Allégations: A l’origine, les organisations plaignantes ont allégué que la
réforme de la législation de la fonction publique a été élaborée sans que les organisations
de travailleurs n’aient été dûment consultées, ce qui contribue à l’aggravation de la
législation existante sur la fonction publique et au maintien des restrictions imposées aux
droits syndicaux fondamentaux des fonctionnaires, sans compensation appropriée. Après des
consultations à grande échelle, elles exigent maintenant des garanties rapides de leurs
droits syndicaux fondamentaux
- 328. Le comité a déjà examiné ce cas quant au fond à huit occasions, la
dernière fois lors de sa réunion de mars 2013, au cours de laquelle il a présenté un
rapport intérimaire au Conseil d’administration. [Voir 367e rapport, paragr. 814-850,
approuvé par le Conseil d’administration à sa 317e session (mars 2013).]
- 329. La Confédération japonaise des syndicats (JTUC-RENGO) (cas no 2177)
a présenté des informations complémentaires dans des communications en date des 29 août
2013 et 6 janvier 2014. La Confédération nationale des syndicats (ZENROREN) (cas
no 2183) a présenté des informations complémentaires dans une communication en date du
6 novembre 2013.
- 330. Le gouvernement a envoyé ses observations dans une communication en
date du 11 avril 2014.
- 331. Le Japon a ratifié la convention (no 87) sur la liberté syndicale et
la protection du droit syndical, 1948, ainsi que la convention (no 98) sur le droit
d’organisation et de négociation collective, 1949.
A. Examen antérieur du cas
A. Examen antérieur du cas- 332. A sa réunion de mars 2013, le comité a formulé les recommandations
suivantes [voir 367e rapport, paragr. 850]:
- a) Notant que le
gouvernement indique que la nouvelle administration, qui est arrivée au pouvoir le
26 décembre 2012, fera le point sur l’avancement des réformes de la fonction
publique nationale et locale et en examinera le contenu concret, le comité prie
instamment le gouvernement de mener des consultations approfondies, franches et
constructives avec toutes les parties intéressées sur ces questions et de prendre
les mesures nécessaires pour mener à bien la réforme de la fonction publique sans
délai supplémentaire en tenant compte des recommandations du comité, cela afin de
garantir le plein respect des principes de la liberté syndicale inscrits dans les
conventions nos 87 et 98 ratifiées par le Japon, en particulier en ce qui concerne
les points suivants:
- i) reconnaître les droits syndicaux
fondamentaux aux fonctionnaires;
- ii) accorder
pleinement les droits d’organisation et de négociation collective aux
sapeurs-pompiers et au personnel pénitentiaire;
- iii)
s’assurer que les employés du secteur public qui ne sont pas commis à
l’administration de l’Etat ont le droit de négocier collectivement et de
conclure des conventions collectives et que les travailleurs, dont les droits de
négociation peuvent être légitimement restreints, bénéficient de procédures
compensatoires adéquates;
- iv) s’assurer que les
fonctionnaires qui n’exercent pas d’autorité au nom de l’Etat jouissent du droit
de faire grève, conformément aux principes de la liberté syndicale, et que les
membres et les représentants des syndicats qui exercent légitimement ce droit ne
sont pas passibles de lourdes sanctions civiles ou pénales; et
- v) déterminer la portée des questions négociables dans la
fonction publique.
- Le comité demande au
gouvernement de le tenir informé de l’avancement de toutes les questions précitées
et d’indiquer si les projets de loi sur la réforme de la fonction publique aux
niveaux national et local qui ont été présentés au Parlement avant sa dissolution
l’ont été à nouveau.
- b) Le comité demande au gouvernement
de le tenir informé du résultat des poursuites intentées par la KOKKOROREN contre la
Diète au tribunal de district de Tokyo, le 25 mai 2012, ainsi que des poursuites
intentées par les syndicats d’employés d’un certain nombre de sociétés
universitaires nationales contre la direction d’universités pour le paiement des
salaires perdus du fait des diminutions de rémunération imposées.
B. Information complémentaire fournie par les organisations plaignantes
B. Information complémentaire fournie par les organisations plaignantes- 333. Dans sa communication en date du 29 août 2013, la JTUC-RENGO indique
que si, dans le cadre de la loi portant réforme de la fonction publique nationale, le
délai pour la mise en œuvre des réformes et le fonctionnement du Centre de promotion de
la réforme de la fonction publique nationale a été fixé à juillet 2013, les projets de
loi sur la réforme de la fonction publique nationale, y compris le rétablissement des
droits syndicaux fondamentaux au travail, doivent encore être examinés par la Diète. Le
12 février 2013, le comité du budget, en réponse aux recommandations du Comité de la
liberté syndicale, a déclaré ne pas avoir l’intention de soumettre une nouvelle fois des
projets de loi qui ont déjà été rejetés par la session antérieure de la Diète.
- 334. Le 22 février 2013, le ministre en charge des réformes de la
fonction publique nouvellement nommé a créé le groupe de discussion de la «réforme de la
fonction publique du futur» qui a également étudié la création d’un système autonome de
relations professionnelles. L’Alliance des syndicats de travailleurs de la fonction
publique (APU) a été convoquée à la septième réunion le 3 juin 2013 en tant que partie
intéressée.
- 335. Le 28 juin 2013, lorsque le Centre de promotion de la réforme de la
fonction publique nationale devait être dissous, le gouvernement a approuvé le document
de politique intitulé «Réforme de la fonction publique du futur» dans le cadre du
fonctionnement du Centre. Plus spécifiquement, le gouvernement prévoit de mettre sur
pied un cadre juridique fondé sur le projet d’amendement de la loi sur la fonction
publique nationale, qui a été approuvé par le Cabinet en 2009, puis de soumettre les
projets de loi correspondants à la session extraordinaire de la Diète en automne et a
constitué un bureau national du personnel du Cabinet au printemps 2014. Le problème est
que l’on ne trouve mentionné nulle part d’une manière ou d’une autre l’établissement
d’un système autonome de relations professionnelles rétablissant les droits syndicaux
fondamentaux au travail.
- 336. La JTUC-RENGO prie instamment le comité de s’assurer que le
gouvernement mettra tout en œuvre, lorsqu’il élaborera les futures institutions, pour
mener des délibérations approfondies et adéquates avec les travailleurs et la direction
pour parvenir à un consensus. Non seulement le nouveau gouvernement a rejeté les mesures
prises par le gouvernement précédent pour réformer les systèmes juridiques afin que les
conventions nos 87 et 98, qui reconnaissent le principe de la liberté syndicale, soient
au moins respectées, mais il n’a pas non plus clairement dit qu’il prendrait des mesures
pour trouver des solutions aux problèmes mentionnés dans les recommandations de l’OIT
qui ont été communiquées au moins à huit reprises.
- 337. La JTUC-RENGO affirme en outre que, le 24 janvier 2013, s’agissant
des traitements des agents de la fonction publique locale, qui sont déterminés par
chaque gouvernement local, sur la base du principal objectif de l’autonomie locale, le
Cabinet a décidé «de demander à tous les organes publics locaux de réduire les
traitements des agents de la fonction publique locale en s’inspirant des réductions
salariales des agents de la fonction publique nationale». De même, dans le budget de
2013, le gouvernement national a unilatéralement décidé de diminuer certaines ressources
financières servant à accorder des subventions aux agents de la fonction publique locale
pour leurs impôts locaux. Les subventions pour les impôts sont des ressources
financières spécifiques dont les gouvernements locaux disposent librement. Suite à la
décision prise par le gouvernement national, les organisations syndicales, l’Association
nationale des gouverneurs, constituée des chefs des gouvernements locaux, et d’autres
groupes locaux ont vigoureusement protesté, mais la pression exercée sur les ressources
a été telle que les travailleurs ont dû subir une véritable restriction forcée, puisque
nombre de directions et de gouvernements locaux n’ont pas eu d’autre choix que de
réduire les traitements des fonctionnaires.
- 338. Au 1er juillet 2013, 826 organes gouvernementaux locaux (46,2 pour
cent) ont déjà appliqué des réductions de salaires, et 133 (7,4 pour cent) prévoient ou
se concertent en vue de le faire. Trois cent soixante-huit organes (20,6 pour cent) ont
déclaré que des réductions de salaires étaient à l’examen ou à l’étude. En revanche,
230 organes (12,9 pour cent) prévoient de ne pas réduire les salaires.
- 339. Le gouvernement national, en imposant des réductions de salaires aux
agents de la fonction publique locale, agit de façon injuste, tant sur le plan de
l’autonomie locale du gouvernement que sur le plan de l’indépendance des relations
professionnelles. La JTUC RENGO regrette profondément que le gouvernement, investi
légalement du pouvoir exécutif et habilité à soumettre des projets de loi à la Diète,
ait formulé une telle demande. Le gouvernement continue de réprimer les droits syndicaux
fondamentaux des agents de la fonction publique locale – une question de politique
législative vieille de plus de soixante ans –, mais la détermination des salaires par
l’intermédiaire de la recommandation de l’Autorité nationale du personnel (NPA) a
constitué en partie une mesure de compensation contre cette répression. Le fait que le
gouvernement ait unilatéralement fait pression pour que l’on abandonne le système des
recommandations de la NPA du personnel est un acte extrêmement grave.
- 340. Dans sa communication en date du 6 janvier 2014, la JTUC-RENGO fait
savoir en outre que, le 5 novembre 2013, le gouvernement a approuvé le projet de loi
modifiant partiellement la loi sur la fonction publique nationale (ci-après dénommé
«projet de loi du gouvernement») par décision du Cabinet, et a présenté ce projet de loi
à la 185e session extraordinaire de la Diète, réunie le 15 octobre 2013. La JTUC-RENGO
regrette que le projet de loi du gouvernement ait complètement omis d’inclure des
mesures relatives à des relations professionnelles autonomes et qu’il aille à l’encontre
des recommandations du comité et des conventions nos 87 et 98.
- 341. Le 20 novembre 2013, le parti démocratique japonais (DPJ) a présenté
à la Diète un «projet de loi sur les relations professionnelles des agents de la
fonction publique nationale» (ci-après dénommé «la contre-proposition») qui reprend le
contenu des quatre projets de loi portant sur la réforme de la fonction publique
nationale et des deux projets de loi sur la réforme de la fonction publique locale que
le DPJ avait soumis à la Diète lorsqu’il était au pouvoir.
- 342. La JTUC-RENGO indique que, le 22 novembre 2013, au cours de la
session plénière de la Chambre basse consacrée à l’examen du projet de loi du
gouvernement, le ministre en charge de la réforme de la fonction publique a déclaré:
«L’OIT a publié des recommandations concernant les restrictions aux droits syndicaux
fondamentaux des agents de la fonction publique de notre pays; mon avis est qu’elle
demande essentiellement que le gouvernement organise des discussions suffisantes avec
les parties intéressées par la réforme de la fonction publique et qu’il continue de lui
fournir des informations concernant l’évolution de la réforme.» La JTUC-RENGO craint que
l’on ne reproduise une situation signalée dans le paragraphe 651 du 329e rapport du
comité (novembre 2002) lorsqu’il a déclaré: «[Le comité] ne peut que conclure que, bien
que de nombreuses réunions se soient tenues, les vues des organisations représentatives
de fonctionnaires aux niveaux national et local ont peut-être été écoutées mais il n’y a
pas été donné suite.» La JTUC-RENGO prie donc le comité d’affirmer clairement son point
de vue définitif sur «les consultations et le dialogue avec les parties concernées» pour
empêcher la répétition d’une telle situation.
- 343. De plus, le 3 décembre 2013, durant la session ordinaire de 2014 de
la Diète, le parti libéral démocrate (LDP) au pouvoir/nouveau Komei et le DPJ de
l’opposition se sont entendus pour joindre une résolution supplémentaire au moment du
vote au comité du Cabinet. Cette résolution est rédigée comme suit: «Concernant un
système autonome de relations professionnelles, le gouvernement procédera aux échanges
de points de vue nécessaires avec l’organisation/les organisations de travailleurs dans
le cadre d’efforts visant à parvenir à un accord.»
- 344. Au cours de la 185e session extraordinaire de la Diète, l’examen du
projet de loi du gouvernement et de la contre-proposition a été reporté à la session
suivante de la Diète. Comme on peut le voir plus haut, alors qu’il a reçu huit
recommandations de l’OIT, le gouvernement n’a toujours pas présenté d’amendements
législatifs en vue d’un respect minimal des principes de la liberté syndicale inscrits
dans les conventions nos 87 et 98; il n’a pas non plus adopté de position claire sur le
règlement de cette question.
- 345. S’agissant de l’appel du gouvernement national à réduire les
traitements des agents de la fonction publique locale, les dernières informations
montrent que, en octobre 2013, 1 069 (59,8 pour cent) organes gouvernementaux locaux
avaient «appliqué les réductions de salaires», 31 (1,7 pour cent) «prévoyaient de mettre
en œuvre ou menaient des consultations sur les réductions de salaires» et 203 (11,3 pour
cent) organes «envisageaient ou étaient sur le point d’envisager des réductions de
salaires». En revanche, 255 (14,3 pour cent) organes «ne prévoyaient pas d’appliquer des
réductions de salaires». La JTUC RENGO estime, au vu de ces données, que la décision
unilatérale du gouvernement de limiter les ressources des salaires réels aboutit en
pratique à une réduction obligatoire des salaires (tant pour les salariés que pour la
direction), et que, dans les nombreux cas où des gouvernements n’ont eu d’autre choix
que de céder à l’appel du gouvernement national et de réduire les traitements des agents
de la fonction publique locale, cela a conduit à des situations encore plus graves.
- 346. La JTUC-RENGO réaffirme que l’appel du gouvernement national à une
baisse des rémunérations constitue une intervention injustifiée dans les affaires des
gouvernements locaux et fait fi de l’autonomie des relations professionnelles sur le
plan local. Il revient à maintenir les restrictions sur les droits syndicaux
fondamentaux des agents de la fonction publique locale tout en faisant obstacle, de
manière unilatérale et coercitive, aux recommandations formulées par la NPA qui
constituaient une mesure de compensation en contrepartie de l’acceptation des
restrictions. Etant donné qu’il n’y a pas de délibérations pour régler la question des
droits syndicaux fondamentaux des fonctionnaires locaux, y compris l’octroi aux
sapeurs-pompiers du droit d’organisation, la JTUC-RENGO signale cette situation,
caractérisée par des atteintes renouvelées au principe de la liberté syndicale prévu par
les conventions nos 87 et 98 au comité.
- 347. Dans sa communication en date du 8 janvier 2013, la ZENROREN indique
que le Centre de promotion de la réforme de la fonction publique nationale (ci-après «le
Centre») sous la direction du Premier ministre Abe a décidé, le 28 juin 2013, de publier
un document intitulé «De la réforme de la fonction publique à venir» qui présente les
orientations de la «réforme» sous la houlette du nouveau gouvernement. Le document en
question peut être considéré comme le prolongement de la «réforme» de la fonction
publique nationale menée par le premier Cabinet Abe (de septembre 2007 à août 2008).
Selon ce document, «le nouveau système régissant la fonction publique nationale devrait
être conçu pour qu’elle soit gérée avec la mobilité voulue, conformément à la loi
fondamentale sur la réforme de la fonction publique nationale (ci-après “la loi
fondamentale”)», mais il n’aborde à aucun moment la question du rétablissement d’une
garantie des droits syndicaux fondamentaux pour les agents de la fonction publique. Non
seulement ceci freine le rétablissement du droit des fonctionnaires de conclure des
conventions collectives lancé par le gouvernement précédent en présentant quatre projets
de loi à la Diète portant sur la réforme de la fonction publique (ces projets de loi ont
été abandonnés par la suite), mais c’est une atteinte à l’article 12 de la loi
fondamentale qui prévoit que «le gouvernement présentera à la nation un tableau complet
des avantages et des coûts d’un élargissement de la portée des questions négociables
avec les fonctionnaires à qui le droit de conclure des conventions collectives sera
accordé et, avec l’accord de la population, il établira un système de relations
professionnelles autonome qui sera ouvert aux personnes». Si le gouvernement avait
réellement eu l’intention d’appliquer une réforme conforme aux dispositions de la loi
fondamentale, il aurait dû inclure la question du rétablissement des droits syndicaux
fondamentaux des fonctionnaires.
- 348. La ZENROREN indique que le gouvernement a annoncé qu’il élaborerait
un ensemble de nouveaux projets de loi portant sur la réforme qui tiendront compte des
nouvelles orientations du Centre. Ces nouveaux projets de loi risquent toutefois d’être
une nouvelle version des projets de loi relatifs à la réforme de la fonction publique
présentés à la Diète en mars 2009 sous le gouvernement de coalition LDP-Komei, puis
abandonnés par la suite après la dissolution de la Chambre des représentants en juillet
de la même année. La ZENROREN, dans sa communication adressée à l’OIT en mars 2009,
avait signalé les problèmes liés à ces projets de loi. Le plus grave, dans ces projets
de loi, c’est qu’ils amoindrissent les compétences de la NPA, notamment en transférant
la gestion des échelles des salaires et conditions de travail des fonctionnaires de la
NPA au bureau des questions de personnel du Cabinet, ce qui peut avoir un effet néfaste
sur les droits syndicaux fondamentaux des fonctionnaires.
- 349. Le 8 août de cette année, la NPA a formulé des recommandations
concernant les conditions de travail des fonctionnaires, mais n’a pas recommandé de
réexamen des salaires, alors que sa propre étude sur les salaires a révélé que les
traitements des fonctionnaires nationaux étaient inférieurs aux salaires du secteur
privé de 7,78 pour cent (29 282 yen). C’est la deuxième fois de suite depuis l’année
dernière que la NPA s’abstient de formuler une recommandation quelconque sur les
salaires. Ceci montre en fait que la NPA joue de moins en moins le rôle de mécanisme de
compensation en contrepartie des restrictions aux droits syndicaux fondamentaux imposées
aux fonctionnaires.
- 350. La ZENROREN fournit de nouvelles informations concernant les
réductions de salaires adoptées par la Diète, le 25 mai 2012, et l’action engagée par la
Fédération japonaise des employés de la fonction publique nationale (KOKKOROREN)
prétextant que: 1) dans ce contexte de restriction des droits syndicaux fondamentaux, la
loi sur les réductions de salaires, qui ignore la recommandation de la NPA de compenser
les restrictions, constitue une violation de la Constitution et de la convention
pertinente de l’OIT; elle est donc frappée de nullité; 2) le fait qu’aucune négociation
collective n’ait eu lieu avec la KOKKOROREN sur le projet de loi sur les réductions de
salaires constitue une violation du droit à la négociation collective et viole la
Constitution et la convention pertinente de l’OIT; la loi est donc frappée de
nullité.
- 351. La ZENROREN indique la position du gouvernement du Japon selon
lequel: 1) il n’y a pas de violation de la Constitution, car la recommandation de la
NPA, qui constitue un mécanisme de compensation pour les restrictions imposées aux
droits syndicaux fondamentaux, n’engage légalement ni la Diète ni le Cabinet; 2) les
agents de la fonction publique nationale n’ont pas le droit de conclure des conventions
collectives et n’ont donc aucun droit de mener des négociations collectives impliquant
une détermination conjointe travailleurs/direction des conditions de travail. Selon la
ZENROREN, le gouvernement ignore le mécanisme de compensation de la recommandation de la
NPA établi en contrepartie d’une restriction des droits syndicaux fondamentaux des
fonctionnaires et ne leur reconnaît pas le droit à la négociation collective. Sur cette
base, et bien que le gouvernement ait à plusieurs reprises expliqué que la loi sur les
réductions de salaires constitue une mesure extraordinaire limitée à deux ans, il
propose maintenant d’adopter une nouvelle mesure de baisse des salaires à l’expiration
de la loi sur les réductions de salaires. Qui plus est, depuis le 24 janvier 2013, le
gouvernement a décidé qu’il demanderait aux gouvernements locaux du pays de mettre en
œuvre, d’ici à juillet 2013, une baisse moyenne des rémunérations de 7,8 pour cent pour
les fonctionnaires, soit une baisse comparable à celle appliquée aux agents de la
fonction publique nationale. Par ailleurs, le gouvernement a unilatéralement diminué,
dans le budget national de 2013, la taxe allouée aux gouvernements locaux pour les frais
de personnel de leurs employés, y compris les enseignants du primaire, ainsi que la part
du financement de l’Etat aux frais de la scolarité obligatoire.
- 352. Selon la ZENROREN, ces mesures constituent une ingérence dans la
détermination des salaires des agents de la fonction publique locale qui devrait tout
d’abord être effectuée d’une manière autonome par chaque gouvernement local,
conformément aux recommandations de la NPA et dans le cadre de négociations
employés/direction. Le gouvernement central impose pratiquement des réductions de
salaires aux gouvernements locaux. Préoccupée par cette situation, l’Association
nationale des gouverneurs préfectoraux a protesté en publiant des déclarations à
plusieurs reprises. L’Association nationale des maires de grandes villes du Japon et
l’Association nationale des villes et villages ont publié des déclarations
similaires.
- 353. En raison de la diminution des impôts alloués aux gouvernements
locaux et de l’ingérence continue du ministère des Affaires générales, les gouvernements
locaux ont dû procéder à une réduction de salaires comparable à celle des employés de la
fonction publique nationale. Depuis juillet 2013, 826 gouvernements locaux (46,2 pour
cent de l’ensemble) ont diminué les traitements de leurs fonctionnaires à la «demande»
du gouvernement central. Dans de nombreuses de municipalités, les négociations
salariés/direction ont été négligées, et des réductions de salaires ont été imposées
unilatéralement par la direction.
- 354. Le gouvernement a également instamment prié les institutions
administratives indépendantes (IAI) relevant de son autorité et les universités
étatiques d’appliquer des baisses de rémunération comparables à celles des agents de la
fonction publique nationale. Du fait que ces entités publiques sont évaluées par le
gouvernement ou les ministères, elles craignent d’être évaluées négativement si elles
refusent de se plier aux exigences du gouvernement. Il en résulte que, dans différentes
régions du pays, dans les hôpitaux spécialisés dans la sécurité et la santé au travail
administrés par une IAI (organisation de la santé et du bien-être des travailleurs), la
direction a unilatéralement coupé dans les primes, au mépris des règles conclues avec le
syndicat. Le syndicat concerné a porté plainte devant la Commission des relations
professionnelles pour pratiques du travail injustes et demandé une ordonnance de
redressement. Dans le cas des universités publiques (du ressort de l’Etat), depuis
novembre 2012, des syndicats de huit universités du pays ont porté plainte auprès des
tribunaux de district pour protester contre les baisses unilatérales de salaires.
- 355. En conclusion, tandis que le gouvernement du Japon maintient le cas
sur la priorité à la réforme de la fonction publique, il continue à ignorer la
recommandation du comité; la question du rétablissement des droits syndicaux
fondamentaux des fonctionnaires n’est toujours pas considérée comme un sujet à prendre
en compte dans la réforme. Dix ans se sont écoulés depuis le dépôt de la plainte en
2002. Pendant toutes ces années, le gouvernement a continué à ignorer les
recommandations formulées à huit reprises. La ZENROREN prie instamment le comité de
demander avec insistance au gouvernement du Japon pour de mettre sur pied une réforme de
la fonction publique visant à rétablir les droits syndicaux fondamentaux des
fonctionnaires et, à cette fin, de multiplier les consultations et les négociations avec
tous les syndicats intéressés.
C. Réponse du gouvernement
C. Réponse du gouvernement- 356. Dans sa communication en date du 11 avril 2014, le gouvernement
indique que le nouveau gouvernement arrivé au pouvoir le 26 décembre 2012 a tenu des
réunions du Groupe de discussion consultatif sur la réforme de la fonction publique pour
l’avenir pour procéder à une analyse et à un examen complets de diverses mesures de
réformes. Les mesures concernant un système autonome de relations professionnelles
(art. 12 de la loi de réforme) ont été étudiées lors de la quatrième réunion, le
25 avril 2013, au cours de laquelle plusieurs points de vue ont été entendus, y compris
les problèmes du système figurant dans les projets de loi précédents sur la réforme de
la fonction publique. Au cours d’une autre réunion en juin 2013, plusieurs responsables
du personnel de ministères gouvernementaux, maires et membres de l’Alliance des
syndicats de travailleurs de la fonction publique (APU) ont pu présenter leurs points de
vue.
- 357. Le 5 novembre 2013, le gouvernement a présenté à la Diète un projet
d’amendement de la loi sur la fonction publique nationale. Examiné lors de la session
suivante, le nouveau projet de loi a été approuvé par la Chambre des représentants, le
14 mars 2014. Le nouveau projet de loi ne comporte pas de mesure concernant un système
autonome de relations professionnelles, du fait que plusieurs questions concernant le
système avaient été déjà incorporées dans les projets de loi précédents. Le gouvernement
a donc continué à examiner de façon approfondie les mesures concernant un système
autonome de relations professionnelles. Le gouvernement ne partage toutefois pas la
préoccupation exprimée par la ZENROREN selon laquelle les compétences de la NPA seraient
amoindries.
- 358. Le gouvernement déclare avoir organisé régulièrement des discussions
avec les syndicats intéressés sur la question jusqu’à la date de la présentation du
projet de loi à la Diète. Le nouveau projet de loi inclut des éléments proches des idées
des syndicats intéressés, comme par exemple le fait que la NPA continuera d’avoir
autorité sur les affaires (ce qui garantit l’équité dans la nomination des agents de la
fonction publique nationale) ou la disposition selon laquelle le Premier ministre devra
dûment tenir compte des points de vue de la NPA lorsqu’il décidera de déterminer ou de
réviser le nombre de postes dans chaque classe d’emploi.
- 359. En réponse aux informations supplémentaires fournies par les
organisations plaignantes, le gouvernement insiste sur le fait qu’il a organisé des
discussions avec les organisations syndicales pertinentes en tenant compte des exigences
du comité. De plus, le nouveau projet de loi prévoit des dispositions en vertu
desquelles le bureau du personnel du Cabinet examinera les mesures visant à mettre en
place un système autonome de relations professionnelles dans le respect des
prescriptions de l’article 12 de la loi de réforme, en consultant régulièrement les
parties intéressées.
- 360. Pour ce qui est de la réforme de la fonction publique locale, des
réunions ont été organisées au cours desquelles un haut responsable gouvernemental local
et des membres de l’APU ont été entendus. Conformément à la disposition supplémentaire
de la loi sur la réforme, qui prévoit que le gouvernement examinera quels devront être
les droits des fonctionnaires dans le respect des mesures relatives au système de
relations professionnelles des agents de la fonction publique nationale prévu par
l’article 12, le gouvernement examinera la mise en œuvre des mesures de réforme de la
fonction publique locale, y compris les éléments susmentionnés, en entendant les parties
intéressées.
- 361. En mars 2014, le gouvernement a présenté à la Diète un projet
d’amendement de la loi sur la fonction publique locale ainsi que de la loi sur
l’institution administrative indépendante locale, qui vise à renforcer les capacités et
à mettre en place un système de traitement du personnel fondé sur les capacités et les
performances, en adoptant une évaluation du personnel et de bonnes pratiques de
recrutement des agents de la fonction publique locale. Tout au long de l’élaboration de
cette loi, le gouvernement a organisé plusieurs réunions avec l’APU.
- 362. S’agissant de la réduction des salaires des agents de la fonction
publique nationale, le gouvernement réaffirme que cette mesure spéciale a été adoptée
sur une base temporaire car de nouvelles réductions des dépenses annuelles étaient
indispensables, compte tenu des graves difficultés économiques rencontrées à l’échelle
nationale et de la nécessité de faire face aux conséquences du grand séisme qui a secoué
l’est du Japon. Cette mesure spéciale a été mise en œuvre pendant deux ans et a pris fin
le 31 mars 2014.
- 363. En ce qui concerne la rémunération des agents de la fonction
publique locale, le ministre des Affaires intérieures et de la Communication a demandé à
chaque gouvernement local d’élaborer une méthode de révision conforme à la «loi portant
révision et disposition spéciale temporaire en matière de rémunération» et faisant suite
à la mesure visant à faire face aux questions urgentes de manière rapide et appropriée,
en tenant compte de la nécessité d’élaborer des projets de prévention des catastrophes,
de réduction des catastrophes et de revitalisation des économies régionales. Le ministre
a organisé plusieurs conférences avec six associations nationales de chefs exécutifs ou
de présidents de gouvernements locaux. Il a écrit aux responsables exécutifs des
gouvernements locaux en insistant sur le fait qu’il s’agissait d’une mesure temporaire
et urgente pour concentrer toute la capacité des gouvernements nationaux et locaux sur
la plus grande mission en cours, à savoir relancer le Japon. La question de la
rémunération relevant dans ce cas des gouvernements locaux, le gouvernement n’a pas pu
imposer une réduction des rémunérations. Les décisions finales ont été prises après des
discussions dans des assemblées, et l’indépendance des gouvernements locaux n’a jamais
été remise en cause. En atteste le fait qu’un certain nombre de gouvernements locaux
n’ont pas baissé les salaires de leurs fonctionnaires.
- 364. Le gouvernement indique qu’il communiquera au comité des
informations sur le résultat des poursuites intentées par la KOKKOROREN et par plusieurs
syndicats de sociétés universitaires nationales. Concernant ces dernières, le
gouvernement estime que les travailleurs des sociétés universitaires nationales ne sont
pas considérés comme des fonctionnaires et ont le droit d’organiser et de mener des
négociations collectives. Le gouvernement avait demandé aux sociétés universitaires
nationales de réfléchir à des mesures de révision des salaires des agents de la fonction
publique nationale tout en ayant conscience de la nature autonome et indépendante des
relations professionnelles.
- 365. Le gouvernement déclare en conclusion qu’il a tout mis en œuvre pour
engager des discussions constructives et pour mener à bien une réforme de la fonction
publique qui porte ses fruits, en gardant à l’esprit le principe selon lequel de francs
échanges de vues et une coordination avec les organisations compétentes sont
nécessaires. Il continuera à adopter cette approche et à se référer aux recommandations
du comité. Il continuera à fournir au comité des informations pertinentes et opportunes
et prie ce dernier de reconnaître la situation en cours ainsi que la sincérité des
efforts qu’il a déployés sur cette question.
D. Conclusions du comité
D. Conclusions du comité- 366. Le comité rappelle que ces cas, présentés à l’origine en 2002,
concernent la réforme de la fonction publique au Japon. Le comité note que le
gouvernement et les organisations plaignantes fournissent des informations détaillées
sur les dernières mesures prises dans ce processus de réforme et dans le processus de
révision de la rémunération des employés de la fonction publique.
- 367. Concernant la réforme de la fonction publique nationale, lors du
précédent examen du cas, le comité avait regretté que, malgré les progrès accomplis à
l’appui de l’élaboration d’une réforme de la fonction publique au Japon qui auraient
prévu l’octroi d’un certain nombre de droits syndicaux fondamentaux aux employés de la
fonction publique nationale, aucune de ces mesures n’a finalement été adoptée.
- 368. S’agissant de la réforme de la fonction publique locale, le comité
rappelle que les projets d’amendement qui avaient été présentés à la Diète en novembre
2012 (puis abandonnés plus tard suite à sa dissolution liée aux élections) comportaient
d’importantes mesures à l’appui de l’élaboration d’un cadre pour des relations
professionnelles autonomes: 1) l’octroi du droit de conclure des conventions collectives
aux agents de la fonction publique locale du secteur non opérationnel, à l’exclusion du
personnel chargé de prendre des décisions administratives importantes et du personnel
dont le droit syndical continuera d’être restreint et qui bénéficiera de mesures
compensatoires appropriées; 2) le choix des questions à régler au moyen d’une
négociation collective des parties à cette négociation; 3) l’interdiction et l’examen
des pratiques de travail déloyales; 4) les procédures de conciliation, de médiation et
d’arbitrage de la Commission centrale des relations professionnelles; et 5) l’octroi du
droit d’organisation et de négociation collective au personnel de lutte contre les
incendies (à l’exclusion du droit de conclure des conventions collectives). Le comité
avait instamment prié le gouvernement de mener des consultations approfondies, franches
et constructives avec toutes les parties intéressées sur ces questions et s’attendait à
ce que le gouvernement mette tout en œuvre pour mener à bien la réforme de la fonction
publique sans plus tarder, compte tenu du temps écoulé depuis le dépôt de la plainte et
du dialogue prolongé et intensif vers lequel le gouvernement et les partenaires sociaux
se sont engagés afin de garantir le plein respect des principes de la liberté syndicale
inscrits dans les conventions nos 87 et 98 ratifiées par le Japon.
- 369. Le comité note, d’après la déclaration du gouvernement, que le
projet d’amendement de la loi sur les agents de la fonction publique nationale, qui a
désormais été approuvé par la Diète, ne prévoit pas de mesures relatives au système
autonome de relations professionnelles, du fait que plusieurs questions se rapportant au
système ont été incorporées dans les projets de lois précédents. Le comité prend note
aussi de la déclaration du gouvernement selon laquelle, en vertu du nouveau projet de
loi, le bureau des questions de personnel du Cabinet se chargera de l’examen des mesures
relatives au système autonome de relations professionnelles prévu à l’article 12 de la
loi de réforme, en se tenant à l’écoute permanente des parties intéressées. En ce qui
concerne la fonction publique locale, le gouvernement a indiqué qu’il suivrait la mise
en œuvre des mesures concernant la réforme de la fonction publique locale en se tenant à
l’écoute des parties concernées.
- 370. Le comité constate avec regret que, plus de dix ans après le dépôt
de la présente plainte, aucune mesure concrète n’ait été prise pour octroyer des droits
fondamentaux du travail aux fonctionnaires et prie instamment le gouvernement de prendre
les mesures nécessaires sans délai supplémentaire, en consultation avec les partenaires
sociaux, pour garantir les droits fondamentaux du travail aux employés de la fonction
publique, conformément à ses recommandations antérieures. Le comité s’attend à ce que
les modifications nécessaires à la législation soient présentées à la Diète sans délai
et demande au gouvernement de le tenir informé de tout fait nouveau à cet égard.
- 371. En ce qui concerne les allégations relatives à une réduction
unilatérale de la rémunération des employés de la fonction publique nationale, à des
pressions exercées pour réduire la rémunération des agents de la fonction publique
locale, à la dégradation du système de recommandation de l’Autorité nationale du
personnel (NPA), et à l’urgente nécessité de rétablir les droits syndicaux fondamentaux
des fonctionnaires, le comité prend note du fait que le gouvernement réaffirme que la
réduction des salaires des agents de la fonction publique nationale était indispensable
compte tenu des graves difficultés économiques rencontrées à l’échelle nationale et de
la nécessité de faire face aux conséquences du grand séisme qui a secoué l’est du Japon.
Le gouvernement confirme que cette mesure spéciale a été mise en œuvre pendant deux ans
et a pris fin le 31 mars 2014. En ce qui concerne les fonctionnaires locaux, le comité
prend note de la déclaration du gouvernement selon laquelle il n’est pas en mesure
d’imposer une telle réduction mais a dû appeler l’attention des gouvernements locaux sur
la grave nécessité de faire face à la situation. En ce qui concerne les employés des
sociétés universitaires nationales, ils n’ont pas le statut de fonctionnaire et
jouissent donc du droit d’organiser et de mener des négociations collectives; le
gouvernement était donc conscient de la nature autonome et indépendante des relations
professionnelles lorsqu’il a demandé que des mesures soient prises pour étudier une
révision des salaires.
- 372. Le comité prend note des informations fournies par la Confédération
nationale des syndicats (ZENROREN) selon laquelle la Fédération japonaise des employés
de la fonction publique nationale (KOKKOROREN) a intenté une action contre les
réductions de salaires décidées par la Diète, le 25 mai 2012, en faisant valoir les
arguments suivants: 1) en imposant des restrictions aux droits syndicaux fondamentaux
sans proposer de compensation comme cela est prévu par la recommandation de la NPA, la
loi sur les réductions de salaires a violé la Constitution et la convention pertinente
de l’OIT, et elle est donc frappée de nullité; 2) le fait qu’aucune négociation
collective n’ait eu lieu avec la KOKKOROREN au sujet du projet de loi relatif aux
réductions de salaires constitue une violation du droit à la négociation collective, une
violation de la Constitution et de la convention pertinente de l’OIT et, en conséquence,
un cas de nullité. Le comité prie le gouvernement et l’organisation plaignante de
fournir des informations sur les résultats de cette plainte, sur ceux des plaintes
déposées pour des réductions de salaires unilatérales par l’«organisation de la santé et
du bien-être des travailleurs» et sur ceux des plaintes concernant les mesures de
réduction de salaire dans huit universités publiques.
- 373. De manière générale, dans des cas où un gouvernement a eu recours à
des limitations législatives au niveau de la négociation collective au cours d’une
décennie, le comité a signalé que le recours répété à des restrictions législatives de
la négociation collective ne peut, à long terme, qu’avoir un effet néfaste et
déstabilisant sur le climat des relations professionnelles, compte tenu que de telles
mesures privent les travailleurs d’un droit fondamental et d’un moyen de promouvoir
leurs intérêts économiques et sociaux. Lorsque le pouvoir budgétaire appartient à
l’autorité législative, un compromis équitable et raisonnable doit être recherché entre,
d’une part, la nécessité de préserver autant que faire se peut l’autonomie des parties à
la négociation et, d’autre part, les mesures que doivent prendre les gouvernements pour
surmonter leurs difficultés budgétaires. [Voir Recueil de décisions et de principes du
Comité de la liberté syndicale, cinquième édition, 2006, paragr. 1000 et 1035.]
- 374. Le comité note également la préoccupation exprimée dans les plaintes
selon laquelle l’autorité des recommandations en matière de détermination de salaires de
la NPA – qui joue le rôle de mesure compensatoire jusqu’à ce que les droits syndicaux
fondamentaux aient été accordés aux fonctionnaires – a été sapée. Il prend également
note des préoccupations concernant le transfert possible de compétence relative à
l’administration des barèmes de salaire au bureau des questions du personnel du Cabinet.
Le comité demande au gouvernement de fournir des informations détaillées sur le
fonctionnement de la NPA dans le contexte actuel ainsi que de toute proposition en vue
de sa révision.
Recommandations du comité
Recommandations du comité- 375. Au vu des conclusions intérimaires qui précèdent, le comité invite
le Conseil d’administration à approuver les recommandations suivantes:
- a) Le
comité prie instamment le gouvernement de prendre les mesures nécessaires, sans
délai supplémentaire et en consultation avec les partenaires sociaux concernés, pour
garantir les droits syndicaux fondamentaux aux agents de la fonction publique dans
le plein respect des principes de la liberté syndicale inscrits dans les conventions
nos 87 et 98, ratifiées par le Japon, et plus particulièrement:
- i)
reconnaître les droits syndicaux fondamentaux aux fonctionnaires;
- ii)
accorder pleinement les droits d’organisation et de négociation collective aux
sapeurs-pompiers et au personnel pénitentiaire;
- iii) s’assurer que les
employés du secteur public qui ne sont pas commis à l’administration de l’Etat
ont le droit de négocier collectivement et de conclure des conventions
collectives et que les travailleurs, dont les droits de négociation peuvent être
légitimement restreints, bénéficient de procédures compensatoires
adéquates;
- iv) s’assurer que les fonctionnaires qui n’exercent pas
d’autorité au nom de l’Etat jouissent du droit de faire grève, conformément aux
principes de la liberté syndicale, et que les membres et les représentants des
syndicats, qui exercent légitimement ce droit, ne sont pas passibles de lourdes
sanctions civiles ou pénales; et
- v) déterminer la portée des questions
négociables dans la fonction publique.
- Le comité s’attend à ce
que les modifications nécessaires à la législation soient présentées à la Diète sans
délai et demande au gouvernement de le tenir informé de tout fait nouveau à cet
égard.
- b) Le comité prie le gouvernement et les organisations plaignantes de
le tenir informé des résultats des poursuites intentées par la KOKKOROREN, ainsi que
des poursuites intentées pour les réductions de salaires unilatérales par
l’«organisation de la santé et du bien-être des travailleurs» et celles intentées
par les syndicats d’employés d’un certain nombre de sociétés universitaires
nationales contre la direction d’universités du fait des diminutions de
rémunérations imposées.
- c) Le comité prie le gouvernement de fournir des
observations détaillées sur le fonctionnement de l’Autorité nationale du personnel
dans le contexte actuel ainsi que de toute proposition en vue de sa
révision.