L'OIT participe à la réunion informelle EPSCO sur les priorités pour une Europe sociale plus forte

S'adressant aux ministres européens de l'emploi et de la politique sociale, le directeur général de l'OIT a souligné la nécessité d'investir dans les personnes, dans les institutions du travail et dans les emplois de l'avenir. Il a salué le processus d'élaboration d'un plan d'action pour la mise en œuvre du Socle européen des droits sociaux, qui revêt une importance stratégique pour la reprise.

Actualité | 22 février 2021
L'OIT a participé à une réunion informelle des ministres de l’Emploi, de la Politique sociale, de la Santé et des Consommateurs (EPSCO), qui s'est concentrée sur « Emplois, qualifications et cohésion: priorités pour une Europe sociale plus forte ».

Le directeur général de l'OIT, Guy Ryder, a reconnu que la crise des marchés du travail n'est pas encore terminée. La situation reste très difficile, y compris dans de nombreux pays de l'UE.

« Nous avons devant nous la tâche de redresser la situation et de construire un avenir du travail qui s'attaque aux injustices que la pandémie a mises en évidence, ainsi qu'aux défis permanents de la transition climatique, numérique et démographique qui ne peuvent plus être reportés », a-t-il déclaré.

La dernière analyse de l'OIT de l'impact du COVID-19 sur le marché du travail confirme les dommages massifs infligés par la pandémie, avec 8,8 pour cent des heures de travail perdues dans le monde en 2020 par rapport au dernier trimestre de 2019. Cela équivaut à 252,5 millions d'emplois à plein temps. Pour l'UE-27, la perte équivaut à 15,2 millions d'emplois à temps plein. Certains secteurs ont été particulièrement touchés: la restauration, l'hébergement, tout ce qui est lié aux voyages et au tourisme, mais aussi le commerce et les activités de fabrication.

La pandémie a révélé les vulnérabilités des marchés du travail et des sociétés, ainsi que la pauvreté et les inégalités au sein des pays et entre eux.

Le directeur général de l'OIT a rappelé aux ministres que plus de 2 milliards de travailleurs du secteur informel dans le monde n'ont aucune protection sociale pour faire face à la crise. D'autres groupes de population, notamment les femmes et les jeunes travailleurs, sont dans une situation de vulnérabilité parfois aiguë. « La différence entre les nantis et les démunis à de multiples égards n'a jamais été aussi claire, » a déclaré M. Ryder.

« Nous devons investir dans les personnes, dans leurs capacités et leurs compétences, dans les institutions du travail et dans les emplois de l'avenir, en particulier pour les jeunes et les personnes vulnérables, » a-t-il déclaré.

Ces priorités énoncées dans la Déclaration du centenaire de l'OIT sont très largement inscrites dans le Socle européen des droits sociaux et elles seront développées dans le plan d'action pour sa mise en œuvre qui est en cours de préparation par la Commission européenne. L'OIT a activement contribué aux consultations sur ce plan d'action.
« Saluant chaleureusement ce processus et soulignant son importance stratégique pour la reprise, je pense que l'impact de ce plan d'action serait considérablement renforcé par l'inclusion de cibles et d'objectifs mesurables, » a-t-il ajouté.

Le Socle social fournit un cadre pour contribuer à la construction d'un monde du travail post-COVID conformément aux valeurs fondatrices de l'OIT, en particulier celles du dialogue social et du tripartisme, qui sont des éléments essentiels de la réponse à la crise.

Le directeur général de l'OIT a également appelé l'UE à soutenir une réponse multilatérale à la crise COVID-19. « L'année dernière, les gouvernements du monde entier ont dépensé quelque 12 000 milliards de dollars US en réponse à la crise. Cet argent a été dépensé par chaque pays pour répondre à ses propres besoins. Pourtant, il s'agit d'une crise mondiale qui exige une réponse mondiale. Nous devons donc unir nos efforts, tant dans le domaine du travail et du social que dans celui de la santé, et ce aux niveaux national, régional et international. Et c'est dans ce contexte que la coopération durable entre l'UE et l'OIT que nous venons de renouveler au début de ce mois peut jouer un rôle important, » a-t-il déclaré.

La voie à suivre

Heinz Koller, Directeur général adjoint de l'OIT et directeur régional pour l'Europe et l'Asie centrale, a pris la parole lors de deux sessions de la conférence.

Le scénario de base de l’Observatoire de l'OIT sur COVID-19 et le monde du travail prévoit une baisse des pertes d'heures de travail à l'échelle mondiale de 3 % en 2021 par rapport au dernier trimestre de 2019. Cela représente toujours l'équivalent de 87 millions d'emplois à temps plein perdus, et dans l'UE, ces pertes devraient atteindre près de 6 % cette année.

« Nous avons maintenant besoin de solutions solides et durables, et pas seulement de réponses à court terme, » a déclaré M. Koller. « L'OIT serait heureuse que l'UE et ses États membres définissent des objectifs quantifiables en matière d'emploi, de compétences, etc. Nous suggérerions une approche encore plus globale en reliant ces objectifs aux cibles et indicateurs des objectifs de développement durable des Nations Unies concernant la pauvreté, les égalités de genre, le travail décent et les inégalités. »

Nous devons veiller à ce que le monde du travail soit équitable, accessible, inclusif et ne laisse personne de côté. « Cela signifie plus d'investissements dans l'économie réelle pour des emplois, des revenus durables, et pour une protection sociale étendue et de meilleures conditions de travail pour tous, y compris pour tous les groupes vulnérables, » a-t-il conclu.