés ni approuvés, à l’instar des procès-verbaux des discussions soumis au tribunal, de sorte qu’ils ne pouvaient être considérés comme des éléments de preuve. En outre, le tribunal a noté que, au cours de l’enquête, Mme Kharkova a toujours refusé de répondre aux questions répétées sur la disponibilité des documents relatifs aux activités des organisations qu’elle dirigeait et n’a fourni aucun rapport ni aucun document pour les contrôles d’audit et d’expertise.
Le 9 novembre 2017, Mme Kharkova a été inscrite auprès du service de probation no 1 du district d’Enbekshi du Service de la justice pénale de Chimkent.
À titre de référence: la restriction de liberté consiste en un contrôle probatoire sur le condamné pendant une période allant de six mois à sept ans et en l’exécution de la part du condamné de cent heures de travail obligatoire par an pendant la durée de sa peine. La restriction de liberté s’effectue au lieu de résidence du condamné, sans isolement de la communauté.
L’autorité compétente effectue le contrôle probatoire qui, si le tribunal le décide, s’accompagne des obligations suivantes: l’interdiction de changer de lieu de résidence permanente, de travail ou d’étude, sans prévenir l’autorité compétente; la surveillance du comportement du condamné; l’interdiction de se rendre sur certains lieux; des soins pour des troubles mentaux et comportementaux (maladies) associés à l’abus de substances psychoactives et de maladies sexuellement transmissibles; la fourniture d’un soutien financier à la famille; d’autres obligations contribuant à corriger le comportement du condamné et l’empêchant de commettre de nouvelles infractions pénales.
La condamnée a demandé le réexamen des actes judiciaires en cassation.
La requête en cassation a fait l’objet d’un examen préliminaire par un juge de la Cour suprême qui a étudié les dossiers et a rejeté la requête en réexamen devant la Cour de cassation en raison de l’absence de motifs de révision des décisions judiciaires.
La requête de révision en cassation du verdict que Mme Kharkova a adressée au président de la Cour suprême a été rejetée en raison de l’absence de motifs justifiant une telle soumission.
À partir du 9 novembre 2018, il était possible de déposer une demande de mise en liberté anticipée conditionnelle. Sous réserve d’une demande de Mme Kharkova, la restriction de la liberté pouvait être remplacée par une amende (environ 800 000 KZT). Pour cela, il faut intégralement indemniser les préjudices causés (environ 5 000 000 KZT), mais ce droit n’a pas été exercé.
La date limite pour déposer une demande de mise en liberté anticipée conditionnelle a expiré le 9 février 2019 et, selon le bureau du procureur général, aucune demande n’a été présentée.
La restriction de liberté de Mme Kharkova prendra fin le 9 novembre 2021.
En ce qui concerne l’action au pénal de Dmitry Senyavsky, qui a été blessé, des mesures de renseignement ont été prises pour mener l’enquête.
Le 15 février 2019, les poursuites ont été abandonnées compte tenu de l’impossibilité d’identifier la personne qui a commis le délit.
Des efforts pour élucider l’enquête se poursuivent.
Enregistrement du Confédération des syndicats libres de la République du Kazakhstan (CFTUK)
Comme indiqué précédemment, les autorités judiciaires ont refusé d’enregistrer à quatre reprises l’organisation syndicale nationale CFTUK.
Le premier enregistrement du CFTUK a été rejeté pour sa similitude avec une entité juridique déjà enregistrée, la Confédération des syndicats libres du Kazakhstan. En outre, les statuts mentionnaient reprendre la succession de l’organisation syndicale KNPRK, dissoute de force.
Conformément à l’article 38 du Code civil du Kazakhstan, «le titre d’une entité juridique ne peut pas reproduire intégralement ou substantiellement le titre d’une entité juridique enregistrée en République du Kazakhstan».
Les défauts précisés dans le rejet initial n’ont pas été corrigés dans les demandes d’enregistrement ultérieures (les 17 août 2018, 18 septembre 2018 et 14 novembre 2019) alors que toutes les irrégularités pouvaient être corrigées.
Toutefois, à ce jour, les violations identifiées n’ont pas été éliminées, et aucune nouvelle demande d’enregistrement n’a été soumise aux autorités judiciaires.
Suspension des activités du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie
Conformément à la décision du Tribunal des affaires économiques interdistricts de Chimkent du 5 février 2021, les activités dudit syndicat ont été suspendues pendant six mois, parce que l’organisation syndicale n’a pas confirmé son statut.
À titre de référence: conformément au paragraphe 2 de l’article 13 de la loi sur les syndicats, un syndicat sectoriel doit disposer d’unités structurelles et/ou d’organisations affiliées sur le territoire couvrant plus de la moitié du nombre total des régions, des villes et de la capitale.
En vertu du paragraphe 2 de l’article 10 de la loi sur les syndicats, un syndicat sectoriel doit présenter à l’autorité chargée de l’enregistrer les copies des documents attestant qu’il respecte les exigences du paragraphe 2 de l’article 13 de la loi avant la fin de l’année suivant son enregistrement.
En vertu du paragraphe 3 de l’article 10 de la loi sur les syndicats, l’absence de confirmation du statut d’un syndicat sectoriel dans l’année suivant son enregistrement entraîne la suspension de ses activités par voie judiciaire à la demande des autorités exécutives locales.
En mars 2021, le ministère du Travail et de la Protection sociale et le ministère de la Justice, ainsi que des représentants des organisations syndicales nationales, la Fédération des syndicats, la Confédération du travail du Kazakhstan et la Communauté des syndicats Amanat, ont organisé une réunion avec le dirigeant du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie, M. Kosshygulov, et ses représentants, Mme Kharkova et M. Erdenov, pour fournir une assistance pratique relative aux procédures d’enregistrement des syndicats dans le cadre d’un groupe de travail sur les points problématiques lors de l’enregistrement de syndicats.
Le 25 mars 2021, le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie a déposé un recours auprès du Comité d’appel de Chimkent.
La session de la cour d’appel était prévue le 21 avril 2021 et a été reportée au 29 avril 2021.
L’audience du 29 avril 2021 a également été reportée à cause de la demande de récusation du juge de la part des représentants du syndicat.
Pour information, d’après la demande déposée au service public pour l’enregistrement des documents constitutifs, des modifications et des documents supplémentaires des entités juridiques, le 13 janvier 2021, M. Kosshygulov a été nommé président du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie.
En outre, le groupe de travail sur les points problématiques lors de l’enregistrement de syndicats, auquel participent le ministère du Travail et de la Protection sociale et le ministère de la Justice, ainsi que des représentants des organisations syndicales nationales, fonctionne depuis 2019.
À ce jour, aucun problème relatif à l’enregistrement de syndicats n’a été signalé ni aucune plainte écrite ou verbale n’a été déposée.
Si des plaintes concernant l’enregistrement de syndicats devaient être déposées, elles seraient dûment traitées par le groupe de travail.
Activités des associations nationales d’employeurs
L’Accord général pour 2021-2023 a été signé par le gouvernement, des associations nationales (associations ou syndicats) d’employeurs et de travailleurs le 12 mars 2021.
La Confédération nationale des employeurs (entrepreneurs) de la République du Kazakhstan faisait partie des signataires de l’accord général.
La confédération œuvre à la signature d’accords de partenariat social sectoriels et régionaux, et ses représentants sont également membres de commissions nationales, sectorielles et régionales tripartites de partenariat social et de réglementation sociale et du travail.
Comme indiqué précédemment, la Chambre nationale des entrepreneurs Atameken a perdu son droit de participer au système de partenariat social en tant que représentant des employeurs et n’a pas participé à l’élaboration ni à l’adoption de l’accord général.
Article 402 du Code pénal du Kazakhstan
Des amendements à l’article 402 du Code pénal ont été adoptés en mai 2020 pour réduire la responsabilité pour incitation à poursuivre une grève déclarée illégale par le tribunal.
Les dispositions actuelles sont conformes à l’article 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques que le Kazakhstan a ratifié en 2005, lequel prévoit que l’exercice du droit de réunion pacifique ne peut être l’objet de restrictions que si celles-ci sont prévues par la loi et sont nécessaires dans une société démocratique pour protéger la sécurité nationale ou la sécurité publique, l’ordre public, la santé ou la moralité publiques, ou les droits et libertés d’autrui.
En outre, l’ordonnance no 89 du ministère du Travail et de la Protection sociale du 29 mars 2021 prévoit la création d’un groupe de travail chargé d’analyser l’application de la législation du travail, composé de représentants d’organes de l’État, d’associations d’employeurs et de travailleurs, ainsi que de plusieurs experts et universitaires spécialisés dans le domaine des relations du travail.
Le groupe de travail discutera de l’amélioration de la législation du travail, de la loi sur les syndicats et de la révision de l’article 402 du Code pénal.
Inclusion d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs sur la liste des organisations internationales et des organisations publiques qui accordent des subventions
Comme il a déjà été signalé précédemment, le ministère du Travail et de la Protection sociale est disposé à envisager la possibilité d’inclure la Confédération syndicale internationale et l’Organisation internationale des employeurs à cette liste.
Cette question sera examinée sous réserve de la réception de lettres pertinentes de ces organisations reprenant les objectifs et les domaines spécifiques couverts par leurs subventions.
Interprétation du russe: Représentant gouvernemental, premier vice-ministre du Travail et de la Protection sociale de la population – En 2019, à l’occasion de la 108e session de la Conférence, nous avons informé cette commission de la mise en œuvre d’une feuille de route qui a été formulée à l’issue d’une mission de haut niveau de l’OIT au Kazakhstan. Au cours des deux dernières années, nous avons réalisé toutes les activités qu’elle prévoyait, y compris l’analyse de la façon dont la loi sur les syndicats est appliquée au Kazakhstan, en consultation avec des organisations syndicales de tous les niveaux (syndicats nationaux, sectoriels et territoriaux). Nous avons également formulé des recommandations pour améliorer les procédures pour que les organisations d’employeurs et de travailleurs puissent fonctionner et recevoir une aide de la part d’organisations internationales d’employeurs et de travailleurs.
À l’échelle nationale, des consultations ont eu lieu avec des syndicats au niveau national et des représentants du ministère de la Justice sur la question de l’enregistrement des syndicats. À la suite de toutes ces activités, la loi sur les modifications et les ajouts à certains textes législatifs de la République du Kazakhstan sur les questions de travail (ci-après, la loi sur les modifications et ajouts) a été adoptée en mai 2020. En vertu de cette loi et afin d’appliquer la convention, le Code du travail, le Code pénal, la loi sur les syndicats, la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs (CNE) et la loi sur les associations publiques ont été modifiés. En ce qui concerne la loi sur les syndicats, premièrement, l’obligation faite aux syndicats de s’affilier à des organisations syndicales de niveau supérieur a été supprimée (articles 12, 13 et 14 de la loi). Un syndicat peut donc décider de manière autonome de son affiliation et de son adhésion syndicales. Deuxièmement, la loi inclut désormais des dispositions relatives à la coopération internationale avec des syndicats. Grâce à cela, les syndicats peuvent s’affilier à des organisations syndicales internationales et organiser et mener conjointement des activités avec des confédérations syndicales internationales. Troisièmement, la procédure visant à confirmer le statut des syndicats sectoriel, national et régional a été simplifiée. L’obligation de représenter la moitié des travailleurs d’un secteur ou d’une entreprise pour être effectivement enregistré en tant que syndicat opérationnel a été abrogée. Quatrièmement, les règles d’enregistrement des syndicats ont été simplifiées. Désormais, pour satisfaire aux exigences relatives au nombre minimum d’organisations affiliées sur un territoire donné, les organisations affiliées mais aussi les subdivisions structurelles (secteurs et bureaux de représentation) du syndicat seront comptabilisées. En même temps, en 2020, de nouvelles règles relatives aux services de l’État concernant l’enregistrement national des personnes morales et l’enregistrement des syndicats sectoriels et des bureaux de représentation ont été approuvées, prévoyant une réduction de la période d’enregistrement national de dix à cinq jours ouvrables. Le délai pour les syndicats pour confirmer leur statut a lui été prolongé de six mois à un an après leur enregistrement. En cas de non-respect du délai fixé pour la confirmation du statut, la procédure de dissolution a été remplacée par une suspension des activités syndicales de trois à six mois.
Nous avons apporté des modifications au Code du travail et à la loi sur la CNE afin de supprimer le rôle de la chambre en tant que représentant des employeurs dans le dialogue social. Une disposition distincte du code prévoit les droits des organisations d’employeurs. En outre, les motifs repris dans le Code du travail pour déclarer une grève illégale ont été revus, et les grèves dans les installations de production dangereuses sont maintenant autorisées pour autant que le fonctionnement ininterrompu des principaux équipements et mécanismes soit assuré. Dans les établissements qui fournissent des services assurant la subsistance de la population, des grèves peuvent être menées si le volume des services nécessaires à la population est préservé, c’est-à-dire sans causer de préjudice à l’ensemble de la population de la zone concernée.
Conformément au Code pénal modifié, appeler à la tenue d’une grève déclarée illégale ne constitue plus une infraction pénale. Nous avons également réduit le montant de l’amende imposable en cas d’infraction à la loi, et les peines de privation de liberté et d’emprisonnement préalablement prévues ont maintenant été remplacées par d’autres formes de sanction.
Actuellement, il existe trois organisations syndicales nationales au Kazakhstan, ainsi que 53 syndicats sectoriels, 34 syndicats régionaux et 357 syndicats locaux, représentant environ 3 millions de travailleurs. Lorsque ces changements ont commencé à être introduits dans notre législation l’an dernier, de nouveaux syndicats ont été créés: 1 syndicat sectoriel, 25 syndicats locaux et 6 organisations affiliées à des syndicats sectoriels. Vous constaterez donc que la loi est opérationnelle et les syndicats fonctionnent. Nous estimons qu’il n’y a pas de problèmes au Kazakhstan quant à l’application de la convention en droit et dans la pratique.
En outre, le 12 mars 2021, avec nos partenaires sociaux, un nouvel accord général pour 2021-2023 a été signé par le gouvernement de la République du Kazakhstan et les organisations nationales de travailleurs et d’employeurs. Il contient des dispositions qui interdisent aux parties de s’immiscer dans les affaires et les activités des autres parties.
Je voudrais également ajouter que le Kazakhstan est le seul pays d’Asie centrale où les trois centrales syndicales nationales sont signataires de l’accord général. Cela démontre l’existence d’une coopération active avec les syndicats.
Pour ce qui est de l’aide pratique relative aux procédures d’enregistrement, un groupe de travail a été formé au sein du ministère du Travail composé de fonctionnaires du ministère de la Justice et de représentants des syndicats, y compris la Fédération des syndicats du Kazakhstan (FPRK), la Confédération du travail du Kazakhstan et la Communauté des syndicats Amanat; ce groupe offre une assistance pratique à l’enregistrement. Je tiens à vous assurer que le gouvernement du Kazakhstan prévoit de poursuivre ses travaux pour s’assurer que sa législation du travail est pleinement conforme aux normes internationales du travail et garantit la protection des activités des organisations de travailleurs et d’employeurs au Kazakhstan, favorisant ainsi le dialogue social.
Le 9 juin de cette année, le Président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, a signé un décret sur de nouvelles mesures qui seront adoptées dans le pays dans le domaine des droits de l’homme et en application duquel le gouvernement élaborera un plan de mesures relatives aux droits de l’homme qui concernera plusieurs domaines clés du monde du travail.
Ces mesures porteront notamment sur la liberté syndicale, la liberté d’expression, le droit à l’intégrité de la vie, les droits des victimes de la traite des personnes, les droits de l’homme des citoyens handicapés, les droits des femmes et l’élimination de la discrimination. Dans le même temps, elles viseront à améliorer la coopération entre le gouvernement et les organisations non gouvernementales (ONG), à accroître l’efficacité du système juridique et à prévenir tout acte de torture. L’objectif est aussi d’améliorer la coopération du Kazakhstan avec diverses organisations internationales, dont le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Dans le cadre de ce plan, nous nous efforcerons d’améliorer encore notre législation, y compris celle qui régit le fonctionnement des syndicats au Kazakhstan, en simplifiant les procédures d’adhésion, de résolution des conflits du travail et de fonctionnement d’une manière générale. Cela fera partie de la démarche que le Kazakhstan adoptera pour revoir et moderniser son système juridique et l’appareil d’État dans son ensemble.
Pour conclure, je voudrais demander à l’Organisation internationale du Travail de prendre note des mesures que nous avons adoptées et de soutenir nos plans décrits ci-dessus en prévoyant de nous fournir de nouvelles consultations techniques.
Membres travailleurs – Le cas du Kazakhstan est un cas récurrent au sein de notre commission. Nous avons en effet abordé ce cas à quatre reprises dans le passé en devant chaque fois regretter les graves violations de la convention dans le pays. Nous abordons une nouvelle fois ce cas en dressant le même constat que celui des examens précédents au sein de notre commission. Si les modifications légales intervenues pour répondre aux recommandations formulées dans le passé constituent un premier pas dans la bonne direction, le chemin vers une pleine conformité de la législation kazakhe à la convention est encore long. En effet, d’autres pans de la législation kazakhe n’ont pas été modifiés alors qu’ils ont également un impact sur l’exercice de la liberté syndicale.
Plus long encore que le chemin vers la conformité du cadre légal kazakh avec la convention est le chemin que devra encore parcourir le Kazakhstan pour garantir l’application effective dans la pratique de la convention dans le pays. En effet, si des modifications sur le plan légal ont été introduites, on n’en aperçoit pas concrètement les effets dans la pratique puisque les difficultés restent les mêmes.
Comme le reflètent les observations de la commission d’experts, de nombreuses organisations syndicales éprouvent encore de nombreuses difficultés à obtenir leur enregistrement. En rappelant que cet enregistrement ne devrait être qu’une simple formalité, nous devons regretter que ces procédures d’enregistrement soient opportunément utilisées pour entraver le processus de création ou le bon fonctionnement des organisations syndicales libres et indépendantes, en contravention à la convention.
Après plusieurs tentatives, les membres de la KNPRK ont même tenté d’enregistrer leur organisation sous le nom de «Congrès des syndicats libres» (KSPRK), mais cela leur a encore une fois été refusé. Le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie est quant à lui actuellement sous le coup d’une décision de suspension de six mois prononcée le 5 février 2021 et connaît également un processus de dissolution. L’explication du gouvernement selon laquelle les organisations syndicales n’ont pas besoin d’enregistrement pour exister n’est pas satisfaisante dans la mesure où les obstacles auxquels elles sont confrontées en l’absence d’enregistrement les empêchent en pratique de pouvoir fonctionner effectivement en tant qu’organisation syndicale.
Il conviendra que le Kazakhstan poursuive son travail en concertation avec les partenaires sociaux, en ce compris les partenaires sociaux indépendants, pour garantir l’impartialité et l’indépendance de ces procédures d’enregistrement qui sont encore aujourd’hui trop souvent utilisées politiquement pour décourager la poursuite ou la création d’organisations syndicales indépendantes.
Par ailleurs, les pratiques de harcèlement judiciaire à l’encontre de dirigeants syndicaux sont toujours à l’œuvre dans le pays. Deux exemples édifiants sont repris dans l’observation de la commission d’experts. Il s’agit des cas de M. Baltabay et de Mme Kharkova auxquels le groupe des travailleurs souhaite apporter tout son soutien. M. Baltabay et Mme Kharkova ont respectivement fait l’objet d’un emprisonnement et d’une restriction de liberté de mouvement.
M. Baltabay, dirigeant du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie actuellement en cours de dissolution, a entre-temps été libéré mais est toujours à ce jour frappé d’une interdiction d’exercer toute activité publique, y compris des activités syndicales, et ce pendant les sept années à venir. Suite à cette condamnation, M. Baltabay a été contraint de démissionner de sa fonction. Nous exprimons le ferme espoir que la situation de M. Baltabay n’est pas la conséquence de son témoignage lors de l’examen du cas du Kazakhstan devant notre commission en 2017.
Quant à Mme Kharkova, qui était présidente de la KNPRK, elle est encore aujourd’hui frappée d’une restriction de sa liberté de mouvement pendant quatre années et d’une interdiction d’exercer toute fonction dans une organisation publique ou non gouvernementale pendant cinq ans, prononcées en juillet 2017.
Nous rappelons également que d’autres syndicalistes font encore aujourd’hui l’objet d’une interdiction d’exercer toute fonction dans une organisation publique ou non gouvernementale par mesure de représailles pour leurs activités syndicales. Il s’agit de MM. Eleusinov et Kushakbaev, pour lesquels nous réitérons notre plein soutien.
Il s’agit clairement de tentatives manifestes d’empêcher toute possibilité pour eux de s’engager dans des activités syndicales à l’avenir et cela s’inscrit dans le cadre d’une volonté concertée de porter atteinte à l’existence de leur mouvement syndical. Ces pratiques de harcèlement judiciaire constituent de graves violations de la convention no 87 et doivent immédiatement cesser et les peines prononcées à l’encontre de ces syndicalistes doivent être annulées.
À côté du harcèlement judiciaire, les représentants syndicaux sont encore trop souvent victimes de violences dans l’exercice de leurs activités syndicales. Le rapport renvoie à l’agression subie le 10 novembre 2018 par le président du Syndicat des travailleurs du complexe pétrolier et énergétique de Shakhtinsk, M. Senyavsky. La violence à l’encontre de représentants syndicaux doit être condamnée avec la plus grande fermeté. Le Kazakhstan se doit de faire toute la lumière sur ces faits en recherchant activement les auteurs de ces faits, en les traduisant en justice et en leur appliquant des sanctions dissuasives.
En ce qui concerne la législation kazakhe, la commission d’experts relève que l’incitation à poursuivre une grève déclarée illégale par le tribunal est toujours passible d’une peine d’emprisonnement. Le gouvernement manifeste son intention de réduire ces peines. Il convient de rappeler qu’infliger des peines pour le simple fait d’appeler à une grève, même déclarée illégale par les tribunaux, ne devrait pas entraîner de peine ou de sanction. Prévoir de telles peines ou sanctions est contraire à la convention. Ces sanctions doivent être tout simplement abrogées.
Enfin, les organisations syndicales indépendantes au Kazakhstan ont toujours pu compter sur le soutien de la communauté syndicale internationale pour défendre l’exercice de leur liberté syndicale. Ce soutien est néanmoins fortement entravé par le gouvernement du Kazakhstan qui estime l’implication de ces acteurs internationaux comme une ingérence dans les affaires internes du pays. Si nous ne doutons pas des intentions louables de la proposition du gouvernement d’inclure la Confédération syndicale internationale (CSI) sur la liste des organisations internationales autorisées à soutenir les syndicats nationaux, nous sommes surtout d’avis qu’une telle autorisation par les autorités ne devrait tout simplement pas être requise. Il s’agit en effet ici d’une énième entrave à l’exercice de la liberté syndicale consacrée par la convention.
Le Kazakhstan traîne derrière lui de très longues années de violations graves de la liberté syndicale et nous craignons que le rétablissement d’un environnement favorable à l’exercice effectif de cette liberté prendra encore de longues années. Malgré les modifications légales introduites au Kazakhstan, nous devons regretter de ne voir à ce jour aucun impact réel dans la pratique puisque le harcèlement judiciaire, les violences et les entraves à la constitution d’organisations syndicales par l’intermédiaire de la procédure d’enregistrement se poursuivent encore aujourd’hui.
Nous continuerons à suivre attentivement la situation au Kazakhstan et espérons que les intentions affichées par le gouvernement depuis de nombreuses années se traduiront un jour effectivement dans la pratique.
Membres employeurs – Le gouvernement du Kazakhstan a ratifié la convention no 87 en 2000 et, comme les membres travailleurs l’ont indiqué, la commission d’experts a émis 12 observations sur ce cas et la Commission de la Conférence en a discuté à quatre reprises, dont la plus récente en 2019.
D’emblée, les membres employeurs souhaitent exprimer leur gratitude au représentant gouvernemental pour les informations orales et écrites complètes qu’il a communiquées à la commission. Nous prenons note des observations de la commission d’experts relatives à l’emprisonnement de syndicalistes et aux allégations d’agression du président du Syndicat des travailleurs du complexe pétrolier et énergétique de Shakhtinsk. Dans ses observations, la commission d’experts a prié le gouvernement de fournir des informations sur l’évolution de ces cas.
Les membres employeurs prennent note des informations écrites fournies par le gouvernement le 13 mai relatives aux affaires pénales concernant ces syndicalistes et lui demandent de continuer de fournir des informations à cet égard comme cela lui a été demandé.
En ce qui concerne les conclusions de la Commission de la Conférence de 2019, le groupe des employeurs tient à souligner cinq points soulevés par la commission d’experts.
Le premier concerne l’article 2 de la convention. Les membres employeurs notent que la commission d’experts a demandé au gouvernement de fournir des informations sur le statut de la KNPRK et de veiller à ce que la confédération et ses organisations affiliées jouissent sans plus tarder de la pleine autonomie et de l’entière indépendance d’une organisation de travailleurs libre et indépendante. Elle l’a aussi prié de poursuivre la coopération avec les partenaires sociaux sur les questions concernant le processus d’enregistrement. Nous constatons que, dans sa soumission du 13 mai à la Commission de la Conférence, le gouvernement a communiqué des informations sur l’enregistrement du KSPRK et la suspension du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie. À la lumière de ces éléments, les membres employeurs se doivent de répéter la demande que la commission d’experts a adressée au gouvernement de continuer de fournir des informations sur le statut toujours en suspens du KSPRK et du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie, et de collaborer avec les partenaires sociaux pour lever les obstacles à l’enregistrement des syndicats.
Ensuite, les membres employeurs notent que la commission d’experts a précédemment prié le gouvernement de modifier certains articles de la loi sur les syndicats afin de garantir le droit des travailleurs de décider librement s’ils souhaitent s’associer à une organisation syndicale de niveau supérieur ou en devenir membres. Nous sommes heureux de constater que la commission d’experts a noté avec satisfaction que les articles 11 à 14 de la loi sur les syndicats ont été modifiés conformément à sa demande.
En ce qui concerne la loi sur la CNE, les membres employeurs notent que précédemment la commission d’experts a prié instamment le gouvernement de modifier cette loi et toute autre législation pertinente de manière à garantir la pleine autonomie et l’entière indépendance des organisations d’employeurs libres et indépendantes. Le gouvernement a indiqué dans sa soumission écrite à la commission que l’accord général pour 2021-2023 avait été signé le 12 mars 2021 par le gouvernement et les associations nationales d’employeurs et de travailleurs. Les membres employeurs remercient le gouvernement d’avoir finalement modifié l’article 148(5) du Code du travail et l’article 9 de la loi sur la CNE, veillant ainsi à ce que la chambre, à laquelle il est obligatoire d’adhérer, ne représente plus les employeurs dans le dialogue social mené à tous les niveaux, mais que ce rôle revienne à des organisations d’employeurs libres et indépendantes. Ainsi, conformément à l’article 2 de la convention, les employeurs ont maintenant le choix de décider quelle organisation devrait les représenter dans le dialogue social et lors de discussions sur des questions sociales et économiques connexes.
Les membres employeurs ont également noté avec satisfaction que la Confédération des employeurs de la République du Kazakhstan (KRRK), qui est la plus importante organisation nationale d’employeurs, est signataire du nouvel accord général et que ses représentants participent à des instances de dialogue social aux niveaux sectoriel et régional. Les employeurs estiment que ces nouveaux éléments sont des étapes dans la bonne direction et veulent croire que des organisations d’employeurs libres et indépendantes continueront de pouvoir représenter les besoins et les intérêts de leurs membres pour toutes les questions pertinentes dans leur domaine de compétence. Toutefois, les membres employeurs sont toujours préoccupés par les effets que la procédure d’accréditation auprès de la CNE pourrait avoir sur l’indépendance des organisations d’employeurs et continueront de suivre de près cette question. Par conséquent, les membres employeurs demandent au gouvernement de continuer de promouvoir et de permettre les activités des organisations d’employeurs indépendantes dans le pays et de fournir des informations à ce sujet dans ses rapports réguliers sur l’application de la convention.
En ce qui concerne la question du droit de grève soulevée dans les observations de la commission d’experts, les membres employeurs souhaitent rappeler que la convention ne contient pas de dispositions stipulant que le droit de grève doit être réglementé au niveau national. Par conséquent, de l’avis des membres employeurs et de certains gouvernements, la demande que la commission d’experts a adressée au gouvernement de modifier la loi concernant les grèves n’a pas de fondement ni de place dans la convention. Nous estimons donc que le gouvernement n’est pas obligé d’examiner cette demande.
Enfin, en ce qui concerne le droit des organisations de recevoir une aide financière d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs, les membres employeurs se félicitent de la modification de l’article 6 de la loi sur les syndicats. Nous espérons que la liste contenue dans l’ordonnance no 177 du 9 avril 2018 sera étendue aux organisations internationales de travailleurs et d’employeurs, telles que la CSI et l’Organisation internationale des employeurs (OIE). Les membres employeurs demandent au gouvernement de continuer de fournir des informations sur les mesures prises en ce qui concerne tous ces points.
Interprétation du russe: Membre travailleuse, Kazakhstan – Nous sommes la plus grande organisation de travailleurs du Kazakhstan et nous représentons environ 12 millions de membres syndicaux dans tout le pays. En plus de notre fédération dans le pays, nous comptons deux organisations syndicales nationales. La fédération a toujours prôné la solidarité entre syndicats et a également soutenu des campagnes de solidarité d’organisations syndicales internationales.
Nous avons lancé des appels en faveur de l’annulation des condamnations de Larisa Kharkova, Amin Eleusinov, Nurbek Kushakbaev, Dmitry Senyavsky et Erlan Baltabay, et nous avons participé aux discussions sur le problème de l’enregistrement des syndicats.
Par le passé, nous avons approuvé les plaintes que la CSI a présentées à l’OIT. Nous soutenons la position des organisations syndicales internationales, surtout en ce qui concerne l’obligation du gouvernement du Kazakhstan de respecter strictement les conventions internationales du travail et d’adopter des mesures pour rendre sa législation et sa pratique conformes aux conventions.
À l’initiative des syndicats du Kazakhstan, des propositions ont été adressées au ministère du Travail concernant les commentaires formulés par la commission d’experts. Le 4 mai de l’année dernière, le Président du Kazakhstan a signé une nouvelle loi sur les modifications et ajouts. Elle supprime l’adhésion obligatoire des syndicats à des organisations syndicales de niveau supérieur, ce qui signifie que le droit des syndicats de fonctionner librement est désormais garanti. En outre, les conditions pour confirmer le statut des syndicats en tant que syndicat national, sectoriel ou régional ont été simplifiées. L’obligation de représenter la moitié du nombre total des travailleurs d’un secteur donné pour être reconnu en tant que syndicat sectoriel a également été supprimée. En ce qui concerne l’article 402 du Code pénal, dont il est question dans le rapport de la commission d’experts, cette disposition n’a pas été entièrement supprimée, mais elle est moins sévère.
Notre fédération prépare une série de propositions pour améliorer la loi sur les syndicats et la législation du travail du Kazakhstan, notamment pour introduire des garanties relatives aux activités des syndicats et simplifier les procédures pour résoudre des problèmes, notamment en ce qui concerne les grèves et les conflits du travail. Nous avons toujours soutenu l’établissement d’un dialogue constructif avec les partenaires sociaux, les organisations syndicales nationales et autres, pour défendre les intérêts et les droits des travailleurs et des syndicats et promouvoir la justice sociale et les principes du travail décent.
Comme vous l’avez entendu, un nouvel accord général a été conclu cette année entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Pour la première fois, des syndicats nationaux ont adopté une position commune pour assurer la protection des droits au travail et des droits économiques des travailleurs, et garantir les niveaux de salaire. Nos initiatives ont été soutenues, à l’instar des efforts des partenaires sociaux pour préparer une feuille de route fondée sur les principes de l’Agenda du travail décent, encourageant le partenariat social et le travail décent.
Nous continuons de travailler avec l’assistance technique du Bureau international du Travail, et surtout du Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV), pour améliorer notre coopération avec l’Organisation, promouvoir d’autres ratifications de normes internationales du travail et fournir un emploi meilleur et décent à tous.
Membre employeur, Kazakhstan – La KRRK exprime sa profonde reconnaissance à la commission pour son examen de l’application de la convention no 87 par le Kazakhstan.
Comme le représentant gouvernemental l’a déjà mentionné, en mai 2020, la loi sur les modifications et ajouts a été adoptée, prévoyant que des organisations d’employeurs indépendantes de différents niveaux participent au partenariat social. En particulier, cette loi a supprimé les pouvoirs de la CNE de représenter les intérêts des organisations d’employeurs sur des questions ayant trait au partenariat social, et cette organisation a été exclue de la liste des signataires de l’accord général tripartite.
La violation par le Kazakhstan de la convention no 87 remonte à 2013 lors de l’adoption de la loi sur la CNE. Malgré les objections formulées par la Confédération des employeurs au sein des groupes de travail du gouvernement et du Parlement lors de la création de la chambre, la loi a été adoptée. Le ministère de la Justice et le Parlement national ont ignoré les articles de la convention que le Kazakhstan avait ratifiée en 1999.
Cela a conduit à une monopolisation de la gestion des structures entrepreneuriales, supprimant concrètement toute possibilité aux organisations d’employeurs de travailler. L’adoption d’une procédure légale d’accréditation a fait des organisations d’employeurs de simples éléments (membres) soumis à l’autorité de la chambre.
À partir de 2014, il aura fallu cinq ans à la commission d’experts pour convaincre le gouvernement du besoin de modifier le Code du travail et d’autres lois connexes conformément à la convention. Nous pensons que le gouvernement n’a pas entièrement mené à bien ce travail – les premières mesures ont été prises, mais les suivantes se font attendre. La mise en conformité avec la convention n’est pas encore totale. En effet, les organisations d’employeurs (associations et syndicats d’employeurs) accréditées à la chambre continuent d’appartenir au système de la CNE. Elles ne peuvent donc pas être considérées comme des représentants indépendants d’organisations d’employeurs (entrepreneurs) et adhérer à la Confédération des employeurs. Cela s’applique également au financement des activités des associations industrielles (syndicats) par la conclusion d’accords pour exercer les fonctions de la Chambre nationale des entrepreneurs de la République du Kazakhstan Atameken.
Par conséquent, nous pensons que le gouvernement doit apporter les modifications supplémentaires appropriées à la loi sur la CNE, conformément aux principes de la liberté syndicale. Une approche administrative de la part des autorités a conduit à l’élaboration et à l’adoption d’une loi en violation de la convention.
Nous pensons que la commission fera remarquer que des violations subsistent dans le respect de la convention et recommandera au gouvernement et au Parlement national d’éliminer ces violations.
Membre gouvernemental, Portugal – J’ai l’honneur de m’exprimer au nom de l’Union européenne (UE) et de ses États membres. La République de Macédoine du Nord, le Monténégro et l’Albanie, pays candidats à l’adhésion à l’UE; la Norvège, membre de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et membre de l’Espace économique européen (EEE), ainsi que la République de Moldova souscrivent aux présentes déclarations.
L’UE et ses États membres sont attachés à la promotion, à la protection, au respect et à la réalisation des droits de l’homme, dont les droits au travail, le droit syndical et la liberté syndicale.
Nous encourageons activement la ratification universelle et l’application des normes internationales du travail et des conventions fondamentales, y compris la convention no 87. Nous soutenons l’OIT et son rôle essentiel dans l’élaboration, la promotion et le contrôle de l’application des normes internationales du travail et des conventions fondamentales en particulier.
Les relations entre l’UE et le Kazakhstan sont régies par l’accord de partenariat et de coopération renforcé qui permet l’intensification de notre coopération bilatérale. Cet accord comprend des engagements à appliquer efficacement les conventions fondamentales de l’OIT. Tout en reconnaissant les progrès accomplis par le gouvernement grâce à la modification de certains éléments de sa législation, nous nous inquiétons que le Kazakhstan soit devenu un cas récurrent de la commission. Cela fait aujourd’hui la quatrième fois au cours des cinq dernières années que le respect de la convention, tant en droit que dans la pratique, fait l’objet de discussions. Nous encourageons le gouvernement à remédier aux questions encore en suspens afin de se conformer pleinement à la convention.
L’UE et ses États membres prennent note avec satisfaction des modifications apportées en mai 2020 à plusieurs textes législatifs – dont la loi sur les syndicats, la loi sur la CNE et le Code du travail – à la suite d’une mission de haut niveau de l’OIT en mai 2018 et conformément à la feuille de route qui en a découlé.
Nous exhortons le gouvernement à abroger l’article 402 du Code pénal qui prévoit des sanctions pénales pour avoir appelé des travailleurs à participer à une grève déclarée illégale par un tribunal. Cet article est incompatible avec la liberté syndicale et le droit d’un syndicat d’organiser ses activités, dont celui de faire grève, sans ingérence des autorités publiques.
Outre les amendements à la loi, nous demandons au gouvernement de veiller au respect, tant en droit que dans la pratique, de la liberté syndicale, du droit de constituer des organisations sans autorisation préalable et du droit syndical.
Nous prenons note des informations communiquées par le gouvernement à la demande de la commission sur le refus d’enregistrer le KSPRK et le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie. Nous regrettons que les deux organisations ne soient toujours pas enregistrées. Nous déplorons également la suspension des activités du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie. Nous soulignons l’importance de veiller à ce que des syndicats indépendants puissent s’enregistrer et mener à bien leurs activités sans ingérence, et nous encourageons vivement le gouvernement à continuer de collaborer avec les partenaires sociaux pour résoudre les problèmes liés aux processus d’enregistrement et de suspension.
Nous constatons que le Comité de la liberté syndicale continue d’examiner les cas de M. Baltabay et de Mme Kharkova, et nous prenons note des informations écrites que le gouvernement a communiquées sur leurs cas et celui de M. Senyavsky. L’UE et ses États membres déplorent toute violation des droits fondamentaux et tout acte de harcèlement, d’intimidation ou d’agression ou emprisonnement visant des syndicalistes.
L’UE et ses États membres continueront de suivre et d’examiner la situation. Nous restons attachés à notre étroite coopération et à notre partenariat avec le Kazakhstan.
Interprétation du russe: Membre gouvernemental, Fédération de Russie – La Fédération de Russie soutient entièrement les points soulevés par le ministre du Travail du Kazakhstan à propos du respect par son pays de la convention no 87.
Nous pensons que les critiques de l’OIT, des organisations syndicales internationales et des organes chargés des droits de l’homme à l’égard du Kazakhstan, au motif qu’il violerait les dispositions de la convention, ne sont pas fondées. En mai 2018, une mission de haut niveau de l’OIT s’est rendue au Kazakhstan. Dans la foulée, une feuille de route a été adoptée sur la mise en œuvre des recommandations formulées par la Commission de la Conférence et la commission d’experts à propos de la convention. Sur la base de ce document, les autorités kazakhes ont énormément travaillé pour modifier leur législation nationale. En mai 2020, le Président Tokayev a signé une nouvelle loi sur les modifications et ajouts pour améliorer encore la gouvernance juridique des relations sociales et professionnelles, y compris les activités des syndicats et l’établissement d’un dialogue avec les syndicats à tous les niveaux du partenariat social. Par conséquent, la législation nationale a été modifiée pour la rendre pleinement conforme aux normes internationales du travail et nous espérons que cela sera reflété dans le rapport de la commission sur ce cas pour que son examen prenne fin. Je souhaite profiter de l’occasion pour appeler une fois de plus l’OIT et tous ses Membres à s’en tenir strictement aux principes de neutralité et d’objectivité lors de l’examen de tels cas et de ne pas soulever des questions qui dépassent le cadre de leurs compétences et n’ont rien à voir avec la mise en œuvre des normes du travail de l’OIT.
Interprétation du russe: Membre travailleur, Fédération de Russie – La délégation des travailleurs de la Fédération de Russie n’a pas constaté de véritables progrès dans ce cas en ce qui concerne l’application de la convention au Kazakhstan. Les changements à la législation que mentionne le gouvernement ne modifient pas vraiment la situation de façon substantielle. Des dirigeants de syndicats indépendants ont été reconnus coupables d’infractions pénales. Peut-être sont-ils actuellement libres grâce aux efforts du BIT et de la communauté internationale, mais ils sont toujours considérés comme des criminels et ne peuvent pas exercer d’activités syndicales. En application de la loi sur les syndicats et alors que les motifs invoqués pour rejeter son enregistrement ne sont plus en vigueur, la KNPRK a été dissoute légalement et tous les efforts visant à la réenregistrer ont été voués à l’échec. Lorsque la confédération a été dissoute, des pressions ont été exercées sur ses militants et il n’existe aujourd’hui pratiquement plus aucun syndicat qui faisait partie de la KNPRK.
Dans sa nouvelle formulation, la loi sur les syndicats prévoit l’enregistrement obligatoire des organisations syndicales en tant que personnes morales, et la procédure à suivre dans ce cas est très complexe. Les syndicats ne peuvent s’établir selon des modalités qui ne sont pas prévues par la loi. Ils sont limités dans l’obtention d’une aide financière, ils ne peuvent pas compter de membres issus de certaines catégories de travailleurs et doivent encore respecter d’autres dispositions.
Alors que l’article 402 du Code pénal a été modifié, l’appel à la grève reste une infraction et une sanction est prévue dans ce cas, et ce, même si, pendant la grève, aucune violation grave du droit et de l’ordre public n’est commise. Il apparaît donc que la liberté syndicale continue d’être violée au Kazakhstan. Nous prions instamment la commission de prendre des mesures concrètes pour veiller à ce que des modifications appropriées et substantielles, plutôt que cosmétiques, soient apportées en droit et dans la pratique à cet égard au Kazakhstan.
Membre gouvernemental, Inde – L’Inde salue et remercie la délégation gouvernementale du Kazakhstan pour les informations actualisées communiquées sur le cas examiné. La délégation indienne a revu les commentaires de la commission d’experts et les réponses fournies par le gouvernement. Elle apprécie l’engagement du gouvernement de s’acquitter de ses obligations internationales en matière de travail, y compris celles liées à la convention, en mettant en œuvre progressivement les recommandations pertinentes de l’OIT et salue sa volonté de travailler de manière constructive avec l’Organisation.
Notre pays prend note avec satisfaction des récentes modifications législatives adoptées au Kazakhstan pour rendre la loi sur les syndicats conforme aux normes de l’OIT. L’Inde note également avec satisfaction la conclusion de l’accord général pour 2021-2023 entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Nous estimons que cet accord relatif aux activités des associations nationales leur fournira la protection nécessaire pour mener leurs affaires internes. Nous nous réjouissons également de la collaboration continue du gouvernement du Kazakhstan avec les partenaires sociaux à cet égard.
Nous demandons à l’OIT et à ses mandants d’appuyer pleinement le gouvernement et de lui fournir toute l’assistance technique dont il pourrait avoir besoin pour s’acquitter de ses obligations en matière de travail. Nous profitons de cette occasion pour souhaiter au gouvernement du Kazakhstan tout le succès possible dans ses futurs efforts.
Membre travailleuse, Allemagne – Je m’exprime au nom de la Confédération allemande des syndicats (DGB), de la Confédération syndicale des Pays-Bas (FNV) et des syndicats nordiques. Au cours des derniers jours, certains délégués ont affirmé qu’exiger le respect des libertés civiles ne relevait pas du champ d’application de la convention. Les organes de contrôle de l’OIT ont toutefois souligné à de nombreuses reprises que les droits prévus par la convention ne peuvent être exercés que dans un système qui respecte les droits fondamentaux.
Au Kazakhstan, les travailleurs, les syndicats indépendants et leurs membres sont victimes de répression et d’obstruction systématique de la part de l’État dans l’exercice de leurs libertés civiles en général et du droit syndical en particulier. Le droit de grève fait partie du droit syndical, comme le soulignent à juste titre les organes de contrôle de l’OIT depuis des décennies.
La confiance, la coopération et la solidarité sont essentielles, mais la capacité de recourir à la grève en dernier ressort est une condition préalable essentielle du pouvoir de négociation d’une main-d’œuvre unie.
Le Code du travail et le Code pénal du Kazakhstan offrent encore de grandes possibilités de porter atteinte au droit de grève et à la liberté de réunion. Dans le document écrit qu’il a soumis à la commission, le gouvernement indique que l’article 402 modifié du Code pénal est conforme à l’article 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et respecte donc les droits protégés par la convention no 87. Selon le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, toute restriction de l’article 21 doit être nécessaire et proportionnée dans une société fondée sur la démocratie, l’état de droit, le pluralisme politique et les droits de l’homme.
En 2016, le comité a demandé au gouvernement de s’abstenir d’engager des poursuites contre des associations pour leurs activités légitimes en vertu de dispositions pénales qui sont définies de manière large et qui ne sont pas conformes au principe de la sécurité juridique. L’évaluation de l’article 402 modifié du Code pénal montre que rien n’a changé, comme pour l’article 174 du même code en vertu duquel l’incitation à la discorde sociale peut être punie d’une peine d’emprisonnement de deux à sept ans.
Nous demandons donc au gouvernement de mettre immédiatement sa loi en conformité non seulement avec la convention, mais aussi avec les conventions internationales relatives aux droits de l’homme que le Kazakhstan a ratifiées et qu’il s’est donc engagé à respecter, à promouvoir et à réaliser.
Membre gouvernemental, Turquie – Nous remercions le gouvernement du Kazakhstan pour les informations qu’il a fournies et nous saluons sa volonté et son engagement à dialoguer et coopérer de manière constructive avec l’OIT.
Le 4 mai 2020, des amendements législatifs ont été adoptés pour rendre la loi sur les syndicats conforme aux exigences de l’OIT, et un groupe de travail interinstitutions a été mis en place pour assurer l’application complète et correcte de la nouvelle loi et répondre aux questions soulevées dans le rapport de la commission d’experts. Nous encourageons le gouvernement à continuer de prendre les mesures nécessaires à cet égard.
Nous nous félicitons des importantes mesures positives annoncées, comme l’élimination du principe de l’adhésion verticale obligatoire pour les syndicats, l’introduction de règles sur la coopération internationale pour les syndicats, l’exclusion de la Chambre nationale des entrepreneurs Atameken du système de partenariat social, l’atténuation de la responsabilité en cas d’appel à participer à des grèves illégales, la clarification des conditions pour organiser des grèves dans certains établissements (dans des secteurs tels que l’approvisionnement énergétique et thermique, les transports, les communications et les soins de santé), et la simplification de la procédure d’enregistrement des syndicats. Il convient de reconnaître les récentes modifications que le gouvernement a apportées pour appliquer la feuille de route établie à la suite de la mission de l’OIT de mai 2018 afin de mettre sa législation nationale en conformité avec les normes de la convention.
Nous nous félicitons que le gouvernement ait exprimé sa volonté de poursuivre le dialogue social avec les partenaires sociaux. Le gouvernement est déterminé à travailler sur les questions soulevées par l’OIT et les partenaires sociaux, animé d’un esprit de dialogue constructif. Nous pensons que le Kazakhstan continuera de travailler avec l’OIT et les partenaires sociaux dans un esprit de coopération constructive.
Membre travailleur, États-Unis d’Amérique – Malheureusement, depuis la dernière discussion de ce cas en 2019 devant cette même commission, le gouvernement du Kazakhstan a poursuivi sa campagne visant à saper l’activité syndicale indépendante. Depuis l’adoption de la loi sur les syndicats en 2014, des défenseurs sur place estiment qu’au moins 600 syndicats de différents niveaux ont perdu leur statut en violation flagrante de leur droit à la liberté syndicale. C’est notamment le cas de la KNPRK qui a fait au moins trois tentatives pour se réenregistrer depuis sa dissolution en mars 2017; toutes ont été rejetées.
En mai 2020, le gouvernement a adopté des amendements à la loi qui semblent répondre à certaines des préoccupations soulevées par la commission d’experts. Toutefois, dans la pratique, la campagne de répression étatique à l’encontre des syndicats indépendants se poursuit sans relâche. Depuis ces amendements, les alliés syndicaux mondiaux n’ont eu connaissance que d’un seul enregistrement réussi d’un syndicat indépendant au niveau local. Entre-temps, une autre organisation syndicale sectorielle a été suspendue en février 2021.
Larisa Kharkova, l’ancienne présidente de la KNPRK, est toujours en résidence surveillée, et Erlan Baltabay, Nurbek Kushakbaev et Amin Eleusinov, des dirigeants syndicaux qui ont été emprisonnés pour leur travail, ne peuvent désormais plus exercer d’activités syndicales.
Le gouvernement du Kazakhstan doit appliquer pleinement les recommandations formulées par la commission en 2019 et doit notamment veiller à ce que la KNPRK, ou son successeur, soit enregistrée, les procédures d’enregistrement ne soient pas utilisées pour fermer des syndicats, et les accusations et les peines à l’encontre des dirigeants syndicaux soient abandonnées.
Membre gouvernemental, Azerbaïdjan – Ma délégation remercie la délégation du Kazakhstan d’avoir communiqué à la commission des informations actualisées sur l’application de la convention. L’Azerbaïdjan apprécie les efforts déployés et les progrès accomplis par le gouvernement pour remplir ses obligations découlant de cette convention fondamentale, y compris les mesures positives qu’il a prises pour mettre en œuvre les recommandations de la commission d’experts.
Nous reconnaissons que le gouvernement a continué de mener d’importantes réformes législatives et institutionnelles pour garantir le respect de toutes ses obligations au titre de la convention. Des amendements législatifs ont été adoptés pour rendre la loi sur les syndicats conforme aux exigences de l’OIT, et un groupe de travail interinstitutions a été mis en place pour répondre aux questions soulevées dans le rapport de la commission d’experts. Ces actions du gouvernement démontrent son attachement et sa volonté à répondre aux préoccupations soulevées grâce à la consultation tripartite et avec la collaboration active du BIT. Nous encourageons le gouvernement à continuer de travailler en étroite collaboration avec le BIT et à intensifier ses efforts pour appliquer les normes de l’OIT. Dans le même temps, alors qu’il remplit ses obligations en matière de travail, nous invitons le BIT à soutenir pleinement le gouvernement du Kazakhstan et à fournir toute l’assistance technique et consultative dont il pourrait avoir besoin à cet égard.
Membre gouvernementale, États-Unis d’Amérique – Tous les ans depuis 2015, à l’exception de 2018 lorsqu’une mission tripartite de haut niveau s’est rendue dans le pays, cette commission a discuté du manque de progrès du gouvernement du Kazakhstan dans la résolution de graves problèmes liés au non-respect de la convention.
Nous saluons les progrès accomplis en mai 2020 sur les recommandations visant à modifier la loi sur les syndicats, le Code du travail, la loi sur la CNE, le Code pénal, le Code de procédure pénale et la loi sur les associations publiques. Cependant, un travail important reste à faire. En février 2021, un tribunal a ordonné la suspension pendant six mois des activités du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie pour n’avoir prétendument pas maintenu le nombre minimum de branches actuellement requis par la loi sur les syndicats.
L’engagement récent du gouvernement de travailler avec ce syndicat pour qu’il reste opérationnel est encourageant, car sa suspension conduirait à la dissolution effective du dernier syndicat indépendant au Kazakhstan. Nous demandons au gouvernement de tenir son engagement de respecter et de promouvoir les droits des travailleurs conférés par cette convention. À cette fin, nous prions instamment le gouvernement de garantir la liberté syndicale en droit comme dans la pratique. Il faut pour cela:
respecter la pleine autonomie et l’entière indépendance des syndicats libres et indépendants en cessant immédiatement tout acte de violence, de harcèlement et d’ingérence;
annuler l’ordre de suspension des activités du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie;
mettre en œuvre immédiatement et complètement les récents amendements et continuer de modifier les dispositions restrictives contenues dans la loi sur les syndicats, dont l’obligation de l’article 13(2) relative au nombre minimum de branches pour les syndicats sectoriels;
poursuivre la collaboration avec les partenaires sociaux sur des questions concernant le processus d’enregistrement, y compris le réenregistrement de la KNPRK;
éliminer les pratiques visant à interdire aux syndicalistes et aux dirigeants d’exercer des activités syndicales légitimes, et annuler les décisions existantes; et
poursuivre l’examen de l’article 402 du Code pénal, en consultation avec les partenaires sociaux et le BIT, afin de s’assurer que les sanctions pour avoir appelé à la grève ne sont pas excessives.
Nous exhortons le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre à ces questions et recommandations de longue date. Les États-Unis restent déterminés à collaborer avec le gouvernement pour faire progresser les droits des travailleurs au Kazakhstan.
Membre gouvernementale, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord – Je m’exprime au nom des gouvernements du Royaume-Uni et du Canada. Le Royaume-Uni et le Canada soutiennent le rôle de l’OIT dans l’élaboration, la promotion et le contrôle de l’application des normes internationales du travail, et des conventions fondamentales en particulier. Nous sommes attachés à la promotion, à la protection et au respect des droits de l’homme et des droits au travail tels que garantis par les conventions fondamentales de l’OIT et d’autres instruments relatifs aux droits de l’homme, ainsi qu’à la ratification, à l’application effective et au respect des normes fondamentales du travail.
Le Royaume-Uni et le Canada soutiennent le Kazakhstan et ses ambitions de réforme économique et sociale. Grâce à notre partenariat étroit, nous cherchons à assurer la promotion et le renforcement de l’adhésion à un système international fondé sur des règles, à la bonne gouvernance, à la primauté du droit et aux droits de l’homme universels.
Nous sommes heureux d’apprendre que des amendements à la loi sur les syndicats de 2014 ont été adoptés en mai 2020 et que des modifications ont été récemment apportées au Code du travail et à la loi sur la CNE pour répondre à bon nombre des préoccupations soulevées par cette commission depuis 2015.
Toutefois, nous notons également les multiples et importantes inquiétudes de la commission d’experts, et nous prenons note avec regret de ses observations sur l’absence de progrès significatifs en ce qui concerne les obstacles à la création et à l’enregistrement des syndicats, ainsi que sur l’ingérence constante dans la liberté syndicale des organisations d’employeurs. Nous constatons également l’inquiétante dégradation de la situation des droits de l’homme dans le pays, y compris les actes d’intimidation et de harcèlement à l’encontre des syndicalistes et les restrictions au droit de réunion pacifique. Nous exhortons et encourageons donc le gouvernement du Kazakhstan à: premièrement, protéger, en droit comme dans la pratique, le droit de tous les individus, y compris les syndicalistes, d’exprimer leurs opinions et de manifester pacifiquement; deuxièmement, s’attaquer efficacement aux difficultés actuelles liées au processus d’enregistrement des syndicats et garantir un environnement favorable à l’enregistrement des syndicats; troisièmement, continuer d’œuvrer pour que les organisations de travailleurs et d’employeurs puissent fonctionner de manière autonome et indépendante, conformément aux points de vue de la commission d’experts; et, quatrièmement, continuer de collaborer étroitement, ouvertement et de manière transparente avec le BIT à l’avenir.
Le Royaume-Uni et le Canada continueront d’appuyer le gouvernement du Kazakhstan dans cette entreprise.
Interprétation du russe: Observateur, Confédération syndicale internationale (CSI) – Je représente les travailleurs qui ont créé le Congrès des syndicats libres du Kazakhstan (KSPRK). Nous avons été dissous en 2017 pour n’avoir prétendument pas rempli les conditions requises pour être une organisation syndicale. Malgré les recommandations claires de l’OIT, la loi sur les syndicats, qui va à l’encontre de la convention no 87, est toujours invoquée dans la pratique et de nombreux syndicats n’ont pas pu se réenregistrer. En effet, comme nous et nos organisations membres, ils ont été dissous légalement. Des dirigeants syndicaux ont été poursuivis en justice sur la base d’accusations fabriquées de toutes pièces et quatre d’entre eux ont été condamnés. Le gouvernement affirme qu’il n’y a pas de lien entre les affaires de MM. Eleusinov, Kushakbaev et Baltabay et Mme Kharkova, mais il y en a bien un, à savoir leur condamnation et leur affiliation à notre organisation. Ils sont peut-être libres, mais ils ne peuvent exercer aucune activité syndicale. Nous nous sommes efforcés de nous enregistrer sous une nouvelle organisation, le KSPRK, en respectant la nouvelle loi, mais le ministère de la Justice a refusé l’enregistrement et affirme que la raison pour laquelle l’enregistrement n’a pas été autorisé la dernière fois reste valable, à savoir l’activité des syndicats dans l’industrie pétrochimique, dont j’ai entendu dire qu’elle avait été arrêtée au début de cette année. Une procédure légale est en cours pour dissoudre nos organisations affiliées. Tout ce processus est absurde. Je n’en ai même pas été informé. Les employeurs se sont retirés des conventions collectives et ils ne reconnaissent plus nos représentants.
Nous prions instamment le gouvernement d’enregistrer le syndicat, d’abandonner la procédure légale pour le dissoudre, de gracier les militants et les dirigeants qui ont été condamnés, et d’enquêter et de demander des comptes aux personnes qui abusent de leur position. Nous voulons seulement protéger et représenter les intérêts de nos membres conformément à la Constitution et aux principes de la liberté syndicale. Nous remercions l’OIT, la CSI et d’autres organisations de leur soutien.
Observateur, IndustriALL Global Union – Il s’agit d’une déclaration commune des Fédérations syndicales internationales suivantes: IndustriALL, l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA), l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) et l’Internationale des services publics (ISP) qui représentent les travailleurs de différents secteurs de l’économie dans le monde, y compris au Kazakhstan.
Le Kazakhstan ne s’acquitte toujours pas de ses obligations au titre des conventions nos 87 et 98. La loi répressive sur les syndicats a été adoptée en 2014 et, dans la foulée, la KNPRK a été dissoute. En 2017, Erlan Baltabay, dirigeant du Syndicat indépendant des travailleurs du pétrole et de l’énergie, a assisté à la Conférence internationale du Travail et a dénoncé les violations des droits syndicaux dans son pays. Plus tard, il a été jugé, emprisonné et condamné à une amende. À ce jour, le gouvernement du Kazakhstan continue de recourir à des tactiques dilatoires pour décourager la création de nouveaux syndicats et éviter leur enregistrement. Le gouvernement a ainsi paralysé les activités de tous les syndicats membres de la KNPRK, ce qui laisse de nombreux travailleurs totalement sans protection quant à leur libre choix syndical.
À l’heure où nous parlons, le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie, le dernier syndicat affilié de la Confédération indépendante encore en activité, continue de subir des pressions et des actes d’intimidation. Les autorités de l’État continuent de refuser l’enregistrement dudit syndicat, prétendant que, à deux reprises en 2020, il n’a pas présenté les documents nécessaires à son enregistrement. En fait, certains employeurs ont déjà commencé à tirer parti de ce comportement de l’État en refusant de s’acquitter de leurs obligations en vertu de la convention collective en vigueur.
De plus, le Code pénal répressif est systématiquement invoqué pour poursuivre des membres de la base et des militants qui risquent une peine d’emprisonnement et/ou des amendes importantes pour le simple fait d’accomplir leurs tâches syndicales. En même temps, des membres et des militants de syndicats indépendants subissent des agressions physiques. Par exemple, en 2018 dans la région de Karaganda, des individus non identifiés ont agressé un dirigeant syndical, M. Dmitry Senyavsky.
Compte tenu de l’absence totale d’amélioration de la situation, de la nouvelle détérioration des droits des travailleurs et du refus d’enregistrer de nouveaux syndicats, nous prions le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour que le Kazakhstan respecte ses obligations internationales.
Interprétation du russe: Représentant gouvernemental – Je voudrais une fois de plus remercier tous ceux qui ont pris la parole au cours du débat de cet après-midi, mes collègues du groupe gouvernemental et les partenaires sociaux, pour leur contribution et leur témoignage de ce qu’entreprend le gouvernement du Kazakhstan. Comme je l’ai déjà dit dans ma déclaration liminaire, nous tiendrons bien évidemment compte de tous les commentaires, des recommandations, des souhaits et des bons vœux exprimés lors de la discussion au moment de prévoir nos travaux futurs.
J’ai indiqué que nous avons signé un nouvel accord général et il contient un engagement de la part du gouvernement et des partenaires sociaux de n’interférer en aucune manière dans les activités des autres. En revanche, il prône la poursuite de notre collaboration pour remédier à toute infraction ou violation des droits des employeurs ou des travailleurs et de leurs organisations.
En mai de cette année, comme je l’ai déjà mentionné, nous avons créé spécialement un groupe de travail tripartite d’experts. C’est en son sein que nous mènerons la plupart des travaux de révision et d’examen des éléments nécessaires pour garantir le plein respect de nos engagements à l’égard de l’OIT et de ses conventions.
Comme indiqué précédemment, le groupe de travail tiendra également compte des instructions du gouvernement pour la formulation d’un plan pour aborder des questions plus vastes relatives aux droits de l’homme. Au cours de la discussion, certaines personnes ont évoqué des problèmes de procédure. Conformément à la législation nationale, tous les syndicats peuvent être constitués et organisés sans autorisation préalable, ce qui est, à mon sens, précisément ce que prévoit la convention no 87.
L’enregistrement auprès de l’État et l’obtention d’un numéro d’enregistrement sont des démarches juridiques qui peuvent être effectuées de manière assez simple. La reconnaissance du statut d’un syndicat est acquise une fois ces procédures terminées. À cet égard, je voudrais affirmer que le groupe de travail établi entre le ministère du Travail et le ministère de la Justice est bien opérationnel. Il est notamment composé de syndicats et l’une de ses responsabilités est la résolution des questions problématiques.
En mars de cette année, la question du syndicat que plusieurs orateurs ont évoquée a été abordée et des recommandations ont été émises pour simplifier le processus d’enregistrement. Nous surveillons la situation par l’intermédiaire du groupe de travail et c’est en son sein que le travail se poursuivra.
En ce qui concerne l’enregistrement du KSPRK, nous avons dit à plusieurs reprises que nous sommes prêts à procéder à l’enregistrement de ces syndicats, comme d’autres, mais je pense que ce qui a été dit au sujet de l’activité ou des actions du système juridique au Kazakhstan à cet égard est hors de propos et manque de véracité. Bien sûr, le ministère du Travail est l’organe qui coordonne la promotion du dialogue social; nous l’avons fait dans le passé, nous le faisons encore à l’heure actuelle et nous continuerons de le faire à l’avenir et, comme je l’ai dit, nous ferons également intervenir le groupe de travail d’experts auquel j’ai fait référence à plusieurs reprises.
Je voudrais encore ajouter que, en ce qui nous concerne, nous continuerons d’œuvrer à l’amélioration de notre législation du travail. Nous faciliterons le fonctionnement des syndicats afin de promouvoir la négociation collective et de collaborer à la résolution des conflits de travail. Nous espérons que ce travail, que mènera le gouvernement conjointement avec nos partenaires sociaux, nous permettra de conclure des accords et de nous assurer que ce que nous entreprenons est conforme à nos obligations envers l’OIT.
Membres employeurs – Nous avons écouté attentivement la discussion qui vient de se tenir. Nous voudrions d’abord commencer par remercier le gouvernement pour les informations écrites et orales détaillées qu’il a fournies à la commission. Elles ont été très utiles et ont permis de mieux comprendre la situation au Kazakhstan et de disposer d’informations actualisées. Sur la base de la discussion, nous invitons le gouvernement à continuer de suivre l’évolution des cas de M. Baltabay et de Mme Kharkova.
Les membres employeurs demandent également au gouvernement de prendre les mesures appropriées pour résoudre le problème de l’enregistrement du KSPRK et du Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie.
Les membres employeurs appellent le gouvernement à continuer de collaborer avec les partenaires sociaux sur les problèmes liés à l’enregistrement des syndicats et aux obstacles existants.
Les membres employeurs encouragent le gouvernement à continuer de permettre l’existence d’organisations d’employeurs libres et indépendantes dans le pays, de lever tout obstacle à leur fonctionnement et de le faire sans délai.
Le groupe des employeurs suggère au gouvernement d’envisager l’extension de la liste contenue dans l’ordonnance no 177 du 9 avril 2018 aux organisations internationales de travailleurs et d’employeurs, telles que la CSI et l’OIE.
Les membres employeurs demandent également au gouvernement de fournir des informations sur l’évolution de la situation et les mesures prises dans son prochain rapport régulier sur la convention au titre de l’article 22 de la Constitution de l’OIT.
Membres travailleurs – Nous remercions le représentant du gouvernement du Kazakhstan pour les informations qu’il a pu nous fournir au cours de la discussion et nous remercions également les intervenants pour leur contribution.
Nous l’avons dit, les modifications légales intervenues sont un premier pas dans la bonne direction. Mais ces modifications légales n’ont toutefois pas réglé tous les problèmes de conformité à la convention de la législation kazakhe puisque d’autres aspects légaux devraient être mis en conformité avec la convention pour pleinement garantir la liberté syndicale.
La législation kazakhe soumet notamment toujours la coopération des syndicats avec des organisations internationales à une autorisation préalable délivrée par l’ordonnance no 177 du 9 avril 2018. Une telle pratique nous apparaît contraire à la convention et il conviendrait que le gouvernement prenne toutes les mesures, en droit comme dans la pratique, garantissant que les organisations nationales de travailleurs et d’employeurs ne sont pas empêchées de recevoir une aide financière ou autre de la part d’organisations internationales, notamment en levant la nécessité de l’autorisation préalable pour pouvoir coopérer avec des organisations internationales.
Il est fondamental que le gouvernement mène des enquêtes sérieuses sur les faits de violence perpétrés à l’égard de syndicalistes, en particulier de M. Senyavsky, et qu’il poursuive et condamne leurs auteurs au moyen de sanctions dissuasives.
Le gouvernement doit veiller à faire cesser les abus liés à la procédure d’enregistrement qui visent à perturber le fonctionnement des organisations syndicales libres et indépendantes, à entraver leur enregistrement et à appliquer un traitement préférentiel à certaines organisations syndicales au détriment d’autres.
Le gouvernement veillera à s’abstenir de remettre en cause l’enregistrement des organisations syndicales libres et indépendantes et à mettre fin aux procédures judiciaires en cours qui visent à dissoudre le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie.
Le gouvernement veillera également à revoir, en consultation avec les partenaires sociaux, la législation et la pratique existantes en matière d’enregistrement et de réenregistrement des syndicats afin de garantir que le processus d’enregistrement n’est qu’une formalité.
Plus particulièrement, il conviendra de prendre toutes les mesures nécessaires, en droit comme dans la pratique, pour que la KNPRK et le Syndicat industriel des employés du secteur des combustibles et de l’énergie jouissent sans plus tarder de la pleine autonomie et de l’entière indépendance d’une organisation de travailleurs libre et indépendante, et jouissent de l’autonomie et de l’indépendance nécessaires pour remplir leur mandat et représenter leurs membres.
Le gouvernement veillera enfin à cesser la pratique de harcèlement judiciaire systématique à l’encontre de certains syndicalistes afin de les empêcher de s’engager dans des activités syndicales ou de poursuivre celles-ci. Il conviendra également que les peines prononcées à l’encontre de ces syndicalistes soient annulées et nous pensons ici particulièrement à Mme Kharkova et à MM. Baltabay, Eleusinov et Kushakbaev.
Le gouvernement veillera également à mettre en œuvre l’ensemble des recommandations formulées par notre commission dans le passé, en ce compris la feuille de route de 2018.
Afin de mettre en œuvre toutes ces recommandations, nous invitons le gouvernement à accepter la venue d’une mission de contact direct avant la prochaine session de notre commission qui pourrait également prendre contact avec les organisations et individus concernés par les observations de la commission d’experts. Le gouvernement veillera également à fournir toutes les informations demandées par la commission d’experts pour sa prochaine session.
La commission a pris note des informations que le représentant gouvernemental a fournies par écrit et oralement et de la discussion qui a suivi.
La commission a constaté que des problèmes persistent depuis longtemps et a pris note des discussions préalables sur ce cas qui ont eu lieu devant la commission, dont la plus récente en 2019.
La commission s’est félicitée des nouvelles mesures adoptées pour mettre en œuvre la feuille de route de 2018, en particulier les amendements à la législation, tout en regrettant qu’il n’ait pas été tenu compte de toutes les recommandations précédentes jusqu’à présent.
À cet égard, la commission a pris note des restrictions persistantes, dans la pratique, du droit des travailleurs de constituer des organisations de leur choix, en particulier les procédures de réenregistrement et de radiation indûment complexes qui nuisent à l’exercice de la liberté syndicale.
La commission a également pris note avec préoccupation des nombreuses allégations de violation des libertés civiles fondamentales des syndicalistes, dont des cas de violence, d’intimidation et de harcèlement.
Après avoir étudié la question et, prenant en compte l’exposé du gouvernement et la discussion qui a suivi, la commission prie le gouvernement du Kazakhstan de prendre toutes les mesures nécessaires pour:
- rendre toute la législation nationale conforme à la convention pour garantir la pleine jouissance de la liberté syndicale aux organisations de travailleurs et d’employeurs;
- veiller à ce que les allégations de violence à l’encontre des membres de syndicats fassent l’objet d’enquêtes exhaustives, notamment dans le cas de M. Senyavsky;
- mettre un terme aux pratiques de harcèlement judiciaire des dirigeants et des membres syndicaux qui mènent des activités syndicales légales et abandonner toutes les accusations injustifiées, y compris l’interdiction pour des syndicalistes d’exercer toute fonction dans une organisation publique ou non gouvernementale;
- continuer de suivre l’évolution de la situation des cas de M. Baltabay et de Mme Kharkova;
résoudre la question de l’enregistrement du Congrès des syndicats libres (KSPRK) et du Syndicat industriels des employés du secteur des combustibles et de l’énergie afin de leur permettre de jouir dans les plus brefs délais de la pleine autonomie et de l’entière indépendance d’une organisation de travailleurs libre et indépendante, de remplir leur mandat et de représenter leurs membres;
- revoir, avec les partenaires sociaux, la législation et la pratique relatives à l’enregistrement des syndicats en vue de surmonter les difficultés existantes;
- supprimer les obstacles existants, en droit et dans la pratique, au fonctionnement des organisations d’employeurs libres et indépendantes dans le pays, en particulier abroger les dispositions de la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs relatives à l’accréditation des organisations d’employeurs;
- veiller à ce que les organisations de travailleurs et d’employeurs ne soient pas empêchées de recevoir une aide financière ou autre de la part d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs;
- mettre pleinement en œuvre les recommandations précédentes de la commission, ainsi que la feuille de route de 2018.
La commission prie le gouvernement d’accepter une mission de contacts directs du BIT avant la prochaine session de la Conférence internationale du Travail, en prévoyant un accès total aux organisations et aux personnes mentionnées dans les observations de la commission d’experts.
La commission prie le gouvernement de fournir à la commission d’experts, avant sa prochaine session de 2021, des informations complètes sur les faits nouveaux et les mesures prises en consultation avec les partenaires sociaux pour se conformer à la convention.
Informations fournies par le gouvernement
Le ministère du Travail et de la Protection sociale de la population de la République du Kazakhstan (ci-après le ministère) saisit cette occasion pour exprimer son respect et sa gratitude à l’Organisation internationale du Travail, ainsi qu’à vous personnellement, et a l’honneur de vous adresser ses félicitations à l’occasion du centenaire de l’OIT.
Dans la perspective d’une longue et étroite coopération avec l’OIT, le 16 mai 2019 s’est tenue à Nur-Sultan, sous l’égide du XIIe Forum économique d’Astana (ci-après le forum) une conférence internationale commémorant le centenaire de l’OIT (ci-après la conférence) pour discuter du rapport de la Commission mondiale sur l’avenir du travail (ci-après le rapport).
Le forum est une des plus grandes et des plus importantes rencontres internationales se tenant chaque année avec la participation du Président de la République du Kazakhstan, de dirigeants du monde entier, d’experts internationaux, de représentants de gouvernements, du monde des affaires, de la communauté scientifique, des médias, etc. On y discute des questions socio-économiques les plus graves, des tendances mondiales, des nouveaux défis et des solutions pour les relever.
Plus de 200 délégués ont assisté à la conférence et, parmi les principaux orateurs figuraient la Vice-Première ministre de la République du Kazakhstan, Mme Gulshara Abdykalikova, le ministre de l’Emploi et des Relations du travail de la République d’Ouzbékistan, M. Sherzod Kudbiyev, et des représentants de l’Association internationale de la sécurité sociale, ainsi que d’autres organisations internationales, des représentants de gouvernements étrangers, des diplomates, des associations nationales et étrangères de travailleurs et d’employeurs.
La conférence a donné lieu à un échange de vues exhaustif et constructif sur les différents aspects soulignés dans le rapport. Après celle-ci ont été adoptées les recommandations de fond du rapport.
En outre, le 20 mai 2019, en application de la feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations de l’OIT, le ministère a soumis au gouvernement de la République du Kazakhstan le projet de loi sur les «amendements et ajouts à certains textes législatifs de la République du Kazakhstan relatifs à des questions de travail» (ci-après le projet de loi).
Le projet de loi supprime l’obligation de verticalité des organisations syndicales, simplifie la procédure d’enregistrement, confère aux organisations syndicales le droit d’organiser, de mettre sur pied des manifestations avec des organisations internationales et de mettre en œuvre des projets visant à protéger les droits et intérêts des salariés, conformément à la législation de la République du Kazakhstan; il abolit aussi dans la législation nationale les dispositions régissant la participation de la Chambre nationale des entrepreneurs de la République du Kazakhstan «Atamek» aux relations sociales et de travail.
Le ministère continuera de promouvoir le projet de loi qu’il soumettra ensuite à la Majilis du Parlement de la République du Kazakhstan.
Nous attachons beaucoup de prix aux activités de l’OIT pour son inestimable contribution et son assistance pour l’amélioration de la législation du travail et sur les questions sociales, sur l’emploi, la sécurité au travail et le dialogue social; une assistance technique qui se manifeste sous la forme de consultations, de recommandations et autres programmes de formation.
A cet égard, nous espérons que se poursuivra une coopération constructive axée sur le développement de partenariats internationaux dans le domaine du travail.
Le ministère profite de l’occasion pour réitérer l’assurance de sa plus haute considération à l’OIT.
Représentant gouvernemental – Le Kazakhstan est Membre de l’OIT depuis 1992 et s’attache à remplir ses engagements, dans le respect des normes et des pratiques nationales. Depuis que nous travaillons avec l’OIT, le Kazakhstan a ratifié 24 conventions, qui ont été mises en œuvre par la législation nationale. Le BIT apporte son soutien au pays en lui fournissant conseils et assistance techniques. Les travaux menés par la mission de haut niveau qui s’est rendue dans le pays en mai 2018 ont débouché sur l’établissement d’une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations de la présente commission et de la commission d’experts concernant l’application de la convention. Dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route, une analyse de l’application de la loi sur les syndicats et de la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs (NCE) a été effectuée, en consultation avec les organisations d’employeurs et de travailleurs à tous les niveaux – national, territorial et local notamment.
Une série de recommandations ont été préparées sur l’assistance et les procédures à suivre en vue de recevoir une aide financière de la part d’organisations internationales d’employeurs et de travailleurs. Des informations ont été communiquées à la commission d’experts à propos des associations de juges, des syndicats de sapeurs-pompiers et des syndicats du personnel pénitentiaire et sur les conventions collectives qui s’appliquent à ces catégories de travailleurs.
La feuille de route a été établie à la lumière de ces éléments. Un projet de loi de modification de la législation sur le travail a été préparé, et j’aimerais vous informer que ce texte a été remis le 20 mai dernier au Cabinet du Premier ministre et au secrétariat de la Présidence. Nous tenons une nouvelle fois à réaffirmer l’engagement du Kazakhstan vis-à-vis de l’OIT dans le domaine des relations sociales et des relations de travail. A cet égard, permettez-moi de vous faire part des mesures qui ont été prises pour répondre aux observations que nous avons reçues de la commission.
Premièrement, en ce qui concerne le droit de constituer des organisations sans autorisation préalable (refus d’enregistrement, réenregistrement et dissolution de certaines organisations): il y a actuellement trois organisations syndicales nationales, qui représentent environ trois millions de travailleurs, soit pratiquement la moitié des travailleurs salariés du Kazakhstan. Le pays compte 39 organisations syndicales sectorielles, ainsi que 19 organisations au niveau régional, 439 au niveau local et plus de 20 000 syndicats de premier degré.
En vertu d’un décret du ministère du Travail et de la Protection sociale de la population en date du 29 juin 2018, plus de 100 syndicats ont bénéficié de conseils d’experts sur la question de l’enregistrement et des activités des organisations syndicales. La législation du Kazakhstan, conformément à la convention, ne prévoit pas d’autorisation préalable – ni de la part des pouvoirs publics ni de la part de l’entreprise – pour la constitution d’un syndicat. Les syndicats de premier degré n’ont pas besoin de s’enregistrer auprès du département du ministère de la Justice dont ils dépendent. Lorsqu’un syndicat souhaite acquérir la personnalité juridique et obtenir un numéro d’identification des entreprises, il doit s’enregistrer. Si quelque chose s’y oppose, l’organisme chargé de l’enregistrement rejette la demande et motive sa décision.
S’agissant du Congrès des syndicats libres du Kazakhstan (KSPK), il pourra présenter une nouvelle demande d’enregistrement lorsque tous les points problématiques recensés par l’organisme d’enregistrement auront été réglés – et la demande pourra être renouvelée autant de fois que nécessaire. Nous apporterons notre aide à tous les syndicats qui souhaitent s’enregistrer.
Le projet de loi que j’ai mentionné prévoit une simplification des procédures et une extension à un an (contre six mois actuellement) du délai accordé aux syndicats pour confirmer leur statut.
Deuxièmement, en ce qui concerne les observations sur le droit de constituer des organisations de son choix et d’y adhérer, les syndicats au Kazakhstan jouissent du droit de créer des organisations syndicales et de décider de leur statut, de leur structure et de leur domaine d’activité. Ils sont indépendants des organes de l’Etat, ne sont pas soumis à leur autorité et n’ont pas à leur rendre des comptes.
L’obligation de s’associer telle que prévue par la loi sur les syndicats était nécessaire pour permettre aux syndicats de mieux résoudre les problèmes qu’ils ont à traiter dans le cadre de leur mission de défense des intérêts des travailleurs. Les dispositions de cette loi faisaient des syndicats des partenaires sociaux forts dont l’avis, par conséquent, pesait pour la prise de décisions en matière sociale et du travail. Toutefois, compte tenu des observations formulées par l’OIT et de plusieurs consultations tripartites avec les partenaires sociaux, il a été décidé de revoir le système en place s’agissant des structures syndicales. A cette fin, un projet de loi de modification de certains textes législatifs de la République du Kazakhstan a été élaboré. Il prévoit la suppression de l’obligation de s’affilier à une organisation syndicale de niveau supérieur (modification des articles 12, 13 et 14 de la loi sur les syndicats), la simplification de la procédure de confirmation du statut syndical et le passage à un an du délai accordé aux syndicats pour confirmer leur statut d’organisation nationale, régionale ou sectorielle. Nous aimerions bénéficier de l’assistance technique du BIT sur les questions susmentionnées au moment où le projet de loi sera examiné au Parlement.
S’agissant de la participation du gouvernement à la NCE, troisièmement, des propositions de modification du Code du travail ont été formulées en vue de retirer à la NCE son pouvoir de représentation des employeurs aux niveaux national, sectoriel et régional. La période de transition de cinq ans s’est achevée en 2018; le gouvernement s’est retiré de la structure de fonctionnement de la NCE et ne dispose plus d’un droit de veto. Il n’a par conséquent aucun pouvoir d’influence sur les activités de la NCE. Celle-ci ne sera plus la représentante des employeurs et, de ce fait, ne siégera plus à la Commission tripartite sur le partenariat social ni dans d’autres organes. Elle ne fera plus partie des organisations sectorielles et ne sera plus signataire des accords sectoriels. Elle ne siégera plus non plus dans les commissions régionales. Ces changements sont prévus dans le projet de loi que j’ai évoqué plus haut et qui a été transmis au Cabinet du Premier ministre en mai dernier. Nous aimerions, sur ce point aussi, bénéficier de l’appui technique du BIT.
Quatrièmement, en ce qui concerne le droit des organisations d’organiser leurs activités et de formuler leurs programmes d’action: un projet de modification de l’article 176 du Code du travail portant sur le droit de faire grève dans les installations dangereuses est en cours de préparation. Aux termes de cet article 176, les grèves sont considérées comme illégales dans les secteurs des chemins de fer, de l’aviation civile et des soins de santé, ainsi que dans les installations dangereuses. Le Code du travail prévoit néanmoins la possibilité de faire grève dans ces secteurs à condition que les services essentiels pour la population soient assurés, c’est-à-dire que la grève ne porte pas préjudice à l’ensemble de la population du territoire concerné et n’ait pas lieu dans des installations dangereuses.
Le cinquième commentaire porte sur la modification de l’article 402 du Code pénal. Cette question a été examinée en septembre 2018 lors d’une réunion entre différents services. La disposition a été modifiée et une peine de travail d’intérêt général a été introduite. Le gouvernement va poursuivre ses travaux à cet égard.
Le sixième commentaire concerne le droit des organisations de recevoir une aide financière d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs. Au Kazakhstan, rien ne s’oppose à ce que des actions de coopération et des activités visant à la formation des responsables syndicaux et au développement du secteur social et du travail soient financées par des organisations internationales; la seule exception concerne les activités anticonstitutionnelles qui portent atteinte à la souveraineté et à l’indépendance du pays. La résolution du gouvernement du 9 avril 2018 dresse une liste des organisations internationales ou étrangères fournissant un appui financier et des subventions; l’Organisation internationale du Travail, entre autres institutions, figure dans cette liste. Nous avons communiqué des explications écrites concernant la législation relative à la coopération avec les organisations internationales. Par ailleurs, le projet de loi que j’ai évoqué plus haut comporte une disposition sur le droit des syndicats de mener des activités avec des organisations internationales sur des projets visant à améliorer la situation des travailleurs de la République du Kazakhstan.
Je voudrais dire pour conclure que la République du Kazakhstan continuera de tout mettre en œuvre pour développer les institutions du partenariat social, afin de protéger les droits des travailleurs et des employeurs. Nous allons en outre procéder à la ratification de la convention (nº 175) sur le travail à temps partiel, 1994. Nous tenons une nouvelle fois à vous assurer que le gouvernement du Kazakhstan continuera de prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre l’objectif de garantir le plein respect de la convention no 87.
Membres travailleurs – Le cas du Kazakhstan est un cas récurrent devant notre commission. En 2015, 2016 et 2017 déjà, la situation au Kazakhstan, quant à la conformité à la convention, a été examinée par notre commission. Une mission de contacts directs, une mission tripartite de haut niveau et une feuille de route plus tard, nous revoilà confrontés au cas du Kazakhstan. Et nul est besoin de préciser que la situation dans le pays reste, malgré tout cela, particulièrement préoccupante sur le plan de la liberté syndicale. Nous craignons que le pays ne prenne pas au sérieux les démarches entreprises jusqu’ici par l’OIT et qu’il n’y a pas de réelle volonté d’infléchir sa politique. Nous faisions déjà état lors des années précédentes de violences perpétrées à l’encontre de leaders syndicaux. Outre les violences déjà rapportées à l’encontre de certains leaders syndicaux, de nouvelles violences à l’égard de leaders syndicaux nous sont rapportées, plus précisément des violences à l’encontre du président d’un syndicat de travailleurs du complexe pétrolier et énergétique de la région de Karaganda.
Nous devons vivement déplorer que le gouvernement du Kazakhstan renoue sans cesse avec des pratiques contraires aux libertés fondamentales. A côté de ces faits de violence, les poursuites judiciaires à l’encontre de leaders syndicaux sont également un modus operandi répandu au Kazakhstan.
Le rapport fait état de la libération de MM. Eleusinov et Kushakbaev. C’est un pas dans la bonne direction. Nous soulignons néanmoins qu’ils font encore aujourd’hui, au même titre que Mme Kharkova, l’objet de restrictions fortes de leur liberté de mouvement et sont toujours frappés par l’interdiction d’exercer des activités syndicales.
Un certain nombre de points problématiques subsistent en lien avec la législation applicable au Kazakhstan. L’interdiction faite au personnel pénitentiaire et aux sapeurs-pompiers de constituer ou d’adhérer à une organisation syndicale pose problème. Le gouvernement du Kazakhstan affirme que seul le personnel qui a un grade (militaire ou de police) tombe sous cette interdiction. Il ne faudrait pas que le gouvernement du Kazakhstan use de cette justification afin de contourner et d’abuser de l’exception à la liberté de constitution et d’association pour la police et les forces armées contenue dans la convention.
Si tout le personnel pénitentiaire et tous les sapeurs-pompiers obtiennent un grade militaire ou de police, le gouvernement du Kazakhstan pourrait de facto les priver des droits et libertés consacrés par la convention. Il serait à cet égard intéressant de connaître la proportion de personnel gradé par rapport au personnel civil au sein de ces corps de métier. Il a par ailleurs toujours été considéré que les fonctions exercées par les pompiers et le personnel pénitentiaire ne justifient pas leur exclusion des droits et garanties inscrits dans la convention. Je vous renvoie sur ce point au paragraphe 69 de l’étude d’ensemble de 2012 sur les conventions fondamentales.
Nous souhaitons également rappeler le principe de l’interprétation restrictive des dérogations à la liberté de constituer des organisations, tel que rappelé au paragraphe 67 de l’étude d’ensemble de 2012.
Il convient également dans le cas du Kazakhstan de rappeler le droit de constituer des organisations sans autorisation préalable. S’il peut être accepté que la constitution d’une organisation syndicale fasse l’objet d’un enregistrement, ce dernier ne peut pas être la condition préalable de l’exercice d’activités syndicales légitimes. Or, suite à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les syndicats, le Kazakhstan a imposé l’enregistrement ou le réenregistrement des organisations syndicales et considère les activités syndicales d’une organisation non enregistrée comme illégales. Les procédures d’enregistrement ont le plus grand mal à aboutir et sont parfois à ce point longues qu’elles portent atteinte à la liberté syndicale. Le gouvernement refuse systématiquement d’enregistrer des organisations syndicales indépendantes, voire procède au démantèlement des organisations syndicales préalablement enregistrées.
Citons la Confédération des syndicats indépendants du Kazakhstan (KNPRK), par exemple. Après deux ans de tentative d’enregistrement sans succès, ce syndicat a une nouvelle fois tenté sans succès de s’enregistrer sous un nouveau nom, le KSPK. Ce syndicat a dû faire face à quatre refus successifs d’enregistrement sans justification sérieuse. A côté des difficultés d’enregistrement rencontrées par les organisations syndicales indépendantes, de nombreuses autres organisations syndicales, dont l’indépendance est plus douteuse, ont bel et bien été enregistrées sans difficultés.
Le gouvernement met en avant le fait d’avoir mis en place une ligne d’assistance téléphonique concernant les questions d’enregistrement des syndicats. Il nous revient cependant que cette ligne téléphonique n’a ni les capacités ni le mandat nécessaire pour régler les problèmes en la matière.
Les travailleurs doivent avoir le droit de constituer des organisations de leur choix et de s’y affilier. Or la législation impose l’obligation aux organisations syndicales sectorielles territoriales et locales de s’insérer dans une structure d’une organisation syndicale de niveau supérieur, et ce dans un délai de six mois après leur enregistrement. Nous apprenons que le gouvernement projette d’allonger ce délai à un an. Cela n’est pas de nature à mettre la législation en conformité avec la convention.
Les organisations sectorielles doivent par ailleurs atteindre des seuils beaucoup trop contraignants pour pouvoir être fondées. Des seuils tels que, entre autres, inclure au moins la moitié des effectifs totaux des travailleurs du secteur ou couvrir le territoire de plus de la moitié des régions. Ces seuils sont trop élevés. Ils constituent une entrave à la constitution d’organisations syndicales et par conséquent au pluralisme nécessaire dans le paysage syndical. Pour être conformes à la convention, ces seuils devraient être fixés à un niveau raisonnable.
Au vu de ces éléments, il reste dès lors fondamental de rappeler que les travailleurs ont le droit de décider librement et en toute autonomie s’ils veulent ou non s’associer à une structure syndicale de niveau supérieur ou en devenir membres. Le gouvernement du Kazakhstan aurait dû avoir largement le temps, depuis 2015, de modifier la loi sur les organisations syndicales pour la mettre en conformité avec la convention. Force est de constater que ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui. Les promesses faites et les engagements pris par le gouvernement ne suffisent plus.
La loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs contient également des restrictions à la liberté d’association et d’organisation des organisations d’employeurs, en contravention à la convention.
Ces différentes atteintes à la liberté syndicale mettent en péril l’une des valeurs fondatrices de l’Organisation internationale du Travail, à savoir le dialogue social. Tant les organisations de travailleurs que les organisations d’employeurs sont en effet soumises à des restrictions de leur liberté de s’organiser. Une indépendance pleine et entière des partenaires sociaux est nécessaire afin que ceux-ci puissent librement et efficacement représenter les intérêts de leurs membres.
La législation prévoit qu’un certain nombre d’entreprises peuvent tomber sous la catégorie d’entreprises qui mènent des activités dites «activités industrielles dangereuses». Le caractère flou de cette notion et la possibilité pour une grande majorité des entreprises de déclarer qu’elles exercent des activités industrielles dangereuses ne permettent pas de déterminer avec précision quelles activités sont précisément visées par cette disposition. Cette incertitude implique, dans la pratique, que la plupart des actions menées par les syndicats peuvent être considérées comme illégales et revient à nier le droit de grève dans de très nombreuses entreprises.
La convention implique pourtant le droit des organisations d’organiser leur activité et de formuler leurs programmes d’action. Cette convention est pour nous le cœur du droit de grève et, nous le savons pertinemment, le droit de grève est le fondement même d’un exercice plein et entier de la liberté syndicale. La législation du Kazakhstan entrave de manière déraisonnable l’exercice plein et entier du droit de grève dans de trop nombreuses entreprises. La limitation du droit de grève ne peut être admise que pour les services essentiels. Les services essentiels doivent être entendus comme les services dont l’interruption mettrait en danger, dans l’ensemble ou dans une partie de la population, la vie, la sécurité ou la santé de la personne. Nous espérons que le gouvernement donnera enfin une suite sérieuse aux recommandations que nous pourrons lui adresser à l’issue de nos discussions.
Des leaders syndicaux ont été condamnés et emprisonnés sur la base de l’article 402 du Code pénal, qui réprime pénalement le fait de poursuivre une grève déclarée illégale par un tribunal, avec des peines allant jusqu’à un an d’emprisonnement, voire trois dans certains cas. Nous souhaitons fortement insister sur le fait qu’un travailleur ayant participé à une action syndicale de manière pacifique n’a fait qu’user d’un droit fondamental et, par conséquent, ne doit pas être passible de sanctions pénales. Comme l’a déjà précisé l’étude d’ensemble de 2012, de telles sanctions ne sont envisageables que si, à l’occasion de l’action syndicale, des crimes ou délits sont commis, et ce exclusivement en application des textes punissant de tels faits.
Nous apprenons que, après une réunion à laquelle tous les organismes publics intéressés étaient invités, le gouvernement a l’intention de confier l’examen de la révision de cet article du Code pénal au groupe de travail interinstitutionnel du bureau du procureur. L’implication des partenaires sociaux sur de telles questions nous paraît également essentielle.
Enfin, la législation prévoit toujours une interdiction pour les organisations syndicales d’accepter une aide financière «directe» d’organisations internationales. Les projets et activités de coopération conjoints seraient quant à eux tout à fait autorisés en pratique. Les informations transmises par la Confédération syndicale internationale (CSI) font néanmoins état de refus de la part des autorités d’enregistrer des organisations syndicales pour la seule raison de leur affiliation à des organisations syndicales internationales, sans qu’il soit question d’un financement direct. La législation et la pratique ne sont donc toujours pas conformes à l’article 5 de la convention.
Le gouvernement affirme avoir émis des recommandations aux organisations syndicales en ce qui concerne la réception de financements d’organisations internationales. Il sera utile de pouvoir en prendre connaissance par écrit et il conviendra qu’elles respectent les principes de la convention.
Membres employeurs – J’aimerais remercier le délégué gouvernemental pour les commentaires formulés devant notre commission aujourd’hui. Je relève tout d’abord que la convention a été ratifiée par le Kazakhstan en 2000 et que, comme le porte-parole des travailleurs l’a souligné, ce cas a fait l’objet de 10 observations de la part de la commission d’experts depuis 2006. Il a été examiné à trois reprises par la Commission de la Conférence, notamment en 2015, 2016 et 2017, pour ne pas remonter plus loin dans le temps.
Lors de la Commission de la Conférence de 2017, le groupe des employeurs a fait observer que, malgré les orientations très claires de la Commission de la Conférence en 2015 et 2016, et nonobstant les préoccupations de longue date soulevées par la commission d’experts depuis 2006, il apparaissait que le gouvernement n’avait toujours rien fait pour résoudre les problèmes graves liés à la liberté syndicale des organisations de travailleurs et d’employeurs, et en particulier s’agissant de la liberté de constituer des organisations de leur choix sans autorisation préalable du gouvernement et de s’y affilier.
Lors de cette même session, les membres employeurs ont exprimé leur vive inquiétude devant le fait que le gouvernement n’avait toujours rien fait pour que la loi de 2013 sur la Chambre nationale des entrepreneurs prévoie la pleine autonomie et indépendance des organisations d’employeurs, sans ingérence de la part du gouvernement. Ils ont fait observer avec une grande préoccupation que la loi avait pour effet d’entraver la liberté et l’indépendance des organisations d’employeurs en particulier, et que le fait que le gouvernement ne fasse rien pour modifier le texte était extrêmement problématique.
A la suite de la visite au Kazakhstan, en mai 2018, d’une mission de haut niveau de l’OIT, le gouvernement a adopté une feuille de route dans laquelle il s’engageait à prendre des mesures concrètes pour remédier aux problèmes de non-conformité avec la convention et qui prévoyait la poursuite de l’assistance technique du BIT.
Par ailleurs, pour ce qui est spécifiquement des questions de liberté syndicale concernant les organisations d’employeurs, et en particulier la NCE, le Bureau des activités pour les employeurs (ACT/EMP) du BIT a effectué une mission technique au Kazakhstan en janvier 2019, dans l’objectif spécifique de discuter avec les ministères concernés des modifications à apporter à différentes lois touchant à la NCE. Un accord de base a été conclu pendant la mission sur les modifications nécessaires, mais le gouvernement s’est malgré tout, dans une intervention postérieure, refusé à reconnaître la nécessité de la plupart des modifications du cadre législatif qui étaient proposées. Nous croyons savoir par ailleurs que le Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) du BIT a apporté une assistance technique au gouvernement sur les problèmes non résolus de liberté syndicale concernant les organisations de travailleurs.
Il apparaît donc clairement que plusieurs départements du BIT sont intervenus dans le cadre d’une coopération constante et constructive visant à renforcer la connaissance de ces questions au sein du gouvernement du Kazakhstan.
Au vu de ces activités et de l’absence persistante de progrès, nous, membres employeurs, devons commencer notre intervention cette année en exprimant une nouvelle fois notre profonde préoccupation devant le fait que le gouvernement ne s’acquitte toujours pas de son obligation de garantir dans la loi de 2013 sur la NCE que les organisations d’employeurs se constituent et fonctionnent en pleine autonomie. La loi doit prévoir que les organisations d’employeurs peuvent se former et fonctionner en toute indépendance, sans ingérence du gouvernement. La création de la NCE, qui est l’une des dispositions de cette loi, constitue un obstacle sérieux à la liberté d’association des organisations d’employeurs et, de l’avis du groupe des employeurs, pose de graves problèmes s’agissant du non-respect persistant des obligations incombant au gouvernement au titre de la convention.
En conséquence, les employeurs considèrent que le cadre législatif, et notamment la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs, qui a porté création de la NCE en tant que structure avec affiliation obligatoire et ayant le monopole de la représentation des employeurs, reste problématique et préoccupant. Les déclarations du gouvernement aujourd’hui, qui affirme qu’il s’est retiré de la NCE et qu’il n’a plus de pouvoir d’influence sur les activités de la structure, ne viennent pas tempérer nos inquiétudes. Sans vouloir offenser quiconque, ces informations ne sont de toute évidence pas exactes.
Devant la situation de restriction à la liberté syndicale des employeurs qui persiste maintenant depuis plus de cinq ans, et en l’absence manifeste de progrès en vue d’y remédier, le groupe des employeurs se voit contraint de demander au gouvernement de préparer de toute urgence, en consultation étroite avec les partenaires sociaux, à savoir les organisations d’employeurs et de travailleurs les plus représentatives, libres et indépendantes, des modifications de la loi sur la NCE visant à garantir que les organisations d’employeurs et de travailleurs peuvent constituer des organisations de leur choix et s’y affilier, sans ingérence du gouvernement. Ce point est pour nous d’une importance cruciale.
Nous observons en outre un certain nombre de problèmes s’agissant de l’ingérence du gouvernement dans la constitution et la création des organisations de travailleurs et dans l’exercice de leur liberté syndicale. Le porte-parole des travailleurs les a évoqués pour la plupart et, de l’avis des employeurs, les informations fournies jusqu’à présent montrent qu’il existe bel et bien toujours des obstacles en ce qui concerne l’enregistrement des syndicats. Le gouvernement devrait par conséquent, en consultation avec les partenaires sociaux représentatifs, passer en revue ces obstacles afin de trouver des solutions permettant de donner pleinement effet au droit de constituer des organisations sans autorisation préalable, conformément à l’article 2 de la convention.
De plus, les employeurs relèvent que certains aspects de la loi sur les syndicats sont toujours contraires au droit des travailleurs de décider de façon autonome si leur syndicat doit s’affilier ou non à une organisation syndicale nationale. Certains éléments de la loi en vigueur leur retirent de fait ce pouvoir de décision.
Un autre de sujet de préoccupation a trait au seuil élevé, qui entrave sérieusement semble-t-il le droit des travailleurs de constituer des organisations de leur choix et d’adhérer à ces organisations. Nous exprimons en conséquence nos inquiétudes sur ces points.
Ce cas pose aussi une question liée au droit des organisations de recevoir une aide financière d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs. Le problème est ici que la loi ne comporte pas de disposition autorisant les organisations de travailleurs et d’employeurs à pouvoir bénéficier, à des fins normales et légales, de l’aide financière ou d’autres formes d’aide d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs.
Par conséquent, nous prenons note de l’indication du gouvernement selon laquelle un projet de recommandation sur l’octroi d’une assistance financière par les organisations internationales a été préparé. Nous souhaitons toutefois souligner à cette occasion qu’il est essentiel que la loi précise cette question de manière absolument claire; nous demandons en outre au gouvernement de bien vouloir apporter des précisions sur le statut juridique de la recommandation, ainsi que sur son contenu.
Enfin, je relève que le gouvernement a présenté des commentaires en réponse aux observations de la commission d’experts concernant les grèves dans l’industrie manufacturière et les autres industries dangereuses. Je prends note aussi de la déclaration de M. Leemans à cet égard. Nous dirons simplement à ce stade que les observations de la commission d’experts ayant trait aux dispositions du Code du travail, de la loi sur la protection civile et du Code pénal concernent exclusivement des questions liées au droit de grève.
Dans le présent cas, des observations ont été formulées à propos des grèves dans des entreprises qui exploitent des installations de production dangereuses, qui sont considérées comme illégales, et des sanctions prévues pour l’infraction d’incitation à poursuivre une grève déclarée illégale par le tribunal.
Les employeurs rappellent leur position bien connue selon laquelle la convention no 87 ne traite pas expressément du droit de grève; par conséquent, il n’existe pas de consensus au sein de cette commission concernant sa capacité à donner des orientations au gouvernement sur ces points. Nous soulignons aussi que le groupe des employeurs n’est pas le seul à considérer que la convention no 87 ne traite pas expressément du droit de grève. Cette position a aussi été mise en évidence dans une déclaration faite par le groupe gouvernemental lors d’une session du Conseil d’administration en 2015. De ce fait, comme il n’y a pas de consensus sur ce point, nous n’examinerons pas la question plus avant et laisserons au gouvernement toute latitude pour traiter ces problèmes de la manière qui lui semble appropriée.
Pour conclure ces commentaires liminaires, le groupe des employeurs tient à insister sur le fait qu’il est vraiment temps maintenant de passer à l’action concrète. L’OIT et ses différents organes, de même que les partenaires sociaux, ont fait preuve de bonne volonté et de bonne foi, et le gouvernement doit maintenant, sans plus attendre, remédier à ces problèmes qui représentent une atteinte grave au libre fonctionnement des organisations indépendantes de travailleurs et d’employeurs.
Membre travailleur, Kazakhstan – Je voudrais m’arrêter sur les points qui sont les plus importants aux yeux des syndicats. Je souhaite tout d’abord faire observer que nous, la Fédération des syndicats de la République du Kazakhstan (FPRK), défendons toujours la solidarité entre les syndicats et appuyons les campagnes des organisations syndicales.
En avril, nous avons été officiellement invités à nous mobiliser en faveur de nos collègues MM. Eleusinov et Kushakbaev et, grâce à nos efforts, le tribunal a décidé de remettre en liberté ces deux militants. Le 18 mai 2018, la FPRK s’est associée à la plainte déposée auprès de l’OIT par la Confédération syndicale internationale (CSI). Nous soutenons les engagements pris par le gouvernement et espérons que la législation continuera de s’améliorer. En octobre 2018, la FPRK a lancé officiellement un appel aux autorités chargées du maintien de l’ordre, en signe de soutien aux responsables syndicaux de la KNPRK. En ce qui concerne les situations que nous avons évoquées aujourd’hui, nous sommes particulièrement préoccupés par le sort de notre collègue M. Senyavsky, qui a fait l’objet d’une agression. Il est pour nous très important que les personnes impliquées soient traduites en justice.
Je tiens ensuite à dire que la FPRK met tout en œuvre pour promouvoir et appliquer les principes et les normes de l’OIT. A la suite de la visite de haut niveau, le gouvernement et les partenaires sociaux ont élaboré une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations de la commission figurant dans l’observation sur l’application de la convention. La FPRK a travaillé avec d’autres représentants, notamment deux dirigeantes syndicales, Mme Kharkova et Mme Belkina, à un projet de modification de la législation visant à mettre la pratique en conformité avec la convention, comme l’a évoqué aujourd’hui le représentant gouvernemental.
De nouvelles propositions de modification de la loi sur les syndicats et d’autres textes de loi ont été élaborées à la lumière de la discussion commune et des travaux réalisés lors du séminaire tenu les 4 et 5 septembre 2018 avec l’OIT. Le projet a été envoyé au ministère du Travail. La FPRK a participé au groupe de travail qui a rédigé le texte du projet. Les modifications proposées concernent la simplification de la procédure d’enregistrement des syndicats, la suppression de l’obligation faite aux syndicats de s’affilier à une autre organisation et la participation des organisations internationales aux activités des syndicats.
Nous avons pris connaissance aujourd’hui d’un certain nombre de propositions du gouvernement. Nous avions de notre côté fait des suggestions qui n’ont pas été retenues dans le projet de loi; elles portaient sur l’exercice du droit de grève et les conventions collectives. Nous pouvons à mon avis reconnaître que les modifications qui sont en train d’être apportées à la loi sur les syndicats peuvent imprimer un véritable élan qui permettra une meilleure application de la convention au Kazakhstan.
Nous avons récemment soulevé la question de la nécessité de ratifier d’autres conventions de l’OIT. Nous n’avons pas ratifié un grand nombre d’instruments depuis la chute de l’Union soviétique. Nous sommes d’avis que le gouvernement devrait tout mettre en œuvre pour ratifier cinq conventions qui sont absolument essentielles pour le pays: la convention (nº 102) concernant la sécurité sociale (norme minimum), 1952; la convention (nº 154) sur la négociation collective, 1981; la convention (nº 184) sur la sécurité et la santé dans l’agriculture, 2001; la convention (nº 175) sur le travail à temps partiel, 1994; et la convention (nº 131) sur la fixation des salaires minima, 1970. La ratification de ces conventions nous permettra d’améliorer la législation du travail et la législation en matière sociale et de renforcer la protection juridique des travailleurs ainsi que les garanties dont ils bénéficient.
Nous espérons que le gouvernement va cette fois-ci réagir de manière responsable et s’acquitter des obligations qui lui incombent, et que tous les points qui ont été convenus, inscrits sur la feuille de route et adoptés à la suite de la visite de la mission de haut niveau seront mis en œuvre. Nous avons le ferme espoir que toutes ces dispositions verront le jour dans la pratique.
Membre employeur, Kazakhstan – Je voudrais revenir sur les informations que nous avons entendues sur l’importance de la convention pour les organisations d’employeurs. La réduction des activités de la NCE a été suivie d’une réduction des activités des organisations d’employeurs. La loi nous empêchait de mener à bien le travail que nous voulions accomplir. Avant la création de la NCE au Kazakhstan, des initiatives avaient été lancées en vue de rassembler en une seule structure les différentes organisations d’employeurs. Nous y étions opposés et nous avons tenté de saisir le Parlement et le ministère de cette question, mais hélas le processus législatif est extrêmement lent et certains ministres n’ont pas pu mener à bien ces travaux avant que leur mandat ne s’achève. La lenteur des procédures a eu à mon avis des conséquences néfastes sur la capacité à mettre en œuvre la convention. Je pense que les activités liées à la modification du cadre juridique vont se poursuivre avec l’arrivée du nouveau ministre. Certains éléments de la loi ont été supprimés. Il est très important à mon sens de passer la vitesse supérieure dans ce processus. Je me réjouis que des représentants de l’OIT viennent dans le pays pour y rencontrer les partenaires sociaux et examiner l’application de la convention. Ce processus a permis de faire émerger un certain nombre de propositions qui recueillent l’agrément des employeurs. Tous les éléments figurant dans ces documents doivent bien entendu être maintenant traduits dans la pratique par le gouvernement. Nous espérons que le premier pas enclenchera un processus permettant d’aller de l’avant et que tout cela aura des conséquences sur la loi sur les syndicats et la loi sur la NCE. Ces textes limitent la capacité des organisations, et notamment des organisations d’employeurs, d’exercer librement leurs droits. Je pense que les processus qui sont lancés vont se poursuivre et s’achèveront cette année. Notre coopération tripartite nous permettra de progresser plus efficacement dans le processus législatif. Une organisation unique telle que la NCE travaille pour les entrepreneurs, mais ne peut véritablement œuvrer dans le domaine des relations de travail. Je pense que les changements intervenus vont nous rapprocher d’une application conforme de la convention.
Membre gouvernemental, Roumanie – Je m’exprime au nom de l’Union européenne (UE) et de ses Etats membres. La Norvège, pays membre de l’Association européenne de libre-échange (AELE), s’associe à cette déclaration. Nous sommes très attachés aux droits de l’homme, notamment à la liberté syndicale et au droit d’organisation des travailleurs et des employeurs, et nous reconnaissons le rôle important que joue l’OIT dans l’élaboration, la promotion et le contrôle de l’application des normes internationales du travail.
Les relations entre l’UE et le Kazakhstan s’inscrivent dans le cadre de l’Accord de partenariat et de coopération renforcé. Cet accord, qui nous a permis de consolider notre coopération bilatérale, comprend des engagements en vue de donner réellement effet aux conventions fondamentales de l’OIT.
Le cas du Kazakhstan, dont la situation au regard de la convention a fait l’objet d’une discussion en 2016 et en 2017, est en train de devenir récurrent devant notre commission. Celle-ci a demandé à plusieurs reprises au gouvernement de modifier la loi sur les syndicats, et notamment ses dispositions qui limitent le droit des travailleurs de constituer des organisations syndicales de leur choix et d’y adhérer, ainsi que certaines dispositions du Code du travail, de la Constitution et du Code pénal.
Il est positif que, à la suite des recommandations formulées par la commission, une mission de haut niveau de l’OIT se soit rendue sur place en mai 2018, et nous prenons note avec intérêt de l’établissement à cette occasion d’une feuille de route prévoyant un certain nombre de mesures à prendre en vue de la mise en œuvre des recommandations de la commission d’experts. Nous regrettons toutefois l’absence persistante de progrès en ce qui concerne la liberté syndicale et le droit d’organisation dans le pays, notamment pour ce qui est du droit de grève, en dépit des demandes répétées de notre commission.
Tout en saluant la remise en liberté des deux dirigeants syndicaux arrêtés en 2017, nous exprimons notre profonde préoccupation face aux informations faisant état de la poursuite des actes de harcèlement et d’intimidation à l’encontre de syndicalistes et des violations de leurs droits humains fondamentaux. Nous pensons notamment à l’agression physique, en novembre 2018, du dirigeant de la section du syndicat des travailleurs du secteur énergétique et pétrolier de la région de Karaganda et prenons note des informations selon lesquelles les responsables syndicaux remis en liberté se sont vu interdire d’exercer des activités syndicales.
Nous sommes également préoccupés par le fait que certains syndicats n’ont pas encore été autorisés à s’enregistrer. Nous pensons en particulier à la KNPRK, qui a été dissoute et qui, du fait de la nouvelle loi sur les syndicats, n’a toujours pas pu s’enregistrer ou se réenregistrer. Nous prions donc le gouvernement d’examiner avec les partenaires sociaux les difficultés identifiées par les syndicats et de garantir le droit des travailleurs de constituer des organisations sans autorisation préalable du gouvernement. L’examen devrait porter notamment sur la possibilité de faciliter le processus d’enregistrement ou de réenregistrement des syndicats et revoir la disposition prévoyant l’affiliation obligatoire.
Nous souhaitons réaffirmer qu’un environnement propice au dialogue et à la confiance entre les employeurs, les travailleurs et le gouvernement est essentiel pour la stabilité sociale et économique et contribue à jeter les fondements d’une croissance solide et durable et de sociétés inclusives.
Sur la base des considérations qui précèdent, nous renouvelons les demandes qui ont été faites en 2017:
- Nous demandons au gouvernement du Kazakhstan de respecter le droit des travailleurs de constituer des organisations de leur choix et d’y adhérer. Pour garantir le plein respect de ce droit, nous demandons instamment au gouvernement de modifier sans plus attendre la loi sur les syndicats adoptée en 2014, et en particulier les articles 11(3), 12(3), 13(2) et (3) et 14(4), en consultation avec les partenaires sociaux.
- Les employeurs ont eux aussi le droit de constituer des organisations de leur choix et d’y adhérer. Comme cette commission l’a répété plusieurs fois, nous prions instamment le gouvernement de modifier la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs et toute autre législation pertinente de manière à garantir l’autonomie et l’indépendance des organisations d’employeurs libres et indépendantes au Kazakhstan.
- Nous prions instamment le gouvernement de prendre des mesures pour faire en sorte que le droit de grève soit pleinement respecté dans le pays et de modifier à cette fin le Code du travail de 2015 ainsi que l’article 402 du Code pénal, comme il s’est plusieurs fois engagé à le faire devant cette commission. Nous le prions de fournir des informations sur la réforme de la législation et de la procédure pénales visant à garantir qu’aucune sanction pénale n’est imposée à un travailleur pour le seul fait d’avoir exercé pacifiquement son droit de grève.
- Enfin, nous invitons le gouvernement à prendre les mesures nécessaires – conformément au rapport de la commission d’experts de cette année – en vue d’autoriser les organisations de travailleurs et d’employeurs à recevoir l’aide financière d’organisations internationales de travailleurs et d’employeurs.
Nous nous réjouissons d’apprendre que le gouvernement prépare une loi de modification de la loi sur les syndicats. Nous invitons le gouvernement à continuer de solliciter l’assistance technique du BIT afin de mener à bien les réformes nécessaires et s’assurer que les modifications législatives satisfont aux exigences des conventions de l’OIT.
Dans la pratique, nous attendons de la part du gouvernement qu’il n’empêche pas l’enregistrement des syndicats indépendants, qu’il respecte le droit d’organisation et la liberté syndicale des travailleurs, notamment le droit de grève, et qu’il mette un terme aux arrestations de syndicalistes dans le pays ainsi qu’aux actes de harcèlement et d’intimidation à leur encontre. Nous continuerons de suivre de près la situation et restons résolument attachés à la coopération et au partenariat avec le Kazakhstan.
Membre gouvernementale, Etats-Unis – Les Etats-Unis s’inquiètent vivement des obstacles qui entravent de manière persistante l’exercice de la liberté syndicale au Kazakhstan. Nous sommes en particulier préoccupés par le fait que le gouvernement n’a pas mis en place de changement significatif en vue de remédier à cette situation.
La commission examine ce cas tous les ans depuis 2015 – sauf en 2018, année où une mission tripartite de haut niveau s’est rendue dans le pays. Au fil des années, le gouvernement n’a mis en œuvre aucune des recommandations formulées par les organes de contrôle. Du fait de cette inaction, les violations des droits des travailleurs et des employeurs se poursuivent au Kazakhstan.
Cela est particulièrement préoccupant compte tenu des allégations de violences, des restrictions imposées aux activités syndicales et des manœuvres d’intimidation à l’encontre de syndicalistes, qui sont actuellement visés par des poursuites pénales infondées. Nous sommes nous aussi profondément préoccupés par les informations faisant état de coups et blessures infligés au responsable syndical Dmitriy Senyavskiy et aimerions disposer d’informations supplémentaires à propos de l’avancement de l’enquête. Nous sommes aussi inquiets de la procédure pénale dont fait l’objet actuellement le dirigeant syndical Yerlan Baltabay. Tout en nous félicitant de la remise en liberté d’Amin Eleusinov et de Nurbek Kushakbaev en 2018, nous déplorons que ces responsables, ainsi que Larisa Kharkova, restent sous le coup d’une interdiction de prendre part à des activités syndicales et que des restrictions soient toujours imposées à la liberté de circulation de Mme Kharkova.
Nous avons appris avec satisfaction en juillet 2018 que la Fédération des syndicats du Kazakhstan, le gouvernement, l’OIT et des représentants de syndicats indépendants avaient commencé à préparer des modifications législatives en vue de mettre la législation du Kazakhstan en conformité avec la convention, comme le prévoit la feuille de route pour le Kazakhstan établie par l’OIT. Peu de progrès ont hélas été accomplis depuis lors en vue d’inscrire effectivement dans l’appareil législatif ces dispositions à l’état de projet. Le gouvernement a annoncé qu’un projet de loi avait été finalisé en mai 2019 et nous nous en réjouissons. Nous l’invitons à fournir à la commission des informations supplémentaires concernant la portée et le statut de la loi, ainsi qu’à communiquer un exemplaire du projet de loi pour que l’OIT et ses membres puissent l’examiner.
A cet égard, nous prions instamment le gouvernement de prendre les mesures suivantes en vue de mettre le Kazakhstan en conformité avec la convention:
- mener une enquête exhaustive sur tous les actes de violence perpétrés contre des dirigeants syndicaux;
- mettre un terme au harcèlement des responsables syndicaux et à toute ingérence dans les activités des organisations de travailleurs et d’employeurs;
- déposer devant le Parlement un ou des projets de loi visant à mettre le Code du travail, la loi sur les syndicats, le Code pénal et la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs en conformité avec la convention.
Le temps est maintenant venu pour le gouvernement de prendre des mesures concrètes en vue de mettre en œuvre les recommandations des organes de contrôle de l’OIT. Nous prions instamment le gouvernement de traiter immédiatement les questions en suspens concernant la liberté syndicale dans le pays, en étroite collaboration avec l’OIT et les partenaires sociaux.
Observateur, CSI – Je m’exprime au nom des membres de la KNPRK. La confédération et ses organisations membres ont été dissoutes dans le cadre d’une procédure en justice entamée par le gouvernement. Les documents juridiques et financiers de la confédération ont été saisis, ce qui constitue une violation manifeste de l’article 5 de la Constitution du Kazakhstan et de la convention.
Par ailleurs, les tribunaux ont décidé de condamner des dirigeants syndicaux: Larisa Kharkova, Amin Eleusinov et Nurbek Kushakbaev, qui s’est vu décerner le prix Arthur Svensson des droits syndicaux. En outre, certains camarades ont été renvoyés, ou en tout cas licenciés, de leur travail – il s’agissait là de se débarrasser spécifiquement de membres de notre syndicat.
Le gouvernement ne met pas en œuvre les mesures convenues dans la feuille de route établie en concertation avec l’OIT. Une nouvelle action au civil a par ailleurs été intentée contre Larisa Kharkova, et des poursuites pénales ont été ouvertes contre Yerlan Baltabay, le président du syndicat indépendant des travailleurs du secteur pétrolier et énergétique.
Le gouvernement continue de détruire les syndicats indépendants. Il force les employeurs à ne pas signer de convention collective. Il use de l’intimidation contre les travailleurs salariés et entrave la création de nouveaux syndicats ou l’adhésion à des syndicats qui se réclament de la KNPRK ou de ses organisations membres. Nous demandons à la commission d’exiger du gouvernement du Kazakhstan qu’il mette immédiatement en pratique la feuille de route établie avec la mission de haut niveau de l’OIT, qu’il rende sa législation et sa pratique conformes à la convention, qu’il mette un terme aux poursuites administratives et pénales contre les militants syndicaux et qu’il cesse de s’ingérer dans les affaires internes des organisations syndicales.
Membre gouvernementale, Chine – Le gouvernement chinois a suivi avec attention l’intervention du représentant du gouvernement du Kazakhstan. Nous observons que le gouvernement a fait de gros efforts pour mettre en œuvre la convention, notamment en menant un dialogue approfondi avec les partenaires sociaux et en établissant une ligne d’assistance téléphonique. Nous relevons en outre que le gouvernement écoute attentivement les propositions des partenaires sociaux et de l’OIT et continuera à réviser sa législation. La Chine soutient avec force le dialogue entre le Kazakhstan et les partenaires sociaux et souhaite que la convention soit mieux appliquée. Nous appelons de nos vœux, en outre, une assistance renforcée de la part du BIT.
Membre travailleur, Etats-Unis – Les membres travailleurs canadiens appuient notre déclaration. Il y a un an, la Fédération américaine du travail et Congrès des organisations industrielles (AFL-CIO) a demandé la suspension des avantages commerciaux accordés au Kazakhstan dans le cadre du Système généralisé de préférences (SGP) des Etats-Unis. Cette démarche faisait suite à des observations antérieures concernant le manquement persistant du Kazakhstan à ses obligations de protection et de respect de la liberté syndicale. Depuis la répression brutale d’une grève dans le secteur pétrolier en 2011, qui a fait au moins 17 morts et plusieurs dizaines de blessés parmi les syndicalistes, le gouvernement a engagé, maintenu et multiplié des mesures législatives et pratiques qui privent les travailleurs des droits consacrés par la convention. Depuis cette grève, le gouvernement s’est employé systématiquement et continuellement à incriminer les syndicats indépendants et à éliminer tous les syndicats officiellement reconnus.
Outre les lois sur lesquelles d’autres intervenants se sont exprimés et l’annulation forcée de l’enregistrement de nombreux syndicats indépendants et de la KNPRK, les employeurs et le gouvernement se sont entendus pour destituer des dirigeants syndicaux démocratiquement élus et les remplacer par des dirigeants désignés par l’employeur. Par ailleurs, des mesures radicales ont été prises par le gouvernement pour empêcher l’exercice du droit de grève. Depuis 2012, les autorités ont fait un usage excessif de la force pour enrayer les grèves, ce qui a causé au moins 12 morts; elles ont arrêté des travailleurs du secteur pétrolier ainsi que des détracteurs du gouvernement qui s’étaient exprimés ouvertement et ont engagé des procédures contre eux. La plupart d’entre eux ont été condamnés et auraient subi des tortures.
Comme cela ressort des demandes présentées dans le cadre du SGP, des membres de la famille de Larisa Kharkova, présidente de la KNPRK, d’autres responsables de fédérations indépendantes et des personnes soupçonnés d’être associés à cette dernière, ont fait état de menaces et d’actes d’intimidation perpétrés par la police et par des inconnus. Mme Kharkova, qui a déjà purgé deux ans de la peine d’emprisonnement de quatre ans qui lui a été infligée, reste confinée à Shymkent et fait l’objet d’une assignation à résidence stricte et d’une surveillance constante.
Les actes de représailles contre l’attachée de presse de la fédération, Lyudmila Ekzarkhova, sont montés d’un cran après le dépôt de la demande de l’AFL-CIO en 2017: son conjoint a été pris pour cible, harcelé puis finalement expulsé. Le gouvernement a instauré un climat de peur autour des responsables de syndicats indépendants et des personnes qui ont un lien avec eux.
Le gouvernement a poursuivi sa politique de harcèlement et de mise en cause des fédérations indépendantes et des principaux syndicats sectoriels qui ont manifesté leur indépendance. En octobre 2018, la police a perquisitionné au domicile de Yerlan Baltabay, dirigeant du syndicat des travailleurs du pétrole et de l’énergie affilié à la KNPRK qui a été dissoute. Le gouvernement a engagé contre lui toute une série d’actions policières et judiciaires très similaires à celles dirigées contre Larisa Kharkova, alors que le dossier de cette dernière ne comportait aucune preuve crédible et que les poursuites à son encontre violaient la procédure pénale au Kazakhstan. Le 28 février 2019, le gouvernement a dissous le syndicat du secteur de l’énergie dirigé par Yerlan Baltabay car ses statuts n’avaient pas été modifiés conformément à la loi de 2014 sur les syndicats, bien que le syndicat ait tenté en vain à cinq reprises depuis 2015 de se réenregistrer. Les syndicats indépendants qui refusent de céder à la pression du gouvernement s’exposent à ce genre d’agression.
En février 2019, Kuspan Kosshigulov, qui est parmi nous aujourd’hui, a pris la parole au nom des syndicats indépendants du Kazakhstan au Congrès mondial de la CSI organisé en décembre 2018. Il a été agressé et arrêté dans un train, avant d’être conduit à un poste de police pour interrogatoire et examen avec son enfant de 8 ans dans les semaines qui ont suivi le congrès. Le syndicat et les autres organisations proches y voient un acte de représailles pour la participation de Kuspan au congrès de la CSI.
Le gouvernement doit apporter des changements significatifs à la législation et mettre fin aux pratiques antisyndicales afin de garantir la liberté syndicale des militants indépendants, comme l’exige la convention.
Membre gouvernementale, Canada – Le Canada remercie le gouvernement du Kazakhstan pour les informations qu’il a communiquées aujourd’hui. Considérant le Kazakhstan comme un partenaire de premier plan dans de nombreux domaines de la coopération internationale, le Canada compte poursuivre cette collaboration fructueuse pendant de nombreuses autres années. Nous constatons que le Kazakhstan continue de déployer des efforts considérables pour améliorer le niveau de vie de sa population, des efforts particulièrement importants en ce moment crucial où le Président Tokayev, qui a été élu ce mois-ci, succède au premier Président Nazarbayev. Toutefois, nous notons avec une profonde préoccupation que le gouvernement du Kazakhstan est appelé pour la quatrième fois en cinq ans à se présenter devant cette commission pour non-respect des principes de la convention et que peu de progrès ont été réalisés à ce jour sur ces questions. Nous sommes préoccupés par la détérioration de la situation dans le pays concernant le respect des droits des travailleurs et des droits de l’homme, notamment par les actes de violence à l’encontre des syndicalistes, les restrictions indues au droit de réunion pacifique et le fait que les travailleurs et les employeurs ne peuvent pas adhérer aux organisations autonomes et indépendantes de leur choix.
Le respect de la liberté syndicale et du droit syndical est fondamental. En outre, des organisations de travailleurs et d’employeurs fortes et indépendantes sont essentielles pour relever les défis économiques et sociaux; elles peuvent ensemble contribuer à assurer et à maintenir le bien-être des personnes et des entreprises. En conséquence, le Canada prie instamment le gouvernement du Kazakhstan de mettre en œuvre sans plus tarder les précédentes conclusions de la commission. Il prie notamment le gouvernement de: i) modifier la loi sur les syndicats pour que les travailleurs puissent librement constituer des organisations syndicales de leur choix et y adhérer; ii) remédier efficacement aux difficultés qui entravent actuellement la procédure d’enregistrement des syndicats; et iii) modifier la loi sur la NCE afin que les organisations d’employeurs du Kazakhstan puissent agir de manière indépendante et autonome. Toutes les réformes de la législation en la matière devraient être conformes aux normes internationales du travail, y compris cette convention, et résulter d’un dialogue social véritable et constructif.
Le Canada prie aussi instamment le gouvernement de faire cesser et d’interdire les actes de harcèlement à l’encontre des dirigeants et des membres de syndicats et de garantir que les auteurs de tels actes soient traduits en justice dans le respect d’une procédure régulière et des principes du droit, et de protéger les droits des personnes participant à des manifestations pacifiques. Enfin, le Canada encourage le gouvernement à solliciter l’assistance technique du BIT dans le cadre de ses efforts pour garantir la pleine conformité avec les principes de la convention. Le Canada demeure déterminé à travailler dans ce but avec le gouvernement du Kazakhstan, en tant que partenaire.
Observateur, IndustriALL Global Union – J’interviens au nom d’IndustriALL Global Union, qui représente les travailleurs des secteurs des mines, de l’énergie et de l’industrie manufacturière dans le monde entier, y compris au Kazakhstan. Je prends la parole pour dénoncer la situation inadmissible en ce qui concerne les droits des travailleurs au Kazakhstan. En 2017, nous avons soulevé la question des conséquences de l’adoption de la loi répressive sur les syndicats et de la dissolution de la Confédération des syndicats indépendants de la République du Kazakhstan. Aujourd’hui, nous constatons que cette même loi est utilisée dans les faits pour empêcher l’enregistrement de cette organisation syndicale et d’autres organisations syndicales indépendantes.
La loi sur les syndicats prévoit un enregistrement obligatoire en deux étapes pouvant prendre six mois. Au moment de son enregistrement, un syndicat local doit s’affilier à un syndicat sectoriel qui, à son tour, doit faire partie d’une centrale syndicale nationale spécifique.
Dans la pratique, en ce qui concerne l’enregistrement, les syndicats se voient maintenant opposer des refus successifs à tous les niveaux par les autorités judiciaires s’ils ne prévoient pas d’adhérer à la centrale syndicale déterminée ou s’ils étaient auparavant membres d’une organisation syndicale indépendante. Parallèlement, les membres et militants de syndicats indépendants sont poursuivis en justice ou condamnés à de lourdes amendes pour avoir exercé leurs activités syndicales.
Nous tenons en outre à attirer l’attention sur le Code pénal, qui est souvent utilisé pour restreindre la possibilité des travailleurs de faire grève en les inculpant pour «incitation à la discorde interethnique». L’absence d’une définition claire de cette notion laisse toute latitude pour jouer avec les droits des travailleurs.
Il convient également de définir plus clairement l’interdiction de faire grève sur le lieu de travail en cas de conditions nuisibles et dangereuses. A ce jour, toutes les grèves des travailleurs du secteur pétrolier sont interdites en raison de cette loi précise, même si la grève est déclenchée par des travailleurs à l’extérieur des grilles de l’entreprise et ne perturbe pas son activité générale.
Il s’agit, à nos yeux, de la continuation de la répression exercée contre les travailleurs à la suite du massacre de Zhanaozen, la ville pétrolière du Kazakhstan, qui a fait au moins 16 morts et de nombreux blessés en décembre 2011 lors de heurts avec la police. Les dirigeants de syndicats indépendants sont victimes de répressions, certains d’entre eux ont été condamnés ou agressés physiquement, et l’un d’eux, Yerlan Baltabay, que nous avons déjà mentionné plusieurs fois ici et qui dirige un syndicat local dénommé «Travail décent» pour les travailleurs de l’industrie pétrochimique est actuellement jugé. Yerlan a participé à la Conférence organisée en 2017 pour parler des violations des droits syndicaux dans son pays et subit aujourd’hui de toute évidence des représailles pour sa participation.
Face à ces manœuvres touchant aux droits des travailleurs, qui constituent des violations flagrantes de la convention, et en l’absence de toute mesure significative de la part du gouvernement du Kazakhstan pour améliorer la situation, IndustriALL demande que le présent cas soit mentionné dans un paragraphe spécial du rapport de la commission.
Membre gouvernemental, Inde – L’Inde souhaite la bienvenue à la délégation du gouvernement du Kazakhstan et la remercie d’avoir fait le point de la situation sur la question à l’examen. L’Inde se félicite de l’engagement pris par le gouvernement du Kazakhstan de s’acquitter de ses obligations internationales en matière de travail, notamment celles liées à la convention, en mettant progressivement en œuvre les recommandations pertinentes de l’OIT, et de sa volonté d’œuvrer de manière constructive avec l’Organisation.
L’Inde prend note avec satisfaction des efforts déployés par le gouvernement du Kazakhstan, en réelle consultation avec ses partenaires sociaux, pour élaborer un projet de loi en la matière qui vise essentiellement à simplifier la procédure d’enregistrement des syndicats et à leur donner les moyens d’agir, dans l’esprit du dialogue social et du tripartisme et compte tenu du contexte national spécifique. Nous attendons avec intérêt l’adoption de la loi par le Parlement du Kazakhstan le mois prochain, comme cela est prévu.
Nous demandons à l’OIT et à ses mandants d’appuyer pleinement le gouvernement du Kazakhstan et de lui fournir toute l’assistance technique nécessaire qu’il pourrait solliciter à cet égard pour s’acquitter de ses obligations en matière de travail. Nous saisissons cette occasion pour souhaiter plein succès au gouvernement du Kazakhstan dans ses efforts.
Membre travailleur, Australie – Toute sanction pénale à l’encontre de travailleurs exerçant pacifiquement leur droit à la liberté syndicale est inacceptable et contraire à la convention. Cela ressort clairement des conclusions formulées par la commission d’experts en l’espèce. Le Kazakhstan perpétue une longue et regrettable tradition en matière de lois et de pratiques qui témoignent d’un mépris manifeste pour le droit à la liberté syndicale. En 2015, le Rapporteur spécial des Nations Unies a largement décrit cette situation.
Au Kazakhstan, l’incrimination du comportement professionnel prend notamment les formes suivantes: premièrement, l’article 174 du Code pénal, qui interdit l’incitation à la discorde sociale, nationale ou autre. En application de ces dispositions, Natalia Sokolova, avocate syndicale, a été condamnée à une peine de six ans d’emprisonnement en août 2011. L’infraction d’incitation qui lui a été reprochée était celle d’avoir publiquement réclamé une modification du système de calcul des salaires des travailleurs.
Deuxièmement, l’obligation d’obtenir une autorisation préalable pour toute assemblée publique, qui ne peut avoir lieu que dans des endroits désignés et souvent isolés. Toute participation à des réunions non autorisées risque d’entraîner de lourdes sanctions pénales, y compris l’emprisonnement. Le Code pénal interdit en outre de prêter «assistance» pour la tenue de réunions «illégales», y compris par des «moyens de communication», ce qui érige en infraction des actes aussi anodins que l’utilisation des réseaux sociaux pour organiser les travailleurs. L’article 402 du Code pénal dispose que l’incitation à poursuivre une grève déclarée illégale par un tribunal est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.
En janvier 2017, Nurbek Kushakbaev, vice-président de la KNPRK, a été accusé et incarcéré pour avoir prétendument incité à la poursuite d’une grève de la faim. L’acte d’accusation dressé contre lui comprenait notamment des documents déclassifiés qui montraient que les téléphones du syndicat et de ses dirigeants avaient été mis sur écoute par les autorités depuis octobre 2015. La question de savoir si M. Kushakbaev avait bénéficié d’un procès équitable a soulevé de sérieux doutes. Les journalistes n’ont pas été autorisés à y assister. Des témoins clés ont fait des déclarations incohérentes, notamment un témoin qui a changé sa version des faits du jour au lendemain.
Le 7 avril 2017, le tribunal a condamné M. Kushakbaev à une peine de deux ans et demi d’emprisonnement et lui a ordonné de verser l’équivalent de plus de 75 000 euros de dommages et intérêts à l’entreprise concernée, ainsi que 2 400 euros à titre de dépens. Le tribunal a par ailleurs interdit à M. Kushakbaev de se livrer à des «activités publiques» pendant une période de deux ans après à l’expiration de sa peine. Il a finalement été libéré sous caution en mai 2018, mais les restrictions à son droit d’exercer des activités syndicales sont toujours en vigueur.
Dans un récent échange de correspondance avec la présente commission, le gouvernement du Kazakhstan s’efforce de donner à cette dernière l’assurance que des réformes sont en cours pour modifier concrètement les lois qui ont été jugées incompatibles avec les normes internationales. Dans la liste des mesures prévues par le gouvernement, on ne trouve aucune référence à ces lois pénales, des lois qui sont une abomination pour les syndicats libres et pour les travailleurs kazakhs qui sont censés jouir du droit constitutionnel à la liberté syndicale.
Membre gouvernemental, Bélarus – La délégation de la République du Bélarus remercie le gouvernement du Kazakhstan pour les informations détaillées qu’il a fournies et la commission d’experts pour son rapport sur l’application de la convention. Le Bélarus est par ailleurs sensible aux efforts déployés par le Kazakhstan pour s’acquitter de ses obligations découlant de la convention et vis-à-vis de l’OIT. Il exprime un avis positif sur ce que le gouvernement du Kazakhstan a accompli pour mettre en œuvre les recommandations de la commission d’experts. Le Bélarus se félicite des modifications apportées à l§a législation en vigueur dans le pays, en particulier en ce qui concerne l’activité des syndicats. Il tient à souligner que cette démarche s’effectue en concertation avec les partenaires sociaux du pays. Le Bélarus est satisfait de la coopération que le Kazakhstan a instaurée et continue de développer avec l’Organisation internationale du Travail et constate avec satisfaction qu’une mission de l’OIT s’est rendue dans le pays l’année dernière et que des consultations ont eu lieu en avril de cette année. Le Bélarus souhaite exprimer son soutien au gouvernement du Kazakhstan qui poursuit ses efforts de mise en œuvre des recommandations lui ayant été adressées par l’OIT en s’appuyant sur la feuille de route élaborée de concert avec l’Organisation.
Membre travailleuse, France – Le cas du Kazakhstan est malheureusement connu de notre assemblée, et il est important aussi de rappeler que derrière les cas dont nous discutons se trouvent des vies humaines, car il s’agit ici bien de cela: remettre l’humain au centre de nos préoccupations, et non pas le profit. Quelques minutes pour parler d’emprisonnements, de harcèlement, de menaces, d’intimidations, d’interrogatoires par la sécurité intérieure, c’est fort peu.
Que dire de la présidente de la KNPRK, Mme Larisa Kharkova, sous le coup d’une nouvelle inculpation en justice s’ajoutant aux peines déjà en cours de quatre ans de restriction de liberté de circulation, de cent heures de travaux forcés et d’une interdiction de cinq années dans toute position publique ou ONG?
Que dire des poursuites lancées en justice contre M. Yerlan Baltabay, leader du Syndicat sectoriel des travailleurs de l’énergie et du pétrole, dont les bureaux ont été méthodiquement fouillés et les documents syndicaux confisqués? Que dire des pressions psychologiques sur ces militants syndicaux et leurs familles?
Que dire de l’attaque physique commise le 10 novembre 2018 contre Dmitriy Senyavskiy, représentant du même syndicat dans la région de Karaganda, qui a été frappé à la tête, a subi plusieurs fractures du bras et d’autres blessures encore?
Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. Le Kazakhstan fait partie des dix pays les pires au monde en matière de violations des droits des travailleurs selon l’index des droits de la CSI. Les travailleurs souhaitant s’affilier à un syndicat de leur choix font face à des pressions administratives, des menaces, des intimidations.
Nos conclusions en 2017 sur ce point précis recommandaient vivement au gouvernement du Kazakhstan de s’assurer que les militants syndicaux ne feraient pas face à des représailles; de permettre aux travailleurs d’exercer leur droit internationalement reconnu aux réunions pacifiques et de modifier la loi en ce sens; de mener une enquête sur l’usage de la violence et de la torture à Zhanazoen aux fins de représailles ou de dissuasion.
Il y aurait une longue liste de noms à faire devant cette assemblée tant les attaques sont nombreuses. Il semble aujourd’hui que le Kazakhstan mérite de notre commission et de la communauté internationale une attention toute particulière afin de mettre fin dans la pratique à ce mépris de la convention.
Membre gouvernemental, Turquie – Nous remercions le gouvernement du Kazakhstan pour les informations qu’il a communiquées et saluons son désir et sa volonté d’agir et de coopérer de manière constructive avec l’OIT. Le gouvernement du Kazakhstan a déployé des efforts manifestes pour renforcer et adapter son cadre législatif afin de le rendre conforme aux normes de l’OIT. Nous l’encourageons à poursuivre dans cette voie à cet égard. Nous saluons les mesures utiles et significatives prises par le gouvernement du Kazakhstan en consultation avec les partenaires sociaux, et notamment le fait qu’il a tenu compte des observations de la commission d’experts pour modifier la législation nationale. Il convient de prendre acte des modifications récemment apportées par le gouvernement du Kazakhstan en vue d’appliquer la feuille de route présentée à l’issue de la mission de l’OIT en mai 2018 et de rendre la législation nationale conforme aux normes énoncées dans la convention.
La Turquie ne doute pas que le Kazakhstan, qui respecte les normes internationales du travail de l’OIT et s’acquitte de ses obligations en matière de présentation de rapports relatifs aux conventions de l’OIT qu’il a ratifiées, poursuivra son travail avec l’Organisation et les partenaires sociaux dans un esprit de coopération constructive.
Membre travailleur, Norvège – Je prends la parole au nom des syndicats des pays nordiques. Comme à la session de 2015 et de 2017 de la Conférence internationale du Travail, nous exprimons cette année encore nos vives préoccupations face à l’absence persistante de progrès par le Kazakhstan pour rendre la loi sur les syndicats pleinement conforme à la convention.
Cette année, nous sommes en outre profondément préoccupés par les poursuites pénales engagées contre des militants syndicaux, ainsi que par les provocations, les coups et les blessures subis par des dirigeants syndicaux et par l’inaction du gouvernement qui n’a pas mené d’enquête pour traduire les auteurs de tels faits en justice. Dans la feuille de route adoptée à l’issue de la mission tripartite de haut niveau en mai 2018, le Kazakhstan s’est engagé à soumettre en novembre 2018 au Parlement un nouveau projet de loi sur les syndicats. Cela n’a pas été le cas. Au lieu de cela, les autorités ont continué de mettre fin aux activités de syndicats indépendants, de refuser l’enregistrement de nouveaux syndicats et d’exercer des pressions, y compris des poursuites, sur ceux qui ont osé protester.
Je souhaite rappeler que le prix Arthur Svensson a été décerné à des syndicalistes indépendants du Kazakhstan, qui ont été condamnés à des peines d’emprisonnement ou restrictives de liberté à l’issue de procès inéquitables. La loi sur les syndicats limite sérieusement la possibilité pour les syndicats de définir leur propre structure, de présenter des revendications et d’exercer le droit de grève et pose aussi problème en matière d’enregistrement des syndicats par les organes de l’Etat, de réorganisation et de dissolution. Le libre exercice du droit de constituer des organisations et de s’y affilier implique le droit des travailleurs de décider librement s’ils souhaitent intégrer ou non une organisation syndicale de niveau supérieur ou en devenir membres. Tel n’est pas le cas au Kazakhstan, car la loi prévoit des seuils élevés pour établir une organisation de niveau supérieur, ce qui rend quasiment impossible la formation de confédérations.
Dans les conclusions qu’elle a formulées en 2017, la présente commission a prié le Kazakhstan de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que la KNPRK et ses affiliés soient en mesure d’exercer pleinement leurs droits syndicaux et jouissent de l’autonomie et de l’indépendance nécessaires pour s’acquitter de leur mandat et représenter leurs mandants.
En 2018, le ministère de la Justice a refusé à quatre reprises d’enregistrer la KSPK – deux fois en août au motif que le nom ressemblait trop à celui d’un syndicat déjà enregistré, et deux fois en septembre en raison de détails techniques mineurs. Les travailleurs des pays nordiques, y compris les juges, le personnel pénitentiaire et les sapeurs-pompiers jouissent du droit de constituer des organisations de leur choix, d’y adhérer et de négocier collectivement. Cela les protège contre toute mainmise et garantit la pluralité des syndicats dans les pays nordiques. Nous prions instamment le gouvernement du Kazakhstan de garantir aux travailleurs l’exercice du droit de constituer librement des organisations syndicales, d’y adhérer et d’organiser leurs activités sans ingérence des autorités publiques. Cela doit être garanti aussi bien en droit que dans la pratique.
Membre gouvernemental, Fédération de Russie – Je souhaiterais exprimer mes remerciements aux représentants du gouvernement du Kazakhstan et à la mission qui s’est rendue dans le pays pour les éléments, explications et observations qu’ils ont fournis sur le fond de cette question, ainsi que pour les nouvelles informations sur les mesures prises par l’Etat en vue de respecter ses obligations internationales en matière de garantie de la liberté syndicale.
Le Kazakhstan s’emploie sans relâche à améliorer la mise en œuvre de la convention grâce à une coopération constructive avec l’Organisation internationale du Travail.
Nous nous félicitons de l’adoption d’une feuille de route présentée à l’issue de la mission de l’OIT qui s’est rendue au Kazakhstan en mai dernier. Nous nous félicitons en outre des mesures prises par le gouvernement pour l’application de cette feuille de route.
Le gouvernement a pris un ensemble complet de mesures visant à rendre la législation et les pratiques nationales pleinement conformes aux prescriptions de la convention. Il est particulièrement important que ces efforts soient menés en étroite collaboration avec les partenaires sociaux et qu’ils consolident les bases d’une coopération tripartite conformément aux orientations données par l’OIT à ce sujet.
Après des consultations tenues avec l’OIT et les partenaires sociaux au mois d’avril cette année, des projets de modification de la loi seront soumis au Parlement.
Nous sommes convaincus que ces efforts porteront leurs fruits. Nous espérons que la commission prendra note avec satisfaction des informations fournies par le Kazakhstan et qu’elle pourra ainsi clore l’examen de ce cas dans un avenir très proche.
Observateur, Internationale des services publics (ISP) – Je m’exprime au nom de la Fédération syndicale européenne des services publics (EPSU, sous son acronyme anglais) et de l’ISP.
Je voudrais attirer l’attention de la commission sur de nouvelles violations qui viennent allonger la liste des violations déjà signalées par la commission d’experts et les corroborer. L’organisation affiliée que nous représentons, le Syndicat des travailleurs de la santé du Kazakhstan, subit des actes d’ingérence dans ses activités, et ses membres ont fait et continuent de faire l’objet de pressions et de menaces par les autorités et les employeurs publics, ce qui constitue une violation du droit d’adhérer librement à une organisation syndicale de son choix.
Cette situation est directement liée à deux faits concomitants: d’une part, le départ de l’organisation affiliée de la Fédération des syndicats de la République du Kazakhstan il y a moins de deux ans; d’autre part, la création au même moment d’une organisation de substitution dans le secteur de la santé, l’Union des travailleurs de la santé (SENIM), sous l’égide de la fédération. Depuis lors, un grand nombre des membres de l’organisation affiliée ont rejoint l’organisation nouvellement créée et, parallèlement, de très nombreux enregistrements des syndicats de base membres de l’organisation affiliée ont été annulés. Cela n’est pas le résultat de facteurs naturels, mais de l’ingérence, des pressions et des menaces mentionnées précédemment. Par exemple, selon les informations dont nous disposons dans les régions du Turkestan, d’Atirau et de Kyzylorda, les organisations de base de l’organisation affiliée ont été complètement décimées en l’espace de deux semaines seulement. Nous savons également que l’organisation affiliée a déposé en vain une plainte auprès de l’agence de la fonction publique de la République du Kazakhstan et des autorités en charge de la lutte anticorruption.
Citons un autre exemple concret: le recours en justice contre l’annulation de l’enregistrement d’une organisation de base à Astan, qui a donné lieu à des décisions du Tribunal de première instance et de la Cour d’appel mettant en doute l’indépendance de la justice. En effet, les actes d’ingérence par l’administration de l’hôpital sont bien documentés, mais les deux tribunaux ont statué contre les représentants syndicaux.
Je souhaite souligner que, face à cette situation, depuis mars 2018, le nombre d’organisations de base du Syndicat des travailleurs du Kazakhstan a fortement diminué, passant de 926 à 288, tout comme le nombre de ses membres, qui est passé de 311 000 à 78 000, soit une perte de 68,9 pour cent et 75 pour cent respectivement. Nous demandons à la commission d’accorder toute l’attention requise à ces violations et de faire figurer dans les conclusions relatives au présent cas des mesures spécifiques pour y mettre fin.
Membre gouvernementale, Arménie – Nous souhaitons la bienvenue à la délégation du Kazakhstan et la remercions des informations qu’elle nous a fournies aujourd’hui. Nous nous félicitons de la ratification par le gouvernement du Kazakhstan de 24 conventions de l’OIT, dont les dispositions ont été prises en compte dans la législation nationale. Nous notons en outre avec satisfaction que le Kazakhstan a approuvé le rapport de la Commission mondiale sur l’avenir du travail et prenons note de la tenue au mois de mai cette année d’un forum de haut niveau consacré au centième anniversaire de l’OIT. Nous relevons que, dans le but d’appliquer la feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations de l’OIT présentée en mai 2018 à l’issue de la mission de l’Organisation et de rendre la législation nationale conforme aux normes prévues par la convention, le Kazakhstan a organisé divers ateliers et discussions et a aussi rédigé des projets de modification de la législation en vigueur sur les activités des syndicats et des entrepreneurs. Tout en félicitant le Kazakhstan pour ses efforts, nous l’encourageons à continuer de s’engager de manière constructive.
Membre travailleuse, Allemagne – Pour reprendre les termes du Comité de la liberté syndicale «la solidarité syndicale internationale constitue l’un des objectifs fondamentaux de tout mouvement syndical». La commission considère donc qu’une législation interdisant à un syndicat national d’accepter une aide financière provenant d’une organisation internationale de travailleurs est contraire à l’article 5 de la convention. Or cela continue d’être le cas au Kazakhstan, dont la Constitution et la législation nationale interdisent aux syndicats, entre autres, de recevoir des fonds des organisations syndicales internationales.
En 1995 déjà, le Comité de la liberté syndicale, dans le cas no 1834, avait appelé le gouvernement à modifier la Constitution et la législation. Près de vingt-cinq ans plus tard, il n’y a toujours pas de réel changement en vue. Il est vrai que la modification de la loi annoncée aujourd’hui conférera aux syndicats «le droit de s’organiser, de tenir des manifestations en collaboration avec des organisations internationales et d’exécuter des projets visant à protéger les droits et intérêts des travailleurs conformément à la législation de la République du Kazakhstan». Toutefois, cette disposition ne dit rien sur la question de l’assistance financière. Par ailleurs, aucune modification du paragraphe 4 de l’article 5 de la Constitution n’a été annoncée.
Cela vient s’ajouter à une longue liste de violations des normes de l’OIT pour lesquelles nous doutons sérieusement de la volonté du Kazakhstan d’adapter effectivement sa législation et sa pratique en vue de s’acquitter des obligations internationales qui sont les siennes.
En mars 2019, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il reproche au Kazakhstan de ne pas avoir pris de mesures significatives pour appliquer concrètement les dispositions de la feuille de route de l’OIT ou les recommandations du Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la liberté de réunion et à la liberté d’association. Le Parlement a donc exhorté le gouvernement à mettre fin à la répression contre les syndicats indépendants, à abandonner les poursuites pénales à motivation politique contre les dirigeants syndicaux et à mettre la législation nationale en conformité avec les normes de l’OIT.
De même, en mars 2019, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU a appelé dans ses observations finales concernant le rapport du Kazakhstan non seulement au respect des obligations découlant de l’article 8 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, mais également des obligations au titre de la convention (nº 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949.
Dans ce contexte, nous demandons donc au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour modifier le paragraphe 4 de l’article 5 de la Constitution. Nous l’invitons en outre à démontrer à la commission d’experts qu’il respecte la convention en se fondant sur des lois spécifiques en vigueur et non pas simplement annoncées. Par ailleurs, nous exigeons qu’une attention particulière soit accordée à ce cas de non-respect grave et persistant.
Membre gouvernemental, Ouzbékistan – Nous souhaitons remercier la délégation du Kazakhstan pour son rapport exhaustif et pour l’application par le Kazakhstan de la convention. Notre délégation se félicite de la coopération active du Kazakhstan avec l’OIT sur cette question.
Sur recommandation de la commission, le Kazakhstan a récemment accepté une mission de haut niveau de l’OIT. Je tiens à souligner en particulier que, de concert avec les membres de cette mission, le gouvernement du Kazakhstan a élaboré une feuille de route pour mettre en œuvre ses recommandations afin de se doter d’une législation pleinement conforme aux dispositions de la convention.
Permettez-moi de souligner les points suivants: des recommandations ont été élaborées à l’intention de tous les partenaires sociaux concernant l’octroi d’une assistance financière par les organisations internationales, ainsi que des mesures visant à modifier la loi sur les syndicats et les employeurs à la suite d’une large concertation menée aux niveaux national et international. L’Ouzbékistan est convaincu que ces mesures témoignent de la détermination du Kazakhstan à créer des conditions de travail dignes; cela mérite d’être reconnu par la présente commission.
Membre travailleur, Burkina Faso – Ma voix se fait l’écho des voix de 14 centrales syndicales venant de 12 pays d’Afrique. Je tiens à féliciter le porte-parole du patronat qui a utilisé un propos dans son intervention que je répète ici: une question de bonne foi.
Il est vrai que le Kazakhstan a ratifié 24 conventions sur 189. La convention a été ratifiée en 2000 et nous constatons que, en cinq ans, cela fait quatre fois pratiquement que ce cas est en comparution à la barre ici. Ce sont des preuves de concordance qui indiquent qu’il n’y a pas de relation correcte entre le discours qui est tenu ici et les faits sur le terrain. De ce point de vue, il y a matière à interpeller notre Organisation internationale afin de faire en sorte que les tribunes aux niveaux desquelles les autorités viennent s’exprimer soient des tribunes respectées.
Il est nécessaire d’envisager la possibilité que les sanctions aillent au-delà des pays qui sont en retard de paiement (financier), et qu’il soit fait en sorte que des pays soient sanctionnés lorsque les engagements qu’ils ont pris ne sont pas appliqués. Il est inacceptable que l’on tienne des propos aux tribunes et que, sur le terrain, l’on fasse tout autre chose.
Premièrement, en ce qui concerne la violation des normes constatées par le Kazakhstan, nous nous référons tout simplement aux règles du jeu éditées en 2014, en page 15, qui stipulent que les pays ayant ratifié une convention s’engagent à l’appliquer en droit et en pratique, ce qui n’est pas fait. Deuxièmement, toujours dans le même document, en page 28, paragraphe 1, il est dit que le principe de la liberté syndicale est au cœur des valeurs de l’OIT. Mais quand on constate que l’on ratifie la convention en 2000 et que l’on fait de l’ingérence en violant l’article 2 de la même convention au niveau des syndicats de la santé, ce sont des éléments qui sont impardonnables.
De tels comportements conduisent à un manque de justice sociale qui peut être source de toute violence et de tout radicalisme.
Je conclus en disant que tous ceux qui violent la convention en croyant que c’est une façon d’affaiblir les organisations syndicales, ce sont eux-mêmes qui s’affaiblissent parce que, si les partenaires officiels sont affaiblis, il est clair que quand la misère deviendra grandissante et insupportable, d’autres voix vont naître et ce seront des voix radicales, exigeantes, à l’endroit desquelles il n’y aura pas de diplomatie, et c’est à ce moment-là que l’on va regretter le fait que nous n’ayons pas eu le courage véritablement de travailler au respect des normes internationales qui sont les piliers essentiels de l’OIT qui a été créée en 1919.
Membre gouvernemental, Tadjikistan – Le Tadjikistan prend note des efforts déployés par le Kazakhstan pour appliquer la feuille de route élaborée à l’issue de la mission de l’OIT en mai 2018, ainsi que les recommandations de l’OIT, et pour rendre la législation nationale conforme aux dispositions de la convention.
Il convient en particulier de souligner les points suivants:
– des séminaires et des débats ont été organisés avec la participation d’experts internationaux sur la mise en œuvre des recommandations de l’OIT;
– une ligne d’assistance téléphonique a été mise en place pour l’enregistrement des syndicats et leur fonctionnement;
– des recommandations ont été élaborées sur les moyens d’obtenir une assistance financière de syndicats et d’organisations internationales.
Nous prenons également note des consultations organisées le 30 avril 2019 par le secrétariat du BIT pour parvenir à des projets de modification de la législation et de l’intention du gouvernement du Kazakhstan de faire adopter les dispositions législatives pertinentes en juillet 2019. Nous espérons que le Kazakhstan et l’OIT poursuivront leur coopération fructueuse pour l’application de la feuille de route.
Membre travailleur, Fédération de Russie – Je prends la parole au nom de la délégation des travailleurs de la Fédération de Russie. Depuis la 105e session de la Conférence internationale du Travail, notre délégation n’a eu de cesse ces dernières années de faire part de ses préoccupations concernant la complexité de la procédure légale d’enregistrement des syndicats au Kazakhstan. Nous avons appelé l’attention de cette commission sur le fait que certaines dispositions de la législation kazakhe ne sont pas conformes aux principes fondamentaux de l’Organisation. Hélas, il s’avère que nos craintes étaient fondées. La situation a sérieusement empiré au cours des deux dernières années. Il n’y a pas eu de modifications significatives de la législation comme le prévoit la feuille de route convenue avec l’OIT. Au contraire, les lois en vigueur ont servi à éliminer l’un des syndicats nationaux, la FNPRK. Par la suite, plusieurs syndicats affiliés se sont vu obligés de cesser leurs activités après avoir tenté de se réenregistrer conformément à la loi sur les syndicats en vigueur au Kazakhstan. Ils se sont heurtés à de nombreux obstacles et, des dizaines de fois, les tribunaux leur ont refusé le droit de s’enregistrer.
Les syndicats de branche qui étaient affiliés à l’ancienne confédération et qui ont tenté à plusieurs reprises en 2018 d’enregistrer de nouveaux syndicats à l’échelle nationale rencontrent les mêmes obstacles. Il arrive souvent que des syndicats locaux se voient aussi refuser leur enregistrement. De son côté, l’Etat applique non seulement des lois qui ont déjà suscité des critiques, notamment de la part d’experts, mais exerce aussi des pressions directes et systématiques sur les militants et dirigeants syndicaux. Trois dirigeants de la confédération ont été condamnés sur la base d’accusations fallacieuses – la présidente Larisa Kharkova et les dirigeants des syndicats de branche, Amin Eleusinov et Nurbek Kushakbaev. Ils n’ont pas encore été jugés, mais il ne fait aucun doute que leurs libertés ont fait l’objet de restrictions. Une procédure pénale est actuellement ouverte contre un autre dirigeant de la confédération, Yerlan Baltabay, qui s’est exprimé devant la commission il y a deux ans sur le cas du Kazakhstan. Nonobstant le fait que les charges doivent être abandonnées, les travailleurs de la Fédération de Russie sont convaincus que ces personnes, ainsi que de nombreux autres militants qui sont constamment victimes de pressions illégales, de coups physiques et de mesures administratives, sont poursuivies pénalement et traitées de cette manière pour avoir exercé, pourtant en toute légalité, des activités syndicales.
En 2011, les autorités du Kazakhstan ont ouvert le feu sur des travailleurs qui manifestaient pacifiquement dans une usine pétrolière et gazière pour réclamer des hausses de salaires. Seize personnes ont été tuées et des dizaines de militants traduits en justice et inculpés. Malheureusement, nous constatons que la République du Kazakhstan ne semble pas du tout vouloir s’acquitter de ses obligations internationales en matière de liberté syndicale. C’est pourquoi la délégation des travailleurs de la Fédération de Russie demande que le présent cas soit mentionné dans un paragraphe spécial du rapport.
Membre gouvernemental – Je souhaite tout d’abord adresser mes remerciements à ceux et celles qui ont formulé des propositions et des recommandations sur ce cas particulier concernant le Kazakhstan. Nous remercions vivement l’Organisation internationale du Travail pour son assistance et les organisations internationales d’employeurs et de travailleurs pour leurs avis. Bien entendu, nous poursuivrons l’action engagée, car nous sommes conscients que cela est nécessaire si nous voulons que le Kazakhstan progresse vers une pleine conformité avec les dispositions de la convention.
Permettez-moi juste de formuler quelques observations en réponse aux propos qui viennent d’être tenus.
Premièrement sur le fonctionnement des organisations d’employeurs. En 2018, nous avons connu une période de transition et certaines organisations ont quitté la NCE. Nous redoublons d’efforts, depuis longtemps et pour de nombreuses années encore, pour que la législation définisse clairement le rôle et les fonctions des organisations d’employeurs et de la NCE. Afin de garantir que nous disposons de paramètres clairs pour déterminer leurs activités et les mesures qu’elles prennent, l’assistance technique de l’Organisation internationale du Travail sera évidemment très utile à cet égard et nous espérons bien pouvoir en bénéficier davantage cette année. De cette manière, il sera possible de garantir que les dispositions du projet de loi qui a été élaboré et qui sera soumis très prochainement au Parlement sont pertinentes.
Nous comprenons les préoccupations qui ont été exprimées au sujet du recours à la force contre des membres de syndicats. Nous mènerons une enquête chaque fois que ce genre de cas se produira.
S’agissant des accusations de hooliganisme portées contre les dirigeants de la manifestation organisée en 2011 et de l’enquête judiciaire sur le dirigeant syndical, Yerlan Baltabay, des actions ont été engagées dans le respect du Code de procédure pénale.
Les travailleurs ont des droits, des droits sans restriction de constituer une organisation syndicale et d’y adhérer, exception faite des sapeurs-pompiers et des militaires, du personnel pénitentiaire et des employés des centres de réinsertion par le travail, ainsi que des membres des troupes du ministère de l’Intérieur. Ces personnes n’ont pas la possibilité d’adhérer à un syndicat.
Selon les dispositions de la convention, la mesure dans laquelle les garanties prévues par ladite convention s’appliquent aux forces armées, par exemple, est déterminée par la législation nationale. Permettez-moi néanmoins de souligner une fois de plus que les civils qui travaillent dans des services pénitentiaires, dans l’armée, notamment dans les services financiers et de santé, dans les services juridiques des ressources humaines, ont, conformément à la loi, le droit d’adhérer à des syndicats et peuvent actuellement jouir de ce droit sans restriction.
Je souhaiterais de nouveau saisir cette occasion pour dire que le Kazakhstan a pris des mesures pour modifier la loi sur les activités des syndicats, le Code du travail et d’autres textes législatifs. Au cours des deux prochains mois, nous nous pencherons sur des projets de loi visant à modifier la législation. Ces projets de loi seront ensuite soumis au Parlement du Kazakhstan en vue de l’adoption des modifications et de la nouvelle législation le plus rapidement possible. Je le répète, les conseils techniques d’experts de l’OIT seront les bienvenus et nous espérons en bénéficier dans le courant de l’année prochaine.
Venons-en maintenant aux procédures d’enregistrement des syndicats. En cas de problèmes, ceux-ci feront l’objet d’un examen et d’une enquête approfondis par les organes chargés de l’enregistrement des syndicats, qui sont rattachés au système judiciaire et relèvent donc du ministère de la Justice.
Je puis vous assurer que le Kazakhstan ne ménagera aucun effort pour garantir que le pays s’acquitte pleinement de ses obligations au titre de la convention.
Membres employeurs – Les employeurs remercient le représentant du gouvernement pour son intervention orale faite cet après-midi et dans la soirée, et pour les informations écrites communiquées au sujet du présent cas. Nous remercions en outre ceux et celles qui ont pris la parole au cours des discussions.
Le gouvernement ayant fait montre de bonne volonté à l’égard de cette procédure, le groupe des employeurs estime qu’il faut aujourd’hui saisir la balle au bond et obtenir des mesures concrètes. Par conséquent, compte tenu des éléments fournis par le gouvernement à cet égard, les employeurs prient instamment ce dernier de revoir, en consultation avec les partenaires sociaux, la législation et la pratique existantes en matière de réenregistrement des syndicats afin de surmonter les obstacles d’ordre législatif qui se posent; d’élaborer, en étroite collaboration avec les partenaires sociaux, des projets de modification des dispositions concernées de la loi sur les syndicats en vue, premièrement, de garantir que les travailleurs décident librement de l’affiliation des syndicats sectoriels territoriaux ou locaux à un syndicat national et, deuxièmement, d’abaisser le seuil applicable aux syndicats sectoriels nationaux.
Par ailleurs, le groupe des employeurs est d’avis que le gouvernement devrait élaborer, en étroite coopération et par la voie du dialogue social avec les organisations représentatives des employeurs et des travailleurs, les modifications qu’il convient d’apporter au cadre législatif qui pour l’heure entrave la liberté syndicale des organisations d’employeurs et de travailleurs. Dans cette optique, le groupe des employeurs demande instamment au gouvernement d’élaborer, en concertation avec les organisations d’employeurs les plus représentatives, les projets de modification des dispositions pertinentes relatives à la NCE afin que les employeurs puissent constituer des organisations de leur choix et y adhérer. Nous avons pris bonne note des indications du gouvernement concernant la période de transition au sujet de la loi sur la NCE, mais notre crainte est que le gouvernement ne comprenne pas les préoccupations des employeurs. Soyons clairs: le gouvernement n’a aucun rôle légitime à jouer dans les activités d’organisations d’employeurs libres et autonomes. Nous encourageons donc le gouvernement à engager des consultations avec les organisations d’employeurs les plus représentatives et à accepter l’assistance technique du BIT à cet égard pour que le cadre législatif permette le fonctionnement libre et autonome d’organisations d’employeurs qui soient dissociées et indépendantes du gouvernement.
Aussi saluons-nous les indications données par le gouvernement selon lesquelles le projet de loi est en cours et permettra de régler ces questions, et nous espérons que tel sera bel et bien le cas. Nous encourageons par ailleurs le gouvernement à fournir des informations sur le statut juridique et la teneur de sa recommandation en ce qui concerne l’autorisation des organisations de travailleurs et d’employeurs de bénéficier de l’assistance financière des organisations internationales de travailleurs et d’employeurs. Nous notons avec une profonde inquiétude qu’un certain nombre de ces recommandations reviennent et espérons vivement qu’elles seront mises en œuvre sans tarder.
Membres travailleurs – Le Kazakhstan a fait l’objet d’un examen devant notre commission à de nombreuses reprises. Il a également récemment reçu une mission tripartite de haut niveau qui a eu l’occasion d’adresser un certain nombre de recommandations au gouvernement.
Nous invitons instamment le gouvernement à mettre pleinement en œuvre les recommandations qui lui ont été adressées par notre commission en 2015, 2016 et 2017. Le gouvernement veillera également à mettre en œuvre la feuille de route présentée à l’issue de la mission tripartite de haut niveau. L’ensemble de ces actions sera entrepris en étroite concertation avec l’ensemble des représentants des travailleurs et des employeurs.
Au vu des nouveaux actes violents perpétrés à l’encontre de dirigeants syndicaux, il nous semble fondamental en premier lieu de demander au gouvernement de tout mettre en œuvre en vue de faire cesser les actes de violence à l’égard des dirigeants et militants syndicaux. Cela passera notamment par la poursuite et la répression efficaces des auteurs de tels faits. La mise en place de peines suffisamment dissuasives est à cet égard indispensable.
Le gouvernement doit également cesser les manœuvres d’intimidation à l’égard des syndicalistes, notamment par la voie de poursuites judiciaires, lever les restrictions à leurs activités syndicales et abandonner toutes les charges retenues contre eux.
La procédure d’enregistrement pose encore de nombreux problèmes et en arrive dans les faits à restreindre la liberté d’association. Nous demandons au gouvernement d’apporter une réponse aux préoccupations exprimées par les partenaires sociaux par rapport aux problèmes récurrents que pose cette procédure d’enregistrement et d’engager un dialogue avec eux afin de prendre toutes les mesures nécessaires, notamment une modification en profondeur de la loi sur les organisations syndicales, afin de lever tous les obstacles légaux et de fait à l’exercice de la liberté d’association dans le pays.
Nous demandons avec insistance au gouvernement de procéder à l’enregistrement de toutes les organisations syndicales, et particulièrement à l’enregistrement de la KNPRK ou de son successeur, le KSPK.
De nombreuses ingérences dans l’organisation interne des organisations syndicales doivent encore être constatées au Kazakhstan. Nous demandons au gouvernement de s’abstenir de toute interférence dans les affaires internes des organisations syndicales.
L’obligation d’intégrer une organisation syndicale de niveau supérieur dans les six mois qui suivent l’enregistrement de l’organisation porte atteinte à la liberté de choix d’une organisation syndicale d’intégrer ou non une telle structure. Il convient dès lors de modifier la loi sur les syndicats afin de garantir le droit des travailleurs de décider librement s’ils souhaitent s’associer ou devenir membres d’une structure syndicale de niveau supérieur.
Plus fondamentalement, le gouvernement s’abstiendra de définir la structure des organisations syndicales, de limiter les catégories d’organisations syndicales et de se réserver le droit de décider si une organisation syndicale a le droit d’exister ou non. Les seuils d’affiliation exigés par la législation sont également trop élevés. Il convient dès lors de réduire ces seuils d’affiliation pour garantir une véritable liberté d’association.
Le gouvernement veillera également à garantir une indépendance pleine et entière des organisations d’employeurs en modifiant la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs.
Plus généralement, le gouvernement devra respecter les libertés d’actions collectives, y compris le droit de grève. A cet égard, le contenu de la notion d’activités industrielles dangereuses et la procédure afin de déterminer si une activité est bel et bien dangereuse ou non posent problème. La notion est encore trop floue et permet à un grand nombre d’activités de tomber sous cette notion. La procédure permet par ailleurs à une entreprise de décider elle-même si son activité est une activité industrielle dangereuse. Cela a pour effet de restreindre exagérément l’exercice du droit de grève. Nous avons bien noté la position du groupe des employeurs au sujet du droit de grève. Nous en profitons pour rappeler que le groupe des travailleurs estime que le droit de grève est bel et bien inclus dans la convention.
Les commentaires de la commission d’experts à cet égard sont donc tout à fait pertinents et nous y souscrivons totalement. En ce qui concerne la position du groupe gouvernemental, celui-ci a reconnu en 2015 que le droit de grève est lié à la liberté syndicale qui est un principe fondamental de l’OIT. Il a reconnu la nécessité de protéger le droit de grève en vue de garantir pleinement la liberté syndicale, et en particulier le droit d’organiser des activités dans le but de promouvoir et de protéger les intérêts des travailleurs.
J’en profite également pour remercier les gouvernements qui l’ont rappelé au cours de nos discussions. Je me limiterai à ce commentaire et me garderai d’interpréter la position exprimée par le groupe des gouvernements.
Il conviendrait dès lors de modifier le Code du travail en le rendant plus explicite quant aux installations considérées comme dangereuses et en révisant la procédure pour déterminer si une entreprise exerce de telles activités, sans que l’entreprise elle-même puisse en décider.
Nous demandons l’abrogation de l’article 402 du Code pénal qui incrimine l’incitation à poursuivre une grève déclarée illégale par le tribunal.
Nous avons appris que des recommandations ont été formulées à l’attention des organisations syndicales qui reçoivent un financement international. Il sera intéressant de pouvoir en prendre connaissance par écrit et nous demandons dès lors au gouvernement de les communiquer à la commission d’experts. Il n’en reste pas moins que les aspects législatifs de cette question restent problématiques afin d’assurer une totale conformité avec la convention. Nous demandons dès lors au gouvernement de modifier le cadre législatif relatif à ces financements internationaux en vue de garantir la liberté des partenaires sociaux de bénéficier de financements de la part de partenaires internationaux.
Afin de mettre en œuvre l’ensemble de ces recommandations, nous demandons au gouvernement de solliciter l’assistance technique du BIT.
Au vu des manquements graves, récurrents et persistants, malgré les nombreuses recommandations adressées à la suite des nombreux examens du cas du Kazakhstan devant notre commission, malgré les nombreuses initiatives du BIT en vue de mettre le Kazakhstan sur la voie de la conformité avec la convention et vu l’absence de progrès en la matière, nous demandons que les conclusions adoptées par notre commission soient incluses dans un paragraphe spécial.
La commission a pris note des informations écrites et des déclarations orales faites par le représentant du gouvernement et de la discussion qui a suivi.
La commission a regretté l’absence persistante de progrès depuis le dernier examen du cas, en particulier en ce qui concerne les graves obstacles à la création de syndicats sans autorisation préalable en droit et en pratique, et l’ingérence constante dans la liberté d’association des organisations d’employeurs.
La commission a pris note de la mission tripartite de haut niveau de l’OIT qui a eu lieu en mai 2018 et de la feuille de route qui en a résulté.
Prenant en compte la discussion, la commission demande au gouvernement de:
- modifier les dispositions de la loi sur les syndicats conformément à la convention, en ce qui concerne les questions relatives aux restrictions excessives appliquées à la structure des syndicats qui limitent le droit des travailleurs de constituer des syndicats de leur choix et de s’y affilier;
- ne pas imposer de restrictions au droit d’occuper des postes électifs dans les syndicats et à la liberté de mouvement pour exercer des activités syndicales légitimes;
- s’assurer que les allégations de violence à l’encontre de syndicalistes fassent l’objet d’enquêtes et, le cas échéant, imposer des sanctions dissuasives;
- revoir, en consultation avec les partenaires sociaux, la législation et la pratique existantes en matière de réenregistrement des syndicats afin de surmonter les obstacles existants;
- modifier, en consultation avec les organisations d’employeurs les plus représentatives, libres et indépendantes, les dispositions de la loi sur la Chambre nationale des entrepreneurs et les règlements y afférents, de manière à garantir sans plus attendre la pleine autonomie et la pleine indépendance d’organisations d’employeurs libres et indépendantes. En particulier, supprimer les dispositions sur le mandat général de la NCE, qui consiste à représenter les employeurs et à accréditer les organisations d’employeurs;
- s’assurer que la KNPRK et les organisations qui y sont affiliées jouissent sans plus tarder de la pleine autonomie et de la pleine indépendance d’une organisation de travailleurs libre et indépendante, et jouissent de l’autonomie et de l’indépendance nécessaires pour remplir leur mandat et représenter leurs mandants;
- confirmer la modification de la législation pour permettre aux juges, aux pompiers et au personnel pénitentiaire, qui n’ont pas un grade militaire, de constituer une organisation de travailleurs et de s’y affilier;
- adopter une législation garantissant que les organisations nationales de travailleurs et d’employeurs ne sont pas empêchées de recevoir une aide financière ou autre de la part d’organisations internationales. A cet égard, fournir des informations sur le statut juridique et le contenu de sa recommandation visant à autoriser les organisations de travailleurs et d’employeurs à recevoir une assistance financière d’organisations internationales; et
- mettre en œuvre d’urgence la feuille de route de 2018, en consultation avec les partenaires sociaux.
La commission invite le gouvernement à recourir à l’assistance technique du BIT pour traiter ces questions, et à faire rapport sur les progrès accomplis à la commission d’experts d’ici au 1er septembre 2019.
La commission décide d’inclure ses conclusions dans un paragraphe spécial du rapport.
Représentant gouvernemental – Je voudrais profiter de l’occasion pour remercier tous ceux qui ont participé à la discussion sur le cas du Kazakhstan, y compris les partenaires sociaux, les représentants des gouvernements et des organisations non gouvernementales. Nous prenons note des conclusions. Nous continuerons à travailler avec les partenaires sociaux et le BIT sur la législation et la pratique en rapport avec la mise en application de la convention no 87 au Kazakhstan. Le Kazakhstan est déterminé à respecter intégralement ses obligations envers l’OIT.
Cela étant dit, passons maintenant au texte des conclusions que vous venez d’adopter. Si la première ligne des conclusions indique que la commission a pris note des informations écrites et orales communiquées par les représentants gouvernementaux, ainsi que des discussions qui ont suivi, le paragraphe no 1, portant sur la nécessité de modifier les dispositions de la loi sur les syndicats, et le paragraphe no 8, sur l’adoption de la législation pour garantir que les organisations de travailleurs et d’employeurs puissent recevoir une aide financière, ont été rédigés comme si le représentant gouvernemental n’avait rien dit et que la commission n’avait rien entendu à ce sujet. Il est très inhabituel d’adopter un document, reçu 10 minutes auparavant, sans que le représentant gouvernemental n’ait donné son point de vue sur ce document. Mais nous pouvons vivre avec.
En outre, s’agissant du paragraphe concernant la nécessité de veiller à ce que le KNPRK, un ancien syndicat, désormais dissout, bénéficie d’une pleine autonomie et d’indépendance, ce syndicat, comme l’indique le rapport du gouvernement, a tenté de s’enregistrer sous un autre nom. Que se passera-t-il si ce syndicat s’appelle autrement? Comment allons-nous faire pour suivre cette recommandation de la commission? Devons-nous le contraindre à adopter le nom comme vous l’indiquez dans le document, vous permettrez-nous de l’enregistrer sous un autre nom? Car il appartient aux membres des syndicats et aux militants de le faire.
Enfin, vous avez proposé que la commission décide de faire apparaître ses conclusions dans un paragraphe spécial du rapport. Je demanderais au secrétariat de bien vouloir nous donner d’autres informations sur ce qu’implique pour nous de figurer dans le paragraphe spécial et pourquoi le Kazakhstan y a été placé. Nous relevons que, sur les 26 orateurs qui sont intervenus dans le cas du Kazakhstan, seuls deux ou trois délégués ont mentionné ce paragraphe spécial, et vous avez décidé d’aller dans ce sens. Nous demandons donc au secrétariat de nous expliquer pourquoi.
En outre, nous partageons pleinement les observations de l’Inde concernant la transparence de la commission, à savoir qu’il faut plus de transparence.