Des champs à la salle de classe : Les rêves d'Oumou se réalisent

Article | 26 mai 2023
Il est 11 heures, sous un soleil de plomb, Oumou habillé dans une robe en tissu et un foulard légèrement hissé sur la tête, se lève sous l’ombre de l’arbre pour entrer en classe. D’une petite taille et d’un corps fin, elle avance le regard dirigé vers le sol. Comme beaucoup d’autres enfants de la région de Sikasso, elle était soumise il y a quelques années au travail forcé dans le secteur de l’agriculture. Aujourd’hui, elle suit des cours dans à l’école et elle rêve de devenir infirmière. Le regard sombre et d’une voix hésitante, elle nous plonge dans son histoire.
Je m'appelle Oumou, j’ai onze ans et je viens d’une famille de douze membres. J’habite avec mon père, ma mère et mes frères. Je fais actuellement la classe de 5ème année de l’école fondamentale.

Avant, je passais le plus clair de mon temps à faire des corvées et aussi à travailler dans notre domaine familial. Je partais cueillir les fruits de karité à la saison des pluies. Je participe aussi à la culture des arachides et du coton. Concrètement je plantais les semences du coton. Une partie de mes taches consistait à tenir les animaux de labour, précisément les vaches. Je les tenais devant par les cordes pour tirer les charrues.

Nous levions à l’aube pour préparer le départ. Nous partions tôt le matin pour parcourir la grande distance qui sépare la maison du champ. Une fois sur place, chacun s’occupe d’une tache bien déterminée. Avec les femmes, nous revenions à la maison vers la mi-journée pour ramener la nourriture au champ. Vers 13 heures ou 14 heures nous revenions définitivement à la maison et c’était les tour des corvées ménagères. Je balayais la concession et m’occupais souvent de la vaisselle.

Je suis cultivateur et je ne suis pas allé à l’école. Aujourd’hui, Oumou m’aide beaucoup avec ses nouvelles connaissances. Avant, j’étais obligé de chercher quelqu’un pour me sortir un numéro dans mon téléphone, aujourd’hui, Oumou seule y parvient. Elle est très intelligente et elle apprend vite. J’ai foi que dans l’avenir elle puisse réussir pour nous prendre en charge ."

Sam (45), père de Oumou

Malheureusement, je n’étais pas inscrite à l’école bien que certains de mes camarades y étaient. Je n’avais pas cette chance car je devais aider mes parents. Mes frères étaient très petits pour les aider. Les années passées à travailler étaient très difficiles pour moi. Je me reposais à peine. Tenir les animaux par les cordes abimait mes mains. Les vaches peuvent être souvent très agressives. Je me suis une fois blessée quand j’ai été tirée par une vache, j’ai fini avec une luxure au bras droit. A la suite de cet accident, j’avais eu tellement peur d’approcher les animaux. J’ai passé plusieurs semaines en convalescence.

En 2021, une tante, la grande sœur de mon père est venue l’informer de la présence d’un projet de scolarisation des enfants. C’est ainsi que l’idée de nous inscrire à l’école a plu à mon père. Quelques jours plus tard, j’ai été amenée dans les classes préparatoires avec d’autres enfants de mon âge.

Oumou est très attachée à ses études. J’ai noté des grands changements en elle depuis qu’elle a commencé l’école. Le soir, elle effectue ses exercices à la maison avec passion. C’est grâce à Oumou que nous avons aussi décidé d’inscrire ses petits frères à l’école. ."

Gna - La mère de Oumou

Les premiers jours, je découvrais un autre monde, celui de l’école, des enseignants, des bancs. J’étais très enthousiaste d’entamer cette nouvelle vie d’élève. J’avais toujours voulu aller à l’école et apprendre toutes ces nouvelles choses. Aujourd’hui, je continue d’apprendre et franchement il y’a une grande différence entre ma nouvelle vie et celle des champs. Je pense que tous les enfants doivent avoir l’occasion d’avoir une scolarité normale.

La Stratégie de Scolarisation Accélérée par les Passerelles (SSA/P)

ACCEL Africa: Un projet du BIT financer par le Pays-Bas pour accélérer l'action pour l'elimination du travail des enfants dans la chaine d'approvisionnement en Afrique par le biais d’actions ciblées dans certaines chaines d’approvisionnement en Côte d’Ivoire, en Egypt, au Malawi, au Mali, au Nigeria et en Ouganda.

ACCEL Africa soutiens la Stratégie de Scolarisation Accélérée par les Passerelles (SSA/P) de l'enseignement fondamental comme alternative viable de retrait des enfants de 8 à 12 ans dans les chaînes d'approvisionnement du coton et de l'orpaillage. Ils collaborent depuis l'année scolaire 2019-2020 avec leurs partenaires opérationnels, notamment, les ONG GRAADECOM et CAEB, toutes deux accréditées par le Ministère de l'Education Nationale pour la mise en œuvre de la SSA/P. La SSA/P est une formule éducative accélérée permettant aux enfants (garçons et filles) de 8 à 12 ans non scolarisés ou déscolarisés précoces d'être transférés dans le circuit formel de l'éducation après 9 mois d'apprentissage dans les centres.