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- 564. L'Union internationale des travailleurs de l'alimentation et
- des
- branches connexes (UITA) a formulé des allégations relatives
- à la violation
- des droits syndicaux par le gouvernement des Philippines,
- dans une
- communication datée du 12 octobre 1987. Elle a fourni
- d'autres informations
- dans des lettres des 5 avril et 20 septembre 1988. Le
- gouvernement a
- communiqué ses observations sur les allégations en question
- dans des
- communications du 14 avril et du 13 mai 1988.
- 565. Les Philippines ont ratifié la convention (no 87) sur la
- liberté
- syndicale et la protection du droit syndical, 1948, et la
- convention (no 98)
- sur le droit d'organisation et de négociation collective, 1949, et
- la
- convention (no 141) sur les organisations de travailleurs
- ruraux, 1975.
A. Allégations du plaignant
A. Allégations du plaignant
- 566. Dans sa communication du 12 octobre 1987, l'UITA
- allègue que, le 4
- juillet 1987, M. Amado Cayao, président de section de la
- Fédération nationale
- des travailleurs de l'industrie sucrière - alimentation et
- commerce général
- (NFSW-FGT), affiliée locale de l'UITA, a été assassiné près de
- son domicile.
- Selon l'UITA, cet assassinat fait partie des actes incessants de
- violence,
- d'intimidation et de harcèlement exercés à l'encontre des
- membres et des
- dirigeants de la NFSW-FGT, apparemment par des unités des
- forces armées des
- Philippines et par diverses organisations paramilitaires.
- 567. L'UITA communique un rapport établi par son affiliée qui
- décrit la
- répression dont ont été l'objet les travailleurs ruraux de l'île
- Negros. Selon
- ce document, trois travailleurs, organisateurs actifs de la
- partie septentrionale de l'île Negros, ont été tués sans pitié par
- des groupes
- armés qui seraient soutenus par certains minotiers-planteurs et
- par l'armée.
- Il s'agit de: Uldarico Antojado, Anecito Emalay et Moreto
- Pastidio. Or MM.
- Antojado et Emalay avaient dirigé une grève de dix-sept jours
- qui s'est
- déroulée en avril 1986, le premier aurait été capturé par
- plusieurs hommes
- armés; son cadavre mutilé a été trouvé plus tard dans un
- champ de canne à
- sucre. Le second aurait été attaqué et tué par balles devant
- plusieurs
- passagers, alors qu'il se rendait en bus à San Carlos City. Le
- troisième
- aurait été tué par des membres d'un groupe armé pour la seule
- raison qu'il
- appartenait à la NFSW-FGT.
- 568. Selon le document, malgré les dépositions de témoins
- oculaires, les
- groupes armés responsables de ces tueries de 1986 sont
- toujours en liberté et
- terrorisent, en toute impunité, les travailleurs syndiqués de
- l'industrie
- sucrière. D'après le document, la proclamation du présent
- gouvernement de
- faire des droits de l'homme la pierre angulaire de sa politique
- sociale n'a
- rien changé à la situation dans les campagnes aux Philippines.
- Dans l'île
- Negros, les travailleurs syndiqués qui critiquent les structures
- sociales
- injustes et la répression politique sont étiquetés comme étant
- des communistes
- et font l'objet d'une autre propagande négative, notamment de
- la part des
- propriétaires terriens. Le document donne une liste des
- brutalités subies par
- d'autres membres de la NFSW-FGT en 1987: Rodrigo
- Villacuatro a été tué par des
- membres des groupes indépendants armés opérant dans la
- région de Toboso; en
- février, trois autres membres de la fédération ont été arrêtés
- dans les villes
- de Sitio, Hilumunan et Kabankalan par le septième bataillon
- d'infanterie sans
- qu'aucune accusation n'ait été portée contre eux; en avril, 12
- membres ont été
- arrêtés arbitrairement par le onzième bataillon d'infanterie au
- cours d'une
- embuscade dressée par les troupes gouvernementales dans le
- cadre de la
- guérilla et ont été relâchés le jour suivant après interrogation;
- le 17 mai,
- deux organisateurs, Francisco et Joseph Guillermo, ont été
- gravement blessés
- par balles sur le chemin de leur domicile dans un champ de
- canne à sucre dans
- la ville de Magalona; le 28 mai, neuf membres de la fédération
- (Jesus
- Quanteros, Narciso Malalay, Marly Malalay, Wilfredo Baruca,
- Nerissa Bantista,
- Carmen Malalay, appartenant tous à la plantation de Longga,
- et Leopoldo
- Oliveras, Mondejar Dominado et M. Antonio, de la plantation
- de Mandaya) ont
- été arrêtés et emprisonnés par le onzième bataillon d'infanterie
- à Canlaon
- City parce qu'ils étaient soupçonnés d'appartenir à la nouvelle
- armée
- populaire (NPA), et tous, à l'exception de Nerissa Bantista
- (âgée de 12 ans,
- détenue à la Castellana pour faire le ménage des soldats) ont
- été relâchés par
- la suite; le 3 juin, quatre membres de la fédération (Persie
- Moyong, Emmanuel
- Genoves, Edgar Ostan et Eduardo Ostan Snr.) ont été arrêtés
- par le onzième
- bataillon à Camansi et tous, à l'exception de M. Genoves, ont
- été relâchés
- après intervention de l'avocat de la NFSW auprès du
- commandant du bataillon;
- le 22 juin, Mme Prima Balaud, veuve de Tito Balaud,
- organisateur du syndicat,
- et quatre autres membres de la NFSW (Belinda Balaud,
- Mariano Yunson, Arguiles
- Yunson et Rebecca Yunson) ont été arrêtés par le septième
- bataillon
- d'infanterie et relâchés plus tard, après avoir été interrogés, à
- la condition
- qu'ils se présentent chaque semaine au détachement de
- Kabankalan; le 25 juin,
- Romeo Bulina, vice-président du syndicat, et quatre autres
- syndicalistes
- (Romeo Tenessa, Rod Tenessa, Clarita Salde et Joel Estrella)
- ont été réveillés
- par des soldats qui les accusaient de soutenir les rebelles et ils
- sont encore
- détenus par les militaires; le 28 juin, trois membres de la
- fédération (Arturo
- Mandiruya, Ruby Sanse et Virgilio Sardon) ont été retenus
- brièvement par le
- sixième bataillon d'infanterie de la ville d'Isabela. Le rapport
- donne des
- détails sur l'assassinat, le 4 juillet, du président de section,
- Amado Cayao,
- dont le corps a été retrouvé criblé de balles à côté d'un champ
- de canne à
- sucre, près de son domicile. Des témoins oculaires auraient
- aperçu huit hommes
- armés, vêtus d'uniformes de camouflage, qui tiraient à la
- mitraillette près
- des maisons des travailleurs.
- 569. Le document décrit également le harcèlement dont ont
- fait l'objet les
- travailleurs ruraux au cours de la même période pour qu'ils
- n'adhèrent pas à
- la NFSW. Selon le document, lors des négociations avec le
- gouvernement et les
- représentants militaires au sujet des actes de violence
- perpétrés sur l'île
- Negros, la question de la violation des droits de l'homme a été
- éludée par les
- militaires qui ont parlé de mesures anticommunistes et
- 570. Le plaignant joint également une liste intitulée "victimes
- d'opérations
- militaires" qui donne le détail des dommages matériels subis
- par les habitants
- et sur leurs biens (en particulier l'incendie et le mitraillage de
- leur
- maison, et le vol de buffles et plus généralement de bétail)
- dans les villes
- suivantes: Binalbagan, Himamaylan, La Castellana, La Carlota
- City et
- Pontevedra.
- 571. Dans sa communication du 5 avril 1988, l'UITA allègue,
- en outre, que
- des mesures de répression ont été prises en janvier et février
- 1988 contre des
- membres de la NFSW-FGT, fédération qui lui est affiliée:
- Carmelina Cornelio de
- New Escalante a été harcelée et malmenée par la police le 6
- janvier. En outre,
- toujours selon le document, 32 personnes dont les noms sont
- cités ont été
- arrêtées et/ou emprisonnées arbitrairement par des
- détachements de police
- (voir annexe).
- 572. Dans sa lettre du 20 septembre 1988, l'UITA allègue
- 1988, José "Joe" Tampico, membre du comité exécutif et chef
- de la commission
- éducative du NFSW, a été assassiné alors qu'il participait à
- une manifestation
- à Bacolod. Elle a fait état de sa vive préoccupation face à la
- détérioration
- de la situation aux Philippines et indiqué que le gouvernement
- n'est pas à
- même d'appliquer les conventions nos 87 et 98 qu'il a ratifiées.
- Les coupures
- de presse jointes à la lettre font état de ce que M. Tampico a
- été tué par des
- suspects de la nouvelle armée du peuple dénommés "Sparrow
- gunmen".
- B. Réponse du gouvernement
- 573. Dans sa lettre du 14 avril 1988, le gouvernement
- déclare que le
- Département du travail et de l'emploi a enquêté sur les cas
- précis de
- violation des droits de l'homme dénoncés par l'UITA, mais qu'il
- a eu des
- difficultés à obtenir des informations auprès des diverses
- institutions
- intéressées, en raison de la réorganisation en cours au sein de
- l'armée et du
- gouvernement lui-même.
- 574. Il indique que la Commission des droits de l'homme des
- Philippines a
- été saisie de plaintes présentées par deux seulement des
- victimes alléguées
- mentionnées dans le document de la NFSW-FGT, à savoir
- Aldarico Antojado et Mme
- Balaud. Le cas de M. Antojado a été examiné par la
- commission, et le tribunal
- régional de San Carlos City est actuellement saisi d'une plainte
- officielle à
- cet égard. Les militaires qui seraient impliqués dans le cas de
- Mme Balaud ont
- été identifiés et placés sous contrôle au siège de la
- gendarmerie des
- Philippines dans le Camp Delgado, à Iloilo City, dans le cadre
- de
- l'instruction pénale et de l'action judiciaire qui doit suivre. Le
- cas des
- autres victimes, en particulier l'assassinat allégué d'Amado
- Cayao, pour
- lesquelles ni les avocats, ni les membres de la famille n'ont
- déposé de
- plainte officielle, font cependant l'objet d'une enquête
- entreprise par le
- bureau régional de la commission. La Commission des droits de
- l'homme des
- Philippines est saisie d'environ 30 cas survenus dans la région
- occidentale de
- l'île Negros; il s'agit d'allégations relatives à la violation des
- droits de
- l'homme dont sont victimes des ouvriers agricoles des régions
- de Kabankalan,
- Himamaylan, La Castellana, La Carlota City, Pontevedra et
- Binalbagan;
- toutefois, les noms des plaignants ne sont pas ceux qui
- figurent sur la liste
- communiquée dans le présent cas et ils ne leur ressemblent
- pas. La commission
- poursuit son enquête sur ces cas.
- 575. Le gouvernement déclare qu'il a donné des instructions
- au bureau
- régional du Département du travail (qui a juridiction sur la
- région où les
- meurtres et les mesures de harcèlement ont eu lieu) pour qu'il
- conduise une
- enquête au sujet du rapport de la NFSW-FGT. Ce bureau
- s'efforce actuellement
- de rassembler les preuves qui permettront de clarifier la
- situation. Il
- ressort des premières réactions recueillies auprès du
- commandement provincial
- de la gendarmerie des Philippines que certains des
- responsables et des membres
- de la NFSW sont impliqués dans des activités
- insurrectionnelles. Il a été
- allégué que certains d'entre eux sont non seulement des
- sympathisants mais
- également des membres du Parti communiste des Philippines.
- Le gouvernement
- s'efforce également de soulever la question des différentes
- plaintes lors de
- ses contacts avec les commandants militaires de province des
- régions en cause.
- Ces plaintes seront également inscrites à l'ordre du jour de la
- réunion du
- Conseil régional des relations professionnelles des régions
- intéressées.
- 576. De même, l'allégation relative à l'implication de groupes
- armés ou de
- prétendus "vigilants" fera l'objet d'une enquête. Selon le
- gouvernement, le
- nombre des incidents violents fomentés par les insurgés ou les
- terroristes
- s'est accru de façon alarmante, ce qui a entraîné la
- prolifération spontanée
- de groupes volontaires d'autodéfense civile des collectivités
- contre les
- criminels et autres éléments hors-la-loi. Afin d'assurer que ces
- groupes
- volontaires respectent la loi et les droits de l'homme, des
- directives
- concernant leur formation et leurs fonctions ont été publiées le
- 30 octobre
- 1987. Ces directives stipulent notamment que: 1) les groupes
- volontaires
- doivent servir exclusivement à l'autodéfense et à la protection;
- 2) l'adhésion
- à ces groupes doit être purement volontaire et faire l'objet d'un
- contrôle
- approfondi afin d'éliminer les éléments criminels; 3) ces
- groupes ne doivent
- mener aucune activité contraire à la loi et tout membre qui
- commet une
- infraction punissable par la loi doit être poursuivi en
- conséquence. Ces
- groupes ne sont pas non plus habilités à agir contre les
- groupes qui les
- menacent, sauf dans le cadre de leur droit d'autodéfense. Un
- mécanisme de
- contrôle a également été créé pour veiller à l'application des
- directives et
- des garanties. Selon le gouvernement, ces directives visent à
- assurer que les
- groupes volontaires d'autodéfense civile ne commettent aucun
- abus, que les
- victimes ou les plaignants reçoivent justice, que les
- contrevenants fassent
- l'objet d'une enquête et soient traduits en justice lorsqu'ils le
- méritent. Le
- gouvernement fournit une copie des directives en question.
- 577. Le Département du travail et de l'emploi enquête
- actuellement en
- coordination avec le Département de la défense nationale, le
- Département des
- gouvernements locaux et du développement communautaire,
- ainsi qu'avec les
- unités appropriées de l'armée sur les allégations relatives à
- l'arrestation,
- au harcèlement et à la disparition des autres personnes citées
- dans la
- plainte. Il tiendra le comité informé de l'évolution de cette
- question.
- 578. Le gouvernement souligne qu'il s'efforce d'améliorer le
- sort des
- travailleurs, de protéger et de faire respecter leurs droits de
- s'organiser et
- de négocier collectivement. Il explique que la Constitution de
- 1986 des
- Philippines, qui a été ratifiée par 70 pour cent du peuple
- philippin, prévoit
- expressément l'octroi d'une protection totale à la
- main-d'oeuvre, tant sur le
- plan local qu'à l'étranger, que cette main-d'oeuvre soit
- syndiquée ou non. Il
- souligne que, avant même la promulgation de ladite
- Constitution, la Présidente
- Aquino avait promulgué l'arrêté exécutif no 111 qui modifiait ou
- supprimait
- les dispositions du Code du travail, qui tendaient à restreindre
- les droits
- des travailleurs et de leurs syndicats. Une révision de la
- législation du
- travail est actuellement en cours en vue de l'aligner sur les
- dispositions de
- la nouvelle Constitution et les objectifs des programmes
- gouvernementaux qui
- visent à promouvoir le bien-être économique et social de la
- population.
- 579. En conclusion, le gouvernement indique qu'il s'efforce
- de même de faire
- respecter et de respecter les libertés civiles et les droits de
- l'homme.
- Ainsi, le Comité présidentiel des droits de l'homme a été créé
- environ un mois
- après l'installation du nouveau gouvernement en 1986. Le
- comité est chargé
- d'enquêter sur les cas de disparitions inexpliquées ou forcées,
- les
- assassinats, les massacres, les tortures, les blocages de
- produits
- alimentaires et autres violations des droits de l'homme, dont la
- justice n'a
- pas été saisie, ainsi que de proposer des procédures et des
- sauvegardes visant
- à éviter que les droits de l'homme ne soient violés par des
- responsables ou
- des agents du gouvernement, ou par des personnes agissant
- en leur nom ou sous
- leurs ordres. La Constitution de 1986 a créé un bureau
- indépendant, la
- Commission des droits de l'homme des Philippines (CHR) pour
- enquêter,
- d'office, ou sur plainte d'une partie, sur tous les aspects des
- droits de
- l'homme. Le gouvernement fournit une copie des articles 17 à
- 19 de la
- Constitution décrivant la CHR. Le gouvernement réaffirme qu'il
- adhère au
- principe du syndicalisme libre et qu'il s'engage à protéger et à
- faire
- respecter les droits des travailleurs. Il relève qu'il a fallu deux
- ans au
- pays pour instaurer les institutions démocratiques: un
- Président, une Cour
- suprême et un Congrès, et précise qu'il lui faudra plusieurs
- années encore
- pour restaurer la démocratie dans tous les aspects de la vie
- sociale des
- Philippins.
- 580. Dans sa communication du 13 mai 1988, le
- gouvernement indique que,
- d'après les dossiers de la Commission des droits de l'homme
- des Philippines,
- ni la NFSW ni les membres de la famille d'Amado Cayao n'ont
- déposé plainte
- contre les militaires qui seraient les auteurs présumés de son
- assassinat.
- Cependant, la commission a, d'office, mené une enquête sur
- ce cas. Le
- Département du travail coopère étroitement avec cet
- organisme et a également
- demandé au commandant militaire de la province de Bacolod
- d'enquêter. Le
- gouvernement s'engage à informer le comité des résultats de
- ces enquêtes dès
- qu'il les connaîtra.
C. Conclusions du comité
C. Conclusions du comité
- 581. Le comité relève que les graves allégations présentées
- dans le présent
- cas concernent des mesures de représailles exercées par des
- groupes militaire
- et paramilitaire à l'encontre de membres de l'affiliée locale du
- plaignant qui
- cherchaient à exercer leurs fonctions syndicales dans la
- province de Negros.
- Ces allégations sont les suivantes: 1) morts violentes de
- dirigeants syndicaux
- et de syndicalistes (Uldarico Antojado, Anecito Emalay, Moreto
- Pastidio, en
- 1986; Rodrigo Villa Cuatro et Amado Cayao, en 1987; José
- 1988); 2) blessures (Francisco et Joseph Guillermo, le 17 mai
- 1987); 3)
- arrestations et détentions arbitraires (Jesus Quanteros, Narciso
- Malalay,
- Marly Malalay, Wilfredo Baruca, Nerissa Bautista, Carmen
- Malalay, Leopoldo
- Oliveras, Mondejar Dominado, Mr. Antonio Persie Moyang,
- Emmanuel Genoves,
- Edgar Ostan, Eduardo Ostan Sr., Prima Balaud, Belinda
- Balaud, Mariano Yunson,
- Arguiles Yunson, Rebecca Yunson, Romeo Bulina, Romeo
- Tenessa, Rod Tenessa,
- Clarita Salde, Joel Estrella, Arturo Mandiruya, Ruby Sanse,
- Virgilio Sardon),
- sept des personnes en question sont encore détenues
- (Nerissa Nautista, âgée de
- 12 ans, Emmanuel Genoves, Romeo Bulina, Romeo et Rod
- Teressa, Clarita Salde,
- Joel Estrella).
- 582. Certaines allégations ont trait à la destruction ou à
- l'endommagement
- des maisons et des biens des travailleurs ruraux et aux
- arrestations et
- détentions arbitraires de 32 personnes liées à la NFSW-FGT
- sans qu'il soit
- précisé si les actes incriminés étaient liés aux activités
- syndicales des
- intéressés.
- 583. Le comité observe tout d'abord qu'il ressort de la
- réponse du
- gouvernement que, dans certains cas, les arrestations des
- responsables et des
- membres de la NFSW n'étaient en rien liées à leurs fonctions
- syndicales, mais
- à de prétendues activités insurrectionnelles et à leur
- appartenance à des
- organisations rebelles ou politiques interdites. Les allégations
- de cette
- nature ne relèvent pas de la compétence du comité. (Recueil
- de décisions et de
- principes du Comité de la liberté syndicale, 1985, paragr. 201.)
- Cependant, le
- comité a toujours pris soin d'indiquer, dans des situations de ce
- genre, que
- certaines mesures qui, bien qu'étant de nature politique et
- n'ayant pas pour
- but de restreindre les droits syndicaux comme tels, risquent
- néanmoins d'être
- appliquées de telle manière que l'exercice de ces droits soit
- affecté.
- (Recueil, paragr. 197.) Le comité souhaiterait donc que le
- gouvernement
- fournisse davantage de renseignements sur les raisons qui ont
- motivé les
- arrestations des personnes dont la liste a été communiquée
- par le plaignant et
- sur les chefs d'inculpation retenus contre les sept personnes
- qui sont encore
- détenues.
- 584. Le comité se félicite du fait qu'un organisme
- indépendant et de haut
- niveau - la Commission des droits de l'homme des Philippines
- (CHR) - a été
- chargé d'enquêter sur les cas de violation des droits de
- l'homme allégués dans
- la plainte, en particulier sur le meurtre d'Amado Cayao. Le
- comité relève, à
- cet égard, que la CHR a déjà enquêté sur deux affaires
- mentionnées par le
- plaignant, et que l'enquête en question a conduit, dans le cas
- du décès de M.
- Antojado, à l'ouverture d'une action devant le tribunal de San
- Carlos City et,
- dans le cas de l'arrestation de Mme Balaud, à l'inculpation de
- certains
- militaires. Le comité espère que le gouvernement lui fera part
- des décisions
- finales du tribunal au sujet des cas de M. Antojado et de Mme
- Balaud, et qu'il
- lui fournira des informations sur l'évolution de l'enquête menée
- par la CHR
- sur les allégations formulées par la NFSW-FGT au sujet des
- décès, des
- blessures, des arrestations et des détentions arbitraires de
- dirigeants
- syndicaux et de syndicalistes de la province de Negros.
- 585. De même, le comité souhaiterait que le gouvernement
- lui fournisse des
- précisions sur le fonctionnement et l'efficacité de la CHR.
- Ainsi, il ressort
- clairement de la Constitution que la CHR peut demander
- l'assistance de tout
- département ou de toute institution pour exercer ses fonctions,
- mais aucune
- explication n'est donnée quant à ses relations avec le Bureau
- national
- d'enquête et les tribunaux pénaux ordinaires ou militaires; il
- n'est pas non
- plus précisé si les enquêtes de police sont suspendues durant
- les enquêtes de
- la CHR. Le comité tient à rappeler, à cet égard, que les
- syndicalistes détenus
- doivent, à l'instar des autres personnes, bénéficier d'une
- procédure
- judiciaire régulière et avoir le droit à une bonne administration
- de la
- justice, à savoir notamment, être informés des accusations qui
- pèsent contre
- eux, disposer du temps nécessaire à la préparation de leur
- défense,
- communiquer sans entrave avec le conseil de leur choix et
- être jugés sans
- retard (par une autorité judiciaire impartiale et indépendante).
- (Recueil,
- paragr. 110.) Le comité a en fait insisté sur l'importance qu'il
- attache à ce
- que, dans tous les cas, y compris lorsque des syndicalistes
- sont accusés de
- délits politiques ou criminels que le gouvernement considère
- comme étrangers à
- leurs activités syndicales, les personnes en question soient
- jugées
- promptement par une autorité judiciaire impartiale et
- indépendante. (Recueil,
- paragr. 113.)
- 586. Quant à l'allégation relative au rôle joué par des groupes
- de vigilants
- dans le harcèlement et la répression de syndicalistes dans les
- zones rurales
- de la province de Negros, le comité prend note des directives
- détaillées que
- le gouvernement a promulguées en octobre 1987 afin de
- limiter les activités de
- ces groupes à une autodéfense non agressive et d'éviter qu'ils
- n'enfreignent
- la loi. Il ressort de l'exemplaire des directives qui a été
- communiqué que,
- non seulement un rapport mensuel doit être adressé
- régulièrement au chef du
- personnel des forces armées, avec l'indication des noms des
- dirigeants des
- groupes en question, de l'endroit où se trouvent les membres
- de ces groupes et
- des noms des membres de ces groupes qui détiennent des
- armes, mais qu'il
- existe, en outre, une sous-commission interinstitutions qui
- dispose de
- sous-comités régionaux de contrôle, habilités à enquêter sur
- les plaintes
- relatives aux abus que pourraient commettre ces groupes. Le
- gouvernement ne
- précise pas dans sa réponse si cet organisme de contrôle a
- été saisi de l'un
- ou de l'autre des incidents dénoncés par le plaignant, mais il
- fait état
- d'enquêtes menées en collaboration par les Départements du
- travail et de
- l'emploi, de la défense nationale, des gouvernements locaux et
- du
- développement communautaire ainsi que les unités
- appropriées de l'armée. Le
- comité demande au gouvernement de le tenir informé des
- résultats de ces
- enquêtes, et de préciser notamment si des membres des
- groupes volontaires
- d'autodéfense civile sont reconnus, en fait, comme les auteurs
- des actes de
- violence commis sur des personnes et des biens dans la
- province de Negros,
- ainsi qu'il est indiqué par le plaignant, et de lui fournir des
- précisions sur
- les accusations portées et les procès qui ont eu lieu.
- 587. Le comité prend dûment note de l'engagement pris par
- le gouvernement de
- protéger les droits des travailleurs et est convaincu que c'est
- cet esprit qui
- permettra à toutes les parties intéressées de mener, en temps
- opportun, des
- enquêtes impartiales sur les allégations formulées par le
- plaignant, de sorte
- que le comité puisse disposer de toutes les informations
- nécessaires pour
- pouvoir procéder à un examen approfondi du cas.
Recommandation du comité
Recommandation du comité
- 588. Au vu des conclusions intérimaires qui précèdent, le
- comité invite le
- Conseil d'administration à approuver les recommandations
- suivantes:
- a) En ce qui concerne les meurtres, blessures et arrestations
- et détentions
- arbitraires qui, selon les allégations, auraient été perpétrés par
- l'armée
- contre des dirigeants syndicaux et des syndicalistes dans les
- régions rurales
- de la province de Negros, le comité demande au
- gouvernement de le tenir
- informé de l'issue des procès ouverts dans les cas Antojado et
- Balaud, ainsi
- que des résultats des enquêtes menées par la Commission
- philippine des droits
- de l'homme sur les autres incidents mentionnés par le
- plaignant. Il demande en
- outre au gouvernement de fournir des renseignements sur les
- raisons qui ont
- motivé les arrestations des personnes dont la liste a été
- communiquée par le
- plaignant et sur les chefs d'inculpation retenus contre les sept
- personnes qui
- sont encore détenues.
- b) Il demande au gouvernement de fournir ses observations
- sur la dernière
- allégation des plaignants concernant le meurtre d'un dirigeant
- syndical, le 3
- juillet 1988 à Bacolod, au cours d'une manifestation syndicale.
- c) Quant aux actes violents de harcèlement qui, selon les
- allégations,
- auraient été perpétrés par des groupes paramilitaires dans ces
- régions
- rurales, le comité demande au gouvernement de lui fournir des
- informations sur
- les enquêtes menées en collaboration par divers départements
- publics et par
- l'armée au sujet de ces allégations, y compris s'il a été recouru,
- à cet
- égard, aux dispositions prévues dans les directives concernant
- le contrôle des
- groupes volontaires d'autodéfense civile.
- d) Plus généralement, le comité demande au gouvernement
- de lui fournir des
- précisions sur les procédures suivies par la Commission des
- droits de l'homme
- des Philippines récemment créée et sur leurs suites.
Z. ANNEXE
Z. ANNEXE
- Allégations concernant des arrestations et des détentions
- effectuées par la
- police en janvier et février 1988
- 1 Martin Monarca, Consuelo, La Carlota City (libéré le
- 141.1988).
- 2 Rolando Villamor, Sitio Biernesan, Pinapugasan, New
- Escalante.
- 3 Perlito Mahilom, Sitio Biernesan, Pinapugasan, New
- Escalante.
- 4 Audie Velasco, Maria Jose Farm, Magalona (libérées le
- 121.1988).
- 5 Edwin Bargamento, Emma Farm, Manapla (libérés le
- 121.1988).
- 6 Bienvenido Sagal, Sitio Biernesan, Pinapugasan, New
- Escalante.
- 7 Larry Durimon, Sitio Biernesan, Pinapugasan, New
- Escalante.
- 8 Dionesio Guinsatao, Pontevedra (disparu depuis le
- 132.1988).
- 9 Romulo Lauriano.
- 10 Edwin Jacosalem.
- 11 Joseph Bentic.
- 12 Fred Guillema.
- 13 Belle Meniale.
- 14 Agustin Jovenes (libéré le 29.1.1988).
- 15 Willy Alcantara.
- 16 Rene Pelayo.
- 17 Rodrigo Aquino.
- 18 Francisco Alcantara.
- 19 Salvador Piorato.
- 20 Eugene Lachica.
- 21 Romeo Eder.
- 22 Cresenciano Palermo.
- 23 Roberto Apuhen, Benitin Farm Murcia.
- 24 Alan Aligno.
- 25 Linda Sotomayor.
- 26 Henry Norbes.
- 27 Carlito Norbes.
- 28 Rodolfo Samson.
- 29 Nilo Dayapan.
- 30 Daniel Dayapan.
- 31 Edwin Quitchon.
- 32 Pedrico Topic (libéré le 5.2.1988).