Migration et travail décent

L’OIT, la FIFPRO et la Fondation Didier Drogba lancent une campagne contre les risques liés à l’émigration des jeunes joueurs de football

Une campagne de sensibilisation aux risques d’exploitation et de traite d’êtres humains liés à l’émigration des jeunes footballeurs ivoiriens est lancée sous l’égide de l’Organisation internationale du Travail (OIT), la fondation Didier Drogba et la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPRO).

Actualité | 5 octobre 2022
Didier Drogba ©FIFPRO
ABIDJAN (OIT Infos) – L’Organisation internationale du Travail (OIT), en collaboration avec d’anciens footballeurs internationaux ivoiriens dont Didier Drogba ainsi que la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPRO) lance une campagne de sensibilisation aux risques liés à l’émigration des jeunes joueurs de football.

L’objectif de cette campagne qui intervient quelques jours après la signature du premier accord mondial sur les conditions de travail et les droits des joueurs de football professionnel entre les partenaires sociaux du secteur, est de sensibiliser les jeunes footballeurs ivoiriens aux risques de discrimination, d’exploitation et de traite d’êtres humains liés à la migration mal préparée.

La campagne, permettra d’informer les candidats au départ, sur les risques mais aussi sur leurs droits en leur donnant des outils et conseils utiles. Ainsi les jeunes joueurs et joueuses de football auront une meilleure connaissance des moyens à leur disposition pour construire un projet professionnel dans de bonnes conditions.

Le footballeur international ivoirien Didier Drogba et trois autres joueurs internationaux à la retraite, Geremi Njitap, Didier Otokoré et Marc Zoro, conduiront la campagne, en échangeant directement avec de jeunes footballeurs et distribueront des kits d’information qui seront également promus via les réseaux sociaux.

«L’Afrique est fière de ses footballeurs de classe mondiale. Leur talent et leur réussite est une inspiration pour de nombreux jeunes africains. Malheureusement pour chaque grande réussite, il y a beaucoup de joueurs et joueuses migrant(es) qui voient leur rêve brisé car ils n’arrivent pas à intégrer un club professionnel et doivent abandonner le sport de haut niveau», souligne Didier Drogba.

«Ces jeunes peuvent se trouver confrontés à de grandes difficultés. Seuls dans un pays étranger, sans famille, sans réseau de connaissances, ils sont donc totalement vulnérables à l’exploitation et aux abus. Si leur projet à l’étranger n’est pas une réussite, ils peuvent se retrouver sans revenu, sans moyens de subsistance, sans protection sociale et en situation irrégulière.»

Les risques de l’émigration mal préparée

Chaque année, un peu plus de six mille jeunes migrent de l'Afrique occidentale vers des pays étrangers pour rejoindre des académies de football ou jouer dans des ligues de football professionnelles. Si dans de rares cas, la migration des jeunes joueurs débouche sur une carrière réussie dans le football, nombreux sont ceux qui finissent dans des clubs à très faible moyens, ou contraints à chercher du travail dans d’autres secteurs, pour lesquels ils sont peu préparés ou formés.

Dans ces situations, ils peuvent être confrontés à des conditions de travail et de vie difficiles et souffrir de multiples formes de discriminations. Les joueurs les plus vulnérables, notamment les plus jeunes de moins de 18 ans, peuvent se retrouver dans des académies de football où ils reçoivent peu d'éducation ou de formation professionnelle et sont plus exposés aux risques d'abus et de blessures.

S'ils se blessent ou ne sont plus performants, il leur reste peu de perspectives d'emploi sans opportunité d’acquérir une formation professionnelle alternative. Dans le pire des cas, les jeunes footballeurs finissent entre les mains de trafiquants d'êtres humains ou d'agents peu scrupuleux qui les exploitent.

«Vivre son rêve c’est aussi défendre ses droits. C’est pourquoi l’OIT, aux côtés de la FIFPRO et de la Fondation Didier Drogba, s’est mobilisée afin de promouvoir le travail décent pour les jeunes joueurs professionnels de football», conclut Frédéric Lapeyre, Directeur du bureau pays de l’OIT pour la Côte d’Ivoire, le Benin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Togo.

Pour plus d'informations:

François Gombahignonri KOUASSI, Chargé de communication, bureau de l'OIT pour la Côte d’Ivoire - kouassig@ilo.org