Normes Internationales du Travail

Comment promouvoir le dialogue social en Géorgie

La Géorgie a récemment ratifié la convention (n°144) de l’OIT sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail. Dans cet entretien, Irakli Petriashvili, président de la Confédération des syndicats géorgiens (GTUC), nous fait part de son point de vue sur les avantages du dialogue social en Géorgie. En tant que président du Conseil régional paneuropéen (CRPE) de la CSI, il souligne également le rôle des gouvernements et des partenaires sociaux dans le renforcement du dialogue social et du tripartisme en Europe de l’Est.

Actualité | 12 février 2018
Irakli Petriashvili, Président de la Confédération des syndicats géorgiens (GTUC)
ACTRAV INFO : La Géorgie a ratifié la Convention (n°144) de l’OIT sur les consultations tripartites. Pourquoi cette ratification est-elle un acte important pour votre pays ?

Bien entendu, je me réjouis que le Parlement géorgien ait ratifié le 2 novembre dernier la Convention (n°144) de l’OIT sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail. Cette ratification a une importance particulière pour nous dans la mesure où nous l’appelions de nos vœux depuis longtemps et où nous l’avons encouragée. Elle démontre la volonté de l’État géorgien d’initier un réel dialogue constructif entre les partenaires sociaux, c’est-à-dire le gouvernement, les employeurs et les syndicats, dans le cadre des normes internationales du travail. Cette convention repose sur les Conventions fondamentales n°87 et n°98 de l’OIT qui garantissent la liberté syndicale et la protection du droit syndical, la promotion de la négociation collective et les principes du tripartisme. Je tiens à remercier l’OIT et le Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) pour leur contribution à cette réussite.

Cette ratification est d’autant plus importante compte tenu des difficultés auxquelles se heurte aujourd’hui le dialogue social en Géorgie. Le déficit de dialogue social dans mon pays, en général, est la conséquence directe du manque d’efficacité de la Commission tripartite du partenariat social. Nous pensons que le gouvernement et les partenaires sociaux vont prendre ensemble les mesures adéquates pour rendre le travail de la Commission réellement efficace, en instaurant la justice et la paix sociales dans tout le pays, ce qui va ouvrir la voie à la ratification d’autres conventions absolument nécessaires dans le domaine de la santé au travail, du respect du droit du travail, etc. Malheureusement, dans notre région, la Géorgie demeure le pays ayant le plus faible taux de ratification des normes de l’OIT. Le dialogue social tripartite est justement l’instrument approprié pour rattraper le retard actuel dans ce domaine.

ACTRAV INFO : Selon vous, en quoi les travailleurs géorgiens peuvent-ils bénéficier de la mise en œuvre de cette convention ?

Le tripartisme et le dialogue social sont reconnus internationalement comme de puissants outils de réglementation du marché du travail, qui parallèlement garantissent le travail décent, la croissance inclusive et la justice sociale. Je pense que si la convention est mise en œuvre de façon appropriée en Géorgie et qu’un réel dialogue social y est amorcé, cela améliorera considérablement les droits des travailleurs, les normes de sécurité sociale et l’égalité hommes-femmes et permettra de mieux réglementer les formes d’emploi non conventionnelles, etc.

ACTRAV INFO : Le dialogue social reste un défi majeur dans un grand nombre de pays d’Europe de l’Est, en particulier en Géorgie. Quel rôle pourraient jouer les gouvernements et les organisations de travailleurs et d’employeurs afin de relever ce défi dans votre région ?


Effectivement, malgré la ratification de la convention n°144 de l’OIT par plusieurs pays, la pratique du dialogue social reste un des principaux défis à relever dans la région. Je pense que toutes les parties prenantes devraient réévaluer les avantages qu’apporte le dialogue social car rien ne peut le remplacer. Par conséquent, les gouvernements ainsi que les organisations de travailleurs et les employeurs devraient unir leurs efforts et créer des plans de développement du dialogue social en prenant en compte les enseignements et l’expérience d’autres pays. L’amélioration du dialogue social à l’échelle nationale insufflerait à coup sûr une dynamique de plus en plus positive au dialogue social bilatéral entre syndicats et employeurs dans l’entreprise. Cela aurait également pour effet d’élargir la portée des conventions collectives, domaine dans lequel notre pays connaît de sérieux revers depuis ces dernières années. Il va sans dire que de bonnes conventions collectives ouvrent la voie à une augmentation de la productivité et rendent l’économie plus compétitive, ce qui signifie plus d’emplois avec des conditions de travail décentes.