Migration de main-d’œuvre

L’OIT renforce son appui au Burkina Faso

L’OIT lance à Ouagadougou AGRIDOM, un projet au service des mandants et concourant à la promotion du travail décent pour les travailleurs migrants.

Actualité | 24 mai 2023
Ouagadougou (OIT Info) – Co-Financé par la Coopération suisse au Développement et l’OIT, le projet de Renforcement de la gouvernance de la migration de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture et du travail domestique (AGRIDOM) couvrant le Burkina Faso, la Côte-d’Ivoire et la Guinée, a été lancé les 16 et 17 mai 2023 à Ouagadougou. Il vise à optimiser le potentiel de contribution des travailleurs et travailleuses migrant-e-s au développement des secteurs agricole et du travail domestique au Burkina Faso à travers une migration plus équitable et un meilleur accès au travail décent.

La contribution des migrants aux économies des pays d’origine et de destination dépend d'une série de facteurs, dont les caractéristiques socio-économiques des travailleurs migrants, leurs conditions de travail (salaires, heures de travail quotidiennes et hebdomadaires, protection de la santé et de la sécurité, congé annuel et hebdomadaire, fin de droits contractuelle, …), leur niveau d'intégration dans la société - en particulier sur le marché du travail mais aussi en termes de protection sociale et d'autres services- ainsi que l'environnement politique et institutionnel.

Le lancement du projet AGRIDOM a été fait par le Ministre Bassolma Bazié de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale avec à ses côtés Frédéric Lapeyre, Directeur du Bureau Pays de l'OIT pour le Benin, le Burkina Faso, la Côte-d'Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo, et de Yvan Pasteur, Chef de Coopération du Bureau de Coopération Suisse au Développement au Burkina Faso.
   
Vue du présidium de la cérémonie officielle de lancement du projet AGRIDOM au Burkina Faso
« La Suisse s’est résolument engagée dans le domaine de la migration de travail sûre au niveau mondial, régional et national en ce sens que la création de conditions de cadres favorables, de normes et l'amélioration de la gouvernance font partie de ses priorités » a déclaré Yvan Pasteur expliquant que la Suisse se ‘’réjouit d’apporter un appui financier à l’OIT pour soutenir la mise en œuvre d’AGRIDOM au Burkina Faso, en Côte-d’Ivoire, et en Guinée.

Frédéric Lapeyre a quant à lui mis en exergue la longue tradition de travail de l’OIT en matière de migration de main-d’œuvre marquée notamment par l’adoption de normes internationales y relatives, la conception de lignes directrices et de divers outils pour aider les mandants tripartites à mieux comprendre les droits des travailleurs migrants et les obligations des parties prenantes dans la gestion efficace de la migration de main-d’œuvre, le développement et la mise en œuvre de projets pertinents y relatifs. M. Lapeyre a rappelé la responsabilité commune de tous, à faire en sorte que la migration de main-d’œuvre, quelle que soit sa destination, soit régulière, sûre et ordonnée.

Dialogue social, tripartisme : des socles de l’OIT pour faire avancer la justice sociale

« Le Burkina Faso fait partie des plus gros fournisseurs de migrants et la Côte d’Ivoire a longtemps été la destination privilégiée de cette migration et ce, jusqu’en 1980 avec la diversification progressive d’autres destinations », a indiqué le Ministre d’Etat, Ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale Bassolma Bazié espérant que la mise en œuvre du projet AGRIDOM ‘’permettra au Burkina Faso d’une part, d’améliorer ses cadres politiques, règlementaires, et institutionnels, sensibles au genre et qui concourront à une bonne gouvernance de la migration de main-d’œuvre, gage du respect des principes et droits fondamentaux au travail ; et d’autre part, de renforcer l’accompagnement des acteurs de l’économie informelle pour une meilleure inclusion des travailleurs, y compris les travailleurs migrants ‘’.
   
Vue partielle des participants lors de la session de formation
En marge de la cérémonie de lancement officiel, un atelier de renforcement des capacités des acteurs sur la migration de main-d’œuvre s’est tenu mettant l’accent sur divers sujets pertinents tels que la présentation générale du projet AGRIDOM et de ses interventions à court terme, les cadres internationaux et régionaux de migration de main-d'œuvre, les normes internationales relatives à la migration de main-d'œuvre, le processus de formulation d'une politique de migration de main-d'œuvre, le recrutement équitable, et l'extension de la protection sociale aux travailleurs migrants et à leurs familles.

La session de formation a permis de développer les capacités des parties prenantes pour une gestion efficace du projet et l’atteinte des objectifs escomptés. Les participants ont pu non seulement partager leurs connaissances et leurs expériences, approfondir leur compréhension des enjeux liés à la gouvernance de la migration de main-d'œuvre, de discuter des meilleures pratiques et des défis à relever mais aussi et surtout ils ont été outillés sur les valeurs et l’importance du dialogue social et la coopération entre les représentants du gouvernement, des employeurs et des travailleurs qui est le tripartisme.

AGRIDOM : un projet qui vient à point nommé                                                                                                                                                                                                            

« Le projet AGRIDOM est à saluer car couvrant une thématique qui n’est pas totalement maîtrisée, à savoir la migration de main-d’œuvre. Il y aura donc une plus-value au niveau de la recherche » souligne Alexandra Tapsoba enseignante chercheuse à l’Institut supérieur des Sciences de la Population de l’Université Joseph Ky Zerbo de Ouagadougou, pour qui AGRIDOM vient aussi comme un complément de ce qui est déjà fait en matière de migration de façon générale.

Inspecteur du Travail et Chef du Service des Relations internationales du Travail à la Direction générale du Travail, Ouattara Pio Daouda, salue la mise en œuvre de AGRIDOM au Burkina Faso. « Le Burkina Faso est un pays de migration depuis longtemps. Cependant, l’aspect migration de main-d’œuvre n’est pas suffisamment pris en compte dans les politiques en la matière. C’est pourquoi j’ai bon espoir que ce projet va véritablement renforcer la gouvernance de la migration de main-d’œuvre au Burkina Faso et que par ses interventions, AGRIDOM fasse du Burkina Faso un exemple en matière de gouvernance de la migration de main-d’œuvre » a soutenu M. Ouattara.

Pour Ouédraogo Sakinatou, ancienne aide-ménagère qui avait commencé à travailler dès l’âge de 9 ans et aujourd’hui Présidente de l’Association pour la Défense des Droits des Aide-Ménagères et Domestiques, le projet AGRIDOM est le bienvenu au Burkina Faso. « Je suis animée d’un profond sentiment de satisfaction pour le lancement de AGRIDOM au Burkina Faso. J’émets le vœu de voir une amélioration des conditions de vie et de travail des nombreuses filles domestiques » souhaite Mme Ouédraogo.
   
Photo de famille des participants à l’atelier