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Cas individuel (CAS) - Discussion : 2015, Publication : 104ème session CIT (2015)

 2015-Italy-C122-Fr

Le gouvernement a communiqué les informations écrites suivantes.

D’après les données les plus récentes de l’Institut national de statistique (ISTAT) (juin 2015), le taux d’emploi a augmenté entre avril et mars 2015. En avril, le nombre de personnes ayant un emploi a augmenté de 0,7 pour cent (159 000 salariés de plus que le mois précédent), le niveau d’emploi revenant à ceux de 2012 et le taux d’emploi atteignant 56,1 pour cent. Le taux de chômage a chuté pour s’établir à 12,4 pour cent. Selon l’ISTAT, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans, qui recherchent activement un emploi, est tombé à 40,9 pour cent. L’OCDE a également fourni des estimations concernant l’emploi en Italie, a fait bon accueil à la loi sur les emplois et espère une baisse du chômage en 2016.

Principaux indicateurs du marché du travail par sexe, régions géographiques et âge (2012, 2013, 2014)

 

2012

2013

2014

Taux d’emploi

Taux de chômage

Taux d’activité

 

Taux d’emploi

Taux de chômage

Taux d’activité

 

Taux d’emploi

Taux de chômage

Taux d’activité

Sexe

Hommes

53,4

9,8

59,2

51,9

11,5

58,6

51,7

11,9

58,7

Femmes

35,0

11,8

39,7

34,5

13,1

39,7

34,6

13,8

40,1

Région

Nord-ouest

48,7

8,0

52,9

48,3

8,9

53,0

48,2

9,3

53,1

Nord-est

50,7

6,6

54,3

49,6

7,7

53,7

49,7

7,7

53,9

Centre

46,6

9,4

51,4

45,9

10,7

51,4

46,4

11,4

52,3

Sud

34,7

17,1

41,9

33,2

19,7

41,3

32,8

20,7

41,3

Tranches d’âge

15-24

18,5

35,3

28,6

16,3

40,0

27,1

15,6

42,7

27,1

25-29

57,3

18,1

69,9

52,7

22,2

67,7

51,7

23,6

67,6

15-29

32,3

25,4

43,3

29,1

29,8

41,5

28,3

31,6

41,5

30-44

72,5

9,7

52,9

70,8

11,1

79,6

70,2

11,7

79,5

45-54

72,0

6,7

77,1

70,9

8,0

77,0

70,3

8,4

76,7

55 et plus

17,3

4,9

18,2

18,2

5,3

19,2

19,5

5,0

20,5

15-64

56,6

10,8

63,5

55,5

12,3

63,4

55,7

12,9

63,9

Total

43,9

10,7

49,1

42,9

12,1

48,8

42,8

12,7

49,1

Source: ISTAT, RCFL media annuale.

 

Taux de chômage par régions géographiques et âge (2012 et 2014)

 

2012

2014

15-24

25-29

15-29

15 et plus

15-26

25-31

15-31

15 et plus

Piémont

32,1

12,6

20,9

9,2

42,2

19,8

29,3

11,3

Vallée d’Aoste

25,6

6,0

14,2

7,1

34,9

14,4

22,7

8,9

Lombardie

26,5

10,9

17,2

7,4

31,2

12,8

20,3

8,2

Ligurie

30,2

13,5

20,7

8,1

45,0

24,8

32,9

10,8

Total nord-ouest

28,4

11,5

18,5

8,0

35,5

15,7

23,8

9,3

Trentin-Haut-Adige

15,1

7,3

11,1

5,1

18,4

8,9

13,4

5,7

Vénétie

23,3

8,8

15,0

6,4

27,6

10,9

18,0

7,5

Frioul-Vénétie julienne

29,7

11,1

18,1

6,7

27,1

19,2

22,4

8,0

Emilie-Romagne

26,7

11,2

17,5

7,0

34,9

15,7

23,7

8,3

Total nord-est

24,0

9,8

15,8

6,6

29,0

13,2

19,9

7,7

Toscane

29,4

13,1

19,9

7,8

35,7

18,8

25,9

10,1

Ombrie

34,6

15,9

23,8

9,5

42,5

21,6

30,0

11,3

Marches

28,6

16,5

21,4

9,1

36,4

15,0

23,4

10,1

Latium

40,0

20,9

28,4

10,6

49,0

25,4

34,2

12,5

Total centre

34,7

17,6

24,5

9,4

42,4

21,8

29,9

11,4

Abruzzes

34,0

17,7

24,9

10,8

47,4

22,0

31,6

12,6

Molise

41,5

27,8

33,5

12,0

49,3

35,3

40,9

15,2

Campanie

48,4

33,1

40,3

19,2

56,0

38,2

46,4

21,7

Pouilles

41,6

25,3

32,6

15,7

58,1

34,1

44,9

21,5

Basilicate

49,9

27,4

36,9

14,5

46,6

31,3

37,5

14,7

Calabre

53,9

30,9

40,8

19,4

59,7

45,8

51,9

23,4

Sicile

51,2

33,3

41,7

18,4

57,0

42,5

49,2

22,2

Sardaigne

47,5

28,0

36,5

15,4

50,0

39,8

44,3

18,6

Total sud et îles

47,1

29,5

37,5

17,1

55,9

37,8

45,9

20,7

Total Italie

35,3

18,1

25,4

10,7

42,7

23,6

31,6

12,7

Source: ISTAT, RCFL media annuale.

 

Ces dernières années, l’Italie a adopté d’importantes réformes du marché du travail (la réforme Fornero de 2012, la réforme de 2013 sur le plan jeunes et la loi sur les emplois de 2014). Toutes ces réformes visent à faire baisser le taux élevé de chômage, et plus particulièrement le taux de chômage des jeunes, au moyen d’une révision structurelle des services publics de l’emploi et d’une simplification des types de contrats de travail. La réforme Fornero (loi no 92/2012) a établi plusieurs mesures de protection concernant les conditions de travail des femmes et des jeunes travailleurs et a relancé l’apprentissage et la formation professionnelle. Le «Plan jeunes» (décret no 34/2013), converti en loi no 99/2013), assure le suivi d’une réforme antérieure, conformément à la Stratégie «Europe 2020». Il introduit des mesures destinées à réduire l’inadéquation entre la demande et l’offre de travail et à lutter contre le chômage des jeunes par la mise en œuvre du Programme européen de garanties pour les jeunes et d’incitations économiques à l’intention des employeurs qui recrutent des travailleurs. La loi no 147/2013 a également établi le fonds pour les politiques actives afin d’améliorer l’employabilité des travailleurs et leur réinsertion dans le marché du travail. La dernière mesure est la réforme de la loi sur les emplois (lois nos 78/2014 et 183/2014) qui prévoit, au moyen de législations ultérieure: la réforme du système des services publics de l’emploi et l’établissement d’une agence nationale de l’emploi; la révision du système de couverture sociale et des dispositions relatives au licenciement des travailleurs; la simplification des types de contrats (voir, ci-après, la réforme du contrat d’apprentissage); et la création de perspectives propres à améliorer l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, en particulier pour les femmes. Deux de ces réformes ont été mises en œuvre via les récents décrets-lois nos 22/2015 et 23/2015. Les autres seront adoptées prochainement, conformément au calendrier législatif. Il faudrait mettre l’accent sur le «contrat de remplacement» (section 17 du décret-loi no 22/2015), qui permet à des personnes sans emploi, à la suite d’une procédure que les services publics de l’emploi suivent pour déterminer leur profil, de recevoir une prime liée à leurs conditions particulières d’employabilité, en signant un contrat de remplacement avec des services privés ou publics de l’emploi. Au titre de cet accord, les personnes sans emploi bénéficient de services renforcés afin d’améliorer leur intégration sur le marché du travail. Le contrat est financé par le fonds pour les politiques actives du travail, conformément à la section 17 du décret-loi no 22/2015. S’agissant de la création d’une agence nationale de l’emploi, l’objectif de la réforme consiste à améliorer la coordination des services du marché du travail sur tout le territoire national, à mettre en œuvre les politiques actives du marché du travail et à créer un réseau renforcé de tous les organes compétents dans le domaine du marché du travail. La loi no 183/2014 prévoit la participation des partenaires sociaux à la définition des grandes orientations politiques de l’agence. L’Italie a également adopté une série de mesures (loi no 92/2012, section 4(11)) afin de renforcer l’employabilité des femmes, grâce à l’introduction d’incitations destinées à embaucher des femmes sans emploi (notamment des chômeuses de longue durée ou des femmes vivant dans des régions enregistrant un taux de chômage élevé). Tout récemment, un décret ministériel adopté en décembre 2014 a établi, sur la base des données de l’ISTAT, une liste des secteurs économiques et des professions pour 2015 qui présentent un taux élevé d’inégalité en matière d’emploi entre hommes et femmes (plus de 25 pour cent), en vue de mettre en place des incitations (dans le secteur privé), conformément à la loi no 92/2012. On trouve les principales inégalités en matière d’emploi dans l’industrie (en particulier la construction, le secteur minier, la gestion des eaux, l’énergie et le secteur manufacturier), les services (transport et entreposage, informatique), ainsi que dans les activités professionnelles suivantes: armée, artisanat, agriculture, professions techniques, ingénieurs et entrepreneurs. La loi sur la stabilité de 2015 (loi no 190/2014) a également établi une «prime bébé» (d’un montant de 80 euros par mois) à l’intention des familles à faible revenu pour chaque enfant de moins de 3 ans. Enfin, en vue de lutter contre les déséquilibres régionaux, les fonds structurels (Plan d’action et de cohésion) sont utilisés de manière plus rationnelle.

S’agissant de l’emploi des jeunes, le décret législatif no 104/2013 instaure de nouveaux instruments visant à renforcer l’orientation professionnelle dans les établissements d’enseignement secondaire et un programme pilote (prévoyant des contrats d’apprentissage) pour les élèves des deux dernières années d’enseignement secondaire. Le Programme de garantie pour la jeunesse, doté d’un financement de 1,5 milliard d’euros, a été lancé l’année dernière (1er mai 2014) et, au 4 juin 2015, 604 854 jeunes y participaient, dont 51 pour cent de garçons et 49 pour cent de filles. Environ 8 pour cent des participants sont âgés de 15 à 18 ans, 53 pour cent sont âgés de 19 à 24 ans et 39 pour cent ont plus de 25 ans. Parmi eux, 329 656 ont souscrit au «pacte de services» et ont été regroupés selon le profilage (168 009 garçons et 161 647 filles). Ce programme représente pour l’Italie une nouvelle façon de coordonner et d’administrer les services du marché du travail, de créer un système concurrentiel/ coopératif entre les services privés et publics de l’emploi, compte tenu des réformes structurelles en cours dans ces domaines, dans le cadre de l’application de la loi no 183/2014 (loi sur l’emploi). Le ministère du Travail et de la Politique sociale a engagé, avec les régions, plusieurs mesures et démarches pour combattre le chômage des jeunes. Un site Internet a été créé pour le Programme de garantie pour la jeunesse (www.garanziagiovani.it). Une «méthode de profilage» des jeunes a été élaborée afin de les rassembler en groupes et de les orienter vers des mesures spécifiques et adaptées (par exemple, une formation professionnelle, un stage, un apprentissage, le service civil, l’auto-emploi, les mesures incitatives pour les employeurs). Les plans régionaux d’activation sont dotés de ressources financières et de stratégies actives réservées aux jeunes. Des mesures financées par le Fonds social européen ou des ressources nationales/régionales sont en place ou prévues. Le réseau européen de services de l’emploi, conçu pour faciliter la libre circulation des travailleurs au sein de l’Espace économique européen (EEE), est un autre outil important d’amélioration de l’emploi des jeunes. Les services publics de l’emploi, les syndicats et les organisations d’employeurs sont membres de ce réseau, dont les principaux objectifs sont d’informer, d’orienter et de conseiller les travailleurs mobiles éventuels quant aux possibilités d’emploi et aux conditions de vie et de travail au sein de l’EEE, ainsi que d’aider les employeurs qui souhaitent recruter les travailleurs originaires d’autres pays. Dans le cadre du Programme européen pour l’emploi et l’innovation sociale, il convient de mentionner le projet «Ton premier emploi EURES», qui aide les jeunes âgés de 18 à 35 ans à acquérir une expérience à l’étranger (apprentissages, stages et entretiens d’embauche). Conformément à la stratégie «UE 2020», le système d’action «Welfare to work», comprenant notamment des plans de politique active du marché du travail pour l’emploi des jeunes, des travailleurs de plus de 50 ans, des femmes et des chômeurs administrés par les régions et les provinces, a été mis en œuvre entre 2012 et 2014.

S’agissant des politiques éducatives et de formation, il convient de souligner que le concept général du Système national pour la certification des compétences a été établi par le décret législatif no 13/2013. En tant que condition préalable à l’accès au Fonds social européen pour la période 2014-2020, et conformément à la recommandation émise pour le pays le 8 juillet 2014 (point 6), l’Italie s’efforce de poursuivre la mise en œuvre du Répertoire national qui fait office de référence unique pour la reconnaissance et la normalisation des certifications au niveau national. Dans le cadre de cette action, un accord a été conclu au sein de la Conférence des Etats-régions en janvier 2015 pour mettre en place un système de références opérationnelles pour les certifications professionnelles régionales, au travers d’un cadre de référence nationale de certifications régionales et de normes minimales pour la validation et la certification des compétences. Cet accord a été traduit dans un décret interministériel publié par les ministères du travail et de l’éducation. La pierre angulaire de ce système est la création du cadre national de certifications régionales, au travers duquel sont organisées, regroupées et reconnues dans tout le pays plus de 2 600 certifications professionnelles régionales. Ce système a été conçu de manière à prévoir l’élargissement des classifications types (activité économique et classifications des emplois), avec une cartographie du marché du travail et des emplois. Ce système présente des données descriptives et permettra leur extension progressive (formation professionnelle, système éducatif, diplômes universitaires, qualifications professionnelles, profils d’apprentissage), ainsi que des mises à jour dynamiques. Le répertoire est aussi un outil précieux en ce qui concerne les systèmes d’information sur l’emploi, dans la mesure où il servira en fin de compte à créer des services plus ciblés et plus adaptés aux réalités du marché du travail. Il contribuera aussi à mettre au point des mesures de politique active personnalisées et à renforcer la formation tout au long de la vie, ainsi que la mobilité géographique et sectorielle. Le recours systématique aux classifications types permettra d’améliorer l’interopérabilité complète et systématique de toutes ces mesures avec les systèmes d’information sur l’emploi des autres Etats membres de l’Union européenne, des pays de l’OCDE et du réseau EURES. En outre, dans le cadre du Programme européen de garantie pour les jeunes, un groupe de travail interinstitutionnel a été mis en place au ministère du Travail pour se charger de la validation et de la certification des compétences acquises dans des contextes informels, comme le service civique national. Pour améliorer l’emploi des jeunes, le gouvernement, via la réforme de la loi sur les emplois, met aussi l’accent sur des mesures visant à la formation en entreprises, notamment par des contrats d’apprentissage. L’objectif global est d’encourager l’utilisation de ces contrats en redéfinissant: la formation dispensée tant au sein qu’à l’extérieur des entreprises; le contenu de la formation et les obligations des employeurs; les critères généraux d’apprentissage dans les écoles techniques et professionnelles, en indiquant en particulier le nombre d’heures passées à l’école pendant l’apprentissage. Un décret législatif spécifique sera adopté pour rationaliser les mesures d’incitation à l’emploi, y compris l’apprentissage. En 2013, une réforme a aussi été lancée dans le domaine de l’éducation des adultes en vue de la réorganisation des centres de formation pour adultes, ces centres relevant désormais du système éducatif italien et habilités à délivrer des attestations et des certifications (règlement no 263/2012). Dans le domaine de l’éducation et de la formation professionnelle, des normes nationales ont été définies pour 22 certifications (trois ans) et 21 diplômes (quatre ans), déclinées en compétences, conformément aux dispositions du Cadre européen des certifications. Ces dernières années, l’accent a été mis sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et de l’enseignement technique supérieur, et sur la formation, afin de créer une offre de formation qui corresponde davantage aux besoins en constante évolution du marché du travail.

S’agissant des coopératives, le ministère du Développement économique a adopté en 2014 plusieurs mesures visant à promouvoir l’emploi par le biais de coopératives. Plus particulièrement, en vertu du décret ministériel du 4 décembre 2014, un fonds d’incitation a été créé pour promouvoir la création et le développement de petites et moyennes coopératives. Ce fonds peut servir à financer les coopératives mises en place par des travailleurs issus d’entreprises en crise, les coopératives gérant les entreprises confisquées à des organisations criminelles organisées, ou la rénovation de coopératives en Italie du Sud.

 

Dernière mise à jour: 26 mai 2015

Catégorie

Nombre de coopératives

Autres types de coopératives

8 960

Banque de crédits coopératifs

394

Consortia agricoles

57

Consortia/fédérations coopératifs

304

Unions de crédits et d’assurances coopératifs

478

Coopératives de pêche

1 326

Coopératives de production agricole et d’élevage

5 568

Coopératives de consommateurs

1 381

Coopératives de distributeurs

156

Coopératives d’exploitants agricoles

3 875

Coopératives de travailleurs/producteurs

51 108

Coopératives de transport

2 155

Coopératives d’habitation

10 585

Coopératives sociales

21 650

Sociétés d’aide mutuelle

222

Sans catégorie

1 539

Montant total

109 758

Avec «mutualité prévalente»

101 739

Sans «mutualité prévalente»

5 313

 

Région

Nombre de coopératives

Abruzzes

2 195

Basilicate

1 775

Calabre

3 849

Campanie

11 612

Emilie Romagne

8 877

Frioul-Vénétie julienne

1 145

Latium

16 226

Ligurie

2 049

Lombardie

13 370

Marches

2 784

Molise

628

Ombrie

1 225

 

Piémont

4 810

Pouilles

9 138

Sardaigne

4 119

Sicile

14 504

Toscane

4 227

Trentin-Haut-Adige

1 984

Vallée d’Aoste

299

Vénétie

4 942

Total

109 758

 

Le montant total des coopératives a considérablement augmenté ces quinze dernières années. En 2013, par exemple, l’Italie comptait 106 970 coopératives. Coopératives ayant un impact positif sur l’augmentation de l’emploi (coopératives de travailleurs/producteurs, coopératives d’exploitants agricoles, coopératives de transport, coopératives de pêche, 70 pour cent des coopératives sociales): 45 pour cent en 2008, plus de 65 pour cent en 2015.

En outre, devant la commission, un représentant gouvernemental s’est référé aux informations fournies dans la déclaration écrite du gouvernement. Durant les cinq dernières années, l’Italie a été confrontée à une crise économique grave, le taux de chômage atteignant 12,7 pour cent en 2014. Les jeunes travailleurs sont les plus touchés par la crise: en 2014, le taux de chômage des travailleurs âgés de 15 à 24 ans était de 42,7 pour cent, et le nombre de jeunes qui n’étaient ni employés ni étudiants, ni en formation était de 22,1 pour cent. Est ensuite mentionnée la réforme du marché du travail Fornero, qui inclut notamment: la réforme de la législation relative à la protection de l’emploi, visant à réduire la segmentation du marché du travail; la réforme du système d’indemnisation du chômage, dont la couverture et la cohérence ont été renforcées; l’introduction d’instruments destinés à faciliter la transition entre l’école et le travail; des mesures d’incitation pour l’emploi des travailleurs âgés et des femmes dans des secteurs où le taux de chômage des femmes est élevé ou dans des secteurs caractérisés par des inégalités entre les sexes importantes. Qui plus est, la réforme Fornero introduit un système permanent de contrôle avec la participation des partenaires sociaux et de toutes les institutions qui prennent part à la fois à la mise en œuvre de la réforme ou à la collecte et le traitement de données statistiques. La stratégie Emploi jeunesse prévoit un ensemble d’interventions visant à encourager l’emploi des jeunes, dont une incitation à l’emploi, des ressources pour le soutien financier d’expériences de travail et des incitations pour l’emploi indépendant et l’entrepreneuriat. Le programme de garantie pour les jeunes constitue un défi très important; il est l’occasion de mettre à l’essai une nouvelle approche pour assurer les services publics de l’emploi et les politiques actives du marché du travail, en créant un système compétitif de coopération entre les services publics de l’emploi et les agences privées, en élaborant une méthodologie nationale de «profilage» afin d’assurer aux jeunes des moyens de placement mieux ciblés et mieux adaptés, en introduisant des coûts normalisés à l’échelle nationale et en versant aux opérateurs du marché du travail une rémunération en fonction des résultats. La réforme «Jobs Act» (loi sur les emplois) de 2014 est la plus ambitieuse des trois réformes, donnant au gouvernement le pouvoir de réformer nombre d’aspects de la législation du marché du travail; elle prévoit notamment la création d’une agence nationale de l’emploi. A cet égard, des lois ultérieures ont déjà été approuvées et seront adoptées dans les prochaines semaines. Une réduction des cotisations sociales de trois ans est établie par la loi no 190 de 2014 pour les nouveaux contrats à durée indéterminée, le but étant d’encourager un redressement énergique du marché de l’emploi avec des emplois plus stables. Les données statistiques font apparaître une certaine amélioration des principaux indicateurs de l’emploi après la mise en œuvre de ces réformes. Le nombre de personnes employées a augmenté de 0,7 pour cent en avril 2015 par rapport à mars 2015. Le taux d’emploi a atteint 56,1 pour cent alors que le taux de chômage est tombé à 12,4 pour cent. Durant les trois premiers mois de 2015, le nombre de nouveaux contrats d’emploi a progressé de 3,8 points de pourcentage: le nombre de nouveaux contrats à durée indéterminée a augmenté de 24,6 pour cent par rapport à la même période de 2014. Pour ce qui est du chômage des jeunes, les derniers chiffres montrent une augmentation de 5,7 points de pourcentage du nombre de personnes employées âgées de 15 à 24 ans en mars 2015. Leur taux de chômage est aujourd’hui de 40,9 pour cent, soit 2,4 points de pourcentage de moins qu’en avril 2014. En ce qui concerne les politiques d’éducation et de formation, le représentant gouvernemental a indiqué que, conformément au Système national de certification des compétences, une direction nationale pour les qualifications est actuellement mise en place, et la réforme de la «Jobs Act» se focalise sur l’apprentissage sur le tas, en particulier au moyen de la réforme du contrat d’apprentissage. En ce qui concerne les données relatives aux coopératives, leur nombre s’est accru depuis 15 ans, y compris les coopératives ayant un impact positif sur l’emploi. Enfin, le gouvernement souligne l’importance donnée à la supervision, qui s’appliquera aussi à la réforme des politiques actives du marché du travail. Une attention toute particulière sera accordée au système de supervision et à la capacité de l’administration publique de tirer des leçons de son expérience, en adaptant continuellement les mesures et les services.

Les membres employeurs ont fait observer que la commission d’experts a formulé 16 observations sur la mise en œuvre de la convention depuis 1990. C’est la première fois que la commission peut examiner le cas au motif d’avancées substantielles réalisées par le gouvernement. Citant l’article premier de la convention, qui impose à tout Membre de formuler et d’appliquer, comme un objectif essentiel, une politique active visant à promouvoir le plein emploi, productif et librement choisi, les membres employeurs ont rappelé que les disparités régionales et les écarts entre hommes et femmes, un taux de chômage des jeunes excessivement élevé et un niveau élevé de travail non déclaré constituaient les principaux problèmes relatifs à la situation de l’emploi en Italie. Ces problèmes ont des causes structurelles et persistent quelle que soit la situation économique, comme le montrent également les commentaires de la commission d’experts de ces vingt-cinq dernières années. La profonde crise économique de 2008 qui a touché tous les pays européens a posé des difficultés particulièrement grandes à l’économie italienne et à la situation de l’emploi. Même si les institutions du marché du travail ne sont pas la cause de la crise, leurs faiblesses et leur manque d’efficacité, y compris des lourdeurs administratives excessives, ont contribué à l’aggravation de la crise et donc compromis la création d’emplois et la relance économique. En outre, les défaillances des juridictions du travail, où les différends ne sont réglés qu’au bout de plusieurs années, dissuadent les employeurs d’offrir des contrats à durée indéterminée. On constate les mêmes lacunes dans les services publics de l’emploi qui ne peuvent, de ce fait, pas jouer leur rôle dans la politique active du marché du travail. De même, le système de formation et d’orientation professionnelle ne peut intégrer pleinement les jeunes au marché du travail. Afin de résoudre ces problèmes, le gouvernement a engagé des réformes structurelles approfondies des institutions qui sont utiles pour l’emploi et le marché du travail afin qu’elles soient plus efficaces et plus propices à la création d’emplois. La réforme du marché du travail Fornero de 2012, le plan pour la jeunesse de 2013 et la «Jobs Act» de 2014 suivent exactement l’approche globale requise. La «Jobs Act», en particulier, rend les réglementations relatives au marché du travail plus favorables à l’emploi, ce qui a donné naissance à une nouvelle forme de contrats à durée indéterminée bénéficiant d’une protection accrue. Cette mesure a été assortie d’une réforme du système de formation professionnelle en emploi et d’apprentissage, essentielle pour accroître l’emploi des jeunes. Le système public de l’emploi a également été réformé, et des mesures visant à concilier vie professionnelle et vie privée ont été mises en place afin de promouvoir l’intégration des femmes dans le marché du travail. Les membres employeurs ont souligné qu’il fallait toujours du temps pour que les effets des réformes structurelles deviennent visibles. Déjà, on note les premiers effets positifs, notamment la hausse significative de l’emploi, y compris celui des jeunes. Aussi, le nombre de femmes en emploi a augmenté plus vite que celui des hommes. Chose très importante, le nombre de contrats à durée indéterminée a fortement augmenté depuis l’adoption de la «Jobs Act». En ce qui concerne l’article 3 de la convention, qui prévoit que les représentants des milieux intéressés par les mesures à prendre, et en particulier les représentants des employeurs et des travailleurs, devront être consultés au sujet des politiques de l’emploi, les membres employeurs ont fait observer que, pendant plusieurs années, le gouvernement a étudié les mesures proposées avec les partenaires sociaux. Cependant, au moment où la situation de l’emploi s’est fortement dégradée, le gouvernement a assumé, à juste titre, ses responsabilités et proposé un projet de loi conforme aux recommandations du Conseil européen dans le cadre du Semestre européen. Les partenaires sociaux ont été consultés pendant les délibérations au Parlement et ont exprimé leur point de vue sur le train de réformes que le Parlement a par la suite adopté. Les mesures d’application de la réforme sont en cours d’élaboration et font l’objet de larges consultations avec les partenaires sociaux. A cet égard, les membres employeurs ont espéré que les opposants à la modernisation du marché du travail adopteront enfin une attitude positive et que tous les partenaires sociaux participeront activement aux consultations. Pour conclure, les membres employeurs ont salué les réformes structurelles d’ensemble du gouvernement, qui vont dans le sens des objectifs de la convention et reflètent l’esprit de la Déclaration d’Oslo de 2008 qui invite à promouvoir le travail décent et la création d’emplois par un environnement favorable aux entreprises et au moyen de stratégies adaptées visant à améliorer la compétitivité et le développement durable. Il faudra peut-être beaucoup de temps pour combler les écarts de taux d’emploi entre les régions, les deux sexes et les jeunes. Toutefois, les membres employeurs ont réaffirmé que la démarche globale qui a été adoptée a montré de premiers effets positifs. Par conséquent, le gouvernement devrait poursuivre cette voie de réformes.

Les membres travailleurs ont rappelé l’objectif de plein emploi, productif et librement choisi, s’appuyant sur la consultation des partenaires sociaux, ainsi que l’importance d’autres documents essentiels faisant consensus, comme l’Agenda du travail décent, la Déclaration de 2008 sur la justice sociale, la convention (no 144) sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail, 1976, le Pacte mondial pour l’emploi de 2009 et la résolution de la CIT de 2010 concernant la discussion récurrente sur l’emploi, sans oublier la Déclaration d’Oslo de 2008. Au-delà de l’existence d’un cadre, la convention no 122 requiert des initiatives de la part du gouvernement, et la commission d’experts est habilitée à analyser que les mesures prises auront un impact sur l’emploi compatible avec les objectifs de la convention. Rappelant les conclusions adoptées en 2013 lors du précédent examen de ce cas ainsi que les commentaires subséquents de la commission d’experts, les membres travailleurs ont estimé que le problème de ce cas réside à présent ailleurs, car les données ont en grande partie changé depuis que le gouvernement a publié une série de lois et de décrets-lois nouveaux afin de réduire le chômage. Ainsi, la «Jobs Act», adoptée en 2014 sans réelle consultation des partenaires sociaux afin de faciliter l’augmentation du taux d’emploi, constitue la troisième réforme du marché du travail en trois ans sans que soient nécessairement évalués les effets des précédentes. Or informer ce n’est pas consulter au sens de la convention qui exige des consultations en temps opportun, permettant des échanges, de dégager des compromis et l’échange d’amendements. Le droit du travail n’est pas au service du marché comme le souligne la Déclaration de Philadelphie. Or la dernière réforme constitue une libéralisation totale du contrat à durée déterminée puisque celui-ci peut être prolongé jusqu’à trente-six mois, introduit le concept de «rétrogradation» autorisant que les travailleurs soient assignés à des tâches de niveau inférieur à celles pour lesquelles ils ont été engagés, autorise le recours à des contrats de travail partiel avec une élasticité plus grande de l’horaire de travail ou le travail occasionnel pour tout type de tâches ou, pour ce qui est de l’apprentissage, annule la rémunération durant les heures de formation et, enfin, met en place un «contrat à protection croissante» qui inquiète les milieux syndicaux. A défaut d’une concertation, qui aurait eu le mérite de clarifier les doutes et aurait permis des aménagements, les travailleurs sont mis devant le fait accompli d’une mise à mal du droit du travail; le gouvernement faisant du travail, du salaire, de la protection sociale au sens large un facteur d’orthodoxie budgétaire sans plus, à l’opposé de la Déclaration de Philadelphie sur laquelle la convention se fonde. Les derniers chiffres présentés ne sont pas surprenants car l’emploi dans le pays est fortement saisonnier, ce qui se reflète dans la forte utilisation de contrats à durée déterminée, et doivent être mis en rapport avec le fait que les entreprises profitent des subventions pour trois années. Il convient néanmoins de s’interroger sur la pérennité de ces aides transitoires sur l’emploi. Le risque est grand de mettre à mal la cohésion d’un pays qui souffre déjà de déséquilibres économiques et sociaux entre ses différentes régions et d’un taux élevé de chômage des femmes. Bien que le gouvernement fonde de grands espoirs sur la garantie jeunes de l’UE, celle-ci souffre de moyens limités et ne suffira pas à solutionner le problème de tous les jeunes auxquels il faut aussi offrir des transitions de qualité entre l’école et le travail. Pour conclure, les membres travailleurs ont déclaré partager les soucis des travailleurs italiens qui craignent une recrudescence de la précarité existante et une pauvreté croissante également au sein du monde du travail. La voie de sortie de la crise réside dans la création de plus d’emplois de qualité, avec des efforts pour la formation des travailleurs.

La membre employeuse de l’Italie a indiqué que l’environnement actuel était différent de celui de 1964, lorsque la convention a été adoptée. La mondialisation des économies, les changements technologiques et démographiques, des moyens de production différents ainsi que de nouvelles exigences des travailleurs et des entreprises ont transformé le marché du travail. Cependant, les objectifs de la convention demeurent valables et doivent être poursuivis. En effet, des politiques actives du marché du travail qui favorisent la croissance, l’emploi, le développement et la cohésion sociale sont plus que jamais nécessaires. Les gouvernements et les partenaires sociaux devraient s’engager à adopter des réformes pour adapter le marché du travail à la situation. A cet égard, il est encourageant d’examiner des pays qui relèvent maintenant de manière positive ce défi, en particulier l’Italie où les réformes structurelles du marché du travail ont pris du retard depuis des années. Les chiffres alarmants concernant l’emploi, en particulier celui des femmes et des jeunes, pourraient être expliqués par le retard dans la lutte contre les faiblesses structurelles de l’économie et du marché du travail qui ont été exacerbées par la crise. Aujourd’hui, des améliorations dans les derniers chiffres doivent être soulignées, en particulier en ce qui concerne la création d’emplois permanents. Il convient de rappeler néanmoins que l’Italie est restée derrière les autres pays de l’UE dans l’utilisation de contrats à durée déterminée. L’Italie est aussi le pays où les personnes engagées par le biais d’agences de travail temporaire jouissent d’un traitement tout à fait égal à celui des travailleurs occupant un emploi permanent. La «Jobs Act» mise en place par le gouvernement contient un ensemble de réformes qui a simplifié et modernisé la relation de travail, renforcé les politiques actives du marché du travail et surmonté les rigidités qui décourageaient la création d’emplois. Un cadre réglementaire qui favorise l’emploi ainsi que des politiques qui encouragent l’investissement pourraient contribuer à la reprise. Les partenaires sociaux ont un rôle actif à jouer dans cette stratégie et ils ont eu la possibilité de faire valoir leurs points de vue à travers les institutions existantes, y compris le Parlement. Ils pourraient également contribuer à la modernisation du marché du travail par la négociation collective qui, même pendant la crise, a contribué à trouver des solutions équilibrées pour protéger l’emploi et soutenir la compétitivité. Les résultats déjà obtenus devraient encourager le gouvernement à adopter de nouvelles réformes dans le cadre de la convention.

La membre travailleuse de l’Italie a déclaré que la «Jobs Act» censée faciliter l’augmentation du taux d’emploi constitue la troisième réforme du marché du travail en trois ans, sans évaluation de ses effets respectifs et avec un manque de vision globale. L’augmentation du travail précaire dérive de la réforme du marché du travail de 2003, et du processus entamé depuis 1993 au nom de la «modernisation du marché du travail» et la création d’emplois. Cependant, la «Jobs Act» s’oriente vers davantage de flexibilité plutôt que de sécurité du travail, considérant les contrats à durée indéterminée comme à «protection croissante» et remplaçant, dans les faits, le régime actuel de protection contre le licenciement illicite. Désormais, même en cas de licenciement manifestement non fondé, seule une compensation financière pourra être imposée, mais pas une réintégration dans l’emploi; seul le montant de l’indemnisation augmentant avec les années d’ancienneté. Le développement équilibré des relations professionnelles qui a prévalu jusque-là est ainsi remplacé par la monétisation du travail et de sa valeur, en violation de la Charte sociale européenne en son article 24 et la convention (nº 158) sur le licenciement, 1982, de l’OIT selon lesquelles tout licenciement doit être justifié. Or la réintégration dans le poste de travail en cas de licenciement illicite exprimait un choix de principe garantissant la dignité de la personne et permettant de revendiquer l’application des autres droits fondamentaux du travail. Il est à craindre que ces nouvelles mesures ne génèrent des pressions contre les travailleurs et de possibles chantages à l’emploi. Les embauches effectuées en 2015 seront ainsi exemptées du paiement des charges sociales pendant au maximum trente-six mois et une limite maximale de 8 060 euros par an indépendamment de savoir si l’entreprise en question a investi dans la formation, l’innovation ou la recherche. Cette réforme a été pensée en faveur des entreprises. La pérennité à long terme de ces embauches est cependant incertaine car elles ne sont pas la conséquence d’interventions structurelles, et il est à craindre qu’elles aient pour conséquence une stabilisation des travailleurs précaires. Selon l’OCDE, l’Italie garde le taux de chômage des jeunes le plus élevé en Europe, après la Grèce, avec 49 pour cent, et la voie de sortie durable de la crise semble encore longue. L’augmentation de la productivité que cherche à obtenir la réforme est essentiellement liée à la possibilité de licencier plus facilement les travailleurs, ce qui est plus avantageux pour les employeurs qui peuvent embaucher de nouveau des travailleurs moins chers et profitant de réductions fiscales et de sécurité sociale sans qu’aucune mesure ne soit prise pour recycler les travailleurs au moyen de mesures susceptibles d’accroître l’employabilité. Les mesures nécessaires en matière d’enseignement et de formation requis depuis 2013 n’ont jamais été réalisées, et les centres territoriaux permanents auprès des centres provinciaux d’éducation des adultes n’ont jamais vu le jour; le système est sous-financé et le gouvernement reste défaillant au niveau de la mise en œuvre. Un travail sans droits n’est pas un travail. Or c’est vers cela qu’on avance avec, pour résultat, une dégradation économique mais aussi sociale du travail. Le sud du pays a perdu 800 000 postes de travail entre 2004 et 2014, et on enregistre une vague d’émigration vers le nord du pays avec 700 000 personnes qui ont migré entre 2011 et 2013. L’Italie n’avait-elle pas davantage besoin d’un ambitieux programme d’investissements publics et privés donnant au pays de véritables chances de croissance basée sur des emplois de qualité? La Constitution nationale commence en effet en affirmant que «L’Italie est une République démocratique fondée sur le travail», fondement de la vie et principal instrument d’inclusion sociale, et ce principe doit être traduit en termes de respect de la dignité de tous.

Le membre gouvernemental de la France, s’exprimant également au nom des membres gouvernementaux de l’Allemagne, de Chypre, de la Croatie, de l’Espagne, de la Grèce, du Luxembourg, du Portugal, de la Roumanie et de la Slovénie, a indiqué qu’à l’image de l’Italie tous ces gouvernements sont engagés dans une démarche coordonnée au niveau de l’UE. Cette démarche vise à lutter contre le chômage, dans un contexte difficile pour les finances publiques, dans le but de réduire un taux de chômage sans précédent, assurer une croissance forte et durable et renforcer la cohésion sociale. La stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive, définissant l’orientation macroéconomique de l’UE repose sur ces mêmes objectifs et vise un taux d’emploi de 75 pour cent pour les 20-64 ans et la possibilité pour chacun de saisir les opportunités et de développer ses compétences pour être en mesure de trouver un emploi, d’être éduqué, formé et de pouvoir bénéficier d’une protection sociale adaptée aux différents risques rencontrés tout au long de la vie. La pauvreté au travail demeure un défi que doivent relever les Etats membres, et développer l’accès à l’emploi demeure un défi significatif, plus particulièrement pour les femmes et les populations vulnérables. La recherche d’un juste équilibre entre les objectifs macroéconomiques, d’une part, ceux de la croissance inclusive, d’autre part, ainsi que la mise en place d’un environnement favorable au développement des investissements doivent faire l’objet d’une attention accrue comme le préconise le récent programme d’investissements de la Commission européenne. Une meilleure utilisation du capital humain à travers des marchés du travail plus inclusifs devrait contribuer à la croissance et au progrès social. Compte tenu de leur représentativité au sein de l’Europe sociale, les organisations syndicales et professionnelles au niveau européen jouent un rôle particulier, notamment dans les domaines social et de l’emploi. L’Italie poursuit des politiques actives qui visent au plein emploi, productif et librement choisi, et il convient de faire confiance au gouvernement pour poursuivre ses efforts en ce sens, conformément aux valeurs et aux principes de l’OIT. En outre, sans le dialogue social, il ne peut y avoir de solution durable aux problèmes du marché du travail en Europe. L’OIT doit occuper toute sa place dans le système multilatéral pour y porter les enjeux sociaux des normes internationales du travail à travers une collaboration accrue avec les autres organisations internationales, en particulier économique et financière.

La membre travailleuse du Canada a indiqué, s’agissant du projet d’accord commercial entre le Canada et l’Union européenne, que, sous prétexte de promouvoir le plein emploi, les deux pays encouragent un programme de flexibilité du marché du travail caractérisé par une dérégularisation ou un retour à la régulation dans le but de baisser les salaires ou de les maintenir bas, une stimulation de l’investissement privé et un encouragement de la demande extérieure. Même si l’adoption d’approches semblables à celle de la «Jobs Act» est parfois présentée comme ayant permis une réduction du chômage, le tableau qui se cache en réalité derrière les statistiques se caractérise plutôt par une augmentation des contrats à court terme, du travail précaire et de l’inégalité, une stabilité sociale moindre, une plus grande insécurité dans l’emploi et une protection sociale plus faible – ce qui est contraire aux principes de l’Agenda du travail décent de l’OIT. Dans ces deux pays, la planification en matière d’emploi a lieu sans aucune consultation ni aucun engagement significatif des partenaires sociaux. Tandis que l’Italie met fin à une longue tradition de consultation des partenaires sociaux en matière d’emploi, le Canada lance actuellement des attaques frontales contre la liberté syndicale et la négociation collective. Il semble que l’objectif de la convention ait été mis de côté sans que des politiques de l’emploi significatives soient mises en œuvre et sans aucun dialogue avec les partenaires sociaux.

Le membre employeur de l’Espagne a affirmé que, comme c’est le cas dans son pays, la crise de 2008 a eu des répercussions néfastes sur l’économie italienne, qui ont entraîné un ralentissement de la croissance économique et la destruction de l’emploi, ainsi que l’aggravation des déséquilibres structurels déjà à l’œuvre avant la crise. Dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance, le gouvernement de l’Italie a adopté des mesures importantes visant à surmonter ces difficultés. Si la réforme du travail ne peut pas résoudre à elle seule les problèmes de l’emploi, elle représente, avec le reste des réformes, une pièce essentielle au redressement vigoureux de l’emploi à la faveur du prochain cycle ascendant de l’économie. Les employeurs espagnols appuient cette réforme et défendent l’adoption de mesures supplémentaires qui permettent d’éliminer les rigidités inutiles du marché du travail et d’établir un cadre favorable pour que les entreprises soient capables de générer un emploi de qualité. La «Jobs Act», entre autres mesures adoptées par le gouvernement, traduit sa détermination à relancer la création d’emplois.

La membre travailleuse de la France a rappelé le taux particulièrement préoccupant de 42 pour cent de jeunes au chômage en Italie, avec une situation dramatique dans le sud du pays, le fait qu’une majorité de jeunes sont confrontés au travail précaire dans de nouvelles formes d’emploi peu contractualisées ainsi que l’absence de débouchés professionnels, y compris pour les jeunes diplômés, ceci malgré les mesures prises par le gouvernement dans le domaine de l’apprentissage qui est considéré, tant par les partenaires sociaux que par le gouvernement, comme la forme contractuelle d’intégration à valoriser. Or la nouvelle réforme du marché du travail, en introduisant le «contrat aidé», qui confère aux entreprises une exonération des contributions pour une durée de trois ans, a eu pour conséquence que les employeurs ne recourent plus au contrat d’apprentissage, privant les jeunes de parcours de formation. En outre, le nombre de jeunes bénéficiant de ces contrats est déjà en diminution et personne ne sait ce qui se passera après les trois années d’exonération. Par ailleurs, seulement 20 pour cent des inscrits se sont vu octroyer la possibilité d’une insertion dans le monde du travail. L’oratrice a souligné que le problème du chômage des jeunes ne se limite pas à un problème de ressources puisque l’UE a fourni une aide substantielle à l’Italie, mais réside plutôt dans le choix des priorités dans la distribution des ressources disponibles. C’est pourquoi les travailleurs demandent une véritable politique active de création d’emplois qui privilégie les entreprises investissant dans la formation et qui renforce les services de l’emploi. Il est également nécessaire de familiariser les jeunes avec le travail et l’entreprise en valorisant le service civil et la formation.

La membre employeuse de la France a indiqué que, compte tenu de la grave récession économique, l’Italie a dû entreprendre d’importantes réformes du marché du travail, par exemple celle de la «Jobs Act», pour faire face au taux de chômage élevé. Ce pays a notamment adopté la réforme Fornero qui établit plusieurs mesures de protection concernant les conditions de travail des femmes et des jeunes; il a relancé l’apprentissage et la formation professionnelle; et il a adopté le «Plan jeunes», lequel est devenu une loi conforme à la stratégie pour 2020, ainsi que des mesures pour réduire l’inadéquation entre la demande et l’offre de travail visant, par exemple, à améliorer l’employabilité des chômeurs âgés et leur réinsertion, avec des mesures spécifiques pour les femmes. En 2014, les services publics de l’emploi ont été réformés et l’Agence nationale de l’emploi a été établie. L’accent a également été mis sur la formation avec la réorganisation des centres de formation pour adultes, relevant désormais du système d’éducation national, et l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et technique en vue d’une adéquation avec l’évolution du marché du travail. Toujours en 2014, le ministère du Développement économique a adopté des mesures pour promouvoir l’emploi par le biais des coopératives et du développement des petites et moyennes coopératives. En conclusion, il y a lieu d’encourager l’Italie à poursuivre les efforts déjà déployés afin de réduire le chômage et de retrouver le plein emploi, dans le respect de la convention.

Le membre travailleur du Brésil a rappelé l’importance de la convention dont le principal objectif est de donner corps aux principes énoncés dans la Déclaration de Philadelphie en ce qui concerne le plein emploi et la justice sociale. La convention promeut la création d’emplois grâce à l’adoption de politiques de croissance et de développement économique et oblige tous les Etats à mettre en œuvre des politiques relatives au chômage et au sous-emploi. La mise en œuvre de la convention en Italie a été compromise par les politiques économiques et sociales restrictives promues par la Commission européenne. Dans ce contexte, fin 2014, a été adoptée la «Jobs Act» qui crée de nouvelles formes de contrats de travail et facilite le licenciement des travailleurs. On comprend des mesures recommandées par la Commission européenne, appelées recommandations spécifiques à chaque Etat membre, que la faible productivité et compétitivité des entreprises italiennes sont des maux causés par une soi-disant protection excessive de la relation de travail. Toutefois, la réalité montre que les entreprises n’embauchent pas davantage uniquement parce qu’il est plus facile de licencier les travailleurs, mais parce qu’il existe une politique économique orientée vers la croissance économique, et donc l’expansion de leurs affaires. Même si les premiers chiffres montrent une légère diminution du chômage, il est important d’alerter sur les effets que les politiques de flexibilité ont eus en Amérique latine, où elles ont été largement appliquées. A long terme, la flexibilisation du licenciement, l’incitation à la conclusion de contrats à temps partiel et la sous-traitance ont entraîné la création d’emplois précaires ou le sous-emploi, ce qui est en pleine contradiction avec la convention. La vie des travailleurs ne sera de toute évidence pas améliorée sur le long terme si les mesures prises ne consistent pas en des politiques macroéconomiques tournées vers une croissance économique axée sur l’investissement, l’innovation technologique et vers l’augmentation des salaires et de l’investissement public.

Le membre employeur de la Turquie a indiqué que les commentaires de la commission d’experts donnent une image trompeuse de la situation en Italie et que l’évaluation de la situation ne doit pas se fonder uniquement sur des analyses quantitatives. La crise économique profonde a provoqué de grands dégâts dans l’économie et le marché du travail, et la réponse de l’Italie a été courageuse et réactive. Les réformes structurelles dans les domaines tels que la formation professionnelle, l’apprentissage, les services publics de l’emploi, les contrats de travail et la flexibilité ont été menées de manière cohérente. Ces mesures montrent un engagement clair pour surmonter la crise à travers des politiques de création d’emplois. Des effets positifs peuvent déjà partiellement être constatés, mais davantage de temps est nécessaire pour obtenir de plus amples résultats. Les employeurs turcs saluent les progrès accomplis par le gouvernement de l’Italie et son engagement à respecter la convention.

La membre travailleuse de la Belgique a fait référence à l’impact de la crise et des mesures d’austérité sur l’emploi et la vie des femmes en Italie. Ainsi, les jeunes, même très qualifiées, sont confinées dans des emplois précaires sans stabilité et les femmes âgées de plus de 40 ans ont du mal à se situer de manière satisfaisante sur le marché du travail. Selon le rapport annuel de 2014 de la Commission européenne sur l’égalité des chances, sans changement radical de politique en matière d’emploi, l’Italie n’atteindra l’objectif de 75 pour cent de taux d’emploi féminin que dans trente ans, l’égalité de traitement entre hommes et femmes ne deviendra réalité que dans soixante-dix ans et la représentation paritaire au Parlement national ne sera pas possible avant vingt ans. Le taux d’emploi masculin est supérieur de 22 pour cent au taux d’emploi féminin, alors que la moyenne de cet écart dans l’UE est de 12 pour cent. Les femmes quittent le marché de l’emploi parce que certains types de contrats ne leur offrent pas de protection de la maternité adéquate. En outre, la pratique des «démissions en blanc» est courante, aux termes de laquelle au moment de son engagement la travailleuse signe une lettre de démission que l’employeur utilisera si celle-ci est enceinte ou se trouve en congé de maternité.

La membre employeuse de la Belgique a souligné que, face à la crise financière et économique que traverse l’Europe depuis 2008, il existe un objectif commun de rétablir la croissance afin de créer des emplois durables, ce qui passe nécessairement par des réformes structurelles du marché du travail. Ces réformes, parfois douloureuses, commencent cependant à porter leurs fruits. Les gouvernements s’attaquent avec détermination aux faiblesses structurelles et consultent de manière régulière, voire permanente, les partenaires sociaux tant avant d’adopter les réformes que pour leur mise en œuvre. Les divergences de vues entre les partenaires sociaux sur les mesures à prendre, surtout lorsqu’elles sont peu populaires, existent et, en l’absence d’entente, les gouvernements n’ont d’autre choix que de trancher. A cet égard, l’obligation de consultation au sujet des politiques de l’emploi, prévue à l’article 3 de la convention, ne porte pas atteinte à la souveraineté des Etats. Ces derniers doivent poursuivre les réformes structurelles nécessaires qui permettront de sauvegarder la compétitivité des entreprises, de préserver l’emploi et, par voie de conséquence, le système de sécurité sociale. En conclusion, les pratiques en Italie sont conformes à l’article 3 de la convention.

La membre travailleuse de la Pologne, faisant observer que la réforme de la législation italienne du travail a entraîné une diminution des droits des travailleurs, a présenté la situation des enfants les plus défavorisés. Le travail des enfants pourrait devenir une réalité au sein de l’UE suite aux mesures d’austérité qui ont des répercussions importantes sur les groupes vulnérables du fait de la réduction des revenus des familles et des coupes budgétaires publiques dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux. L’Italie a l’un des taux d’abandon scolaire les plus élevés d’Europe. Une étude de Save the Children de 2013 a révélé qu’au moins un enfant sur 20 est exploité. En octobre 2011, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a instamment prié l’Italie d’instituer des mécanismes efficaces capables de garantir l’accès des enfants à l’éducation, à la santé et à l’aide sociale et a demandé qu’une analyse complète des ressources allouées à cette fin soit menée. Dans ce contexte, le gouvernement aurait dû faire de la mise en œuvre de l’enseignement universel gratuit une priorité en vue de créer de nouveaux emplois de qualité et de générer des investissements publics pour favoriser le développement et la croissance du pays. Ces éléments devraient être au cœur des débats de la communauté internationale et de la politique de l’UE pour enfin mettre un terme aux déficits de travail décent, à la pauvreté et à l’inégalité.

Le membre travailleur de l’Allemagne a constaté avec préoccupation que les récentes réformes du marché du travail mises en place par le gouvernement sont socialement déséquilibrées et qu’elles ont des conséquences désastreuses sur l’économie et la société. Alors que le gouvernement fait face à de nombreux défis pour surmonter la crise économique ayant entraîné la perte de milliers d’emplois, il y a lieu de se demander si la «Jobs Act» permettra réellement de parvenir à la croissance et au développement économiques, d’élever le niveau de vie et de réduire le taux de chômage. La «Jobs Act» a introduit un nouveau contrat assorti de garanties supplémentaires remplaçant les anciens contrats standard à durée indéterminée. Par conséquent, il est désormais plus difficile d’engager des procédures judiciaires contre un licenciement pour raisons économiques. Dans le cadre des contrats récemment conclus, où des entreprises ont plus de 15 employés, il n’existe pas de droit à la réintégration, sauf lorsque les tribunaux ont jugé que le licenciement est discriminatoire. En outre, le montant de l’indemnisation en cas de licenciement abusif a été fortement réduit, notamment en cas de licenciements collectifs. L’article 18 du Statut des travailleurs italiens, qui prévoyait auparavant la protection des travailleurs syndiqués contre les licenciements abusifs, a été modifié. Ceci équivaut à une ingérence dans la liberté syndicale. L’introduction de nouveaux contrats assortis de garanties supplémentaires signifie que les entreprises peuvent procéder à des licenciements abusifs ou collectifs en versant simplement une maigre indemnisation. Il est préoccupant que d’autres réglementations en vertu de la «Jobs Act» puissent générer davantage de précarisation des travailleurs et renforcer encore les disparités existant entre différentes catégories de travailleurs. Même s’il semble que, d’après certaines déclarations faites au cours de la discussion, les réglementations sur la protection contre le licenciement sont la principale cause de la crise du marché du travail en Italie, peu de données étayent cette idée. En réalité, les pays qui prévoient des garanties importantes contre les licenciements abusifs obtiennent de meilleurs résultats économiques et taux d’emploi que les autres. Le gouvernement aurait dû consulter les travailleurs dès le début du processus de réforme, et il devrait tenir compte des objectifs sociaux dans ses mesures de promotion de l’emploi.

Le membre travailleur du Japon, renvoyant au rapport du Directeur général à la Conférence, a indiqué que le travail devrait contribuer à surmonter les problèmes sociaux en reliant les individus et en établissant un lien entre les lieux de travail et la société. Cependant, ce lien est de plus en plus faible en raison de l’augmentation du travail précaire et de la détérioration de la qualité de l’emploi. Bien que la crise constitue une occasion de reconnaître qu’il est important d’assurer une plus forte cohérence entre les stratégies de croissance et les politiques de l’emploi, peu d’enseignements ont été tirés de cette crise, comme en témoignent les politiques mises en œuvre partout dans le monde, y compris en Italie. La «Jobs Act» donne plus de flexibilité au marché du travail, supprimant les contraintes auxquelles font face les employeurs au moment de l’embauche et du licenciement des travailleurs en redéfinissant les tailles des entreprises, en établissant de nouvelles règles relatives aux contrats à durée déterminée et en révisant l’article 18 du Statut des travailleurs italiens qui empêche les entreprises de réduire leurs effectifs pendant une crise. De telles mesures créent assurément plus d’emplois, dont la plupart seront néanmoins précaires, entraînant un cercle vicieux d’emplois précaires, avec des salaires inférieurs; une diminution de l’épargne; une consommation encore plus faible; un arrêt des investissements et une croissance stagnante, entre autres. Pour interrompre cette spirale déflationniste, des investissements devraient être faits pour créer des emplois décents, et les politiques de l’emploi devraient viser le renforcement de la protection des travailleurs et l’augmentation des salaires. Enfin, malgré les dispositions de l’article 3 de la convention, dans de nombreux pays, la priorité est souvent accordée aux consultations avec les entreprises plutôt qu’avec les syndicats. Sans consultation adéquate des représentants de travailleurs, les mesures ne seront pas efficaces ou ne serviront pas les intérêts de ceux à qui elles sont destinées.

Le membre travailleur de l’Argentine a déclaré que la réforme du travail italienne a lancé un processus considéré comme étant une «contre-réforme du travail», dans la mesure où la réforme a fait régresser nombre de droits et garanties acquis pour les travailleurs au cours des cinquante dernières années du siècle dernier. Cette «contre-réforme» découle de la conception erronée des employeurs et du gouvernement selon laquelle moins de droits pour les travailleurs et davantage de pouvoir pour les entreprises se traduiront par un meilleur niveau d’emploi. Pourtant, la réalité démontre tout autre chose: le chômage en Italie a atteint des niveaux record, en particulier dans le sud du pays, et touche plus fortement les femmes et, dans des proportions encore plus dramatiques, les jeunes. Outre le fait de nuire gravement à la stabilité de la relation de travail, en supprimant la possibilité de réintégrer les travailleurs en cas de «licenciement économique illégitime», la réforme, par la révision de l’article 2103 du Code civil, a sapé les bases mêmes du système de protection des travailleurs. En vertu de cet article, l’employeur ne pouvait pas affecter le travailleur à des fonctions inférieures à celles qu’il exerçait au moment de son entrée dans l’entreprise. Avec la réforme, les possibilités pour l’employeur d’exercer des pratiques abusives se sont considérablement accrues. D’une part, ce dernier peut affecter le travailleur à des fonctions inférieures et, d’autre part, le pouvoir du juge de rééquilibrer les conditions d’emploi, lorsque l’attribution de fonctions de niveau inférieur était excessive au regard de la situation économique réelle de l’entreprise, a été restreint. Ainsi, toute référence au devoir de l’employeur d’affecter ses salariés à des fonctions équivalentes à ce qu’elles étaient alors a été supprimée; la détermination des conditions d’emploi du travailleur est donc maintenant laissée au libre arbitre de l’employeur, quelles que soient les compétences et les capacités personnelles du travailleur. Les répercussions de ces mesures sur la dignité du travailleur sont incompatibles avec la convention et la Déclaration de Philadelphie de 1944.

Une observatrice représentant l’Internationale des services publics (ISP) a indiqué que la réforme du système de l’emploi public par le biais de la création de l’Agence nationale pour l’emploi a eu pour effet de supprimer 550 centres pour l’emploi. Ceci a eu pour effet de mettre plus de 8 000 travailleurs dans une situation d’incertitude et a laissé un vide béant dans les services de l’emploi. Les services publics sont actuellement sévèrement frappés par une série de réductions des dépenses publiques. Il convient de rappeler que ces réductions entraînent notamment l’abolition des services nationaux de foresterie, dont les fonctions seront alors confiées à d’autres services de la police, qui sont déjà largement en sous-effectif et sont gravement sous-financés. Le secteur de la santé représente 14 pour cent du total des dépenses publiques; en 2015, 2 069 hôpitaux et 8 718 services de premiers secours ont été fermés, ainsi que plusieurs centres de services d’urgence. De telles réductions des dépenses conduisent immanquablement à une réduction des emplois, une augmentation des heures supplémentaires et à moins de sécurité pour les patients. En outre, trois millions de travailleurs du service public n’ont pas connu d’augmentation de salaire depuis 2008. Depuis lors, les salaires ont été gelés, la négociation collective suspendue jusqu’à 2018 et aucun mécanisme n’a été prévu pour compenser l’augmentation du coût de la vie. La Cour constitutionnelle doit décider si la pratique du gel des salaires pour une durée de dix ans est compatible avec la Constitution, sachant qu’un verdict d’incompatibilité entraînerait le paiement d’arriérés de salaires à l’ensemble des fonctionnaires correspondant à un montant de 35 milliards d’euros pour les sept dernières années. Enfin, rappelant que, d’une part, les employeurs soutiennent la flexibilité et la flexisécurité et, d’autre part, remettent en cause le rôle de la commission d’experts et ignorent les arguments avancés par les syndicats, l’oratrice a exprimé sa crainte face à des travailleurs lassés d’être exploités. Dans un monde confronté à de graves conflits sociaux et politiques, ce mécontentement peut engendrer de graves conséquences.

Le représentant gouvernemental a répondu à certaines des questions soulevées lors de la discussion. Premièrement, s’agissant du dialogue social, les partenaires sociaux ont été régulièrement impliqués: ils ont été entendus par le Parlement sur différents aspects de la «Jobs Act»; ils ont été impliqués dans la discussion des dispositions contractuelles pertinentes qui avaient été laissées à la négociation collective; ils ont été consultés sur les politiques du marché du travail, en participant à la gouvernance des institutions, notamment la nouvelle Agence nationale pour les politiques actives du marché du travail et l’Institut national italien de sécurité. En outre, les partenaires sociaux ont été impliqués dans la gestion des politiques du marché du travail, à travers la gestion des nouveaux fonds de solidarité en cas de réduction ou de suspension d’activité professionnelle. Enfin, les partenaires sociaux ont également été chargés de gérer des fonds bilatéraux internationaux pour la formation des employés. Cependant, c’est au gouvernement qu’incombe la responsabilité du fonctionnement du marché du travail et du redressement économique. Il doit donc adopter les réformes qu’il juge nécessaires. En ce qui concerne le programme «Garantie pour les jeunes», cette initiative stratégique n’est pas un programme extraordinaire mis en place pour quelques années seulement mais un véritable projet pilote destiné à introduire une nouvelle approche des politiques publiques de l’emploi et des politiques actives du marché du travail. Ce programme a été cofinancé par le Fonds social européen, et il serait souhaitable que des ressources financières permanentes et stables soient fournies par l’UE. S’agissant de la nécessité, exprimée au cours de la discussion, de prodiguer des services à la collectivité afin d’entretenir les compétences des travailleurs, il y a lieu de rappeler que les stages, la formation et l’emploi font partie intégrante des plans stratégiques se rapportant à l’initiative «Garantie pour les jeunes». Les services publics de l’emploi n’ont pas été supprimés même si, dans le cadre de la réforme administrative, les services de l’emploi ne sont plus représentés au niveau provincial. A cet égard, le soutien des régions est indispensable pour lutter contre le chômage des jeunes, dans le cadre du programme «Garantie pour les jeunes». S’agissant de la question qui oppose contrats à durée déterminée et contrats à durée indéterminée, le succès de la stratégie du gouvernement se reflète dans les chiffres. Le nombre de nouveaux contrats à durée indéterminée a augmenté d’environ 24 pour cent au cours du premier trimestre de 2015 par rapport aux années précédentes. Il est préférable de mettre en place des incitations économiques plutôt qu’une législation stricte et difficile à mettre en œuvre. Le gouvernement est décidé à favoriser les contrats à durée indéterminée dans une perspective à long terme. En ce qui concerne la protection des travailleurs, le représentant gouvernemental a cité certains chiffres tirés des indicateurs de l’OCDE sur la législation en matière de protection de l’emploi. Des calculs concernant la législation en matière de protection de l’emploi ont été faits après l’adoption de la réforme Fornero. En 2013, l’Italie avait un indicateur de 2,79 pour la protection des travailleurs permanents contre le licenciement collectif, soit un chiffre supérieur à la moyenne dans l’OCDE (2,29). Concernant la réglementation sur l’emploi temporaire, l’indicateur de l’Italie est de 2,71, tandis que l’indicateur moyen de l’OCDE est de 2,08. S’il est vrai que le taux d’emploi global a diminué suite à la crise économique, le taux d’emploi des femmes a augmenté.

Les membres employeurs ont indiqué qu’il est important de rappeler que l’emploi ne saurait être créé par décret et qu’il dépend des conditions économiques. Par conséquent, il y a lieu de féliciter le gouvernement de s’être attaqué aux obstacles réglementaires qui freinaient l’accès à l’emploi, là où ces obstacles étaient excessifs ou avaient des effets négatifs à long terme sur l’emploi. Il est surprenant d’entendre des critiques au sujet du nouveau contrat de travail mis en place dans le cadre de la «Jobs Act» qui, certes, supprime la possibilité de réintégrer les travailleurs licenciés, mais accorde en revanche des droits d’indemnisation plus importants. De fait, la plupart des Etats membres de l’UE disposent de cadres réglementaires comparables, et il ne serait pas sérieux de prétendre que les travailleurs de tous ces pays sont exploités ou placés dans des situations précaires ou, encore, qu’ils ont des emplois mal rémunérés. Le gouvernement a démontré des progrès importants vers la réalisation des objectifs de la convention, en adoptant et en mettant progressivement en œuvre un ensemble complet de mesures visant à corriger les faiblesses structurelles en matière d’emploi. Le gouvernement devrait poursuivre son approche globale de réforme structurelle, de manière à améliorer la situation de l’emploi et à favoriser une croissance inclusive et riche en emplois. Etant donné l’adoption récente de la «Jobs Act», élément phare de la réforme et, puisqu’un laps de temps est nécessaire pour que les réformes structurelles portent leurs fruits au regard de la situation de l’emploi, la commission devrait continuer à évaluer la mise en œuvre de cette loi sur la base de données actualisées concernant le marché du travail. Le gouvernement devrait communiquer un rapport détaillé sur l’application de la convention pour examen par la commission d’experts en 2015.

Les membres travailleurs ont indiqué qu’ils sont satisfaits de constater que les membres employeurs ont souligné la pertinence de la convention dans le contexte de crise, le fait qu’il est important que cette commission en examine la mise en œuvre et la nécessité d’analyser les politiques de l’emploi pas uniquement à travers un prisme quantitatif mais également qualitatif. En outre, s’agissant du bien-fondé et de la nécessité de réformes structurelles, les membres travailleurs ont considéré que faire porter tous les efforts et sacrifices sur les travailleurs revenait à transférer sur ces derniers le coût d’une crise dont ils n’étaient pas responsables. De même, il est surprenant de constater que certains orateurs acceptent de s’en remettre à la souveraineté de l’Etat en abdiquant le rôle des partenaires sociaux dans le contexte du dialogue social. Face au risque de recrudescence de la précarité et d’une pauvreté croissante, la voie de sortie de la crise réside dans la création de plus d’emplois de qualité et des efforts accrus en matière de formation. Toutefois, face aux mesures prises jusqu’ici par le gouvernement et qui sont susceptibles de ne donner des résultats qu’à court terme, il est indispensable que le gouvernement continue à fournir des informations, notamment pour examen par la commission d’experts à sa prochaine session, sur: les résultats des réformes entreprises pour lutter contre le chômage élevé, le chômage de longue durée et le chômage des jeunes, en particulier en termes de création d’emplois de qualité et durables; la simplification des types de contrats et l’évolution du nombre de contrats à durée indéterminée bénéficiant d’aides publiques; l’évolution de l’emploi des femmes et la lutte contre les disparités dans l’emploi en fonction des régions; la révision des politiques et des mesures adoptées en vue d’atteindre les objectifs de plein emploi, productif et librement choisi; et la promotion de l’emploi productif à travers les coopératives. Le gouvernement devra en outre tout mettre en œuvre pour restaurer et renforcer la concertation sociale.

Conclusions

La commission a pris note des informations détaillées fournies oralement et par écrit par le représentant gouvernemental et de la discussion qui a suivi sur les questions soulevées par la commission d’experts au sujet des mesures relatives à la politique de l’emploi prises pour atténuer les effets de la crise en 2012-13, sur le contrôle des mesures mises en œuvre avec les partenaires sociaux, sur le fort taux de chômage, qui s’élevait à 12,6 pour cent en mai 2014 et touche fortement les jeunes, sur la persistance des différences entre les taux d’emploi dans les régions septentrionales et les régions méridionales du pays, ainsi que sur les mesures prises pour promouvoir un emploi productif grâce aux coopératives.

La commission a pris note des informations fournies par le représentant gouvernemental indiquant que le taux de chômage est tombé à 12,4 pour cent en avril 2015 et que le taux de jeunes chômeurs âgés de 15 à 24 ans en recherche active d’emploi est tombé à 40,9 pour cent. La commission a également pris note des informations fournies sur la «Jobs Act» de 2015, qui a porté création d’une agence nationale pour l’emploi, revu les prestations de chômage et inclus de nouvelles dispositions sur le licenciement et la réintégration des travailleurs, entraînant une hausse du nombre de contrats à durée indéterminée de 24,6 pour cent par rapport à la même période en 2014. Plus de 600 000 jeunes participent au programme «Garantie pour la jeunesse», lancé en mai 2014. Le représentant gouvernemental a également indiqué qu’un accord a été conclu entre les régions en janvier 2015 qui prévoit un cadre national de qualification régionale afin de coordonner la reconnaissance nationale de plus de 2 600 qualifications professionnelles régionales.

Prenant en compte la discussion qui a eu lieu, la commission a prié le gouvernement:

■  de garantir, en consultation avec les partenaires sociaux, une approche globale des politiques de l’emploi afin d’améliorer la situation de l’emploi et de promouvoir une croissance inclusive et riche en emplois, conformément à la convention;

■  de garantir une consultation tripartite sur le développement et la mise en œuvre de politiques de l’emploi, fondées sur des données relatives au marché du travail régulièrement actualisées, notamment en ce qui concerne le nombre d’emplois, leur nature et leur durée, les questions relatives à la jeunesse, les questions de genre et les disparités régionales;

■  d’examiner les mesures visant à promouvoir un emploi productif et durable par le biais de coopératives;

■  de fournir un rapport détaillé pour examen par la commission d’experts en 2015 sur les questions soulevées dans les présentes conclusions.

 

Cas individuel (CAS) - Discussion : 2007, Publication : 96ème session CIT (2007)

Une représentante gouvernementale a présenté les caractéristiques du marché du travail italien et examiné, notamment, la question du développement du marché du travail et celle des politiques menées par le gouvernement en la matière.

En ce qui concerne tout d'abord le taux d'emploi, il a été observé que celui-ci a considérablement augmenté, surtout dans les régions au nord du pays mais également de façon moins notable dans le sud, et que l'on constate une augmentation du taux d'emploi des femmes même si celui-ci demeure insuffisant et inférieur à celui des hommes. En ce qui concerne le taux de chômage, celui-ci est en baisse et s'établit à 6,8 pour cent, ce qui constitue une tendance qui est à l'opposé de celle que l'on rencontre dans les autres pays européens. Le taux de chômage des femmes est de 8,8 pour cent et des mesures doivent être prises afin de le rapprocher de celui des hommes qui s'établit, pour sa part, à 5,6 pour cent. Globalement, le chômage est en diminution dans l'ensemble du pays même si cette baisse est plus importante dans les régions du nord que dans celles du sud. Le chômage de longue durée est encore à un niveau trop élevé puisqu'il affecte 2,5 pour cent des hommes et 4,4 pour cent des femmes surtout dans les régions du sud du pays. En ce qui concerne le taux d'activité, l'oratrice a estimé qu'il n'était pas encore à un niveau suffisamment haut et a constaté une baisse du taux d'activité des femmes dans les régions sud, ce qui pouvait être lié au phénomène de travail au noir que le gouvernement s'efforce par tous les moyens de combattre. Le travail des jeunes est lui aussi à un niveau insuffisant et le gouvernement considère qu'il s'agit là d'un problème qu'il entend combattre au moyen d'une politique active contre la précarité et le chômage des jeunes. L'oratrice a poursuivi en observant que l'Italie dispose d'un système de formation caractérisé par un haut niveau de dispersion scolaire qui est néanmoins en baisse constante depuis 2000. Le nombre de diplômés, hommes et femmes, est en augmentation et l'on constate que les deux tiers des jeunes réussissent la transition de l'école vers l'université. Le pays est également confronté à certains problèmes nouveaux liés à la flexibilisation du marché du travail et l'on ne dénombre pas moins de deux millions d'emplois temporaires localisés essentiellement dans les régions du sud, ce qui représentent 9,2 pour cent des emplois au total. Il convient à cet égard de favoriser le recours aux contrats à durée indéterminée. En outre, le travail à temps partiel, autrefois peu développé, est actuellement en nette progression dans l'ensemble du pays et touche surtout les femmes. Quant aux contrats précaires ou atypiques, qui n'accordent pas aux travailleurs de garantie de transformation en contrats à durée indéterminée, comme le travail à projet, leur nombre s'élève à 400 000.

L'oratrice a rappelé que les lignes d'action fixées par le gouvernement pour intervenir sur ces sujets consistent à agir dans le domaine de la lutte contre la précarité, à prendre des mesures favorisant l'emploi à durée indéterminée et des mesures tendant à faire émerger le travail non déclaré, à améliorer la protection sociale des travailleurs précaires, à soutenir l'action de l'inspection du travail contre le travail au noir et en même temps à inciter les entreprises concernées à régulariser leurs activités et, enfin, à développer un projet de loi sur la sécurité et la santé sur le lieu de travail. A cet égard, le gouvernement organise en collaboration avec les partenaires sociaux des tables rondes pour l'élaboration d'un nouveau système d'amortisseurs sociaux, de mesures de transition professionnelle et visant la réduction du travail au noir et de la précarité ainsi que pour discuter de la question des retraites. Pour conclure, l'oratrice a souligné l'importance du dialogue social et de la concertation entre les partenaires sociaux aux fins de l'élaboration et du développement des politiques nationales, et a affirmé que l'action du nouveau gouvernement dans ce domaine aura pour objectif la recherche d'une meilleure cohésion sociale.

Les membres employeurs ont rappelé que ce cas date d'il y a une vingtaine d'années et que le gouvernement a été invité à s'expliquer devant cette commission à au moins une demi-douzaine de reprises. La commission d'experts a reconnu que le gouvernement avait fourni un rapport complet, un tel niveau de coopération devant également être vivement apprécié par la Commission de la Conférence. Ce cas est atypique dans la mesure où il ne s'agit pas de déterminer si une question législative ou un fait nouveau est compatible avec les termes d'une convention ratifiée mais de questions plus larges et moins précises. La question fondamentale consiste à savoir si les politiques de l'emploi et du marché du travail du gouvernement italien sont compatibles avec l'obligation que lui fait la convention de prendre des mesures actives pour promouvoir l'emploi, réduire les disparités sociales par l'emploi, et ce en consultation avec les partenaires sociaux. Bien qu'imprécises, ces questions ne sont pas moins importantes que celles impliquant une analyse juridique plus traditionnelle. La Commission de la Conférence avait noté ce point dans des observations antérieures sur l'Italie et, en 1998, avait décidé de garder à l'esprit "la difficulté particulière qu'il y a à évaluer l'application d'une convention qui requiert l'élaboration et la mise en œuvre d'une politique".

Les observations les plus récentes de la commission d'experts portent sur quatre sujets, à savoir la position macroéconomique du pays dans la mesure où elle affecte le marché du travail, les mesures de promotion de la flexibilité du marché du travail, les mesures liées aux ressources humaines, à l'éducation et à la formation, et la participation des partenaires sociaux. Ces observations et demandes de la commission d'experts semblent fondées et il n'y a pas de raison de s'en éloigner.

S'agissant du chômage, la commission d'experts a attiré l'attention, dans le prolongement de ses observations antérieures, sur les impacts inégaux du fléau du chômage dans les différentes régions du pays et elle a prié le gouvernement de "favoriser la cohésion territoriale afin de redresser les disparités régionales". En tant que proposition générale, cette demande est loin d'être infondée, mais la commission d'experts n'a guère fourni de véritables orientations à cet égard. Cela n'est pas surprenant, dans la mesure où les solutions à l'application de cette convention sont de nature politique et non juridique. Or c'est dans le domaine juridique que la commission est compétente et non dans le domaine politique.

Bien que considérant que les mesures politiques les plus adaptées à la lutte contre le chômage de longue durée dépendent des circonstances nationales et, par conséquent, que tout examen international de ces questions est par définition limité, les membres employeurs ont rappelé le point de vue qu'ils ont déjà exprimé sur cette question dans de nombreux débats portant sur les politiques relatives à la réforme du marché du travail, dans le cadre de l'OIT, tant à la session actuelle de la Conférence qu'au sein du Conseil d'administration ou dans des réunions régionales. A cet égard, on devrait retenir une approche globale (et non fragmentée) de l'éventail des mesures concernées, qui sont liées les unes aux autres; on devrait procéder à une réforme structurelle et non adopter des mesures ponctuelles; les problèmes à long terme nécessitent une planification à long terme et de la persévérance. En leur qualité d'employeurs, ils ont considéré également que la "législation" de l'OIT elle-même doit faire l'objet d'un réexamen régulier afin de s'assurer qu'elle ne décourage pas le véritable emploi. Ces problèmes ne sont pas spécifiques à l'Italie et de nombreux autres pays sont confrontés au même type de questions à divers degrés. Aucun pays ne saurait affirmer qu'il a suffisamment fait dans ce domaine, et les réformes entreprises dans le monde sont un processus de longue haleine. Quant à la tâche de cette commission, elle consiste à vérifier que les réformes se poursuivent dans la bonne direction et que les pays tirent les enseignements de l'expérience des autres. Des réformes structurelles d'un type ou d'un autre sont également suggérées par l'OCDE, la Banque mondiale et le FMI. Dans l'ensemble, il est clair que le gouvernement se rend compte de la tâche à accomplir. Quant à savoir s'il a adopté la bonne combinaison de solutions, on en jugera à l'aune des résultats, ainsi qu'aux autres mesures que la commission d'experts l'ont invité à prendre.

Les membres travailleurs ont observé que la convention no 122 est considérée comme prioritaire car elle guide et oriente le travail des Membres de l'OIT dans le domaine de la politique socio-économique. Le droit au travail y est reconnu comme un droit individuel devant être garanti par une action volontariste du côté des gouvernements, en coopération avec les partenaires sociaux, pour promouvoir le plein emploi et combattre le chômage et l'insécurité.

La proclamation par la Déclaration de Philadelphie du droit de toute personne au travail, au libre choix de ce travail, dans des conditions équitables et satisfaisantes et à la protection contre le chômage restent pleinement d'actualité aujourd'hui à travers la notion de travail décent. Pour y parvenir, il est nécessaire que les responsables politiques et les partenaires sociaux reconnaissent le caractère prioritaire du plein emploi et refusent une politique consistant à laisser le libre fonctionnement des marchés régir seul le marché du travail.

Dans le respect des principes essentiels qu'elle énonce, la convention offre aux Membres de l'OIT un cadre pour développer leurs politiques de l'emploi selon leurs propres méthodes et partant des spécificités nationales dans le but de réduire le chômage de manière significative. Comme le souligne le rapport de la commission d'experts, le taux de chômage reste élevé et l'on constate un ralentissement de la croissance de l'emploi ainsi qu'un sérieux déficit en capital humain. Les disparités régionales sont importantes, notamment entre le nord et le sud du pays. La difficile intégration de certains groupes cibles, notamment les jeunes et les chômeurs de longue durée, est également examinée. Néanmoins, la question principale qui se pose est celle de savoir quelles politiques sont développées par le gouvernement italien pour augmenter l'emploi et pour favoriser une meilleure répartition du travail avec moins de disparités et d'inégalités, l'autre question étant celle de savoir si ces politiques sont en conformité avec les dispositions de la convention. Celle-ci établit la nécessité d'associer pleinement les partenaires sociaux afin qu'ils collaborent à l'élaboration et à la mise en œuvre des politiques de l'emploi.

La commission d'experts concentre ses observations sur les critiques formulées par les syndicats italiens concernant les réductions d'impôts inéquitables consenties par le gouvernement précédent, la flexibilisation du marché du travail, les textes normatifs de 2003 concernant la réforme du marché du travail et la faible implication ou la consultation purement formelle des partenaires sociaux dans l'élaboration et l'évaluation des politiques. Son rapport se limite à prier les autorités italiennes de fournir des renseignements supplémentaires dans leur prochain rapport. En effet, le gouvernement précédent avait comme priorité la flexibilisation du marché du travail et une individualisation des contrats de travail. La législation adoptée en 2003 a entraîné une grave précarisation du marché du travail, notamment en introduisant de nouvelles formes d'emploi et de nouveaux types de contrats flexibles et en réduisant la sécurité de l'emploi et la protection des travailleurs contre les cas d'abus. Le nouveau spectre de la flexicurité hante l'Europe et les instances internationales. Au lieu de servir à garantir plus de sécurité aux travailleurs avec des contrats précaires, ce concept a été vidé de son contenu positif et sert d'argument pour détruire la protection contre le licenciement, flexibiliser les contrats traditionnels et mettre fin à la primauté du contrat de durée indéterminée. La Commission européenne annonce d'ailleurs une communication sur ce thème pour la fin juin 2007 dans la continuation du Livre vert sur la modernisation du droit du travail publié fin 2006. Le gouvernement semble aujourd'hui vouloir changer de cap et adopter une autre politique de l'emploi, une autre approche de la question de la flexicurité et d'autres relations avec les partenaires sociaux. La commission doit encourager le gouvernement dans cette voie.

Le membre travailleur de l'Italie a pris acte des déclarations de la représentante gouvernementale et reconnu que les questions en discussion sont en grande partie l'héritage de l'action du gouvernement précédent. Ce dernier a tout fait pour libéraliser le marché du travail, reculer l'âge de départ à la retraite et attaquer les fondements même du tripartisme et du dialogue social.

L'attitude du nouveau gouvernement mérite par conséquent d'être saluée, tout comme la reprise de la négociation tripartite en ce qui concerne, notamment, une nouvelle législation du travail. Un véritable dialogue social est néanmoins fondé sur des positions claires et des actes en conséquence. Une position univoque du gouvernement en matière de législation sociale et du travail est donc souhaitable car, en dépit de certaines actions accomplies à l'occasion de la loi budgétaire 2007, il n'existe pas encore de politique cohérente abordant l'ensemble des problèmes sur le terrain.

Sous prétexte de moderniser le marché du travail, la loi no 30/2003 a entraîné une grave précarisation des relations de travail. Le gouvernement veut aujourd'hui éliminer les pires formes de contrats de travail établies par ce texte, mais l'objectif devrait plutôt être de revenir à la situation où le contrat à durée indéterminé constituait le type normal de contrat de travail. Les données statistiques indiquent une grave détérioration de la situation de l'emploi dans le pays. En 2005, pour la première fois depuis 1995, alors que le nombre de personnes au travail augmentait très faiblement, en termes de postes de travail équivalent à temps plein l'emploi baissait de 0,4 pour cent par rapport à l'année précédente. Les contrats à durée déterminée sont le principal moyen des jeunes d'entrer sur le marché du travail, mais ces contrats évoluent de plus en plus rarement en contrats à durée indéterminée, et la situation est encore plus grave chez les jeunes travailleurs. En outre, l'introduction en 2003 des "contrats à projet" a seulement changé le nom d'une relation de travail atypique servant à dissimuler un travail subordonné. Selon les statistiques officielles, sur 25 relations de travail de ce type une seule évolue vers un contrat à durée indéterminée, alors que dans 30 pour cent des cas les personnes se retrouvent au chômage.

Les distorsions du marché du travail sont de plus en plus marquées. Le sud du pays est témoin d'un phénomène très préoccupant de baisse du taux d'emploi. Ainsi, de plus en plus de personnes ne recherchent plus un emploi de manière active et viennent grossir les rangs des travailleurs irréguliers et au noir. En dépit de certaines actions du gouvernement, l'économie illégale représente au minimum 18 pour cent du PIB. Le problème du chômage de longue durée persiste pour les jeunes travailleurs comme pour les seniors.

D'une manière générale, la situation est loin de l'objectif de la convention de stimuler la croissance et le développement en élevant le niveau de vie et en surmontant le chômage et le sous-emploi, et de l'objectif d'une politique active destinée à promouvoir le plein emploi, productif et librement choisi. La libéralisation du marché du travail a constitué l'unique objectif du gouvernement précédent au détriment et dans l'ignorance des politiques industrielles, de la recherche, de la valorisation du territoire, pourtant nécessaires à une compétitivité accrue dans les domaines de pointe, au lieu de la recherche de solutions en vue de concurrencer les économies émergeantes. Des mesures politiques demeurent nécessaires à cet égard tout comme l'allocation de ressources publiques à l'éducation et à la recherche industrielle.

Les confédérations syndicales italiennes proposent par conséquent que les priorités de la négociation tripartite nationale soient les suivantes: la lutte contre la précarisation du travail au-delà des mesures prises dans la loi budgétaire de 2007; l'élaboration d'un plan d'action limitant sur le plan législatif le recours aux contrats de durée déterminée et prévoyant l'abolition des nombreuses formes de travail atypique établies par la loi de 2003 pour redonner une importance centrale au principe du contrat à durée indéterminée. Il convient également de garantir à tous les types de relation de travail des prestations sociales de chômage quel que soit le secteur économique ou la taille des entreprises, d'abroger l'extension de l'âge de la retraite et de mettre en place un système incitant les entreprises à maintenir les seniors dans l'emploi avec une flexibilité choisie vers la retraite. Sont également nécessaires des ressources suffisantes en faveur de la formation et une nouvelle politique de l'éducation. La mise en œuvre de la politique de lutte contre le travail au noir et en faveur de l'égalité de traitement pour les travailleurs migrants constitue également un élément d'une politique de l'emploi pleinement conforme aux principes de la convention no 122.

Pour conclure, l'orateur a souhaité que, compte tenu de l'impossibilité pour la commission de discuter du cas de la Colombie, le gouvernement italien fasse pression sur ce gouvernement aux fins de la mise en œuvre de l'accord tripartite signé en 2006. Il a espéré que le gouvernement engagera rapidement les réformes législatives dans le respect des recommandations de la commission d'experts et de la Commission de la Conférence.

Le membre travailleur de l'Inde a rappelé que deux grands syndicats italiens ont envoyé des commentaires à la commission d'experts concernant la baisse et l'irrégularité des taux d'emploi et de productivité, la persistance d'un taux élevé de chômage de longue durée ainsi que des réductions d'impôts inéquitables et inefficaces qui affectent indirectement les travailleurs. Qui plus est, il faut maintenir une certaine cohésion territoriale dans la croissance nationale et la flexibilité du travail doit être le fruit de la négociation collective et non dépendre des ordres arbitraires du gouvernement et des employeurs. Il devrait exister un mécanisme tripartite permettant de s'assurer que les réformes ne soient pas contraires aux intérêts des travailleurs. La sécurité de l'emploi constitue un droit important pour les travailleurs, sans lequel toute autre forme de sécurité perd toute signification. Par conséquent, le gouvernement doit faire davantage d'efforts.

L'orateur a fait état de sa solidarité avec les travailleurs italiens et a demandé au gouvernement de fournir des informations sur l'application efficace d'une politique de l'emploi adéquate et de garantir le plein emploi des femmes, promouvoir l'emploi des travailleurs âgés, prendre des mesures pour former les travailleurs et assurer une véritable participation des syndicats aux réformes de l'emploi au lieu de consultations sommaires, ce dont se plaignent les syndicats italiens.

La membre travailleuse de la France a observé qu'une rupture avec la loi no 30/2003 serait en même temps une rupture avec l'idée selon laquelle le droit du travail fait obstacle à la compétitivité et à la croissance. Il s'agit d'une loi adoptée par le pouvoir exécutif accordant une large place au principe de flexibilité et atténuant le caractère impératif des règles de droit au profit de l'autonomie contractuelle, ce qui, dans la pratique, tourne à l'avantage de l'employeur. Parmi les différents types de contrats institués, le contrat de collaboration coordonnée et continue considère comme une prestation de service ce qui est en fait une relation de travail. Le travail sur appel constitue, lui, un autre moyen de sous-payer les travailleurs en disponibilité. Quant au travail partagé ou encore au contrat à projet, ils constituent d'autres formes de précarisation instituées par le système établi en 2003 au même titre que la flexibilisation du travail à temps partiel ou l'extension de la possibilité de recourir aux heures supplémentaires, voire de modifier les horaires de travail, pourtant éléments essentiels du contrat de travail. Il s'ensuit une généralisation du sous-emploi dont l'élimination est pourtant un des objectifs de la convention examinée. L'affaiblissement de la liberté des travailleurs au profit de celle des employeurs et la baisse de revenus occasionnée par la multiplication des contrats précaires vont également à l'encontre de l'objectif d'augmentation du niveau de vie à travers une politique active d'accès à l'emploi. La présente convention est absolument clé dans un contexte international marqué par les pressions en faveur de la flexibilisation. Il s'agit d'un instrument permettant de lutter contre le phénomène des travailleurs pauvres qui s'accroît en Europe. Les contrats à temps partiels subis et les faibles salaires horaires sont le résultat de cette situation qui touche, par ailleurs, surtout les femmes. En outre, au-delà de la simple création d'emplois, il convient de s'interroger sur le type et la qualité de ces emplois. Pour conclure, l'oratrice a soutenu l'appel du membre travailleur de l'Italie au respect de la convention et demandé que le gouvernement procède à l'abrogation de la loi no 30/2003.

La représentante gouvernementale a souligné que son gouvernement n'avait pris ses fonctions que depuis un an et que plusieurs des éléments et demandes avancés par les représentants des travailleurs sont déjà pris en compte. Ainsi, la flexibilité n'est pas un élément clé de la politique menée par le gouvernement; le travail à durée indéterminée est considéré comme devant être la norme; la lutte contre la précarité et contre le travail au noir est une priorité; la création d'emplois pour les jeunes et les femmes et la réduction des disparités existant entre le Nord et le Sud étant l'un des objectifs de cette politique. Le gouvernement a ouvert quatre "tables de négociation" auxquelles les partenaires sociaux sont associés afin de formuler des politiques dans ce domaine.

L'oratrice a fait observer que la discussion semble appartenir au passé, à un autre gouvernement. En effet, le gouvernement actuel a déjà changé des choses et des résultats commencent à être visibles, notamment en ce qui concerne l'emploi des femmes, la baisse de la pauvreté et la lutte contre le travail au noir.

Les membres employeurs ont constaté qu'il n'était pas facile d'obtenir un consensus sur les questions de politique du marché du travail. On ne peut pas légiférer contre le chômage, et la seule chose que l'on puisse faire est d'adopter des politiques qui permettront de progresser en la matière. L'un des domaines dans lesquels il semble exister un consensus est le fait qu'un emploi utile et productif est l'une des clés de la dignité humaine et économique et du bien-être. C'est un moyen de sortir de la pauvreté et de ne plus être défavorisé sur le plan social. Un autre élément de consensus concerne le fait que les mesures pour réduire le chômage et aider les groupes vulnérables exigent un engagement et un soutien qui vont au-delà du gouvernement, surtout si des changements structurels sont nécessaires. Les réformes sont rarement efficaces quand elles sont imposées contre la volonté des communautés concernées. Aussi le point de vue de la commission d'experts selon lequel il faut que les partenaires sociaux participent à l'élaboration de ces mesures reflète-t-il la bonne approche.

Le changement de gouvernement donne l'opportunité d'adopter de nouvelles méthodes et d'appliquer de nouvelles idées, et aussi de trouver de nouvelles solutions, ce qui semble être la voie suivie par le gouvernement. Les informations demandées par la commission d'experts arrivent donc à point nommé car elles donnent au nouveau gouvernement l'occasion d'informer la communauté internationale de ses intentions et des méthodes qu'il entend utiliser pour atteindre les objectifs de la convention.

Les membres travailleurs ont invité le gouvernement à continuer à fournir tous les renseignements demandés pour permettre à la commission de les examiner de manière plus approfondie. Le gouvernement doit tout faire pour combattre le chômage élevé ainsi que les disparités et inégalités qui existent sur le marché du travail et pour lutter contre la précarisation croissante du travail. La révision de la loi no 30 de 2003 doit également être une priorité. Il est satisfaisant d'entendre le gouvernement indiquer que les contrats à durée indéterminée doivent rester la norme et que la flexibilité n'est plus au centre de la politique de l'emploi. L'Italie devrait défendre cette position auprès des instances européennes. Enfin, et comme indiqué par la commission d'experts, la politique de l'emploi doit être élaborée avec les partenaires sociaux afin d'obtenir leur soutien dans la mise en œuvre des réformes nécessaires. Il semble que ce soit désormais de nouveau le cas en Italie.

La commission a pris note de la présentation interactive et des informations détaillées et édifiantes présentées par la représentante du gouvernement ainsi que de la discussion qui a suivi au sujet des mesures de soutien du marché du travail prises par le gouvernement en application de cette convention prioritaire.

La commission s'est également félicitée de la légère progression du taux d'emploi et de la diminution du taux de chômage, ainsi que des autres indicateurs du marché de l'emploi rapportés par le gouvernement qui a fait connaître son intention de réduire l'emploi temporaire et à temps partiel, de lutter contre le travail non déclaré et de promouvoir l'emploi productif des catégories les plus vulnérables, en particulier des jeunes à la recherche d'un premier emploi, des femmes et des populations des régions les moins favorisées. Le nouveau gouvernement se propose notamment de favoriser le dialogue social afin d'élaborer une politique active de l'emploi et de modifier ainsi les dispositions de la loi no 30 de 2003 relative à la réglementation du marché du travail.

La commission a fait valoir en outre que les mesures tendant à une plus grande flexibilité du marché du travail devraient garantir aux travailleurs et une protection adéquate contre le licenciement et l'accès à un contrat à durée indéterminée pour un travail productif et librement choisi. Elle a incité le gouvernement à continuer d'orienter l'ensemble de ses programmes nationaux vers un plein emploi productif et la promotion d'un travail décent et de haute qualité pour tous comme l'exige la convention. Elle a demandé qu'il communique dans son prochain rapport des informations détaillées sur les modalités selon lesquelles l'expérience et l'avis des partenaires sociaux sont pris en considération pour la formulation et la mise en œuvre des politiques de l'emploi. Le rapport devra également contenir des informations sur l'impact des mesures prises pour favoriser un accès plus large des femmes à un emploi productif, pour lutter contre le chômage des jeunes et pour remédier aux disparités régionales en matière d'emploi.

Cas individuel (CAS) - Discussion : 1991, Publication : 78ème session CIT (1991)

Le gouvernement a communiqué les informations suivantes:

L'envoi, même tardif, du rapport indique des efforts du gouvernement de conduire une politique active de développement de l'emploi, en particulier dans les zones les moins industrialisées du pays. Le gouvernement tient à présenter des informations supplémentaires sur les lignes de la politique économique et sociale. Cette politique a été mise en oeuvre par les autorités compétentes avec le concours des partenaires sociaux et elle est conforme à celle adoptée par les pays occidentaux industrialisés, et en particulier de la Communauté européenne. Le gouvernement est convaincu d'avoir répondu d'une façon satisfaisante aux observations de la commission d'experts, qui d'autre part, dans son propre rapport reconnaît l'effort constant qui a été déployé. Il est cependant conscient que des efforts ultérieurs devront être accomplis pour surmonter un déséquilibre historique entre les diverses régions du pays. La présente convention a un caractère promotionnel et exige la mise en oeuvre de politiques articulées et multidirectionnelles, aussi bien que le contrôle de l'efficacité des mesures adoptées. Cette évaluation pourrait être plus utile si elle n'était pas limitée à un seul pays, mais si elle était faite dans le cadre de débats communs au sujet de conditions d'ordre général. Ceci permettrait une approche homogène des problèmes existants dans les pays occidentaux, notamment face au retour de signes préoccupants dans le contexte socio-économique international. Face à une telle situation, l'objectif du plein emploi pourra être atteint seulement en adoptant des politiques actives qui permettent d'agir sur les causes structurelles du chômage et de contrôler les effets des mesures d'ajustement.

Il pourrait être utile et intéressant à ce propos de dédier à l'approfondissement de l'état d'application de la convention no 122, dans un futur proche, une discussion générale dans la Commission sur l'application des normes, en mettant en évidence de préférence les problèmes qui se posent par régions homogènes.

Par ailleurs, la commission d'experts elle-même a mis en évidence la nécessité de continuer dans les initiatives prises et de les compléter. C'est exactement dans cette direction que les autorités compétentes italiennes se sont engagées, étant donné que les problèmes du chômage persistent d'une façon préoccupante à cause des déséquilibres régionaux d'ordre structurel. Des résultats positifs ont été obtenus. En effet, non seulement les politiques qui ont été adoptées ont évité dans les dernières années l'aggravation du phénomène du chômage, mais l'on peut même noter qu'une inversion des tendances commence à se manifester. Depuis 1988 - date de présentation de l'avant-dernier rapport -, le taux du chômage a diminué d'un point et s'est stabilisé au-dessous de 11 pour cent. D'une manière générale, au cours de l'année 1990 la croissance de l'emploi a été substantielle. Face à cette donnée globale qui présente des éléments rassurants, de fortes préoccupations persistent dans des secteurs spécifiques du marché du travail et dans certaines zones territoriales. Les données sectorielles montrent que, dans le sud de l'Italie, l'on n'a pas réussi à réduire le chômage au-dessous d'un certain niveau, malgré les mesures qui ont été adoptées depuis 1984 pour favoriser l'emploi, surtout dans cette partie du pays.

Des mesures ultérieures - à part celles qui ont été mentionnées dans le rapport - ont été prises récemment (des mesures d'encouragement à la préretraite; des mesures spécifiques de la caisse d'intégration pour les travailleurs GEPI et du Sud; le refinancement de fonds spéciaux pour la réduction du chômage - visant à l'intégration de la politique de l'emploi dans le Sud, au moyen du financement de projets d'investissement -; le financement de coopératives dans des zones particulières; l'intégration des allocations chômage).

Toutefois, l'on est de plus en plus convaincu de la nécessité de relier les initiatives visant à la réduction du chômage et la valorisation des ressources humaines à des mesures plus générales concernant le dynamisme des facteurs de production. En effet, le risque que le développement en cours prenne des directions erronées et accentue les différences existantes est réel, face au processus d'unification européenne. Ces directions erronées pourraient conduire à creuser les distances entre les régions plus développées et moins avancées. Pour faire face efficacement à une telle situation pour le sud de l'Italie, les pouvoirs publics ont envisagé de dépasser l'optique des interventions d'urgence de caractère extraordinaire, qui s'était révélée insuffisante, pour adopter une approche de développement intégré en accord avec une politique active de gestion du marché du travail. Une importance particulière a été donnée aux politiques publiques de soutien à la petite et moyenne entreprise (actuellement les politiques gouvernementales sont orientées vers des interventions visant les zones de développement plutôt que les entreprises individuelles) et vers l'adoption de projets avec un contenu de haute technologie afin de produire des effets multiplicateurs sur la croissance. La réalisation d'infrastructures et de services est une précondition aux développements susmentionnés et, dans cette optique, des études approfondies sont en cours. IRI, ENI et FIAT ont mis en oeuvre des projets de grande envergure sur la base d'accords tripartites. La FIAT a déjà décidé la construction d'un grand établissement dans la Basilicate, une des régions du Sud les moins favorisées. A part les initiatives spécifiques susmentionnées, il faut souligner l'importance tout à fait particulière de l'accord conclu au mois de mars 1991 entre le gouvernement italien et les associations des employeurs et des travailleurs pour le développement global du Sud. Un tel accord a été promu par le Comité national de l'économie et du travail - CNEL (un organisme tripartite avec des fonctions consultatives et promotionnelles). Cet accord vise à qualifier l'intervention globale dans le Sud en définissant les rôles respectifs des trois parties concernées, et souligne en même temps l'importance de l'aspect occupationnel, tout en encourageant les investissements à un taux d'emploi élevé. Pour sa part, le CNEL a envisagé de mettre en place un système d'évaluation des effets des politiques adoptées à la suite de l'accord susmentionné. D'importantes répercussions sur le développement de l'emploi pourront avoir lieu lors de la conclusion de la négociation tripartite actuellement en cours avec les coûts de travail. Un des points centraux est la renégociation des coûts soi-disant impropres aux entreprises, à travers la fiscalité. Le gouvernement a recouru à cette mesure (comme on peut le constater dans les rapports sur les politiques de l'emploi en 1988-1991) pour garantir simultanément la compétivité des entreprises et un niveau élevé de productivité des travailleurs. Par ailleurs, l'instrument de la fiscalité est efficace dans la mesure où il permet d'opérer d'une manière sélective par rapport aux objectifs préfixés, en encourageant l'emploi par catégories et régions défavorisées (jeunes, femmes, Sud).

Une autre intervention fondamentale est celle qui concerne le soutien à l'emploi des femmes. A ce propos, deux considérations préliminaires sont nécessaires. La première est que l'opportunité de prendre des mesures spécifiques est confirmée par les structures de l'emploi et du chômage en Italie. Actuellement, le taux de chômage est d'environ 17 pour cent pour les femmes et de 7 pour cent pour les hommes. Cette considération tend à reconnaître l'aspect positif d'une telle situation. En effet, l'important taux de chômage féminin est dû à la présence des femmes en plus grand nombre sur le marché du travail. La seconde a trait à l'augmentation parallèle de l'offre et de la demande qui confirme cela. La donnée est en soi positive et implique la nécessité d'interventions spécifiques pour favoriser l'emploi des femmes et la promotion des conditions d'égalité des chances. Une loi très importante a été adoptée le 10 avril 1991, qui prévoit des actions positives en vue d'atteindre l'égalité entre hommes et femmes dans le monde du travail. Des actions positives avaient déjà été mises en place par voie de négociations et réalisées concrètement; la loi a pour objectif de les généraliser, afin d'éliminer tous les obstacles à la réalisation de l'égalité effective dans la formation, l'accès au marché de l'emploi, le développement de la carrière, le travail, la mobilité de l'emploi. Cette loi prévoit des financements spécifiques pour la réalisation d'actions positives ainsi que l'institution d'un comité pour l'égalité des chances. Est prévu également le renversement de la charge de la preuve, en cas de recours juridique pour l'existence présumée d'actions ou comportements discriminatoires entre les sexes.

En ce qui concerne la promotion de l'emploi des jeunes, de nombreuses interventions législatives (à partir de 1984) ont introduit et réglé d'importantes typologies de travail, comme par exemple le contrat de formation-travail, l'emploi à temps partiel, et ont encouragé la création d'entreprises par les jeunes. A ce propos, il faut noter que les politiques publiques pour le soutien de l'emploi ont été toujours accompagnées par des mesures pour la protection et pour la réglementation des rapports du travail. Ceci en particulier en ce qui concerne le travail "atypique", qui est particulièrement protégé en Italie et qui donne aux travailleurs des garanties élevées.

L'initiative des autorités compétentes s'est également étendue en vue de la mise en place des instruments publics d'intervention sur le marché de l'emploi, ainsi que la loi 56/87 le prévoit pour la gestion active du marché du travail.

En conclusion, le gouvernement réitère sa conviction que son engament politique, économique et social mis en oeuvre est en plein accord avec la présente convention.

En outre, une représentante gouvernementale s'est référée aux informations écrites communiquées par son gouvernement. Après avoir indiqué que le rapport sur la présente convention n'avait pu être communiqué qu'au mois de mars 1991, en raison d'une réorganisation administrative, l'oratrice a assuré qu'à l'avenir son gouvernement respecterait son obligation de faire rapport dans les délais prescrits. Le ralentissement de la croissance et l'aggravation du chômage dans les pays industrialisés, qui ont été constatés par la commission d'experts, concernent également l'Italie, et plus particulièrement le Mezzogiorno qui est historiquement moins développé que le reste du pays. Les mesures prises en Italie on eu certains résultats positifs puisque le chômage a diminué d'un point par rapport à 1988. Par ailleurs, les pouvoirs publics poursuivent leurs efforts en vue de mieux cerner toutes les formes de chômage, surtout en ce qui concerne les jeunes travailleurs et les femmes, et de favoriser leur présence sur le marché du travail. Un autre signe positif réside dans l'augmentation du nombre de travailleuses et dans l'éventail plus large des emplois auxquels elles ont accès. La loi adoptée en avril 199l, qui prévoit des actions positives en faveur de l'égalité de chances et de traitement entre hommes et femmes dans le monde du travail, devrait avoir des résultats importants. De nombreuses mesures ont déjà été prises, bien qu'il reste encore beaucoup à faire. Les autorités compétentes, par des politiques diversifiées et multidirectionnelles, continueront à déployer leurs efforts en coopération avec les partenaires sociaux en faveur des régions et des secteurs où le problème du chômage est particulièrement aigu. Même s'il existe encore un risque réel de voir s'accentuer les écarts entre certaines catégories de main-d'oeuvre ainsi qu'entre certaines régions, les bases ont été jetées sur le plan politique et législatif pour faire face à cette situation. En conclusion, elle a souligné que l'ensemble des politiques adoptées en matière d'emploi et notamment l'accord, conclu en mars 1991 entre le gouvernement et les associations d'employeurs et de travailleurs pour le développement global du Sud, attestent de la volonté de son pays de considérer comme essentiel et prioritaire l'objectif du plein emploi dans la hiérarchie des objectifs de la politique économique.

Le membre travailleur de l'Italie a déclaré que le rapport de la commission d'experts montre clairement que le progrès économique n'est pas forcément suivi d'une croissance de l'emploi. Cette constatation vaut particulièrement pour les pays industrialisés. On doit en rechercher la cause dans le processus rapide de modernisation et de restructuration de l'économie ainsi que dans le développement de nouvelles technologies qui utilisent moins de main-d'oeuvre. Les organisations syndicales sont préoccupées par le niveau du chômage en Italie, qui est la conséquence de ce processus, et encore plus par la situation dans le Mezzogiorno où l'évolution économique a toujours été en retard par rapport au Nord et au Centre et ce, malgré les efforts déployés ces dernières années par le gouvernement; celui-ci a lancé des projets de développement et pris des mesures pour revitaliser le marché du travail et encourager l'emploi dans cette région. Dans ce contexte, il a souligné que l'application des mesures décidées n'intervient pas toujours de manière cohérente ni très rapide. Par ailleurs, l'internationalisation de l'économie ainsi que le processus d'intégration, au niveau des communautés par exemple, pourraient conduire à une marginalisation encore plus grande des régions défavorisées à moins que des correctifs d'ordre social ne soient introduits pour lutter contre la concurrence internationale et pour atténuer les effets pervers des lois de l'économie de marché. En relation avec l'article 3 de la convention, l'orateur a souligné que les syndicats de son pays sont dans l'ensemble satisfaits des processus de consultations existant entre le gouvernement et les partenaires sociaux. A cet égard, il s'est référé à l'action concertée qui est à l'origine du Pacte pour le développement économique du Mezzogiorno signé en mars 1991. Une délégation tripartite mènera prochainement une discussion importante en vue de l'élaboration d'une plateforme commune pour une réforme approfondie du système fiscal qui pèse actuellement beaucoup plus lourdement sur les salariés. Il s'agira également de discuter de la restructuration des salaires ainsi que d'une nouvelle répartition des coûts sociaux. S'agissant de l'article 2 de la convention, l'OIT devrait se préoccuper davantage des conséquences sociales des projets destinés à l'assainissement financier d'un pays et des projets de restructuration, qui sont souvent imposés par des organismes étrangers. Ces projets impliquent fréquemment des conséquences négatives pour l'emploi et le niveau de vie des travailleurs, surtout dans les pays en voie de développement.

Les membres employeurs ont indiqué être préoccupés par le fait que le gouvernement italien n'ait pas communiqué ses rapports à temps. Il s'agit d'une pratique générale et habituelle du gouvernement qui ne se limite pas à la convention no 122 mais qui concerne la plupart des autres conventions pour lesquelles des rapports sont dus. Les informations fournies depuis lors par le gouvernement et par la représentante gouvernementale font état d'un certain nombre de problèmes cruciaux concernant notamment le Mezzogiorno ainsi que certaines catégories de travailleurs. De nombreuses mesures ont été prises en ce qui concerne l'emploi des jeunes, qui est préoccupant, et celui des femmes. L'accord conclu entre le gouvernement et les partenaires sociaux pour le développement du Sud constitue également un élément positif. Il n'en reste pas moins que de nouvelles mesures doivent être entreprises car, en matière de politique de l'emploi, la situation est dynamique. C'est pourquoi la convention ne prescrit pas de mesures précises mais fixe des objectifs qu'il convient de s'efforcer de réaliser par divers moyens. La convention vise à promouvoir le plein emploi collectif et librement choisi. Les mesures à prendre varieront en fonction des pays et de leurs caractéristiques propres. La politique de l'emploi ne peut être considérée isolément mais doit être étroitement liée à d'autres domaines des politiques économiques et sociales. A cet égard, il n'y a pas de règles précises; la convention indique simplement que la politique qui doit être formulée devra tenir compte des rapports existants entre les objectifs de l'emploi et les autres objectifs économiques et sociaux. C'est pourquoi, il est très difficile et très délicat d'évaluer la politique de l'emploi dans le cadre de la convention et de déterminer dans quelle mesure les gouvernements s'approchent de ces objectifs. Il ne saurait y avoir de critère abstrait. Suivant les situations nationales, on devrait demander aux gouvernements de mettre l'accent dans l'application de sa politique sur tels problèmes rencontrés par certaines régions ou catégories de travailleurs. Quoi qu'il en soit, il importe que les gouvernements soient priés de fournir des informations à jour dans le domaine de la politique de l'emploi.

Les membres travailleurs ont souscrit pleinement à la déclaration des membres employeurs en ce qui concerne l'importance de communiquer les rapports en temps voulu, et en particulier ceux portant sur la convention no 122. La convention présente deux aspects fondamentaux. En premier lieu, elle requiert la formulation et l'application d'une politique active visant à promouvoir le plein emploi. Par ailleurs, elle exige également la consultation des milieux intéressés. Cet aspect est particulièrement important car de nombreuses difficultés constatées sont dues au fait qu'il n'y a pas de discussions suffisantes avec les partenaires sociaux en ce qui concerne la politique de l'emploi. A cet égard, ils se sont félicités de la déclaration du membre travailleur italien selon laquelle, dans son pays, le processus de consultation est satisfaisant. Il faut espérer que le dialogue se poursuivra de manière à permettre une solution aux problèmes d'emploi existant en Italie. S'agissant de la réduction de chômage mentionnée par la représentante gouvernementale, il a souligné que la commission d'experts avait également manifesté sa préoccupation non seulement quant au taux global du chômage mais également quant aux écarts constatés dans certaines régions où le taux de chômage est beaucoup plus élevé que la moyenne générale.

La représentante gouvernementale a déclaré que son gouvernement a pris bonne note des observations formulées par les organes de contrôle et qu'il partage les préoccupations exprimées quant à la situation actuelle de l'emploi. Il continuera dans le climat de collaboration tripartite habituel à déployer ses efforts en vue de la formulation et l'application d'une politique active visant à la création d'emplois qualifiés.

La commission a pris note des informations écrites et orales détaillées qui ont été fournies par le gouvernement. Elle a regretté que le rapport du gouvernement n'ait pas été envoyé à temps pour être examiné par la commission d'experts. La commission a relevé avec intérêt la collaboration tripartite instituée, notamment dans le cadre du pacte social. Elle a néanmoins relevé que la mise en oeuvre de la législation et les mesures prises dans le cadre de la politique de l'emploi n'avaient pas permis, malgré les efforts déployés par le gouvernement, de remédier à la situation de l'empoi toujours préoccupante, et, notamment, aux écarts entre certaines régions, groupes d'âge et sexe. La commission a exprimé l'espoir que le gouvernement sera en mesure de fournir à la commission d'experts toutes les informations supplémentaires nécessaires sur l'application effective de la convention et notamment sur les mesures prises en application de l'article premier de celle-ci. Elle a souhaité, enfin, que le gouvernement réponde dans les délais requis à la demande d'information que la commisssion d'experts lui a adressée.

Demande directe (CEACR) - adoptée 2023, publiée 112ème session CIT (2024)

Articles 1 et 2 de la convention. Politiques et programmes actifs de l’emploi. Mesures visant à atténuer l’impact de la pandémie de COVID-19. La commission prend note avec intérêt des informations détaillées fournies dans les rapports 2019, 2020 et 2023 du gouvernement, comprenant des données statistiques ventilées et la législation. La commission note, d’après l’indication du gouvernement dans son rapport 2023, qu’il s’emploie à mettre en œuvre une politique active de l’emploi inclusive et efficiente, visant à encourager la participation active au monde du travail, à promouvoir la formation professionnelle, et à accroître l’emploi. Le gouvernement indique aussi qu’une série de mesures ont été prises pour créer de nouvelles possibilités d’emploi et promouvoir l’accès à l’emploi, en mettant l’accent sur des groupes spécifiques, comme les jeunes, les femmes, les travailleurs âgés et les personnes handicapées. En ce qui concerne la pandémie de COVID-19, le gouvernement fait état des mesures prises pour faire face à l’impact de la pandémie, consistant notamment en une allocation de réinstallation accordée aux bénéficiaires du revenu de base au titre de l’article 9 du décret législatif no 4/2019, en un fonds pour les nouvelles compétences mis en place par l’Agence nationale pour les politiques actives du travail (ANPAL) au titre de l’article 88 (1) du décret législatif no 34 du 19 mai 2020, ainsi qu’en des mesures d’aide au recrutement du personnel de santé au titre de l’article 83 du décret législatif no 34 du 19 mai 2020. Dans ce contexte, la commission note que l’Italie met actuellement en œuvre l’ambitieux plan national de relance et de résilience 2016-2022, financé par l’Union européenne (UE). Le gouvernement indique que ce plan est une opportunité unique pour le développement, l’investissement et les réformes. Son principal objectif est de remettre le pays sur la voie d’une croissance économique durable et de la reprise, suite aux effets socioéconomiques de la pandémie de COVID-19. Les programmes d’investissement prévus par le plan s’articulent autour de six objectifs (appelés «missions»). Dans le contexte spécifique des réformes de politiques actives, le gouvernement souligne l’importance de la mission 5 sur l’inclusion et la cohésion visant à atteindre les objectifs transversaux du plan, à savoir accroître les possibilités d’emploi pour les jeunes, favoriser l’autonomisation des femmes et réduire la discrimination fondée sur le genre, et parvenir à un meilleur équilibre entre les régions. Les mesures liées à l’emploi prévues par la mission 5 sont les suivantes: réforme des politiques actives de l’emploi et de formation actuellement réglementées par le programme national de garantie de l’employabilité; réforme du plan national de lutte contre le travail non déclaré (lavoro sommerso); investissement dans l’optimisation des centres de l’emploi; et investissement dans le système de formation en alternance. La commission note, d’après l’indication du gouvernement, que le programme national de garantie de l’employabilité devrait bénéficier à au moins 3 millions de personnes d’ici à 2025, dont 75 pour cent devraient être des femmes, des chômeurs de longue durée, des personnes handicapées, des jeunes de moins de 30 ans et des travailleurs de plus de 55 ans. En outre, 800 000 bénéficiaires doivent participer à des activités de formation, dont 300 000 dans le domaine du numérique en vue de renforcer leurs compétences en la matière. Le programme national de garantie de l’employabilité propose également un nouveau modèle de services fournis par les centres de l’emploi, basé sur une approche personnalisée tenant compte des besoins des utilisateurs, et comprend des services visant au retour à l’emploi, à la mise à niveau des compétences, à la reconversion et aux services d’emploi destinés aux utilisateurs ayant des besoins complexes. Compte tenu de ce qui précède, la commission fait observer que les politiques de l’emploi sont beaucoup plus efficaces lorsqu’elles sont conçues et mises en œuvre en tenant dûment compte des relations mutuelles et de la nécessité de coordonner les objectifs de l’emploi avec les autres objectifs et politiques économiques et sociaux. À cet égard, une coordination efficace entre la politique de l’emploi et la politique de protection sociale est un facteur déterminant de l’efficacité de la conception et de la mise en œuvre de stratégies et de mesures actives du marché du travail. La commission souligne également à cet égard que le succès des politiques d’activation visant à favoriser l’emploi, et le succès des mesures de protection sociale en général, est aussi le résultat de stratégies efficaces dans lesquelles les mesures politiques s’articulent autour des obstacles à l’emploi et des circonstances individuelles. À cet égard, bien que ces mesures ciblent les groupes généralement considérés comme étant défavorisés ou ayant plus de difficultés à entrer sur le marché du travail, comme les jeunes, les chômeurs de longue durée, les femmes ou les personnes handicapées, elles doivent aussi être ajustées, dans la mesure où ces groupes ne sont pas forcément homogènes et sont souvent composés de sous-groupes généralement très diversifiés et faisant face à différents obstacles à l’emploi - des mesures peuvent atteindre efficacement les objectifs ciblant certains membres du sous-groupe mais être largement inefficaces pour d’autres segments importants de ce sous-groupe, et il faut alors adopter une approche à plus long terme pour s’attaquer aux obstacles à l’emploi, en mettant davantage l’accent sur les mesures actives du marché du travail. En cernant davantage et en comprenant mieux les différents obstacles rencontrés par chacun de ces sous-groupes, on pourra également concevoir de meilleure façon des mesures efficaces pour s’attaquer avec succès aux causes profondes du chômage et du sous-emploi et atteindre via une politique de l’emploi intégrée les objectifs visés par la convention, notamment en matière de stimulation de la croissance économique et du développement, et d’élévation du niveau de vie. Compte tenu de ce qui précède, la commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées et à jour, y compris des informations statistiques ventilées par sexe, âge et région, sur la nature, la portée et l’impact des réformes et des politiques actives, des programmes et des mesures du marché du travail mis en œuvre pour promouvoir le plein emploi productif et librement choisi. La commission prie le gouvernement de communiquer des informations à jour en ce qui concerne la réalisation des objectifs fixés dans le cadre de la mise en œuvre des politiques actives adoptées pour l’emploi et la formation, y compris les mesures ciblant les groupes en situation de vulnérabilité, notamment ceux vivant dans les régions où les taux de pauvreté et de chômage sont les plus élevés. La commission prie également le gouvernement de fournir des informations sur la nature, la portée et l’impact des mesures prises et mises en œuvre pour lutter contre le travail non déclaré.
Tendances du marché du travail. La commission prend note des données mises à disposition par l’Institut national de la statistique italien (ISTAT), montrant les graves répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les taux nationaux d’emploi et de chômage entre 2019 et 2021. Elle note néanmoins que, selon le rapport par pays 2023 de la Commission européenne pour l’Italie (rapport 2023), la demande de main-d’œuvre a augmenté entre 2021 et 2022, et les taux d’activité sont revenus aux niveaux de 2019. En 2022, le taux d’emploi national était de 64,8 pour cent, mais restait nettement inférieur à la moyenne européenne qui était de 74,6 pour cent. La même année, le taux de chômage global est tombé à 8,1 pour cent, soit l’un des plus élevés de l’UE (le taux de chômage des femmes (9,3 pour cent) était plus élevé que celui des hommes (7,1 pour cent)). Selon les données disponibles auprès du Département de la statistique du BIT (ILOSTAT), le taux de chômage global des jeunes âgés de 15 à 24 ans était de 23,7 pour cent en 2022, soit près de trois fois le taux de chômage des personnes âgées de 15 à 64 ans au cours de la même période. Le taux de chômage des jeunes femmes (25,8 pour cent) était plus élevé que celui des jeunes hommes (22,3 pour cent). Le rapport 2023 indique que le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est en baisse, s’élevant à près de 24 pour cent, mais il reste l’un des plus élevés de l’UE. En outre, le pourcentage des jeunes de 15 à 29 ans dans la catégorie sans emploi, sans formation ni qualifications est tombé à 19 pour cent en 2022, mais reste supérieur à la moyenne européenne qui est de 11,7 pour cent. La forte prévalence des formes de travail atypiques, en particulier chez les jeunes, et le travail non déclaré sont des défis à relever en permanence. Enfin, le rapport 2023 fait état de différences importantes entre les régions du Nord et du Sud du pays en termes d’emploi et de participation, et fait valoir qu’en surmontant ces difficultés de longue date et en améliorant les politiques actives du marché du travail, l’Italie pourrait réaliser son objectif national d’atteindre un taux d’emploi de 73 pour cent d’ici à 2030. La commission prie le gouvernement de fournir des informations à jour, notamment des données statistiques ventilées par âge, sexe et région, sur les tendances de l’emploi et du marché du travail, y compris des informations sur l’emploi, le chômage et le sous-emploi visible.
Emploi des jeunes. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement sur le Programme de garantie pour la jeunesse, qui comptait plus de 1 475 000 jeunes inscrits au 30 avril 2019. Le gouvernement indique aussi que plus de 633 000 jeunes ont bénéficié de mesures de politique active en 2019, le taux de couverture national étant de 57,2 pour cent. Le gouvernement fait néanmoins état de disparités régionales, en indiquant que la couverture est plus limitée pour les jeunes des régions du Sud et des îles, et plus large dans les régions du Nord et du Nord-Ouest. La commission note que les stages extrascolaires constituent la mesure de politique active du marché du travail la plus courante (57,8 pour cent du total des mesures), suivie par les mesures d’incitation à l’emploi (24,5 pour cent). Ces mesures incitatives consistent en la prime pour l’emploi des jeunes (9,1 pour cent), la prime pour l’emploi (8,2 pour cent), la super prime (1,4 pour cent) et, depuis janvier 2018, la prime pour l’emploi des jeunes qui ne sont ni dans l’emploi, ni dans l’éducation, ni dans la formation (5,9 pour cent). D’autres mesures portent sur la formation (12,6 pour cent) et l’appui au travail (2,9 pour cent). Le taux de placement des jeunes ayant bénéficié d’une ou plusieurs mesures de politique active s’élevait à 54 pour cent au 30 avril 2019. Les taux d’emploi enregistrés dans les régions du Nord sont toutefois supérieurs d’environ 20 points de pourcentage à ceux des régions du Sud et insulaires. À cet égard, la commission prend note des mesures incitatives financées par le Programme opérationnel national pour les systèmes de politique active pour l’emploi dans le cadre de la garantie pour la jeunesse, qui prévoit des mesures incitatives pour l’emploi dans le Sud. La commission prend également note des informations fournies par le gouvernement sur la mise en œuvre d’autres initiatives, comme le projet «Growing Entrepreneurs», ainsi que le projet «SELFIE Employment», un fonds renouvelable pour l’emploi indépendant et l’autoentreprenariat. Le gouvernement fait également état du lancement de la mesure incitative en faveur de l’emploi «Je travaille» (Io Lavoro), qui vise à encourager les employeurs du secteur privé à recruter des jeunes travailleurs âgés de 16 à 34 ans, ainsi que des travailleurs jusqu’à 35 ans qui sont au chômage depuis au moins six mois. Prenant note des disparités entre les genres et les régions mentionnées ci-dessus et se référant à ses commentaires sur les articles 1 et 2 de la convention, la commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les mesures ciblées prises ou envisagées pour promouvoir l’intégration des jeunes femmes dans l’éducation, la formation et l’emploi. Elle le prie également de fournir des informations sur les mesures prises ou envisagées pour promouvoir l’accès à l’emploi des jeunes appartenant à des groupes défavorisés et faisant l’objet de discrimination intersectionnelle. Enfin, la commission demande au gouvernement de continuer à fournir des informations détaillées, y compris des informations statistiques ventilées par sexe, âge et région, sur la nature, la portée et l’impact des mesures prises pour réduire le chômage des jeunes.
Emploi des femmes. La commission prend note de l’indication du gouvernement selon laquelle le taux d’emploi des femmes a augmenté lentement mais régulièrement au cours des dernières années. Le gouvernement indique néanmoins que l’écart entre le taux d’emploi des femmes et celui des hommes âgés de 20 à 64 ans reste important, cet écart étant de 19,5 pour cent en 2019. Selon le rapport par pays 2023 de la Commission européenne pour l’Italie, l’écart entre l’emploi des femmes et celui des hommes restait important en 2022, soit de 19,3 points de pourcentage. Le gouvernement indique aussi que le taux d’emploi des femmes varie de manière importante selon les régions, faisant observer que le taux d’emploi des femmes de 20 à 65 ans dans la région du Sud-Est pratiquement de 50 pour cent inférieur à celui de la région du Nord-Est du pays. Selon le gouvernement, cet écart est dû, en partie au moins, au temps que les femmes consacrent aux tâches domestiques et aux soins non rémunérés, ce temps étant 2,5 fois plus long que celui passé par les hommes. Il indique aussi que face à la nécessité de concilier responsabilités familiales et responsabilités professionnelles, beaucoup plus de femmes (35 pour cent) que d’hommes (9 pour cent) recourent au travail à temps partiel. Un tiers des femmes âgées de 25 à 34 ans qui travaillent à temps partiel ne cherchent pas d’emploi à temps plein, et 65 pour cent d’entre elles ont demandé un aménagement du temps de travail pour pouvoir s’occuper de leurs enfants ou d’autres personnes dépendantes. En outre, selon l’ILOSTAT, en 2022, moins d’une femme sur quatre (soit 23 pour cent) occupait un poste de cadre moyen ou supérieur. Dans ce contexte, la commission prend note des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre les disparités de genre dans le monde du travail, notamment de l’adoption de la stratégie nationale pour l’égalité des genres (2021-2026), du décret-loi no 105 du 3 juin 2022 relatif à l’amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des travailleurs et travailleuses, et de la création d’un Observatoire national pour l’intégration des politiques d’égalité des genres. Se référant à ses observations au titre des articles 1 et 2 ci-dessus, la commission observe que les obstacles à l’emploi auxquels les femmes font face sont très variables, allant de la responsabilité de soins non rémunérés à plusieurs obstacles cumulés, entre autres, peu voire pas d’attachement au marché du travail, un niveau d’éducation comparativement plus faible que celui des hommes, et des difficultés liées à la situation de l’emploi et au manque de services dans la région dans laquelle elles résident. La commission prie donc le gouvernement de continuer à fournir des informations détaillées et à jour, y compris des données statistiques ventilées par sexe, âge et région, sur la nature, la portée et l’impact des mesures prises pour améliorer la participation des femmes au marché du travail, y compris à des postes de direction et de décision. Elle prie aussi le gouvernement de fournir des informations à jour sur les progrès accomplis en ce qui concerne la réduction de l’écart entre les genres en matière d’emploi pour les femmes et les hommes de tous âges, ainsi que sur les mesures prises ou envisagées pour faciliter la conciliation entre responsabilités professionnelles et responsabilités familiales des femmes et des hommes, notamment en mettant en place des structures adéquates de garde d’enfants.
Emploi des personnes handicapées. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement en réponse à sa précédente demande concernant l’application des subventions pour couvrir les coûts de main-d’œuvre, établies en 2016, qui visent à encourager les employeurs à recruter des personnes handicapées. Elle note en outre l’indication du gouvernement selon laquelle, en vue de promouvoir l’emploi des personnes handicapées, le ministère du Travail et des Politiques sociales a adopté, le 11 mars 2023, le décret ministériel no 43 établissant des lignes directrices sur le placement ciblé. La commission prend également note de la mise en place d’une base de données relatives au placement ciblé des personnes handicapées. La commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations détaillées et à jour, notamment des données statistiques ventilées par âge, sexe et région, concernant la nature, la portée et l’impact des mesures prises pour promouvoir l’emploi des femmes et des hommes handicapés sur le marché du travail libre, y compris des informations sur les mesures de placement ciblé, la formation professionnelle et les mesures de sensibilisation destinées à diffuser des informations sur les capacités des personnes handicapées.
Politiques et programmes d’éducation et de formation. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement concernant le plan national pour les nouvelles compétences, adopté par arrêté interministériel du 14 décembre 2021. Ce plan est intégré dans le plan national de relance et de résilience, et vise à répondre aux besoins en nouvelles compétences requises sur le marché du travail, afin de réduire l’inadéquation des compétences. La commission observe que les politiques et programmes d’éducation et de formation mis en œuvre en Italie ces dernières années se sont focalisés sur la transition entre la scolarité et le travail via des programmes d’apprentissage en situation de travail, des stages, l’alternance entre l’école et le travail, et des formations professionnelles de niveau supérieur. Le plan national de relance et de résilience investit dans le système d’alternance entre l’enseignement et la formation professionnelle et l’apprentissage en situation de travail, lancé en 2015, contribuant ainsi à la réalisation du plan national pour les nouvelles compétences. Ce système d’alternance devrait bénéficier à au moins 135 000 participants d’ici à 2025, dont des jeunes âgés de 15 à 25 ans et des adultes sans diplôme de l’enseignement secondaire. Le gouvernement fait également état du programme national pour les jeunes, les femmes et l’emploi, promouvant l’emploi des jeunes par le biais de services comme l’orientation professionnelle, la formation, l’apprentissage et la formation à l’entrepreneuriat. La commission prie le gouvernement de fournir des informations à jour sur la nature, la portée et l’impact des politiques et programmes d’éducation et de formation mis en œuvre, y compris le système d’alternance, sur la garantie d’un emploi décent et durable pour les jeunes, ainsi que pour d’autres groupes exposés aux déficits de travail décentet à l’exclusion du marché du travail.
Coopératives. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement concernant le régime établi par la loi no 49 du 27 février 1985 (dite loi Marcora), modifiée ensuite par la loi no 57 de 2001, visant à favoriser l’emploi moyennant l’octroi de crédits aux coopératives. L’article 1 de la loi no 49 prévoyait la création de Foncooper, un fonds renouvelable pour la promotion et le développement des coopératives. Les ressources et la gestion de Foncooper ont ensuite été transférées aux régions. La commission note qu’un nouveau régime d’aide a été mis en place en vertu d’un décret de 2014 du ministère du Développement économique (la loi dite New Marcora), qui vise à promouvoir la création et le développement de petites et moyennes coopératives. Les ressources financières allouées à la mise en œuvre de ce nouveau régime ont été augmentées en vertu de la loi no 232/2016 (loi de 2017 sur le budget). En vertu de la loi no 205/2017 (loi de 2018 sur le budget), des innovations ont été apportées à la réglementation des coopératives, notamment en ce qui concerne certains aspects liés au crédit social, à la supervision et à la gouvernance. La commission note que l’article 1, paragraphe 936, de la loi de 2018 sur le budget prévoit l’imposition de lourdes sanctions visant à lutter contre le phénomène des fausses coopératives. La commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées et à jour sur l’impact des mesures prises pour promouvoir le plein emploi, productif, librement choisi et durable via les coopératives. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur le nombre de coopératives bénéficiant de ces mesures, le nombre d’emplois créés grâce à ces mesures, ainsi que le type et le résultat de toute mesure prise pour lutter contre le phénomène des fausses coopératives.
Article 3. Consultation des partenaires sociaux et des représentants des personnes concernées par les mesures à prendre. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement selon lesquelles il accorde une grande importance à la consultation des partenaires sociaux lors de l’élaboration des politiques de l’emploi, et indique que des consultations sont tenues avec les partenaires sociaux aux niveaux étatique, régional et local avant que des mesures législatives ou réglementaires ne soient prises dans les domaines social et économique. Le gouvernement indique aussi qu’il convoque chaque année les organisations d’employeurs et de travailleurs les plus représentatives au niveau national pour des consultations liées au budget annuel, lequel comprend des ressources allouées pour l’emploi et la promotion des petites et moyennes entreprises. Ce processus vise à informer et à consulter les partenaires sociaux sur les propositions et les mesures à prendre dans le cadre des réformes actuelles du marché du travail. En outre, les partenaires sociaux participent en permanence au Conseil national de l’économie et de l’emploi établi en vertu de l’article 99 de la Constitution italienne. La commission prie le gouvernement de continuer à fournir, dans ses prochains rapports, des informations détaillées et à jour sur la manière dont les représentants des personnes concernées par les mesures à prendre, et en particulier les représentants d’employeurs et de travailleurs, sont consultés au sujet des politiques de l’emploi, en vue de tenir pleinement compte de leur expérience et de leurs opinions, et de s’assurer qu’ils coopèrent pleinement à la formulation de ces politiques et d’obtenir leur soutien. La commission prie également le gouvernement de fournir des informations complètes sur la nature, la portée et les résultats des consultations tenues avec les partenaires sociaux concernant l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de programmes pour l’emploi se fondant sur des données régulièrement mises à jour sur le marché du travail, y compris sur les tendances de l’emploi, du chômage et du sous-emploi.

Demande directe (CEACR) - adoptée 2017, publiée 107ème session CIT (2018)

La commission prend note des observations de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) et de la Confédération italienne des syndicats libres (CISL), reçues en octobre 2016, et de la réponse du gouvernement à ces observations.
Articles 1 et 2 de la convention. Mesures visant à atténuer l’impact de la crise. La commission se félicite du rapport détaillé du gouvernement. Elle prend note des informations communiquées par le gouvernement en réponse à sa précédente demande d’information sur la manière dont il assure, en consultation avec les partenaires sociaux, l’adhésion à une approche globale des politiques de l’emploi pour améliorer la situation de l’emploi dans le pays et favoriser une croissance intégratrice et génératrice d’emplois productifs. La commission prend note de l’adoption le 19 juin 2015 du décret-loi no 78 (dans sa teneur modifiée par la loi no 125 du 6 août 2015) et le 14 septembre 2015 du décret législatif no 150. Le gouvernement expose que cette nouvelle législation a pour but de renforcer tout ce qui entoure les services liés à l’emploi et les mesures actives de politique de l’emploi, notamment le service de l’emploi, rouage essentiel pour une mise en œuvre efficace des mesures actives de politique de l’emploi sur tout le territoire. Ainsi, le décret législatif no 150/2015 porte création de l’Agence nationale pour les politiques actives de l’emploi (ANPAL) afin d’améliorer la coordination des politiques de l’emploi au niveau national. De plus, le gouvernement a conclu le 30 juillet 2015 avec toutes les régions du pays un accord-cadre visant à un fonctionnement efficace des offices publics de l’emploi dans l’ensemble de l’Italie. En application de l’article 15 du décret-loi no 78/2015, plusieurs régions du nord et du sud ont conclu avec le gouvernement un accord tendant à encadrer et consolider les politiques de l’emploi sur leur territoire. Avec la loi sur la stabilité pour 2016 (loi no 208/2015), les mesures de stimulation de l’emploi instaurées avec la loi de stabilité pour 2015 (loi no 190/2014) ont été réduites. Avec la nouvelle loi, les employeurs bénéficient d’une exonération de 40 pour cent de la part patronale des cotisations de sécurité sociale pour les nouveaux salariés, mais la durée de cette exonération n’est plus de trente-six mois comme c’était le cas avec la loi précédente, mais de vingt-quatre mois. Le gouvernement fait également état de l’instauration de mesures visant à inciter les entreprises à engager des travailleurs appartenant à des catégories particulièrement exposées à l’exclusion ou au déficit de travail décent, comme les personnes handicapées. Il indique que, depuis janvier 2016, des aides à l’emploi sont accordées pour promouvoir l’emploi des personnes handicapées. Ce système propose aux entreprises qui embauchent des personnes handicapées tout un ensemble de mesures incitatives, les plus importantes étant accordées aux entreprises qui emploient des personnes dont le handicap est supérieur à 79 pour cent, des personnes ayant un handicap physique ou psychologique de 45 à 67 pour cent et des personnes ayant un handicap de 45 à 67 pour cent. Il n’est pas accordé d’aide pour l’embauche de personnes dont le handicap est inférieur à 45 pour cent. La commission note que, d’après les données de l’Institut italien de la statistique (ISTAT) de mai 2016, la plupart des indicateurs du marché du travail ont continué d’afficher des tendances positives en 2016. Les données de l’ISTAT pour le quatrième trimestre de 2016 reflètent une légère progression, de 0,1 point de pourcentage, de la participation au marché du travail, avec un taux global de l’emploi de 57,4 pour cent. Selon le gouvernement, ces chiffres révèlent un léger recul (de 0,1 pour cent) du taux d’emploi des personnes de 15 à 34 ans. Ce taux est resté stable pour les personnes de 35 à 49 ans et a légèrement progressé pour les personnes de 50 à 64 ans (de 0,4 pour cent). La progression du nombre des personnes dans l’emploi d’un trimestre sur l’autre correspond à une augmentation du nombre des personnes qui ont un emploi indépendant (+0,5 pour cent), de celles qui ont un emploi à durée déterminée (+0,9 pour cent), alors qu’une légère baisse (de 0,1 pour cent) affecte le nombre des personnes ayant un emploi à durée indéterminée. Ce sont essentiellement les régions du centre et du nord qui ont enregistré des progressions de leur taux d’emploi (+0,5 pour cent), alors que celles du sud et les régions insulaires ont enregistré une baisse (de 0,7 pour cent). Le taux de chômage global a légèrement progressé (+0,2 points), pour se chiffrer à 11,9 pour cent, alors qu’il était resté inchangé au cours des quatre trimestres précédents. Dans leurs observations, les organisations syndicales estiment que l’année 2016 s’est caractérisée par une progression de l’emploi, mais que cette progression reste insuffisante. La commission prie le gouvernement de fournir de plus amples informations sur le système d’aide à l’emploi instauré pour favoriser l’embauche de personnes handicapées, en précisant notamment le nombre des personnes ayant un handicap supérieur à 79 pour cent qui ont accédé à l’emploi, la nature de leur handicap et le pourcentage de leur incapacité. Elle le prie également de préciser la nature des mesures de promotion de l’emploi des personnes ayant un handicap physique ou mental de moins de 45 pour cent, qui ne bénéficient pas à l’heure actuelle du système d’aide à l’emploi.
Emploi des jeunes. La commission note que le gouvernement continue de soutenir les programmes de formation professionnelle s’adressant aux jeunes. En juillet 2016, non moins de 1 101 903 jeunes de 18 à 25 ans avaient participé au programme intitulé «Garanzia giovani», dont le taux de participation a progressé de 20,5 pour cent entre décembre 2015 et mai 2016. Le gouvernement indique qu’en avril 2016 non moins de 52 582 jeunes avaient bénéficié du programme de maîtrise de l’informatique intitulé «Crescere in digitale» proposant un cycle de cinquante heures de formation gratuite en ligne à tous les jeunes qui n’ont pas d’emploi, ne suivent pas d’études ni de formation professionnelle (NEET), et sont enregistrés dans le programme «Garanzia giovani». D’autre part, avec le programme «Crescere Imprenditori», le gouvernement a ouvert une nouvelle filière qui devrait assurer à plus de 6 000 NEET une formation qui les aidera à lancer leur propre entreprise grâce au fonds «SELFIEmployment» (un microcrédit à des taux subventionnés soutenu par le gouvernement pour favoriser le travail indépendant). La commission note que, dans leurs observations, la CGIL et la CISL apprécient les efforts déployés par le gouvernement pour promouvoir l’emploi des jeunes, mais elles souhaiteraient qu’il soit fait davantage dans ce domaine. La commission prie le gouvernement de continuer de donner des informations détaillées, notamment des statistiques ventilées par sexe et par âge, illustrant l’impact des mesures prises pour faire reculer le chômage chez les jeunes, de même que sur les mesures relevant d’une politique active du marché de l’emploi prises ou envisagées pour développer les opportunités d’accès à un travail décent pour les jeunes, notamment pour ceux qui appartiennent aux catégories particulièrement exposées à l’exclusion ou au déficit de travail décent.
Emploi des femmes. La commission note que, selon le rapport par pays de la Commission européenne pour l’Italie, le potentiel de participation des femmes au marché du travail reste largement sous-exploité dans ce pays. Le taux d’emploi des femmes reste bas, avec 50,6 pour cent pour les femmes de 20 à 64 ans (20 points de pourcentage de moins que pour les hommes de la même classe d’âge), de même que le taux d’activité des femmes (54,1 pour cent en 2015). La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises pour améliorer la participation des femmes sur le marché du travail.
Programmes et politiques de l’éducation et de la formation professionnelle. Le gouvernement indique que, afin de doter la génération montante des compétences pertinentes pour l’emploi, il s’est engagé dans un processus de renforcement des apprentissages et de programmes d’apprentissage en cours d’emploi. Ces mesures tendent à développer les composantes Enseignement et Qualifications des apprentissages et inciter davantage de jeunes à s’engager dans cette filière. Une initiative pilote nationale s’adressant aux 15 à 25 ans a été lancée dans l’ensemble du pays à travers 300 centres de formation professionnelle. Le contenu des programmes et les critères d’apprentissage ont été convenus au niveau national, et les crédits nécessaires ont été réservés à cette fin. Pour favoriser l’apprentissage en cours d’emploi, tous les élèves des trois dernières années du cycle supérieur de l’enseignement secondaire sont désormais tenus de faire un stage ou un apprentissage. Le gouvernement a également déployé des mesures visant à favoriser l’emploi d’autres groupes, comme les travailleurs âgés. Il a ainsi mis en place un programme visant à aider les travailleurs âgés à réintégrer la vie active en accordant des primes aux employeurs qui embauchent des personnes qualifiées de 50 ans ou plus. La commission note que, selon le rapport de 2017 sur l’Italie de la Commission européenne, si le taux d’emploi chez les réfugiés était relativement élevé en 2014 (61,3 pour cent), les afflux particulièrement élevés ont posé un défi, exigeant de nouveaux efforts d’intégration sociale et d’insertion dans le marché du travail. Bien qu’ils aient droit à un soutien personnalisé pour l’intégration (cours de langue, dix heures par semaine d’enseignement pour les adultes et de cours d’intégration civique), un quart seulement des réfugiés profitent de ce soutien. La commission note que, dans leurs observations, la CGIL et la CISL appellent le gouvernement à investir davantage de ressources dans la politique et les programmes d’enseignement et de formation professionnelle visant à promouvoir l’emploi d’une manière générale. La commission prie le gouvernement de continuer de donner des informations sur l’impact de sa politique et de ses programmes d’enseignement et de formation professionnelle, notamment d’apprentissage, en termes d’accès des jeunes et des autres catégories plus particulièrement exposées à l’exclusion ou au déficit de travail décent à un emploi sûr et durable. En outre, elle appelle l’attention du gouvernement sur le paragraphe 12 de la recommandation (no 205) sur l’emploi et le travail décent pour la paix et la résilience, 2017, l’invitant à fournir des informations sur les mesures de politique active du marché de l’emploi prises ou envisagées en faveur en particulier de l’intégration des réfugiés dans le marché de l’emploi.
Coopératives. La commission note que le rapport du gouvernement contient à ce propos les mêmes données que celles qui avaient été fournies avec le précédent rapport. En conséquence, la commission appelle l’attention du gouvernement sur les dispositions de la recommandation (nº 193) sur la promotion des coopératives, 2002, le priant de fournir des informations actualisées sur les mesures prises ou envisagées pour promouvoir le plein emploi, productif et librement choisi, à travers les coopératives.
Article 3. Consultation des partenaires sociaux. La commission note que, en réponse à sa demande d’informations supplémentaires sur les consultations menées avec les partenaires sociaux en vue de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique de l’emploi, le gouvernement expose qu’un nouveau processus de discussions s’est engagé en mai 2016 et que ce processus est axé sur l’information et la consultation des partenaires sociaux quant aux propositions et autres mesures devant être adoptées dans le cadre de la réforme actuelle du marché de l’emploi. La commission note également que, dans leurs observations, la CGIL et la CISL disent que les consultations avec le gouvernement n’ont pas toujours été satisfaisantes étant donné que l’optique de celui-ci est plutôt d’informer les partenaires sociaux que de s’engager dans un véritable dialogue avec eux. La commission prie le gouvernement de donner dans son prochain rapport des informations détaillées sur les moyens par lesquels il s’engage, en consultation avec les partenaires sociaux, dans une démarche globale d’élaboration et de mise en œuvre de mesures qui visent à améliorer la situation de l’emploi dans le pays et favoriser une croissance inclusive et génératrice d’emplois productifs, conformément à la convention. Elle le prie également de fournir de plus amples informations sur la nature et l’étendue des consultations menées avec les partenaires sociaux en vue de l’élaboration et de la mise en œuvre des mesures de politique de l’emploi sur la base de données régulièrement actualisées du marché de l’emploi, notamment le nombre, la nature et la durée des emplois, les problèmes concernant les jeunes, les problèmes d’inégalités entre hommes et femmes et les disparités régionales.

Observation (CEACR) - adoptée 2015, publiée 105ème session CIT (2016)

Suivi des conclusions de la Commission de l’application des normes (Conférence internationale du Travail, 104e session, juin 2015)

Articles 1, 2 et 3 de la convention. Mesures visant à atténuer l’impact de la crise. La commission prend note de la discussion qui a eu lieu au sein de la Commission de l’application des normes de la Conférence en juin 2015 concernant l’application de la convention. Elle note également que la Commission de la Conférence a prié le gouvernement de fournir un rapport détaillé sur les questions soulevées dans ses conclusions. Rappelant certains points précédemment soulevés au cours de la réunion de la Commission de la Conférence, le gouvernement indique dans son rapport que la loi sur l’emploi (loi no 183/2014) acte une révision du système des absorbeurs de chocs sociaux et des conditions à respecter pour le licenciement des travailleurs. La loi sur l’emploi introduit également des mesures de rationalisation de la charge administrative pour les entreprises et les citoyens; elle contient des mesures d’incitation économique à l’octroi de contrats d’emploi permanents; elle crée enfin le Réseau national pour les politiques du travail («Rete Nazionale dei Servizi per le Politiche del Lavoro»), qui est coordonné avec la nouvelle Agence nationale pour l’emploi («Agenzia Nazionale per le Politiche Attive del Lavoro», ANPAL). Parmi les autres mesures introduites par la nouvelle législation figurent la simplification des contrats d’apprentissage et le «contrat de remplacement», qui est un nouveau contrat d’emploi permettant aux chômeurs de bénéficier de services supplémentaires pour renforcer leur insertion sur le marché du travail («assegno di ricollocazione»). D’autres mesures visant à favoriser un juste équilibre entre la vie privée et le travail, en particulier pour les femmes, ont été introduites par la loi de 2015 sur la stabilité (loi no 190/2014). De plus, le gouvernement indique que, dans le cadre du Plan d’action et de cohésion 2015, il a pris des mesures visant à la suppression des disparités régionales en ce qui concerne les niveaux d’emploi sur le territoire national. La commission note que, selon les données (juin 2015) de l’Institut national de statistique (ISTAT), la plupart des indicateurs du marché du travail ont enregistré une tendance positive au cours du deuxième trimestre 2015. En particulier, le nombre des nouvelles embauches a significativement augmenté, atteignant en moyenne plus de 9,7 pour cent par rapport à l’année précédente, le nombre de nouveaux contrats permanents a augmenté de 34,6 pour cent et le nombre de travailleurs pourvus d’un emploi de 0,8 pour cent par rapport à 2014. De plus, le chômage de longue durée a baissé de 61,9 pour cent à 59,5 pour cent, et le chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans a baissé de 0,5 point de pourcentage par rapport à l’année précédente. La commission prie le gouvernement, de la même façon que l’a fait la Commission de la Conférence, de fournir des informations sur la manière dont il assure, en consultation avec les partenaires sociaux, l’adoption d’une approche globale des politiques de l’emploi pour améliorer la situation de l’emploi et renforcer une croissance intégratrice et riche en emplois, conformément à la convention. La commission prie également le gouvernement de fournir de plus amples informations sur les consultations tenues avec les partenaires sociaux au sujet de l’élaboration et de l’application de politiques de l’emploi basées sur des données relatives au marché du travail régulièrement actualisées, y compris le nombre, le type et la durée des emplois, ainsi que les questions concernant les jeunes, les questions de parité hommes-femmes et les disparités régionales.
Emploi des jeunes. Le gouvernement indique dans son rapport que, à la date d’octobre 2015, 807 315 personnes âgées de moins de 25 ans avaient déjà été impliquées dans le Programme de garantie pour les jeunes («Garanzia giovani») qui vise à promouvoir l’emploi des jeunes ainsi que l’enseignement et la formation professionnels. En septembre 2015, le gouvernement a également lancé le premier projet pour l’emploi basé sur le Réseau des emplois en Europe (EURES), qui vise à offrir 600 placements professionnels, 150 places d’apprentissage et 150 places de stage à des jeunes âgés de 18 à 35 ans. Le programme comprend des prestations financières pour les petites et moyennes entreprises, par exemple un programme d’intégration des jeunes travailleurs récemment recrutés et une amélioration de la reconnaissance des qualifications des demandeurs d’emploi présélectionnés. De plus, la commission note que, grâce au Programme de croissance numérique («Crescere in digitale»), le gouvernement a encouragé le recours des jeunes à des cours de formation en ligne. La commission prie le gouvernement de continuer de fournir des informations sur l’impact des mesures prises pour réduire le chômage des jeunes.
Politiques et programmes d’éducation et de formation. Pour améliorer l’impact de la politique d’éducation et de formation sur l’emploi des jeunes, le gouvernement, selon ses indications, a mis sur pied depuis septembre 2015 un programme expérimental qui a pour but d’encourager l’apprentissage dans les entreprises comme un moyen efficace de parvenir à des qualifications professionnelles du niveau de l’enseignement secondaire. De plus, en juin 2015, le gouvernement a créé un cadre national unitaire de référence pour les reconnaissances réciproques de plus de 2 600 qualifications professionnelles régionales. La commission prie le gouvernement de continuer de fournir des informations sur l’impact des politiques et programmes d’éducation et de formation, y compris l’apprentissage, en termes d’accès des jeunes et des autres groupes de travailleurs vulnérables à un emploi durable.
Coopératives. Pour promouvoir l’emploi productif au moyen des coopératives et réduire l’écart, en matière d’emploi, entre les régions septentrionales et méridionales du pays, le gouvernement a publié le décret ministériel du 4 décembre 2014, qui prévoit de nouvelles mesures d’incitation au développement des petites et moyennes coopératives axées sur le recrutement des travailleurs d’entreprises en crise sur l’ensemble du territoire national et la restructuration des coopératives existantes dans la partie méridionale de l’Italie. Selon les données fournies par le gouvernement, le nombre de coopératives ayant un impact positif sur l’emploi est passé de 45 pour cent en 2008 à plus de 65 pour cent en 2015, avec une augmentation significative du nombre total des coopératives ces quinze dernières années (il existe actuellement 106 970 coopératives). La commission se réfère à la recommandation (no 193) sur la promotion des coopératives, 2002, et elle prie le gouvernement de continuer de fournir des informations sur les mesures prises pour promouvoir l’emploi productif au moyen des coopératives.

Observation (CEACR) - adoptée 2014, publiée 104ème session CIT (2015)

Articles 1, 2 et 3 de la convention. Mesures visant à atténuer l’impact de la crise. Tendances de l’emploi. La commission prend note du rapport communiqué par le gouvernement en octobre 2013, qui inclut des informations sur les mesures prises pour lutter contre le travail clandestin et pour faciliter la transition de l’éducation au marché du travail. Les mesures adoptées en 2013 visaient quatre priorités: i) la création d’emplois à travers des contrats de travail à durée indéterminée; ii) la promotion du travail indépendant; iii) l’attraction vers le marché du travail des jeunes n’ayant ni emploi ni diplôme ou formation à travers l’apprentissage; iv) la lutte contre l’extrême pauvreté. La commission prend note des mesures de réforme du marché du travail adoptées en 2012 avec la loi no 92/2012 visant à instaurer un marché du travail intégrateur et dynamique, apte à contribuer à la création d’emplois, en termes de qualité et de quantité, au progrès économique et social et à la réduction durable du taux de chômage. Les données contenues dans le rapport annuel de l’Institut national de statistique (ISTAT) pour 2014 montrent que le seul type d’emploi qui ait progressé par rapport à 2008 est l’emploi à temps partiel. Les données de l’ISTAT montrent également que le chômage atteignait 12,6 pour cent en mai 2014, soit 0,5 point de pourcentage de plus qu’à la même période de l’année 2013. Le nombre des personnes sans emploi s’établissait ainsi à 3 222 000, soit 127 000 de plus qu’un an auparavant. La commission note en outre, d’après le rapport annuel de l’ISTAT pour 2014, que les taux de l’emploi et du chômage continuent d’accuser des différences marquées entre le nord et le sud. En 2013, le taux de chômage s’élevait à 12,2 pour cent en Italie (5,4 points de pourcentage de plus qu’en 2008 et 1,5 point de plus qu’en 2012), atteignant même 19,7 pour cent dans le sud de l’Italie. La commission avait pris note de l’écart entre les niveaux de l’emploi des hommes et des femmes. Les données de l’ISTAT faisaient ainsi apparaître un taux d’emploi de 65 pour cent pour les hommes et de 46,8 pour cent pour les femmes en juillet 2013. Compte tenu de l’aggravation du chômage qui s’est produite depuis 2012, date de sa précédente observation, la commission demande au gouvernement d’indiquer comment l’article 2 de la convention est appliqué, notamment s’il est procédé à un réexamen régulier des mesures adoptées en vue d’atteindre les objectifs énoncés à l’article 1 de la convention. Elle le prie également de donner des informations sur les effets des mesures adoptées en termes de resserrement des disparités du niveau de l’emploi entre les différentes régions du pays et entre les hommes et les femmes. Enfin, elle le prie de fournir des informations illustrant comment l’expérience et l’opinion des partenaires sociaux sont prises en considération dans l’application et l’évaluation des mesures de politique de l’emploi (article 3).
Emploi des jeunes. La commission prend note du taux particulièrement élevé de chômage chez les jeunes dans toutes les régions d’Italie. Elle note à cet égard que, d’après l’ISTAT, le chômage chez les jeunes de 15 à 24 ans s’élevait à 43 pour cent en mai 2014, soit 4,2 points de pourcentage de plus qu’à la même période de l’année précédente. Elle prend note des mesures en faveur de l’emploi des jeunes, qui incluent une mesure devant être mise en œuvre jusqu’en juin 2015, et qui sont axées sur la création de contrats de travail à durée indéterminée s’adressant aux jeunes ayant jusqu’à 29 ans au moyen de réductions des coûts d’embauche supportés par les entreprises pendant dix-huit mois. Ainsi, le décret législatif no 76/2013, devenu loi no 99/2013, prévoit un budget de 794 millions d’euros pour la période 2013-2016 sous forme de mesures d’incitation des employeurs à l’embauche de jeunes travailleurs par contrat à durée indéterminée (500 millions d’euros pour les régions du sud et 294 millions pour les autres). Le gouvernement précise que les interventions faites en application de la législation adoptée en 2013 ne constituent qu’une première étape de sa stratégie de promotion de l’emploi, notamment de l’emploi des jeunes, et de l’intégration sociale. Un deuxième train de mesures doit être défini dès que les institutions européennes auront approuvé les règles d’utilisation des fonds structurels pour la période 2014-2020 et dans le cadre de l’initiative «Garantie pour les jeunes». La commission prie le gouvernement de fournir des informations permettant d’évaluer les effets des mesures prises pour réduire le chômage des jeunes.
Politiques et programmes d’enseignement et de formation. La commission prend note des informations contenues dans le rapport détaillé soumis par le gouvernement en novembre 2013 dans le contexte de la convention (no 142) sur la mise en valeur des ressources humaines, 1975, où il est indiqué que, à partir de l’année académique 2013/14, des centres territoriaux permanents vont être constitués auprès des centres provinciaux d’éducation des adultes, de manière à offrir une formation structurée axée sur des niveaux d’apprentissage conduisant à des qualifications. La commission prie le gouvernement de donner des informations sur les effets des mesures prises en matière d’enseignement et de formation, y compris des programmes d’apprentissage, en termes d’accès des jeunes et des autres groupes vulnérables de travailleurs à un emploi durable.
Coopératives. En réponse aux commentaires précédents de la commission, le gouvernement indique que le nombre des coopératives est passé de 70 029 en 2001 à 79 949 en 2011 et que celles-ci emploient au total 1,3 million de travailleurs. Pendant la crise économique, leur expansion s’est poursuivie, pour atteindre le chiffre de 80 844 au troisième trimestre de 2012. Se référant à la recommandation (no 193) sur la promotion des coopératives, 2002, la commission invite le gouvernement à continuer de fournir des informations sur les mesures prises pour promouvoir l’emploi productif à travers les coopératives.

Observation (CEACR) - adoptée 2012, publiée 102ème session CIT (2013)

Articles 1 et 2 de la convention. Tendances de l’emploi. La commission prend note des réponses fournies par le gouvernement, en décembre 2011, aux points soulevés dans son observation de 2010. Le gouvernement rappelle que sa stratégie de lutte contre les effets de la crise mondiale sur le marché du travail a consisté à adopter un ensemble d’initiatives visant à élargir les filets de sécurité sociale et à promouvoir des mesures actives du marché du travail pour le réemploi des travailleurs. Les mesures adoptées entre 2009 et 2011 ont mis l’accent sur l’élargissement de la couverture et la prolongation de la durée des programmes d’aide au revenu, en apportant une aide au revenu à des catégories de travailleurs qui n’étaient pas couvertes par les programmes existants, en octroyant des subventions à l’emploi aux employeurs qui recrutent des travailleurs bénéficiant de mécanismes d’aide au revenu et aux chômeurs qui créent leur propre entreprise, et en améliorant le système d’enseignement et de formation. En avril 2011, un accord a été signé entre l’Etat et les régions sur les mesures actives du marché du travail envisagées pour la reconversion et le réemploi des travailleurs. Il visait à améliorer les bases de données contenant des informations sur le marché du travail (sites Internet d’Excelsior et de Cliclavoro), à étendre le rôle imparti aux fonds interprofessionnels conjoints et aux organismes bilatéraux administrés par les partenaires sociaux en matière de formation, et à réduire le recours aux programmes d’aide au revenu. Les données de l’Institut national de la statistique (ISTAT) ont montré que la croissance économique stagnait (la croissance du PIB s’est respectivement élevée à 0,1 pour cent et à 0,3 pour cent aux premier et deuxième semestres de 2011) à cause d’une faible demande interne et d’une baisse des volumes d’exportation. Le taux de chômage a atteint 8,9 pour cent (2 243 000 chômeurs) en décembre 2011, dont plus de la moitié concerne un chômage de longue durée. Les Perspectives de l’emploi de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) 2011 indiquent que le marché italien du travail devient plus segmenté, que davantage de travailleurs d’âge mûr occupent des emplois stables, protégés, et que de nombreux jeunes travailleurs occupent des emplois plus précaires. A ce sujet, la commission rappelle qu’une nouvelle législation a été adoptée pour régir la limite des contrats d’emploi temporaire. Le gouvernement indique également que, d’après les syndicats, les dérogations prévues par les conventions collectives, conformément à la nouvelle législation, étant souvent outrepassées, de nombreux travailleurs ne jouissent pas d’une relation de travail stable. En 2011, quelque 67 000 personnes du secteur éducatif titulaires de contrats temporaires ont obtenu un contrat à durée indéterminée. En octobre 2011, le gouvernement a dit qu’il souhaitait revoir les programmes des fonds structurels en mettant l’accent sur l’enseignement et l’emploi pour améliorer les conditions nécessaires à la croissance et à la lutte contre la fracture entre les régions. La commission se réfère à son observation de 2011 sur l’application de la convention (nº 181) sur les agences d’emploi privées, 1997, dans laquelle elle a noté que l’on fait appel aux agences d’emploi temporaire pour remplacer des travailleurs qui ont un emploi permanent, ce qui contribue à la segmentation du marché du travail; les travailleurs temporaires, y compris ceux employés par les agences de travail temporaire, sont les plus touchés par la crise. La commission invite le gouvernement à fournir, dans son prochain rapport, des informations sur les mesures prises pour lutter contre la segmentation du marché du travail et sur leur impact sur la réalisation des objectifs de la convention. Elle prie également le gouvernement de préciser par quels moyens il revoit régulièrement les politiques et mesures adoptées en vue d’atteindre les objectifs de plein emploi, productif et librement choisi (article 2 de la convention). Prière de fournir des informations sur l’impact des mesures adoptées pour combler l’écart, en matière d’emploi, entre les différentes régions du pays.
Emploi des jeunes. Le gouvernement indique que le Plan d’action pour l’employabilité des jeunes par la formation et l’emploi, Italia 2020 (1,1 milliard d’euros assignés), a été présenté aux partenaires sociaux en août 2011. Le gouvernement fait également part des initiatives prises par le ministère de la Jeunesse pour promouvoir l’emploi et la formation des jeunes grâce à des services de placement et à un fonds de financement des initiatives de formation. La commission note que le taux de chômage des jeunes est passé de 24 pour cent au deuxième trimestre de 2009 à 31 pour cent en décembre 2011, et que les taux des régions méridionales sont deux fois plus élevés que ceux des régions septentrionales. La commission note également que l’écart entre le taux de chômage de longue durée des jeunes et celui des adultes est extrêmement grand et que les jeunes sont trois fois plus susceptibles d’être au chômage pendant au moins une année que les adultes. La commission invite le gouvernement à fournir, dans son prochain rapport, des informations détaillées sur les efforts déployés pour améliorer la situation de l’emploi des jeunes et sur les résultats obtenus en ce qui concerne la création d’emplois et l’emploi durable par les programmes adoptés.
Femmes et autres catégories spécifiques de travailleurs. Le gouvernement indique que la hausse des taux d’activité enregistrés au deuxième trimestre de 2011 par rapport au même trimestre de l’année précédente a essentiellement concerné les femmes, dont le taux de chômage a augmenté de 2,5 points de pourcentage, pour atteindre 46,7 pour cent (contre 67,8 pour cent pour les hommes). Le gouvernement fait part des mesures législatives prises en 2010 pour renforcer le cadre réglementaire sur la non-discrimination entre hommes et femmes en matière d’emploi, ainsi que pour encourager l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les femmes au travers de l’assouplissement des horaires de travail, au renforcement des services publics de garde d’enfants et à l’appui à l’entrepreneuriat. Le gouvernement indique que le Plan d’aide sociale au travail (2009-2011) a été lancé pour venir en aide aux travailleurs vulnérables. Ce plan, qui cible 230 000 travailleurs bénéficiant de mécanismes d’aide au revenu et 25 000 travailleurs ne bénéficiant d’aucune prestation de chômage, s’appuie sur des plans de formation individuelle et des mesures économiques incitatives pour les entreprises prêtes à réemployer les travailleurs, ainsi que pour les travailleurs qui montent leur propre entreprise. La commission invite le gouvernement à fournir, dans son prochain rapport, des informations sur l’impact du Plan d’aide sociale au travail (2009-2011) et sur les autres mesures conçues pour encourager et soutenir l’emploi des femmes et d’autres catégories spécifiques de travailleurs, par exemple les chômeurs de longue durée.
Politiques en matière d’enseignement et de formation. Le gouvernement rappelle que, en février 2010, les régions, les provinces autonomes et les partenaires sociaux ont signé un accord définissant les lignes directrices en matière de formation. Cet accord, qui a été renouvelé pour la période 2011-12, améliore le rôle des partenaires sociaux et de leurs organismes bilatéraux en offrant un enseignement et une formation en adéquation avec les besoins du marché du travail. Le gouvernement indique que, suite à l’adoption du décret législatif no 167/2011, le système d’apprentissage a été réformé. Cette réforme renforce la collaboration entre l’Etat, les régions et les partenaires sociaux en réglementant la formation ainsi que le rôle des entreprises dans le cadre de l’offre de formation. En outre, les possibilités offertes en matière de formation au titre de l’apprentissage de troisième niveau (formation de haut niveau) sont élargies. La commission invite le gouvernement à fournir des informations sur l’impact des mesures relatives à l’enseignement et à la formation, notamment la réforme de l’apprentissage, ainsi que sur l’employabilité des jeunes et les autres catégories de travailleurs vulnérables.
Coopératives. Le gouvernement indique que des mesures de lutte contre la crise relatives à l’élargissement temporaire des mécanismes d’aide au revenu s’appliquent également aux travailleurs des coopératives. Il mentionne également des données montrant que, depuis 2000, les niveaux d’emploi dans les coopératives ont augmenté de 37 pour cent et que leur hausse s’est poursuivie pendant la crise. Les femmes et les travailleurs étrangers représentent respectivement 59 pour cent et 22 pour cent des travailleurs des coopératives; 90 pour cent des travailleurs des coopératives sont titulaires d’un contrat d’emploi régulier. La commission invite le gouvernement à continuer de fournir, dans son prochain rapport, des informations sur les mesures prises pour promouvoir l’emploi productif grâce aux coopératives, conformément à la recommandation (nº 193) sur la promotion des coopératives, 2002.

Observation (CEACR) - adoptée 2010, publiée 100ème session CIT (2011)

La commission prend note des réponses détaillées fournies dans le rapport du gouvernement reçu en décembre 2009 aux questions soulevées dans son observation de 2007.

Articles 1 et 2 de la convention. Mesures de la politique de l’emploi prises en réponse à la crise mondiale. La commission note que le taux de chômage est monté de 6 pour cent en 2007 à 8,2 pour cent en 2009: plus de 2 200 000 personnes recherchaient un emploi au cours du premier trimestre de 2010, dont 1 million dans le sud, plus de 800 000 dans le nord et quelque 440 000 dans le centre, selon les données publiées par l’ISTAT. En outre, l’emploi a surtout baissé dans l’industrie manufacturière, qui a totalisé 60,6 pour cent du total net des pertes d’emplois entre juillet-septembre 2008 et la même période de 2009. Les autres secteurs touchés comprennent notamment le commerce de gros et de détail, l’immobilier, les services de location et d’affaires, les hôtels, les restaurants et le bâtiment. Trois paquets de stimulation ont été mis en œuvre par le gouvernement depuis le début de la crise. La plus grande partie (autour de 38 pour cent) des dépenses de 2009 des paquets italiens réunis de stimulation fiscale était destinée à soutenir les entreprises sous la forme d’un accès accru au crédit et aux subventions. S’ensuit l’investissement dans les projets d’infrastructure (23 pour cent); 20 pour cent des ressources étaient alloués aux mesures d’aide au revenu, alors que les 19 pour cent restants visaient l’amélioration du fonctionnement du marché du travail, et notamment la formation, l’aide à la recherche d’emploi et les réductions subventionnées de la durée du travail. Le gouvernement indique que, parmi les mesures prises pour répondre à la crise mondiale prévues dans le décret-loi no 185 du 28 novembre 2008, figurent celles relatives à l’emploi dans le but, notamment, de: faciliter l’emploi des personnes qui bénéficient des mécanismes d’aide au revenu; prévoir le réemploi des travailleurs bénéficiant de la Cassa Integrazione Guadagni (CIG) (Fonds de garantie du salaire); et renforcer les accords relatifs à la sécurité de l’emploi et stimuler le travail indépendant. Les mesures du marché du travail ont mis l’accent sur les mécanismes qui assurent une aide au revenu en cas de risque de chômage. Le gouvernement a élargi provisoirement la couverture de certains mécanismes existants, à savoir le régime de protection du revenu des travailleurs dans les entreprises menacées de difficultés financières dues à la crise ou à la restructuration, les prestations de chômage et les allocations de mobilité. A la fin de 2009, on s’attendait à ce que plus de 36 000 entreprises occupant 250 000 travailleurs aient recours à ces mécanismes. En janvier 2009, les demandes de prestations de chômage et d’allocations de mobilité ont augmenté de 44,2 pour cent par rapport à 2008 et ont concerné 750 000 personnes. Le gouvernement signale par ailleurs que, dans le cadre de la crise mondiale, différents accords avec les partenaires sociaux conclus au niveau régional visaient à faciliter l’accès des entreprises au crédit, à réduire la durée du travail et à élargir la couverture des mécanismes d’aide au revenu. La commission invite le gouvernement à fournir dans son prochain rapport des informations sur la manière dont les politiques élaborées et les programmes mis en œuvre se traduiront en possibilités d’emplois productifs et durables pour les personnes au chômage et les autres catégories de travailleurs vulnérables touchés par la crise mondiale. Elle demande au gouvernement de communiquer des informations sur les effets des mesures adoptées pour supprimer l’écart entre les différentes régions du pays au regard des niveaux de l’emploi.

Autres mesures relatives au marché du travail. En réponse aux commentaires antérieurs concernant les limites imposées aux contrats de travail temporaires et à temps partiel, le gouvernement indique que, selon la législation applicable depuis 2001, la durée d’un contrat de travail temporaire ne peut dépasser trente-six mois. Par ailleurs, la loi no 247 du 24 décembre 2007 a modifié la législation précédente en prévoyant l’obligation de conclure un contrat de travail permanent après trente-six mois consécutifs de travail accompli dans le cadre de contrats à durée déterminée. La seule exception prévue dans la loi susmentionnée consiste dans la possibilité d’un renouvellement ultérieur unique pour une période maximum de huit mois, sous réserve de certaines conditions. La commission invite le gouvernement à communiquer dans son prochain rapport des informations sur l’effet de la nouvelle loi imposant des limites aux contrats de travail temporaires pour répondre aux besoins d’emploi des travailleurs dont les contrats de travail ont pris fin.

Emploi des jeunes. Le gouvernement indique dans son rapport qu’il a lancé le plan d’action Italie 2020, qui est principalement destiné à faciliter l’entrée sur le marché du travail des jeunes de moins de 25 ans. Ce plan vise notamment à: renforcer les réseaux d’orientation de carrières dans les écoles secondaires et les universités; améliorer la formation professionnelle, la formation sur le tas et l’apprentissage; et promouvoir l’apprentissage continu et inciter les universités à proposer des filières en fonction des besoins du marché du travail. A la suite de la distribution dans les régions, les provinces et les municipalités des fonds à partir du Fonds de promotion de l’emploi des jeunes pour la période 2007-08, des accords-cadres ont été signés avec toutes les régions en vue de stimuler la créativité, l’esprit d’entreprise et l’emploi des jeunes tout en encourageant la productivité dans les régions et en créant des emplois stables et de qualité. Différentes autres initiatives ont été menées, en particulier pour promouvoir l’esprit d’entreprise parmi les jeunes et favoriser leur emploi. La commission note que le taux de chômage des jeunes a augmenté d’environ 6,5 pour cent entre 2007 et 2009 pour atteindre un total de 26,3 pour cent. Dans son étude d’ensemble de 2010 sur les instruments relatifs à l’emploi, la commission avait noté que le taux de chômage des travailleurs diplômés est très élevé, particulièrement auprès des jeunes diplômés, qui ne trouvent pas un emploi correspondant à leur niveau de compétence. Cette problématique touche aussi bien les pays en développement que les pays industrialisés dans lesquels les compétences de ces jeunes diplômés sont sous-utilisées, et se retrouvent à accepter des postes occasionnels. Une telle situation peut avoir un impact préjudiciable sur la progression d’une carrière professionnelle (voir paragr. 800 de l’étude d’ensemble de 2010). La commission invite le gouvernement à continuer à communiquer dans son prochain rapport des informations détaillées sur les efforts déployés pour améliorer la situation de l’emploi des jeunes et sur les résultats réalisés en termes de création d’emplois et d’emplois durables à la suite des programmes adoptés.

Les femmes et les autres catégories de travailleurs vulnérables. Le gouvernement indique dans son rapport que le décret ministériel du 13 novembre 2008 a identifié les régions dans lesquelles le taux d’emploi des femmes est inférieur à 20 pour cent par rapport à celui des hommes ou dans lesquelles le taux de chômage des femmes est supérieur à 10 pour cent par rapport à celui des hommes. Le gouvernement indique aussi que le Programme d’action pour le réemploi des travailleurs vulnérables (PARI), destiné à réemployer les travailleurs vulnérables, s’est poursuivi et étendu. Les bénéficiaires directs du programme sont: les travailleurs qui touchent une aide au revenu ou d’autres prestations liées au chômage; et les catégories particulières de travailleurs, y compris les jeunes, les femmes et les travailleurs de plus de 50 ans. Le PARI se base sur les plans de formation individuelle et les mesures d’incitation économique aux entreprises désirant réemployer les bénéficiaires du programme, ainsi qu’aux individus qui choisissent le travail indépendant. Le PARI a été mis en œuvre dans 18 régions. A partir du 30 juin 2009, plus de 18 000 travailleurs ont été embauchés dans le cadre du PARI. La commission invite le gouvernement à fournir dans son prochain rapport des informations sur l’incidence du PARI et des autres mesures destinées à encourager et soutenir l’emploi des femmes et des autres catégories vulnérables de travailleurs telles que les travailleurs âgés.

Politiques d’éducation et de formation. Dans son étude d’ensemble de 2010 sur les instruments relatifs à l’emploi, la commission avait noté qu’en Italie la réforme du système d’éducation, introduite par la loi no 133 de 2008, vise un usage rationnel et efficace des fonds axés sur la planification et la mise en œuvre d’une nouvelle gestion territoriale de l’éducation et de la formation. Elle avait également noté que, en vue d’aligner plus étroitement la formation sur les besoins exprimés sur le marché du travail, le système de formation et d’enseignement technique supérieur est réorganisé pour devenir une filière de spécialisation technique plus poussée comme solution de remplacement à l’université (voir paragr. 120 et 583 de l’étude d’ensemble de 2010). Par ailleurs, le gouvernement fournit dans son rapport des informations sur les politiques de formation et les fonds communs interprofessionnels. La commission note, d’après la déclaration du gouvernement, qu’investir dans le capital humain c’est améliorer la productivité et réduire le risque de chômage. Les fonds communs interprofessionnels, établis par les organisations d’employeurs et de travailleurs dans le cadre d’accords particuliers, sont des mécanismes destinés à financer des plans de formation aux niveaux de l’entreprise, du secteur et de la région, que les entreprises décident de gérer pour leurs propres travailleurs. En ce qui concerne la période 2004-2008, les fonds communs interprofessionnels affectés à la formation continue ont approuvé plus de 6 000 plans de formation touchant 35 000 entreprises et presque 764 000 travailleurs. La commission voudrait recevoir des informations sur la manière dont les mesures d’éducation et de formation sont coordonnées avec les politiques de l’emploi. Elle se félicite également des informations sur la manière dont les autorités régionales et les partenaires sociaux participent à la conception et à la mise en œuvre des politiques et programmes de formation.

Coopératives. La commission rappelle que, dans son étude d’ensemble de 2010 sur les instruments relatifs à l’emploi, elle avait noté que la législation sur les coopératives en Italie offre un bon exemple en termes d’innovation et de développement (voir paragr. 464, 474 et 478 de l’étude d’ensemble de 2010). La commission invite le gouvernement à fournir dans son prochain rapport des informations sur les mesures prises pour promouvoir l’emploi productif dans le cadre des coopératives, conformément à la recommandation (no 193) sur la promotion des coopératives, 2002.

Demande directe (CEACR) - adoptée 2009, publiée 99ème session CIT (2010)

La commission note que le rapport du gouvernement n’a pas été reçu. Elle se voit donc obligée de renouveler son observation de 2007, qui était conçue dans les termes suivants:

1. Suivi de la discussion à la 96e session de la Conférence internationale du Travail (juin 2007). Faisant suite à son observation de 2006, la commission prend note de la conclusion de la discussion tripartite qui a eu lieu à la Commission de la Conférence en juin 2007. La Commission de la Conférence a invité le gouvernement à continuer d’orienter l’ensemble de ses programmes nationaux vers un plein emploi productif et la promotion d’un travail décent et de haute qualité pour tous, comme requis par la convention. Répondant aux demandes de la Commission de la Conférence et à l’observation de 2006, le gouvernement a fourni en août et en octobre 2007 des informations complètes dans lesquelles il confirme son intention de réduire le nombre de contrats de travail temporaire et à temps partiel, en imposant des limites temporaires par ces contrats, afin de permettre aux travailleurs d’obtenir des contrats de travail permanents. La commission se félicite de cette approche et encourage le gouvernement à continuer de fournir des informations dans son prochain rapport sur la manière dont l’objectif du plein emploi productif a été pris en compte dans l’élaboration de la politique économique et sociale. La commission souhaiterait également continuer à recevoir des informations sur l’expérience des partenaires sociaux en ce qui concerne l’application de la convention.

2. Articles 1 et 2 de la convention. Tendances de l’emploi et mesures actives du marché du travail. Le gouvernement a fourni des données qui indiquent que, même si le taux de chômage a continué de baisser, il ressort des chiffres du premier trimestre 2007 que la croissance de l’emploi s’est ralentie après avoir été soutenue en 2006. De plus, une hausse de l’emploi dans les régions du nord et du centre du pays a été observée en 2006, mais l’emploi a baissé pendant la même période dans le sud. Des mesures prises pour lutter contre le travail clandestin ont permis d’enregistrer légalement 94 000 travailleurs dans le secteur de la construction. Par ailleurs, le statut de 22 000 travailleurs de centres d’appel est passé de celui de travailleurs indépendants à celui de travailleurs avec un contrat de travail. Des modifications ont été apportées à la loi no 30 de 2003 en vertu de la loi de 2007 sur les finances et du décret-loi no 223/2006. Ces instruments comportent d’autres mesures destinées à faciliter la croissance et l’emploi, à lutter contre le travail illégal et à promouvoir la sécurité sur le lieu de travail. Des dispositions ont permis entre autres d’augmenter les abattements fiscaux en faveur des entreprises employant des travailleurs en contrats de travail à durée indéterminée. De plus, des initiatives ont été prises pour suspendre les activités dans les chantiers de construction où travaillent des personnes en situation irrégulière. A cet égard, la commission prie le gouvernement de fournir un complément d’information sur les effets des mesures législatives et autres prises pour promouvoir l’emploi et, plus particulièrement, pour combler l’écart en matière d’emploi entre les diverses régions du pays.

3. Moyens pour promouvoir l’emploi des jeunes. Le gouvernement a passé l’âge minimum de 15 à 16 ans et a consacré des ressources financières supplémentaires à la formation professionnelle et aux apprentissages. Il cherche également à faire adopter une législation destinée notamment à combattre le chômage des jeunes. La législation proposée comprend des mesures visant à faciliter l’accès des jeunes entrepreneurs au financement ainsi que le transfert de petites entreprises d’une génération à l’autre. De plus, le décret-loi no 223/2006 a établi un fonds pour l’action en faveur des jeunes, afin de promouvoir le droit des jeunes à la formation culturelle et professionnelle, et faciliter l’accès au crédit. La commission note qu’il ressort de l’Enquête sur la main-d’œuvre de l’ISTAT que le taux de désertion scolaire a été évalué à 21 pour cent en 2006. Il ressort également de l’enquête que 900 000 personnes ont quitté l’école prématurément en Italie, avec un écart disproportionné, le pourcentage de personnes ayant quitté l’école dans le sud étant beaucoup plus important que dans le nord ou le centre. En outre, les personnes ayant quitté l’école dans le sud n’intègrent généralement pas le marché du travail, contrairement à ceux du nord et du centre qui ont tendance à entrer tôt sur le marché du travail. L’enquête a montré également que le taux de désertion scolaire est plus élevé chez les garçons que chez les filles. A cet égard, la commission prie le gouvernement de fournir dans son prochain rapport des informations sur la manière dont les mesures récemment adoptées pour lutter contre le chômage des jeunes ont débouché sur des possibilités d’emploi durables pour les jeunes qui intègrent la vie active.

4. Femmes et autres catégories de travailleurs vulnérables. La commission prend note de l’indication du gouvernement selon laquelle il a l’intention de continuer de promouvoir l’emploi des femmes dans le cadre de la loi de 2007 sur les finances, qui prévoit notamment des mesures fiscales pour inciter à embaucher des femmes en contrat à durée indéterminée dans le sud du pays. Le gouvernement a pris des mesures pour encourager le réemploi des travailleurs de plus de 50 ans. En particulier, il a promulgué une législation afin de créer la possibilité d’accords de «solidarité entre les générations» par lesquels les plus de 55 ans peuvent, sur une base volontaire, convertir leur emploi à plein temps en emploi à mi-temps, permettant ainsi aux jeunes de moins de 25 ans d’accéder à un contrat à mi-temps correspondant au nombre d’heures restantes. La commission prend note avec intérêt de cette approche novatrice, et prie le gouvernement d’indiquer dans son prochain rapport l’impact des mesures destinées à encourager et à promouvoir l’emploi des catégories vulnérables de travailleurs, telles que les femmes et les travailleurs âgés.

5. Article 3. Participation des partenaires sociaux à l’élaboration et à l’application des politiques. Le gouvernement indique que le dialogue social et la consultation avec les partenaires sociaux, tant au niveau local que national, ont été renforcés grâce à la mise en place de tables rondes consultatives permanentes. Il indique que l’interaction avec les partenaires sociaux au cours de nombreuses tables rondes sur la protection sociale, la protection du marché du travail et la croissance a été décisive pour identifier les problèmes qui se posaient. La commission veut croire que le gouvernement continuera à fournir des informations sur les consultations intervenues avec les partenaires sociaux, en précisant leur contribution à la mise en œuvre d’une politique active de l’emploi, au sens de la convention.

Observation (CEACR) - adoptée 2007, publiée 97ème session CIT (2008)

1. Suivi de la discussion à la 96e session de la Conférence internationale du Travail (juin 2007). Faisant suite à son observation de 2006, la commission prend note de la conclusion de la discussion tripartite qui a eu lieu à la Commission de la Conférence en juin 2007. La Commission de la Conférence a invité le gouvernement à continuer d’orienter l’ensemble de ses programmes nationaux vers un plein emploi productif et la promotion d’un travail décent et de haute qualité pour tous, comme requis par la convention. Répondant aux demandes de la Commission de la Conférence et à l’observation de 2006, le gouvernement a fourni en août et en octobre 2007 des informations complètes dans lesquelles il confirme son intention de réduire le nombre de contrats de travail temporaire et à temps partiel, en imposant des limites temporaires par ces contrats, afin de permettre aux travailleurs d’obtenir des contrats de travail permanents. La commission se félicite de cette approche et encourage le gouvernement à continuer de fournir des informations dans son prochain rapport sur la manière dont l’objectif du plein emploi productif a été pris en compte dans l’élaboration de la politique économique et sociale. La commission souhaiterait également continuer à recevoir des informations sur l’expérience des partenaires sociaux en ce qui concerne l’application de la convention.

2. Articles 1 et 2 de la convention. Tendances de l’emploi et mesures actives du marché du travail. Le gouvernement a fourni des données qui indiquent que, même si le taux de chômage a continué de baisser, il ressort des chiffres du premier trimestre 2007 que la croissance de l’emploi s’est ralentie après avoir été soutenue en 2006. De plus, une hausse de l’emploi dans les régions du nord et du centre du pays a été observée en 2006, mais l’emploi a baissé pendant la même période dans le sud. Des mesures prises pour lutter contre le travail clandestin ont permis d’enregistrer légalement 94 000 travailleurs dans le secteur de la construction. Par ailleurs, le statut de 22 000 travailleurs de centres d’appel est passé de celui de travailleurs indépendants à celui de travailleurs avec un contrat de travail. Des modifications ont été apportées à la loi no 30 de 2003 en vertu de la loi de 2007 sur les finances et du décret-loi no 223/2006. Ces instruments comportent d’autres mesures destinées à faciliter la croissance et l’emploi, à lutter contre le travail illégal et à promouvoir la sécurité sur le lieu de travail. Des dispositions ont permis entre autres d’augmenter les abattements fiscaux en faveur des entreprises employant des travailleurs en contrats de travail à durée indéterminée. De plus, des initiatives ont été prises pour suspendre les activités dans les chantiers de construction où travaillent des personnes en situation irrégulière. A cet égard, la commission prie le gouvernement de fournir un complément d’information sur les effets des mesures législatives et autres prises pour promouvoir l’emploi et, plus particulièrement, pour combler l’écart en matière d’emploi entre les diverses régions du pays.

3. Moyens pour promouvoir l’emploi des jeunes. Le gouvernement a passé l’âge minimum de 15 à 16 ans et a consacré des ressources financières supplémentaires à la formation professionnelle et aux apprentissages. Il cherche également à faire adopter une législation destinée notamment à combattre le chômage des jeunes. La législation proposée comprend des mesures visant à faciliter l’accès des jeunes entrepreneurs au financement ainsi que le transfert de petites entreprises d’une génération à l’autre. De plus, le décret-loi no 223/2006 a établi un fonds pour l’action en faveur des jeunes, afin de promouvoir le droit des jeunes à la formation culturelle et professionnelle, et faciliter l’accès au crédit. La commission note qu’il ressort de l’Enquête sur la main-d’œuvre de l’ISTAT que le taux de désertion scolaire a été évalué à 21 pour cent en 2006. Il ressort également de l’enquête que 900 000 personnes ont quitté l’école prématurément en Italie, avec un écart disproportionné, le pourcentage de personnes ayant quitté l’école dans le sud étant beaucoup plus important que dans le nord ou le centre. En outre, les personnes ayant quitté l’école dans le sud n’intègrent généralement pas le marché du travail, contrairement à ceux du nord et du centre qui ont tendance à entrer tôt sur le marché du travail. L’enquête a montré également que le taux de désertion scolaire est plus élevé chez les garçons que chez les filles. A cet égard, la commission prie le gouvernement de fournir dans son prochain rapport des informations sur la manière dont les mesures récemment adoptées pour lutter contre le chômage des jeunes ont débouché sur des possibilités d’emploi durables pour les jeunes qui intègrent la vie active.

4. Femmes et autres catégories de travailleurs vulnérables. La commission prend note de l’indication du gouvernement selon laquelle il a l’intention de continuer de promouvoir l’emploi des femmes dans le cadre de la loi de 2007 sur les finances, qui prévoit notamment des mesures fiscales pour inciter à embaucher des femmes en contrat à durée indéterminée dans le sud du pays. Le gouvernement a pris des mesures pour encourager le réemploi des travailleurs de plus de 50 ans. En particulier, il a promulgué une législation afin de créer la possibilité d’accords de «solidarité entre les générations» par lesquels les plus de 55 ans peuvent, sur une base volontaire, convertir leur emploi à plein temps en emploi à mi-temps, permettant ainsi aux jeunes de moins de 25 ans d’accéder à un contrat à mi-temps correspondant au nombre d’heures restantes. La commission prend note avec intérêt de cette approche novatrice, et prie le gouvernement d’indiquer dans son prochain rapport l’impact des mesures destinées à encourager et à promouvoir l’emploi des catégories vulnérables de travailleurs, telles que les femmes et les travailleurs âgés.

5. Article 3. Participation des partenaires sociaux à l’élaboration et à l’application des politiques. Le gouvernement indique que le dialogue social et la consultation avec les partenaires sociaux, tant au niveau local que national, ont été renforcés grâce à la mise en place de tables rondes consultatives permanentes. Il indique que l’interaction avec les partenaires sociaux au cours de nombreuses tables rondes sur la protection sociale, la protection du marché du travail et la croissance a été décisive pour identifier les problèmes qui se posaient. La commission veut croire que le gouvernement continuera à fournir des informations sur les consultations intervenues avec les partenaires sociaux, en précisant leur contribution à la mise en œuvre d’une politique active de l’emploi, au sens de la convention.

Observation (CEACR) - adoptée 2006, publiée 96ème session CIT (2007)

La commission prend note des informations détaillées contenues dans le rapport complet du gouvernement, reçu en octobre 2005, ainsi que des documents pertinents joints en annexe. Elle prend également note des commentaires formulés par la Confédération italienne des syndicats de travailleurs (CISL) ainsi que par la Confédération générale italienne du travail (CGIL).

1. Tendances de l’emploi et mesures actives du marché du travail. Complété par les données publiées par l’OCDE, le rapport démontre que, même si le taux de chômage a continué à baisser (passant de 8,6 pour cent en 2003 à 8 pour cent en 2004), la croissance de l’emploi a nettement ralenti et le taux d’emploi (57,6 pour cent en 2004) est resté en deçà de l’objectif de l’UE. La commission note également que le marché du travail se caractérise toujours par une segmentation régionale, avec des taux d’emploi et de productivité relativement élevés dans le nord et dans le centre, contrairement au sud. Le rapport attire également l’attention sur les difficultés d’intégration dans le marché du travail auxquelles se heurtent les jeunes de moins de 25 ans, dont le taux de chômage s’établissait à 26,2 pour cent en 2004, ainsi que sur la persistance d’un taux élevé de chômage de longue durée. Dans ses commentaires, la CGIL fait observer que le gouvernement a préféré axer ses efforts sur des réductions d’impôts inéquitables et inefficaces plutôt que de consacrer des ressources publiques à la recherche, à la formation et à l’innovation, afin que l’économie italienne puisse affirmer sa compétitivité sur le marché des produits et services à forte valeur ajoutée. A cet égard, la commission prie le gouvernement de fournir, dans son prochain rapport, des informations sur les résultats des programmes adoptés et des mesures prises pour favoriser la cohésion territoriale afin de redresser les disparités régionales sur le plan de l’emploi. Elle prie également le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les mesures prises pour faire baisser le taux de chômage de longue durée ainsi que sur les résultats obtenus.

2. La commission note que le rapport du gouvernement renvoie à la loi no 30/2003 et à son décret d’application no 276/2003 concernant la régulation du marché du travail. En outre, le rapport énumère un certain nombre de mesures adoptées par le gouvernement dans le but principal de favoriser la flexibilité du marché du travail. Par exemple, les contrats de travail comportant un volet formation ont été restructurés, et l’accès au marché du travail par des voies plus flexibles a été facilité. Selon la CGIL, et contrairement à ce que le gouvernement avait précédemment annoncé, les mesures d’application de la loi no 30/2003 n’ont fait l’objet d’aucune évaluation par les partenaires sociaux, et les nouvelles modalités de ces contrats de travail n’ont pas eu beaucoup de succès. Quant à la CISL, elle requiert également que cette flexibilité soit subordonnée aux résultats de la négociation collective, afin de garantir que le recours à ces nouveaux contrats de travail reste assujetti à la législation applicable, et protège ainsi les travailleurs concernés. A cet égard, la commission prie le gouvernement de l’informer des mesures prises pour créer des emplois durables et améliorer la sécurité de l’emploi des travailleurs ayant bénéficié des dispositions de la loi no 30 de 2003. Elle prie également le gouvernement de continuer à fournir des informations sur l’application, le suivi et l’évaluation de ses politiques destinées à favoriser le plein emploi des femmes, à lutter contre le chômage des jeunes et à aider les travailleurs âgés à rester dans la vie active (articles 1 et 2 de la convention).

3. La commission note que le gouvernement déclare avoir inscrit le renforcement de l’éducation et de la formation parmi ses principales priorités en matière d’emploi mais que, selon l’étude économique de l’OCDE (novembre 2005), l’Italie affiche un déficit sérieux de capital humain par rapport à la moyenne de l’OCDE. A cet égard, la commission prie le gouvernement de fournir des informations complémentaires sur ses programmes et mesures qui visent à élever le niveau d’instruction des travailleurs, réduire le taux d’abandon scolaire précoce et rapprocher l’enseignement supérieur des exigences du marché du travail, afin de faciliter la transition des études à la vie active.

4. Participation des partenaires sociaux à l’élaboration et à l’application des politiques. Le gouvernement indique que toute la législation relative à la réforme du marché du travail a résulté d’une longue période de dialogue avec les organisations patronales et syndicales. Il insiste également sur le fait que le plan d’action pour l’emploi a fait l’objet de consultations avec les organisations patronales et syndicales, et qu’au cours de la période couverte par le rapport des échanges suivis et approfondis ont eu lieu sur toutes les questions relatives aux politiques de l’emploi. A ce sujet, la CISL fait état d’une détérioration systématique de la participation des syndicats aux décisions gouvernementales. La CISL déclare que le gouvernement a remplacé la concertation et le dialogue social par une consultation de pure forme. Selon la CISL, le plan d’action national pour l’emploi de 2005 a été élaboré sans les consultations requises des partenaires sociaux. La commission rappelle que, en vertu de la convention, les mesures à prendre dans le cadre de la politique de l’emploi doivent tenir pleinement compte de l’expérience et de l’opinion des partenaires sociaux afin que ceux-ci collaborent entièrement à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques de l’emploi. Elle prie le gouvernement de fournir, dans son prochain rapport, des informations détaillées sur les consultations intervenues avec les représentants des partenaires sociaux ainsi que sur les progrès réalisés en ce qui concerne les exigences de consultation sur les questions couvertes par la convention, comme requis par l’article 3.

Observation (CEACR) - adoptée 2004, publiée 93ème session CIT (2005)

La commission a pris note du rapport communiqué par le gouvernement en septembre 2003. Elle a par ailleurs pris connaissance du Plan national d’action pour l’emploi de 2003. La commission note que, selon les données de l’OCDE, le taux de chômage a continué de baisser au cours de la période, passant de 9,5 pour cent en 2001 à 8,6 pour cent en 2003. Bien qu’il continue de figurer parmi les plus faibles d’Europe, le taux d’activité a légèrement progressé pour atteindre 61,6 pour cent en 2003 contre 60,7 pour cent en 2001. Malgré cette évolution globalement favorable, les caractéristiques de la répartition du chômage restent préoccupantes, s’agissant notamment de l’écart persistant entre le nord et le sud du pays, des difficultés d’insertion des jeunes de moins de 25 ans, qui connaissent un taux de chômage de 26,3 pour cent, ou de la part du chômage de longue durée, avec 58,2 pour cent des chômeurs se trouvant sans emploi depuis plus de douze mois.

1. Politiques du marché du travail et de la formation. Le gouvernement décrit dans son rapport les principales innovations introduites par la loi no 30 de réforme du marché du travail du 14 février 2003 qui vise à assouplir et moderniser le fonctionnement du marché du travail. Le renforcement du service public de l’emploi, dont la responsabilité est transférée aux régions, s’accompagne d’une libéralisation des conditions de fonctionnement des agences d’emploi privées en vue d’une plus grande complémentarité entre intervenants publics et privés sur le marché du travail. Les contrats de travail ayant une composante de formation sont rationalisés, tandis que sont favorisées les formes les plus souples d’entrée sur le marché du travail, par la réforme de la réglementation du travail à temps partiel et du travail temporaire. Par ailleurs, la loi no 53 de réforme du système d’éducation et de formation du 28 mars 2003 tend à accroître la part de la formation professionnelle dans le système d’enseignement et à encourager la formation initiale en alternance afin de favoriser l’employabilité par des liens plus étroits avec le marché du travail. La commission invite le gouvernement à fournir dans son prochain rapport toute évaluation disponible des résultats qui auront pu être obtenus par ces mesures de réforme structurelle du marché du travail et de la formation. Notant par ailleurs les informations fournies à sa demande sur les mesures prises en vue d’améliorer la position des femmes sur le marché du travail, notamment par la réforme de la réglementation du travail à temps partiel, elle prie le gouvernement de continuer de fournir de telles informations, en indiquant notamment les résultats obtenus en termes d’insertion durable des intéressées dans un emploi productif et librement choisi.

2. Politiques économiques générales. La commission saurait gré au gouvernement de compléter les informations fournies sur les politiques du marché du travail par une description de la manière dont les principaux aspects de politique économique générale contribuent à la promotion de l’emploi. Elle l’invite en particulier à préciser la manière dont les objectifs de l’emploi sont pris en compte lors de l’adoption des mesures de politiques monétaire, budgétaire et fiscale, et de politiques des prix, des revenus et des salaires. Prière également de décrire les mesures prises ou envisagées en matière de politique de développement régional, eu égard aux problèmes spécifiques d’emploi dans le sud du pays.

3. Participation des partenaires sociaux à la conception et à l’application des politiques. La commission relève que les mesures de politique de l’emploi s’inscrivent dans le cadre convenu avec les partenaires sociaux ayant souscrit au Pacte pour l’Italie de juillet 2002. Elle prie le gouvernement de continuer de fournir des informations détaillées sur les consultations des représentants des milieux intéressés, tant au stade de la formulation des politiques de l’emploi qu’à celui de la mise en œuvre des mesures prises en application de ces politiques.

Observation (CEACR) - adoptée 2002, publiée 91ème session CIT (2003)

La commission prend note des informations fournies par le gouvernement en juillet 2001 en réponse à son observation de 2000, ainsi que du rapport détaillé reçu en novembre 2002.

1. Articles 1 et 2 de la convention. Le gouvernement indique dans son rapport qu’un accroissement du PIB de l’ordre de 3 pour cent a été enregistré entre janvier 2000 et janvier 2001, ce qui a permis de créer 656 000 postes de travail. Entre autres résultats positifs, le taux de chômage est tombé, pour la première fois depuis dix ans, en dessous des 10 pour cent. Les réformes ont créé des conditions favorables pour l’insertion professionnelle des femmes, des jeunes et des chômeurs de longue durée. Le rapport fournit des informations détaillées sur les mesures prises pour promouvoir l’emploi des personnes âgées et des personnes handicapées. L’emploi s’est accru dans toutes les régions mais, dans le Mezzogiorno, sa progression se poursuit à un rythme plus lent. Les mesures pratiques qui ont été prises pour lutter contre le chômage des jeunes dans le Mezzogiorno comprennent l’apprentissage, des contrats de travail-formation et des mesures d’orientation et de formation. Ces programmes sont destinés à mettre les jeunes en contact direct avec le monde du travail. Environ 20 000 apprentis ont suivi une formation entre 1998 et 1999; l’objectif du gouvernement était qu’environ 70 000 jeunes suivent une formation en 2000. Le taux de chômage des jeunes a légèrement baissé, passant de 33,8 pour cent en 1998 à 31,1 pour cent en 2000. La commission note également que, malgré l’augmentation du nombre d’emplois découlant des réformes du marché du travail mises en œuvre depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, l’emploi et le taux d’activité sont bas, particulièrement dans le sud du pays, et chez les jeunes, les femmes et les personnes de plus de 55 ans. La commission saurait gré au gouvernement d’inclure dans son prochain rapport des informations sur les mesures prises pour éviter le risque de développement d’un double marché du travail, notamment eu égard à l’augmentation des formes atypiques d’emploi, et pour appliquer des réformes structurelles de manière à améliorer la coordination des politiques de l’éducation et de la formation avec les perspectives de l’emploi.

2. Le gouvernement fait également mention dans son rapport de diverses initiatives législatives (application des directives de la Communauté européenne, normes de lutte contre le travail irrégulier, lois budgétaires) en matière de politique du travail. La commission saurait gré au gouvernement de continuer de l’informer, dans son prochain rapport, sur la façon dont les mesures visant le marché du travail ont contribuéà atteindre l’objectif du plein emploi productif prescrit par la convention.

3. Le gouvernement indique que le taux d’activité des femmes est le plus élevé jamais atteint. Cela étant, il se propose de promouvoir davantage le taux d’activité des femmes sur le marché du travail par le biais de la formation, de services spéciaux de placement et de mesures visant à mieux concilier travail et vie privée. Le taux de chômage des femmes est passé de 16,1 pour cent en 1998 à 14,5 pour cent en 2000. Toutefois, il reste plus difficile pour les femmes d’accéder à un emploi stable dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée. La commission apprécierait de continuer à recevoir des informations sur les mesures adoptées pour accroître le taux d’emploi des femmes et sur les résultats de ces mesures.

4. La commission note que le gouvernement envisage de réformer le service public de l’emploi grâce à des ressources de l’Union européenne, afin de remplir ses engagements au titre de la Stratégie européenne de l’emploi. La commission saurait gré au gouvernement de l’informer, dans son prochain rapport, de l’évolution de la réforme du service public de l’emploi.

5. Article 3. La commission prend note des observations de la Confédération générale de l’industrie (CONFINDUSTRIA) jointes au rapport du gouvernement. La CONFINDUSTRIA fait référence aux informations qui figurent dans les plans nationaux pour l’emploi qu’élaborent chaque année les Etats membres des Communautés européennes. La CONFINDUSTRIA met l’accent sur le rôle systématique et déterminant que les partenaires sociaux jouent dans la définition des politiques du travail, les règles du dialogue social devant être respectées. A cet égard, la commission veut croire que, dans son prochain rapport, le gouvernement fournira des informations récentes sur les consultations qui ont eu lieu avec les représentants des organisations d’employeurs et de travailleurs, afin qu’il soit pleinement tenu compte de leur expérience et de leur opinion et qu’ils collaborent entièrement à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique de l’emploi.

Observation (CEACR) - adoptée 2000, publiée 89ème session CIT (2001)

Articles 1 et 2 de la convention. Le gouvernement indique que le Plan d’action pour l’emploi, fondé sur les quatre piliers de l’Accord du sommet de Luxembourg (employabilité, création d’entreprises, adaptabilité et égalité d’opportunité), a été finalisé. Le gouvernement déclare que le Plan d’action pour l’emploi et la stratégie générale pour l’emploi ont étéélaborés en collaboration avec les partenaires sociaux et ont fait l’objet d’un accord formel dans deux documents signés en 1996 et 1997. Le rapport fournit des informations détaillées sur les programmes et mesures mis en œuvre à ce jour pour appliquer le Plan d’action pour l’emploi. La commission prie le gouvernement de fournir dans ses prochains rapports des informations sur les résultats des mesures adoptées dans le cadre du Plan d’action pour l’emploi, en particulier leur effet sur la promotion de l’emploi dans le Mezzogiorno. La commission note à cet égard les statistiques détaillées de l’emploi du personnel de direction fourni par le ministère du Travail. Elle souhaiterait recevoir des informations détaillées sur les autres segments du marché du travail, en particulier en ce qui concerne les jeunes, les femmes, les personnes handicapées et les chômeurs de longue durée, comme requis sous l’article 1 du formulaire de rapport.

La commission note également les tendances du marché du travail reflétées dans le rapport annuel de l’Institut national des statistiques (présenté en mai 2000) en ce qui concerne les questions de genre dans l’emploi. Le rapport fait état d’une grande présence des femmes dans les activités du secteur tertiaire de même que le nombre exceptionnel des femmes ayant accédé aux professions majoritairement occupées par les hommes; le pourcentage des hommes dans les professions majoritairement occupées par les femmes a également augmenté. Le gouvernement déclare cependant que «les femmes ont reçu une éducation et des diplômes pour lesquels la demande est moindre» et reçoivent un plus bas salaire; et que «même lorsque les femmes ont les mêmes compétences que les hommes, les femmes éprouvent plus de difficultés à accéder au marché du travail», et reçoivent une compensation moindre. Les femmes dans le Mezzogiorno ont un accès plus limitéà la formation. Enfin, l’augmentation du nombre de citoyens du troisième âge participe à exclure les femmes du marché du travail pour des périodes plus longues ou à limiter leur emploi dans des travaux à mi-temps ou temporaires de manière à leur permettre de s’occuper des dépendants. La commission mesure la complexité des questions abordées et note les stratégies déjàélaborées par le gouvernement pour promouvoir l’emploi des femmes, en particulier dans l’emploi indépendant et la création d’entreprises. Elle souhaiterait recevoir des informations complémentaires sur les efforts faits pour améliorer l’accès des femmes à la formation et pour assurer que les qualifications acquises répondent à la demande du marché, et sur les stratégies développées pour aider les femmes qui s’occupent de dépendants à rester ou à rentrer dans le marché du travail.

Le rapport annuel de l’Institut national des statistiques indique également que les jeunes gens éprouvent plus de difficultéà bénéficier d’une formation qui est généralement réservée aux diplômés de l’université, aux travailleurs ayant un certificat professionnel et à ceux ayant une expérience professionnelle. La commission note que, selon l’étude économique de l’OCDE pour l’Italie, le gouvernement a adopté un plan d’ensemble pour améliorer une formation répondant aux besoins des jeunes gens. L’OCDE est cependant d’avis que le gouvernement n’investit pas assez dans la formation et que le chômage peut être dû au manque de qualifications pour répondre aux besoins du marché du travail. Prière de fournir des informations complémentaires sur les résultats de ce plan d’ensemble, et plus particulièrement en ce qui concerne la promotion de l’emploi des jeunes.

Observation (CEACR) - adoptée 1998, publiée 87ème session CIT (1999)

1. La commission a pris note du rapport du gouvernement, qui consiste seulement en un ensemble de documents et de données statistiques. Compte tenu de la difficulté particulière qui s'attache à l'appréciation de l'application d'une convention qui requiert la formulation et l'application d'une politique, elle saurait gré au gouvernement de veiller à l'avenir à se conformer au formulaire de rapport approuvé par le Conseil d'administration dans la présentation des informations nécessaires.

2. La commission note que, dans le contexte d'une stagnation du volume de l'emploi, le taux de chômage s'est maintenu au-dessus de 12 pour cent, tandis que les caractéristiques préoccupantes de la répartition du chômage se sont confirmées, voire aggravées, s'agissant notamment de l'écart entre le nord (6,5 pour cent de taux de chômage en janvier 1998) et le sud (22,4 pour cent), entre hommes (9,4 pour cent) et femmes (16,8 pour cent), de la situation des jeunes de moins de 25 ans (33,8 pour cent) ou de l'incidence du chômage de longue durée (67,8 pour cent du chômage total).

3. Pour pallier l'absence dans le rapport d'une présentation de la politique de l'emploi du gouvernement, la commission s'est référée notamment au Plan national d'action pour l'emploi remis en avril 1998 au Conseil et à la Commission des Communautés européennes. Le gouvernement y expose les acquis de sa politique économique, en termes de réduction rapide du déficit budgétaire ou de maîtrise de l'inflation, qu'il attribue à la politique de modération salariale convenue avec les partenaires sociaux dans le cadre du Pacte pour l'emploi de septembre 1996. Il y souligne qu'avec l'adoption en avril 1998 d'un programme de politique économique et financière à moyen terme pour les années 1999-2001 les mesures dans le domaine de l'emploi ont, pour la première fois, été décidées dans le cadre de politiques économiques et financières d'ensemble qui visent à obtenir un niveau élevé de croissance et à lutter contre les causes structurelles du chômage, en particulier dans le sud du pays. La commission observe que les résultats obtenus dans le rétablissement des équilibres macroéconomiques en vue de se conformer aux exigences du Pacte européen de stabilité et de croissance ne se sont pas, jusqu'à présent, traduits par une amélioration de la situation de l'emploi. Elle invite le gouvernement à préciser dans quelle mesure les orientations des politiques monétaire, budgétaire et fiscale, des politiques des revenus et des salaires, ainsi que la mise en oeuvre des politiques de développement des infrastructures auront contribué à la lutte contre le chômage.

4. La commission prend note de la description fournie par le gouvernement de différents programmes de politique du marché du travail tels que, notamment, les travaux socialement utiles ou les contrats emploi-formation. Se référant à ses demandes antérieures, la commission prie à nouveau le gouvernement de fournir dans son prochain rapport toute évaluation disponible des résultats obtenus par ces programmes en termes d'insertion effective et durable de leurs bénéficiaires dans l'emploi.

Observation (CEACR) - adoptée 1996, publiée 85ème session CIT (1997)

1. La commission a pris note du rapport du gouvernement. Sur la base des informations disponibles au BIT ou contenues dans les rapports et études de l'OCDE, elle note qu'en dépit de la reprise de l'activité économique le mouvement de contraction de l'emploi s'est poursuivi en 1994 (-1,7 pour cent) et 1995 (-0,6 pour cent), tandis que le taux de chômage atteignait 12 pour cent en fin de période. Les caractéristiques de la répartition du chômage que le gouvernement jugeait préoccupantes dans son précédent rapport se sont confirmées: l'écart entre le taux de chômage du nord (6,4 pour cent en juillet 1995) et du sud (20,7 pour cent) s'est encore creusé, près d'un tiers des actifs de moins de 25 ans est sans emploi et le chômage de longue durée représente 63 pour cent du chômage total.

2. La commission a également pris note des commentaires de l'Association syndicale des entreprises de crédit (ASSICREDITO), qui estime que la lutte contre le chômage appelle des mesures macroéconomiques permettant une croissance non inflationniste et des mesures à caractère structurel visant notamment à flexibiliser le marché du travail et à améliorer le niveau de qualification des travailleurs.

3. Le gouvernement fournit dans son rapport des informations sur les dispositions prises récemment afin de simplifier les procédures de placement et d'embauche, ainsi que sur la mise en oeuvre de différentes mesures d'incitation à l'embauche ou de promotion de l'emploi indépendant. La commission note qu'il est demandé aux bureaux régionaux de l'emploi de communiquer les données sur les embauches réalisées grâce aux incitations financées par le Fonds de l'emploi afin de permettre une évaluation précise de leur efficacité. Se référant aux demandes d'informations incluses dans le formulaire de rapport, elle saurait gré au gouvernement de transmettre dans son prochain rapport les résultats de cette évaluation ainsi que des informations concernant la réforme des services d'emploi qui est envisagée, selon le gouvernement.

4. Le gouvernement indique par ailleurs que le programme de travaux socialement utiles destiné aux chômeurs de longue durée a pris une nouvelle ampleur. La commission invite le gouvernement à fournir toute information disponible sur la contribution de ce programme à la réinsertion des intéressés dans l'emploi et à la promotion du plein emploi, productif et librement choisi. Se référant à ses commentaires antérieurs, elle prie également le gouvernement de continuer de fournir des informations sur le recours aux contrats emploi-formation. Dans ces conditions, la commission prie le gouvernement de bien vouloir transmettre le texte de toute déclaration officielle, en vertu de laquelle il est assuré que la promotion du plein emploi, productif et librement choisi, reste, aux termes de l'article 1 de la convention, un objectif essentiel. A ce propos, le gouvernement pourrait envisager de fournir comme par le passé des informations sur la contribution constatée ou attendue des politiques économiques générales à la poursuite des objectifs de l'emploi. La commission souhaiterait notamment trouver dans le prochain rapport du gouvernement des informations sur les évolutions intervenues en matière de politique des revenus et des salaires depuis la conclusion des accords tripartites de juillet 1993, ainsi que des indications sur les orientations des politiques monétaire, budgétaire et de taux de change, comme il est mentionné dans le formulaire de rapport adopté par le Conseil d'administration. Elle espère être à même de constater une amélioration de la situation de l'emploi qui demeure préoccupante.

Observation (CEACR) - adoptée 1995, publiée 82ème session CIT (1995)

La commission note que le rapport du gouvernement n'a pas été reçu. Elle se voit donc obligée de renouveler son observation précédente, qui était conçue dans les termes suivants:

1. La commission a pris note du rapport du gouvernement pour la période se terminant en juin 1992, qui contient un ensemble d'informations détaillées quoique limitées, pour la plupart, à 1991 sur la situation de l'emploi et les mesures de politique du marché du travail mises en oeuvre. Se référant par ailleurs aux données émanant de l'OCDE, la commission note qu'une croissance modérée de l'emploi a permis une légère baisse du taux de chômage, passé de 11,5 pour cent en 1990 à 11 pour cent en 1991. Depuis la fin de la période de rapport, l'emploi a toutefois cessé de croître et le taux de chômage s'est situé à 11,6 pour cent en 1992. En outre, les caractéristiques structurelles majeures du chômage et de sa répartition sont, pour l'essentiel, demeurées inchangées. Tout au plus, relève-t-on, une timide atténuation de la dispersion régionale du chômage, ainsi qu'une légère réduction de l'écart entre les taux de chômage masculin et féminin. Le chômage de longue durée, qui continue d'affecter environ 70 pour cent des chômeurs, et le chômage de plus de 30 pour cent des jeunes âgés de moins de 25 ans restent particulièrement préoccupants. 2. Le rapport du gouvernement rappelle l'ensemble des mesures d'intervention sur le marché du travail déjà relevées par la commission dans ses commentaires antérieurs. La commission note à cet égard la diminution significative du nombre de contrats formation-travail, passé de 470 000 en 1990 à environ 200 000 en 1992, bien que ce type de contrat ait donné lieu, dans la moitié des cas, à l'embauche permanente des jeunes bénéficiaires. Elle saurait gré au gouvernement de préciser dans son prochain rapport les raisons de cette diminution et de continuer de fournir des informations détaillées sur la portée et les résultats obtenus par les différentes mesures de politique du marché du travail. La commission note, en outre, l'introduction, par la loi no 223 du 23 juillet 1991, de nouvelles mesures d'accompagnement des restructurations des entreprises et d'incitation à l'embauche des travailleurs licenciés et des chômeurs de longue durée. La promotion de l'emploi des femmes a également été renforcée au cours de la période par l'adoption de la loi no 125 du 10 avril 1991, qui prévoit des actions positives dans le domaine de la formation et de l'emploi, et de la loi no 215 du 25 février 1992, qui introduit des mesures d'incitation à la création d'entreprises par des femmes. La commission invite le gouvernement à fournir des informations sur l'effet de ces nouvelles mesures sur l'emploi des intéressés. 3. Se référant à sa précédente observation, la commission note que, de l'avis du gouvernement, la mise en oeuvre de l'Accord tripartite pour le développement du Sud de mars 1991 met en évidence l'interdépendance des politiques de développement économique et le rôle essentiel des partenaires sociaux. Elle saurait gré au gouvernement de communiquer toute évaluation disponible des résultats obtenus. La commission note par ailleurs que, à l'issue d'une négociation portant sur la politique des salaires, la lutte contre l'inflation et la diminution du déficit budgétaire, une nouvelle convention collective nationale a été conclue en juillet 1993, qui porte en partie sur la promotion de l'emploi. La commission invite le gouvernement à fournir des précisions sur cet accord, en indiquant, plus généralement, la manière dont la politique de l'emploi s'inscrit "dans le cadre d'une politique économique et sociale coordonnée". Elle espère à cet égard que le prochain rapport indiquera la manière dont les mesures de politique économique prises ou envisagées dans les domaines des politiques monétaire, budgétaire et fiscale, de la politique des investissements et de la politique de développement régional contribuent à la poursuite de l'objectif du plein emploi, productif et librement choisi.

Observation (CEACR) - adoptée 1995, publiée 83ème session CIT (1996)

1. La commission a pris note du rapport du gouvernement pour la période se terminant en juin 1994, qui contient un ensemble d'informations utiles et détaillées sur les évolutions de la population active, de l'emploi et du chômage ainsi que sur les politiques de l'emploi mises en oeuvre. Le gouvernement indique que la sévère récession traversée par l'économie nationale en 1993 s'est traduite par la perte de quelque 700 000 emplois et la progression du taux de chômage, qui a dépassé 11 pour cent en fin de période, contre 9,7 pour cent en octobre 1992. Due en grande partie aux licenciements économiques, la montée du chômage a été plus sensible dans le sud du pays, ce qui a encore accentué le dualisme régional dans la situation de l'emploi: le taux de chômage du sud est désormais supérieur de plus de dix points à celui du centre-nord. Plus de 30 pour cent des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage, tandis que la part du chômage de longue durée est de près de 60 pour cent. Le gouvernement souligne qu'à ce niveau élevé du chômage et aux caractéristiques préoccupantes de sa répartition s'ajoutent d'autres faiblesses structurelles affectant le marché du travail italien: de trop faibles taux d'activité qui se sont encore contractés du fait du retrait de personnes découragées de trouver ou retrouver un emploi, une proportion excessive de travail indépendant, une part importante de travail au noir, un niveau de qualification de la main-d'oeuvre insuffisant et inadapté aux exigences actuelles de la production.

2. Le gouvernement indique qu'en souscrivant aux obligations du Traité de 1992 sur l'Union européenne et en s'engageant à satisfaire aux critères de convergence des économies qui en résultent il a accepté de se priver du recours aux instruments traditionnels de rétablissement des équilibres macroéconomiques, tels que le taux de change, l'inflation ou la dette publique, de sorte que c'est désormais sur le marché du travail que repose principalement le poids des ajustements. Il reconnaît à cet égard que la sortie de la monnaie nationale du mécanisme de change européen et sa dépréciation, bien qu'elles aient été imposées par les marchés financiers plutôt que voulues par le gouvernement, ont contribué à atténuer l'ampleur de la récession. Dans ce contexte et sous ces contraintes, le gouvernement expose que les principaux objectifs de sa politique de l'emploi, tels qu'ils ont été consignés en 1994 dans le Livre blanc "objectif emploi" du ministère du Travail, sont de favoriser une croissance plus riche en emplois, d'assouplir les conditions de fonctionnement du marché du travail et de renforcer les activités de formation. Il se félicite de la conclusion des Accords de juillet 1993 sur la politique des revenus, les négociations collectives, les politiques de l'emploi et l'appui au système de production par lesquels les partenaires sociaux ont convenu d'objectifs communs en matière de réduction des déficits publics, de maîtrise de l'inflation et de promotion de l'emploi et institué un système de négociation salariale à deux niveaux afin de modérer la progression des salaires. La commission invite le gouvernement à continuer de fournir des informations sur les mesures prises en vue de promouvoir l'activité et l'emploi, dans le cadre d'une politique économique et sociale coordonnée et en consultation avec l'ensemble des milieux intéressés.

3. La commission prend note des nouvelles dispositions relatives aux mesures pour l'emploi dans les régions affectées par la crise. Elle relève l'institution dans ce cadre d'un Fonds pour l'emploi destiné à financer des incitations au maintien ou à la création d'emplois. La commission note également les indications concernant les nouvelles fonctions de promotion, d'information, d'assistance et de sélection dont se chargent les bureaux locaux de l'emploi. Se référant à sa précédente observation, elle note que la tendance au moindre recours au contrat emploi-formation s'est confirmée, mais que l'accès à ce système de formation ou d'insertion a été étendu aux jeunes de moins de 32 ans. La commission prie le gouvernement de continuer de fournir des informations sur la nature et la portée des différentes mesures de politique du marché du travail qui sont mises en oeuvre, en communiquant toute évaluation disponible de leur efficacité en termes d'insertion des intéressés dans l'emploi.

Observation (CEACR) - adoptée 1994, publiée 81ème session CIT (1994)

1. La commission a pris note du rapport du gouvernement pour la période se terminant en juin 1992, qui contient un ensemble d'informations détaillées - quoique limitées, pour la plupart, à 1991 - sur la situation de l'emploi et les mesures de politique du marché du travail mises en oeuvre. Se référant par ailleurs aux données émanant de l'OCDE, la commission note qu'une croissance modérée de l'emploi a permis une légère baisse du taux de chômage, passé de 11,5 pour cent en 1990 à 11 pour cent en 1991. Depuis la fin de la période de rapport, l'emploi a toutefois cessé de croître et le taux de chômage s'est situé à 11,6 pour cent en 1992. En outre, les caractéristiques structurelles majeures du chômage et de sa répartition sont, pour l'essentiel, demeurées inchangées. Tout au plus, relève-t-on, une timide atténuation de la dispersion régionale du chômage, ainsi qu'une légère réduction de l'écart entre les taux de chômage masculin et féminin. Le chômage de longue durée, qui continue d'affecter environ 70 pour cent des chômeurs, et le chômage de plus de 30 pour cent des jeunes âgés de moins de 25 ans restent particulièrement préoccupants.

2. Le rapport du gouvernement rappelle l'ensemble des mesures d'intervention sur le marché du travail déjà relevées par la commission dans ses commentaires antérieurs. La commission note à cet égard la diminution significative du nombre de contrats formation-travail, passé de 470.000 en 1990 à environ 200.000 en 1992, bien que ce type de contrat ait donné lieu, dans la moitié des cas, à l'embauche permanente des jeunes bénéficiaires. Elle saurait gré au gouvernement de préciser dans son prochain rapport les raisons de cette diminution et de continuer de fournir des informations détaillées sur la portée et les résultats obtenus par les différentes mesures de politique du marché du travail. La commission note, en outre, l'introduction, par la loi no 223 du 23 juillet 1991, de nouvelles mesures d'accompagnement des restructurations des entreprises et d'incitation à l'embauche des travailleurs licenciés et des chômeurs de longue durée. La promotion de l'emploi des femmes a également été renforcée au cours de la période par l'adoption de la loi no 125 du 10 avril 1991, qui prévoit des actions positives dans le domaine de la formation et de l'emploi, et de la loi no 215 du 25 février 1992, qui introduit des mesures d'incitation à la création d'entreprises par des femmes. La commission invite le gouvernement à fournir des informations sur l'effet de ces nouvelles mesures sur l'emploi des intéressés.

3. Se référant à sa précédente observation, la commission note que, de l'avis du gouvernement, la mise en oeuvre de l'Accord tripartite pour le développement du Sud de mars 1991 met en évidence l'interdépendance des politiques de développement économique et le rôle essentiel des partenaires sociaux. Elle saurait gré au gouvernement de communiquer toute évaluation disponible des résultats obtenus. La commission note par ailleurs que, à l'issue d'une négociation portant sur la politique des salaires, la lutte contre l'inflation et la diminution du déficit budgétaire, une nouvelle convention collective nationale a été conclue en juillet 1993, qui porte en partie sur la promotion de l'emploi. La commission invite le gouvernement à fournir des précisions sur cet accord, en indiquant, plus généralement, la manière dont la politique de l'emploi s'inscrit "dans le cadre d'une politique économique et sociale coordonnée". Elle espère à cet égard que le prochain rapport indiquera la manière dont les mesures de politique économique prises ou envisagées dans les domaines des politiques monétaire, budgétaire et fiscale, de la politique des investissements et de la politique de développement régional contribuent à la poursuite de l'objectif du plein emploi, productif et librement choisi.

Observation (CEACR) - adoptée 1992, publiée 79ème session CIT (1992)

1. La commission a pris note du rapport du gouvernement pour la période se terminant en juin 1990 ainsi que des informations fournies à la 78e session de la Conférence (juin 1991) et de la discussion au sein de la Commission de la Conférence. La commission note, d'après les informations disponibles au BIT ou contenues dans les rapports de l'OCDE, qu'il s'est produit en 1990 une réduction du taux de chômage, qui est passé de 12 pour cent à 11 pour cent. En dépit de cette baisse globale, d'importantes disparités subsistent entre les régions, les sexes et les groupes d'âge, qui continuent d'être affectés très inégalement par le chômage. La dispersion régionale des taux de chômage demeure considérable: bien que le Sud ait bénéficié d'une baisse sensible du taux de chômage de 21,1 pour cent à 19,7 pour cent, ce taux y reste trois fois plus élevé qu'au nord du pays. Le taux de chômage s'élève à 17,1 pour cent pour les femmes contre 7,3 pour cent pour les hommes, malgré un taux de participation des femmes à l'activité qui reste faible. Il est particulièrement élevé chez les jeunes (33,6 pour cent pour la classe d'âge 14-24 ans en 1989). L'importance du chômage de longue durée, qui représente plus des deux tiers du chômage total, est d'autant plus préoccupante que près de 60 pour cent de chômeurs de longue durée sont des jeunes. Tous ces indices témoignent de la gravité persistante du problème du chômage structurel. La commission saurait gré au gouvernement d'inclure, dans son prochain rapport, les données disponibles sur la situation, le niveau et les tendances de l'emploi, du chômage et du sous-emploi, tant sur le plan global qu'en ce qui concerne des catégories particulières de travailleurs, y compris, comme elle l'avait demandé dans une précédente observation, les travailleurs migrants.

2. La commission note que le gouvernement reconnaît pleinement la nécessité de mener des politiques actives propres à agir sur les causes structurelles du chômage. Elle note à cet égard avec intérêt l'information selon laquelle les ressources allouées aux programmes de politique active de l'emploi ont considérablement augmenté ces dernières années. Le rapport du gouvernement rappelle l'ensemble des mesures mises en oeuvre, que la commission a déjà relevées dans ses commentaires antérieurs, et parmi lesquelles figurent des incitations financières à la création d'emplois en faveur des entreprises du Sud, l'emploi à temps partiel de jeunes pour l'exécution de travaux d'intérêt collectif, la participation du Fonds de résorption du chômage au financement d'investissements créateurs d'emplois, l'aide financière et technique à la création d'entreprises par des jeunes dans le Sud. La commission note avec intérêt l'importance croissante des contrats de formation-travail, dont plus d'un demi-million de jeunes ont bénéficié en 1990, ainsi que les projets du gouvernement visant à augmenter le nombre des bénéficiaires par un report de la limite d'âge, à encourager la transformation de ces contrats en contrats de travail permanents et à les compléter par des contrats de préparation à l'emploi plus spécialement destinés aux jeunes de 15 à 25 ans. La commission saurait gré au gouvernement de continuer à fournir des informations sur les différents programmes mis en oeuvre, ainsi que sur les dispositions prises afin d'évaluer leurs effets sur l'emploi des groupes destinataires et des autres groupes de la population active.

3. Le gouvernement indique que, pour lutter efficacement contre le chômage dans le Sud, il importe de dépasser l'optique des interventions d'urgence de caractère extraordinaire, qui s'est révélée insuffisante, pour adopter une approche de développement intégré en accord avec une politique active de gestion du marché du travail. Il se déclare convaincu de la nécessité de relier les initiatives visant à la réduction du chômage et à la mise en valeur des ressources humaines à des mesures plus générales concernant le dynamisme des facteurs de production. La commission prend note de ces déclarations et invite le gouvernement à indiquer dans son prochain rapport les mesures de politique économique générale prises ou envisagées, notamment dans les domaines de la politique des investissements, de la politique fiscale et de la politique de développement régional, en conséquence de cette orientation de sa politique de l'emploi. En outre, la commission saurait gré au gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises ou envisagées pour assurer la coordination des politiques de l'éducation et de la formation avec les perspectives de l'emploi, compte tenu des dispositions pertinentes de la convention no 142 et des commentaires de la commission sur l'application de cette convention.

4. La commission note la conclusion, en mars 1991, d'un accord entre le gouvernement et les organisations d'employeurs et de travailleurs pour le développement global du Sud. Plus généralement, elle relève avec intérêt, d'après la discussion au sein de la Commission de la Conférence, que les procédures de consultation existant entre le gouvernement et les partenaires sociaux au sujet des politiques de l'emploi semblent fonctionner de manière satisfaisante. La commission ne doute pas que le gouvernement continuera à fournir des informations sur la manière dont l'ensemble des représentants des milieux intéressés sont consultés au sujet des politiques de l'emploi.

5. Pour résumer, la commission note, dans le sens de ses précédents commentaires relatifs à l'impact des mesures prises sur la situation de l'emploi, la conclusion de la Commission de la Conférence, en juin 1991, selon laquelle les mesures prises dans le cadre de la politique de l'emploi n'avaient pas permis, malgré les efforts déployés par le gouvernement, de remédier à la situation de l'emploi qualifiée de "toujours préoccupante", et notamment aux écarts entre certaines régions, certains groupes d'âge et sexes. La commission veut croire que le gouvernement fournira, dans les délais requis, comme il y a été invité par la Commission de la Conférence, les informations nécessaires, notamment sur les mesures à adopter en vue d'atteindre les objectifs énoncés à l'article 1 de la convention.

Observation (CEACR) - adoptée 1991, publiée 78ème session CIT (1991)

La commission note que le rapport du gouvernement n'a pas été reçu. Elle se voit donc obligée de renouveler son observation précédente, qui était conçue dans les termes suivants:

1. La commission a pris note des informations communiquées par le gouvernement dans son rapport pour la période se terminant le 30 juin 1988. La politique de promotion de l'emploi se développe dans deux directions principales: l'assouplissement du fonctionnement du marché du travail, l'élargissement des fonctions et responsabilités du service de l'emploi. Ainsi, les mesures prises par le gouvernement visent-elles à faciliter l'accès au marché du travail et à renforcer les structures d'insertion des travailleurs, en particulier des jeunes et des femmes en quête d'un premier emploi. Le gouvernement a fourni dans son rapport des informations, en réponse aux commentaires antérieurs de la commission, sur l'impact des programmes adoptés en termes de personnes bénéficiaires. 2. Plus précisément, dans le cadre des mesures concernant la flexibilité du marché du travail, référence est faite à diverses actions normatives. La loi no 863 du 19 décembre 1984 introduit de nouvelles formules comme les "contrats de solidarité", qui résultent d'accords entre entreprises et organisations de travailleurs portant sur une réduction stable et programmée du temps de travail et des rémunérations, dans le but d'éviter la suppression des postes de travail ou d'en créer de nouveaux. La loi no 863 prévoit également des contrats de "formation-travail" permettant d'embaucher des jeunes pour une période maximale de vingt-quatre mois au cours de laquelle l'employeur s'engage à fournir, outre une rémunération correspondante, une formation professionnelle conséquente. La loi no 863 avait aussi pour objectif de valoriser le recours au travail à temps partiel, mais le gouvernement fait état d'une résistance notable des travaillleurs vis-à-vis de ce type d'emplois dont les statistiques confirment l'importance relativement limitée dans l'emploi total. Plus récemment, d'autres mesures ont été adoptées, avec notamment l'objectif de redresser les inégalités cumulées de l'âge, du sexe, de la région. La loi no 44 du 28 février 1986 vise à promouvoir la création, dans le Mezzogiorno, d'entreprises et de coopératives par les jeunes. La loi no 113 du 11 avril 1986 vise l'insertion des jeunes, des femmes et des handicapés en chômage de longue durée, en favorisant leur embauche grâce à des dégrèvements fiscaux. Des contributions directes ont été prévues dans la loi de finances no 67 du 11 mars 1988 pour les entreprises manufacturières, d'artisanat et les coopératives qui engageraient entre 1988 et 1992 des travailleurs avec des contrats de durée portant sur une période indéterminée; la loi prévoit également le financement d'initiatives locales concernant des travaux d'utilité collective à réaliser dans le Mezzogiorno. 3. En second lieu, dans le cadre des mesures visant à renforcer le service de l'emploi, la commission note la création d'une direction générale pour l'observation du marché du travail par la loi no 56 du 28 février 1987 relative à l'organisation du marché du travail, avec pour fonction de coordonner l'information et les données statistiques sur l'emploi; des commissions régionales pour l'emploi, instituées auprès des bureaux régionaux du travail et de la main-d'oeuvre, sont chargées de la gestion du marché du travail; des agences pour l'emploi sont créées dans les zones particulièrement touchées par le chômage. 4. En outre, la commission a pris note des observations de la Confédération générale de l'agriculture italienne (CONFAGRICOLTURA) et de l'Association syndicale des entreprises pétrochimiques du secteur public (ASAP), transmises par le gouvernement dans son rapport. La CONFAGRICOLTURA, qui se déclare consciente de la gravité du problème du chômage, et de son acuité grandissante, se réfère à la contribution apportée par les mesures prises en application de la convention collective du travail pour le secteur agricole, et souligne l'intérêt des dispositions de la loi no 56 permettant aux commissions régionales pour l'emploi de se charger de l'application, aux niveaux régional et local, des mesures de placement et des études sur le marché du travail. L'ASAP, pour sa part, signale que l'application régulière et satisfaisante des mesures relatives à la création d'entreprises par les jeunes, en particulier dans la partie sud du pays (le Mezzogiorno), s'est heurtée à des difficultés d'ordre bureaucratique; elle attire aussi l'attention plus spécialement, entre autres considérations, sur l'importance de la formation et, surtout, de l'orientation professionnelles. 5. La commission note les efforts déployés par le gouvernement, qui consacre une partie importante et croissante des aides publiques à des actions en faveur notamment des régions et groupes de population défavorisés (le sud du pays, le Mezzogiorno, et les jeunes notamment), pour promouvoir une politique active de l'emploi, en consultation avec les représentants des milieux intéressés. Elle est toutefois conduite à faire un constat analogue à celui de sa précédente observation de 1988, à savoir que, selon toute apparence, les mesures prises n'ont pas jusqu'à maintenant permis de redresser une situation de l'emploi qui reste préoccupante. Malgré la croissance soutenue de la production, le rythme de la création d'emplois n'a pas été suffisant entre 1986 et 1988 pour faire reculer le chômage dont le taux s'élevait à 12-12,1 pour cent en 1987 et 1988, selon les données de l'OCDE. Des écarts considérables continuent de s'observer entre les régions (le sud avait un taux de chômage de 19,2 pour cent en 1987 contre 8,4 pour cent dans les régions industrialisées du nord et du centre), les groupes d'âge (avec des taux de chômage national de 35,6 pour cent pour les 14-25 ans, et de 53,1 pour cent dans le sud pour ce même groupe) et les sexes (8,1 pour cent de la population active masculine, mais 18,7 pour cent de celle des femmes étaient au chômage en 1987). La commission espère que le gouvernement renforcera son action dans le sens de la promotion des objectifs de la convention tels qu'énoncés à l'article 1, en précisant les difficultés particulières rencontrées pour les atteindre et la mesure dans laquelle elles ont été surmontées. Elle saurait gré au gouvernement de continuer à fournir des informations sur les politiques du marché de l'emploi, et notamment sur les mesures destinées à équilibrer l'offre et la demande de travail sur les plans professionnel et géographique, y compris les mesures d'ajustement de la main-d'oeuvre aux changements structurels, ainsi que les mesures destinées à satisfaire les besoins de catégories particulières de travailleurs. Elle espère aussi que le prochain rapport sera complété par des informations sur les politiques globales et sectorielles de développement poursuivies, y compris les politiques et mesures relatives au développement régional équilibré, ainsi que sur la manière de garantir que les effets à l'égard de l'emploi des mesures pour promouvoir le développement économique, ou d'autres objectifs économiques et sociaux, soient pris en considération (article 2). Enfin, la commission serait reconnaissante au gouvernement de fournir toutes informations supplémentaires pertinentes apportant des précisions quant à la portée et aux résultats des consultations, au sujet des politiques de l'emploi, avec les représentants des divers milieux intéressés par les mesures à prendre (article 3).

Observation (CEACR) - adoptée 1990, publiée 77ème session CIT (1990)

1. La commission a pris note des informations communiquées par le gouvernement dans son rapport pour la période se terminant le 30 juin 1988. La politique de promotion de l'emploi se développe dans deux directions principales: l'assouplissement du fonctionnement du marché du travail, l'élargissement des fonctions et responsabilités du service de l'emploi. Ainsi, les mesures prises par le gouvernement visent-elles à faciliter l'accès au marché du travail et à renforcer les structures d'insertion des travailleurs, en particulier des jeunes et des femmes en quête d'un premier emploi. Le gouvernement a fourni dans son rapport des informations, en réponse aux commentaires antérieurs de la commission, sur l'impact des programmes adoptés en termes de personnes bénéficiaires.

2. Plus précisément, dans le cadre des mesures concernant la flexibilité du marché du travail, référence est faite à diverses actions normatives. La loi no 863 du 19 décembre 1984 introduit de nouvelles formules comme les "contrats de solidarité", qui résultent d'accords entre entreprises et organisations de travailleurs portant sur une réduction stable et programmée du temps de travail et des rémunérations, dans le but d'éviter la suppression des postes de travail ou d'en créer de nouveaux. La loi no 863 prévoit également des contrats de "formation-travail" permettant d'embaucher des jeunes pour une période maximale de vingt-quatre mois au cours de laquelle l'employeur s'engage à fournir, outre une rémunération correspondante, une formation professionnelle conséquente. Entre 1985 et 1987, 700.000 personnes ont bénéficié de ce type de contrat. La loi no 863 avait aussi pour objectif de valoriser le recours au travail à temps partiel, mais le gouvernement fait état d'une résistance notable des travaillleurs vis-à-vis de ce type d'emplois dont les statistiques confirment l'importance relativement limitée dans l'emploi total. Plus récemment, d'autres mesures ont été adoptées, avec notamment l'objectif de redresser les inégalités cumulées de l'âge, du sexe, de la région. La loi no 44 du 28 février 1986 vise à promouvoir la création, dans le Mezzogiorno, d'entreprises et de coopératives par les jeunes. En juin 1988, 185 projets avaient été approuvés auxquels correspondaient 3.281 emplois. La loi no 113 du 11 avril 1986 vise l'insertion des jeunes, des femmes et des handicapés en chômage de longue durée, en favorisant leur embauche grâce à des dégrèvements fiscaux; le rapport indique que, dans le cadre des "contrats-formation" prévus par cette loi, il a été possible d'embaucher 16.492 jeunes à la date du 31 décembre 1987. Des contributions directes ont été prévues dans la loi de finances no 67 du 11 mars 1988 pour les entreprises manufacturières, d'artisanat et les coopératives qui engageraient entre 1988 et 1992 des travailleurs avec des contrats de durée portant sur une période indéterminée; la loi prévoit également le financement d'initiatives locales concernant des travaux d'utilité collective à réaliser dans le Mezzogiorno.

3. En second lieu, dans le cadre des mesures visant à renforcer le service de l'emploi, la commission note la création d'une direction générale pour l'observation du marché du travail par la loi no 56 du 28 février 1987 relative à l'organisation du marché du travail, avec pour fonction de coordonner l'information et les données statistiques sur l'emploi; des commissions régionales pour l'emploi, instituées auprès des bureaux régionaux du travail et de la main-d'oeuvre, sont chargées de la gestion du marché du travail; des agences pour l'emploi sont créées dans les zones particulièrement touchées par le chômage.

4. En outre, la commission a pris note des observations de la Confédération générale de l'agriculture italienne (CONFAGRICOLTURA) et de l'Association syndicale des entreprises pétrochimiques du secteur public (ASAP), transmises par le gouvernement dans son rapport. La CONFAGRICOLTURA, qui se déclare consciente de la gravité du problème du chômage, et de son acuité grandissante, se réfère à la contribution apportée par les mesures prises en application de la convention collective du travail pour le secteur agricole, et souligne l'intérêt des dispositions de la loi no 56 permettant aux commissions régionales pour l'emploi de se charger de l'application, aux niveaux régional et local, des mesures de placement et des études sur le marché du travail. L'ASAP, pour sa part, signale que l'application régulière et satisfaisante des mesures relatives à la création d'entreprises par les jeunes, en particulier dans la partie sud du pays (le Mezzogiorno), s'est heurtée à des difficultés d'ordre bureaucratique; elle attire aussi l'attention plus spécialement, entre autres considérations, sur l'importance de la formation et, surtout, de l'orientation professionnelles.

5. La commission note les efforts déployés par le gouvernement, qui consacre une partie importante et croissante des aides publiques à des actions en faveur notamment des régions et groupes de population défavorisés (le sud du pays, le Mezzogiorno, et les jeunes notamment), pour promouvoir une politique active de l'emploi, en consultation avec les représentants des milieux intéressés. Elle est toutefois conduite à faire un constat analogue à celui de sa précédente observation de 1988, à savoir que, selon toute apparence, les mesures prises n'ont pas jusqu'à maintenant permis de redresser une situation de l'emploi qui reste préoccupante. Malgré la croissance soutenue de la production, le rythme de la création d'emplois n'a pas été suffisant entre 1986 et 1988 pour faire reculer le chômage dont le taux s'élevait à 12-12,1 pour cent en 1987 et 1988, selon les données de l'OCDE. Des écarts considérables continuent de s'observer entre les régions (le sud avait un taux de chômage de 19,2 pour cent en 1987 contre 8,4 pour cent dans les régions industrialisées du nord et du centre), les groupes d'âge (avec des taux de chômage national de 35,6 pour cent pour les 14-25 ans, et de 53,1 pour cent dans le sud pour ce même groupe) et les sexes (8,1 pour cent de la population active masculine, mais 18,7 pour cent de celle des femmes étaient au chômage en 1987). La commission espère que le gouvernement renforcera son action dans le sens de la promotion des objectifs de la convention tels qu'énoncés à l'article 1, en précisant les difficultés particulières rencontrées pour les atteindre et la mesure dans laquelle elles ont été surmontées. Elle saurait gré au gouvernement de continuer à fournir des informations sur les politiques du marché de l'emploi, et notamment sur les mesures destinées à équilibrer l'offre et la demande de travail sur les plans professionnel et géographique, y compris les mesures d'ajustement de la main-d'oeuvre aux changements structurels, ainsi que les mesures destinées à satisfaire les besoins de catégories particulières de travailleurs. Elle espère aussi que le prochain rapport sera complété par des informations sur les politiques globales et sectorielles de développement poursuivies, y compris les politiques et mesures relatives au développement régional équilibré, ainsi que sur la manière de garantir que les effets à l'égard de l'emploi des mesures pour promouvoir le développement économique, ou d'autres objectifs économiques et sociaux, soient pris en considération (article 2). Enfin, la commission serait reconnaissante au gouvernement de fournir toutes informations supplémentaires pertinentes apportant des précisions quant à la portée et aux résultats des consultations, au sujet des politiques de l'emploi, avec les représentants des divers milieux intéressés par les mesures à prendre (article 3).

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